Il était là, devant elle, Victoria dans les bras, César agrippé à ses jambes.
Tapis derrière un buisson, Madeleine observait cette joyeuse petite troupe, cette joyeuse petite famille qui ignorait présenter des gènes communs.
Ils se ressemblaient pourtant... tellement qu'un inconnu n'eut pu songer que ces gens ne fussent pas du même sang !
Mais pour Jacques, Émeline, Francesca, César, Victoria, José, ce lien de parenté n'était envisageable.
Dans l'esprit des jumeaux, ce sexagénaire était un ami de leur grand-mère.
Dans l'esprit de José, ces enfants étaient le fruit de l'amour sincère et profond que s'étaient portés Madeleine et Paul jusqu'à la mort de ce dernier.
Jacques avait, en effet, omit d'évoquer le divorce de ses parents, le départ de Madeleine, et les relations familiales tendues qu'avait engendré celui-ci.
En somme, il avait omit d'évoquer ce dont il aurait souhaité être épargné...

Madeleine, qui épiait toujours sa « famille », commençait à regretter d'avoir cédé à la curiosité... aux battements irraisonnés de son cœur aussi, qui martelaient avec force et précipitation sa cage thoracique, depuis que Jacques lui avait appris que José avait frappé à sa porte.
Profitant qu'on ignore encore sa présence, elle détailla cet homme qu'elle avait tant aimé: le temps avait fripés, ridés, durcis, remodelés ses traits, mais ne leur avait pour autant pas ôtés leur régularité, leur singularité qui l'avait autrefois séduite...
Jacques qui était jusqu'alors docilement resté dans la voiture, comme sa mère le lui avait ordonné, venait d'en sortir, tirant Madeleine de ses pensées tumultueuses.
« -Bon maman, ça suffit ! S'exclama-t-il. »
Cela faisait un quart d'heure qu'il patientait dans le véhicule, observant dérouté sa mère agir tel un voleur.
Madeleine intima d'un geste affolé le silence à son fils, mais les enfants couraient déjà à leur rencontre, José à leur suite.