Elle aurait dû fuir

Fuir. Madeleine aurait dû fuir ce soir là, comme elle l'avait si bien fait la veille de son anniversaire.
Fuir. Fuir Paul, et ses promesses utopiques.
Fuir ses parents aussi, leur détresse.
Fuir ces garçons qui la reluquaient sans discrétion ni gêne.
Fuir ces filles dont les yeux semblaient lancer des éclairs à son égard.
Fuir cette ville, qu'elle n'avait alors jamais quitté, et qu'elle connaissait par cœur.
Fuir, en somme, cette vie morne et monotone à laquelle on semblait la destinée; cette routine dont elle était chaque jour un peu plus prisonnière.
Elle avait été naïve. Naïve de croire qu'un homme, même Paul, puisse supporter d'élever l'enfant d'un autre. Un enfant qui n'avait pas ses yeux. Un enfant qui ne partageait pas sa passion du rugby... qui détestait le sport en fait.
Un enfant qui ressemblait tellement à son géniteur. Un José miniature.
Elle avait été égoïste aussi. Égoïste de se marier à un homme dont l'amour a son égard était passionné, tandis que même lui tenir la main, lui était insupportable à elle.

Ainsi, devant son piano, les doigts encore sur les touches, Madeleine fut envahie d'un sentiment de regret, qui n'était pas nouveau, et dont il lui semblait ne jamais pouvoir se défaire.
Mais c'était s'en compter la venue de Jacques deux heures plus tard, qui avait reçu un jour plus tôt une visite qui allait dévier le cours des choses.

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