Chapitre 2

Je suis dans ma chambre, assise sur mon lit, pendant que ma mère applique un baume appelé "Felléfoulure" sur ma cheville endolorie. Je repense à ce qui s'est passé à la fête à Foxfire. "Je suis bête," je pense, "il n'y a plus qu'une seule classe aux niveaux d'élite, on va forcement se revoir." Je repense au moment où j'ai dit "j'espère qu'on se reverra!" Mais je suis stupide, ou quoi? il doit me prendre pour une imbécile, maintenant! Je repense (décidément, quelle soirée riche en remémorations!) au moment où il m'a répondu "moi aussi!" Personne ne m'avait encore dit quelque chose d'aussi... gentil.

-Wilda?

Je tourne la tête vers ma mère.

-Oui?

-pourquoi es-tu si rouge?

Je porte les mains à mon visage. Il est brûlant! Mais pourquoi?

-Ça à un rapport avec le garçon de tout à l'heure?

Peut être. Sans doute parce que ce qu'il m'a dit m'a touché. Si j'ai rougi ainsi, durant la soirée, je prie le bon dieu qu'il ait fait trop sombre pour qu'il le remarque!

-Pourquoi étais-tu si étonnée quand il t'a dit son nom?

Elle me regarde un instant.

-Il s'appelle bien Wylie?

-Oui!

-T'a-t-il raconté... ce qui est arrivé à son père?

-non. Mais c'est moi qui lui ai dit de ne pas le faire. Après tout, on ne se connais pas vraiment, alors je lui ai dit que j'étais là en cas de besoin.

Elle me sourit.

-Tu as bien fait.

Elle me prends dans ses bras.

-Je suis tellement fière de toi! Tu as fais ce qu'il fallait.

-Je l'espère...

-Reposes-toi. Tu retournes à Foxfire, demain! Nous avons déjà amené ta valise, mais il faudra te lever tôt pour les petites affaires que tu veux garder avec toi. Tu prépareras un petit sac!

-Oui, maman. Bonne nuit!

Je m'écroule sur mon lit, exténuée. Mes yeux se ferment déjà...

-Bonne nuit, me répond doucement ma mère.

Et je sombre dans un profond sommeil.

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Je me réveille avec cette impression que vous avez quand vous vous réveillez un jour spécial, votre anniversaire, par exemple... Mais je ne sais plus en quel honneur. C'est alors que mon regard se pose sur mon uniforme fraichement acquis.

Et c'est la révélation.

Je saute au bas du lit. C'est ma rentrée dans les niveaux d'élite! Super! Mon sac! où est mon sac? une minute... Quelle heure est-il? J'écarte les rideaux -ma mère devais les avoir fermés après que je me sois endormie- et découvre... un soleil. Même pas encore levé! on le voit à peine pointer dans un océan de rouge orangé et une pointe de jaune.

Bon.

Il n'y a pas trois solutions possibles.

Soit j'ai dormi une journée entière, j'ai raté les cours, personne ne m'a réveillé et le soleil ne se lève pas, il se couche.

Soit le soleil a eu une soirée arrosée et a fait la grâce matinée. mouais. Pas terrible comme proposition.

Soit j'étais tellement excitée à l'idée d'entrer dans les niveaux d'élite que je me suis réveillée très tôt, auquel cas, me sentant parfaitement réveillée, je ne pourrais pas me rendormir.

J'opterais pour la dernière.

Ah. Ben si, finalement, ça fait trois.

Bon. Je prépare mon sac et me change. ensuite, je descends, priant pour ne pas tomber.

Prière, comme vous vous en doutez, totalement vaine.

Cette fois, je prie pour n'avoir réveillé personne.

Bon. C'est pas ma journée. Qu'est ce que j'ai fait au bon dieu? J'entends quelque chose bouger à l'étage en dessous.

C'est risqué, mais je fais une dernière prière... que l'on ne me voit pas, et que l'on ne sache pas que c'est moi qui ait réveillé toute la maison.

Je me glisses dehors sans encombre. On dirait que dieu daigne enfin lever le petit doigt. Ou alors c'est tout simplement parce que je suis éclipseuse.

Oui, surement.

Je me glisses dans la forêt silencieuse de Greeneryld; cela m'aide à me changer les idées. Et puis, il y a quelque chose que j'adore faire, ici. Je marche droit devant moi pendant une dizaine de minutes, puis tourne à gauche et au bout de dix autres minutes atteins une grande cascade se déversant dans un grand lac se répartissant en plusieurs rivières. Je traverse un pont enjambant l'une de celles ci, puis un autre, et un troisième, puis j'emprunte un chemin menant derrière le rideau de la cascade, entre dans une grotte. C'est mon endroit secret, connu de moi seule! Même ma mère ignore son emplacement. Je traverse la grotte éclairée par des Foxfire Ces champignons bioluminescents m'ont toujours fait rêver, et je n'ai jamais ignoré la raison pour laquelle l'école a repris ce nom; c'est ce que j'aime chez ce champignon. Je traverse la grotte meublée seulement de petits sièges et d'une petite table en arbustes fleuris ou pas selon la saison. Il y a en ce moment de petits bourgeons qui parsèment leur surface. J'atteins une petite cavité rocheuse et gravis un escalier de pierre pour me retrouver sr un promontoire au-dessus de la cascade. Celui-ci s'étend jusqu'au dessus de la falaise d'où s'écoulait, et tout autour, il n'y a que de l'eau. La seul entrée était l'escalier d'où je venais de déboucher. Je m'avance jusqu'au bord et contemple les flots bouillonnants au dessous. Puis je relève la tête, inspire à fond, et me met à chanter. Ma voix résonne dans toute la vallée me faisant face. J'étends les bras sur les cotés, en croix, et ferme les yeux. Je me sens bien. J'ai appris à chanter auprès des gnomes. Maintenant, je peux composer des chansons moi-même, mais je continue tout-de même à chanter celle-ci. Je l'ai apprise d'une gnome appelée Cosmy. Elle est mon amie, elle m'a aidée pendant bien des années. La chansons se termine bientôt. Elle fait encore vibrer mon cœur et tout la nature aux alentours. Même l'eau semble s'écouler en harmonie avec tout le reste. Je finis par ouvrir les yeux et regarde le soleil en plissant les yeux; on le voit bien, maintenant. L'école! Je n'ai pas vu le temps passer! Je rentre très vite, dis au revoir à ma mère et m'en vais au luminateur avant qu'elle ait pu me demander où j'étais passée. Je crie:

-Foxfire!

Et me retrouve sur le campus, juste à temps pour partir avec les autres de mon niveau dans la cour devant la tour d'argent. je ne sais pas encore comment on doit faire, alors je restes avec le groupe. Un hologramme apparaît tout d'un coup devant nous, arrachant à certains un (don moi) un petit cris de stupeur. L'homme représenté est plutôt grand, avec des cheveux noirs.

-Bonjour, dit-il, je suis le Maître Leto. C'est moi qui vous guiderais durant tout votre scolarité dans la tour d'argent. Cette semaine sera consacrée à la présentation des élèves. Veuillez maintenant vous diriger vers vos dortoirs respectifs. Des dépliants à vos noms vous seront distribués pour apprendre à vous repérer dans la tour d'argent.

Et l'hologramme disparaît. Des gnomes passent nous distribuer les dépliants évoqués par le maître Leto et les élèves commencent à se disperser. Soudain, une voix m'interpelle:

-Salut, Wilda!

Je me retourne et trouve Wylie, le sourire aux lèvres. Dés que je le vois, ma bouche s'étire en découvrant mes dents. Je suis heureuse de le retrouver là! Mais quel sourire idiot... je m'efforce de le faire disparaître pour le remplacer par un sourire plus banal. Il me regardes étrangement, et je m'aperçoit que je ne lui ai pas répondu.

-Bonjour! Je dis.

Il part soudain d'un grand rire.

-Qu'y a-t-il? Je m'étonne.

-Tu... parvient-il à articuler entre deux éclats de rire. Tu... t'es vue dans un miroir, ce matin?

Je m'étonne et sors mon miroir de poche de mon sac. J'écarquille les yeux de surprise. Ma tresse de la nuit dernière est à moitié défaite. J'ai oublié de me coiffer. Pleins de mèches se sont échappées de l'élastique, entourant mon visage comme s'ils étaient...

Détachés.

-Est-ce que ça va? me demande Wylie quand mon miroir m'échappe des mains. Tu trembles...

Je trembles, en effet. Pourquoi? Pourquoi faut-il que ce traumatisme me reviennes dans un moment pareil? Une nausée me prends le ventre... je me sent sombrer, petit à petit. Non! Il faut luter!

-Wylie, je parviens à articuler en me tenant la tête. Je... ne me sent pas bien.

-Tu veux aller à l'infirmerie?

-Non. Pas besoin. Juste... je dois m'allonger.

-Je t'emmène à ta chambre, décide-t-il.

Puis il me soutient par la taille (encore?!) et commence à marcher. Il m'emmène devant un internat tout en crystal, en forme de manoir, énorme... mais je n'ai pas la tête à admirer le paysage.

-Wylie, je dis. Tu ne peut pas m'accompagner.

-Bien sûr que je peux!

-Pas dans le dortoir des filles.

-Hum...

Je réussi à tourner la tête, juste assez pour le voir rougir. Il est mignon quand il rougit. Mais... je ne suis pas sensée penser à ça, là?! Je ne me sens pas bien. Wylie regarde l'internat, puis m'examine.

-Non, dit-il, je ne peux pas t'abandonner comme ça. J'irai, tant pis!

-Mais...

-Ne t'inquiète pas, me coupe-t-il. ça ira.

Et il me transporte. J'entends les chuchotements nous accompagnants dans les couloirs. Il a du me prendre le dépliant à mon nom, car il se repère parfaitement bien. J'entends:

-Mais c'est Wilda?!

Je tourne mon regard vers Kaïcen et Chaïna, ayant reconnu la voix de cette dernière. Elles me fixent bizarrement, comme si j'avais commis un crime. Wylie finit par trouver la chambre à mon nom, ouvre la porte et me dépose sur le lit. Allongée de tout mon long, je reprends ma respiration.

-Doucement, me dit Wylie. Inspire, expire à fond.

Je fais ce qu'il me dit. Petit à petit, j'arrête de trembler.

-ça va? me demande Wylie. Qu'est ce qui a bien pu provoquer une réaction pareille?

Je ne réponds pas. Je ne peux pas répondre. Wylie semble le comprendre.

-Ce n'est rien, dit-il. Je serais toujours là si tu en as besoin. Reposes-toi.

Et il s'en va.

Je finis par me redresser et m'assois sur le lit.

Moi qui croyais être devenue plus forte... Cela n'avait pas changé. Cela avait même peut-être empiré. Comment me débarrasser de ce traumatisme? Je commence à croire que c'est impossible.

En attendant, il faut me recoiffer correctement.

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