Chapitre 13:


Mes pleurs ne sont pas douloureux, au contraire, ils me soulagent. Jamais, à part avec ma mère, je n'avais ressentis cela. Dans les bras de mes amis... comment dire... je me sens bien.

Mais je met moi-même fin à ces embrassades, à contre-cœur; l'activité de l'après-midi va commencer.

Le gnome de ce matin n'est pas présent cette fois-ci. En effet, c'est maintenant une gnomide qui nous explique en quoi consiste l'activité qui va suivre. Je me suis un peu approchée un peu pour mieux entendre. C'est encore une fois une activité de groupe, comme avant, mais cette fois il faut se mettre à cinq. mon regard se dirige automatiquement vers Wylie. Il a pensé a moi aussi apparemment, car il me fixe du regard. Quand il voit que je fais de même, il me sourit d'un air entendu que je lui rend. Je m'apprête à le rejoindre quand une main retient mon bras. Je me tourne et vois Doren qui me sourit de toutes ses dents. Je ne sais pas pourquoi mais ce sourire me fait un peu peur.

-Tu viens avec nous?

cette question me coupe la respiration tellement elle me surprend. Je le regarde les yeux grands ouverts, ne sachant pas quoi lui répondre.

-Allez, dis Tjazy à son tour.

Je ne sais ni quoi dire, ni quoi faire. ils me demandent de venir avec eux? Ils n'avaient jamais pris l'initiative de le faire...

Mon regard se dirige automatiquement vers Wylie, à dix mètres de nous, qui semble nous observer. Ses yeux ronds m'indiquent qu'il a entendu la même chose que moi, et donc que je ne suis pas folle.

Chaïna vient s'ajouter au lot.

-S'il te plaît! On est pas tes amis?

Là, ayant tourné mon regard vers ceux que j'avais en effet considérés comme tel, je vois du coin de l'oeil un regard d'avertissement de Wylie. D'un côté je suis d'accord avec lui, ce n'est pas normal, de l'autre je me demande tout de même si je ne me trompe pas sur Chaïna et les autres...

-On... on est désolés! Dit Kaïcen, qui vient d'arriver.

Je l'observe, les yeux comme des soucoupes, sentant presque la fin du monde arriver. Elle vient bien de s'excuser?! Un nouveau regard à Wylie, la bouche grande ouverte, me confirme tout ça, bien que l'hypothèse de l'hallucination collective reste pour moi valable.

Il me lance de nouveau un regard d'alerte. Il semble prêt à intervenir. Il faut dire aussi que les regards des prodiges en face de moi ne sont pas vraiment sincères. Quelque chose dans leur regard, ou leur expression, ou encore leur sourire semble dire qu'ils se forcent totalement, mais je ne saurais dire quoi. Cela veut-il dire qu'ils souhaitent se racheter? que je me trompe à leur sujet? Est-ce que la fausseté de leurs excuse n'existe que dans ma tête?

Je n'en ai aucune idée, et pour tout dire je ne suis plus sûre de rien. Ces derniers temps je m'embrouille pour tout et je ne sais plus vraiment où j'en suis.

C'est peut-être toi qui te fais des idées? Dis une petite voix dans ma tête.

Oui... ce doit être cela. en vérité il ne m'arrive rien, je me fait juste des films... Kaïcen et les autres ne m'ont rien fait. Oui, c'est ça.

C'est encore ma faute.

Je fais peut-être exprès de paraître triste? Pour attirer le regard des autres sur moi. En fait il ne  m'arrive rien. Il faut que j'arrête.

-Non... Désolée. C'est moi, je m'excuse.

Vous me direz peut-être que ce n'est pas bien. Que je ne dois pas. Mais il y a des gens bien plus à plaindre que moi. Je me fais des états d'âme pour rien. Ce n'est pas eux mais moi.

Je vois les sourires de mes "amis" s'élargir. C'est ce qu'ils attendaient.

Je lance un dernier regard d'excuse à Wylie, qui me regarde, un peu perdu.

Alors je dis à Tjazy:

-Je viens avec vous.

PDV Wylie:

La gnomide viens d'annoncer une nouvelle activité de groupe. Je vois Wilda à une dizaine de mètres et on se sourit. Je comprend alors qu'on à eu la même idée. Je commence à me rapprocher et elle s'apprête à faire de même quand je vois Doren lui attraper le bras, la coupant dans son élan. Je sens la colère et l'inquiétude enfler en moi, comme tout à l'heure quand ils sont venus la harceler pour les pralindigos, mais en moins fort. Car cette fois j'entend des paroles qui me coupent le souffle:

-Tu viens avec nous?

Je reste planté là, sidéré, et je vois Wilda dans le même état; elle a une expression aussi ahurie que si Dame Alina était apparue devant elle déguisée en sasquatch.

Tjazy viens à son tour et insiste. Mais pourquoi si soudainement? cela cache quelque chose... Je lance un regard d'avertissement à Wilda. Elle doit absolument faire attention!

Elle ne m'a pas vu... Bien sur, cela ne fait que l'embrouiller! Mais pourquoi fallait-il qu'ils  viennent encore lui retourner l'esprit? Ont-ils conscience qu'ils sont en train de la détruire? Alors que je pensais qu'elle réussirait bientôt à se détacher d'eux... Mais quel  imbécile en même temps! Cela n'est pas si simple! Mais voilà que maintenant... raaah, je tourne en boucle!

-On est amis, non?

Cette phrase prononcée par Chaïna me met à nouveau en rage, que je calme vite. Ce n'est pas comme ça que je vais aider Wilda. Il faut qu'elle comprenne, il ne faut pas qu'elle les suives... je tente un nouveau regard d'alerte... elle m'a vu, mais semble toujour embrouillée. Elle ne s'en rend peut-être pas compte, mais elle tremble un peu...

Kaïcen a rejoint les autres. Elle n'a cependant rien dit pour le moment. Soudain elle me regarde, je ne comprend pas totalement son expression... je vois dans ses yeux un peu de colère. Elle ne semble cependant pas dirigée vers moi... je ne sais pas comment je le sais. En tout cas il y a aussi autre chose que je ne parvient pas à identifier...

Elle détourne alors le regard et dis à Wilda:

-On... on est désolés!

Ouhlà.

OUHLA.

OUHLALALALA.

Disparue, l'expression qu'avait Wilda auparavant.

Maintenant c'est pire.

Non seulement Dame Alina est déguisée en sasquatch, mais en plus elle dance la macarena et chante LIBéRéE DéLIVRéE en langue ogre entourée d'éclaterolles volantes et parlantes qui font les choeurs!!!

J'ai la bouche grande ouverte. Je supose que Wilda a pensé la même chose que moi:

c'est FORCEMENT une hallucination collective!!!

Je lui lance encore un regard d'alerte, en espérant qu'elle le voit au moins du coin de l'oeil. Mais de loin je la sens bouleversée. Elle tremble de plus en plus. je vois dans ses yeux de la confusion. Elle est totalement déchirée. J'aimerais pouvoir l'aider, intervenir. Je m'y tiens prêt d'ailleurs. Mais je ne bouge pas. Car j'ai le sentiment que Wilda ne veut pas que je le fasse, et que j'aimerais avoir le fin mot de l'histoire; pourquoi sont-ils venus? Ce n'est pas clair, pas normal, et j'ai le sentiment qu'ils ne font pas cela pour Wilda. Et si je veux l'aider, je pense devoir la laisser choisir. Va-t-elle faire le bon choix?

Je les observe, elle et ses "amis", tour à tour. Rien que dire le mot "amis" pour les désigner me fait grincer des dents. Je surprends à nouveau un regard furtif de Kaïcen, sans vraiment savoir ce que cela signifie, et à nouveau elle détourne le regard. Elle regarde un instant Wilda, avec dans les yeux tout sauf de l'amitié. Je pense même qu'elle la déteste. Je n'ai pas voulu vraiment le dire à Wilda, mais elle devra en prendre conscience un jour. Car je pense que...

Je n'ai pas le temps d'aller au bout de ma pensée que je vois Kaïcen se tourner vers Doren et lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Il sourit, d'un sourire qui me fait des frissons dans le dos. Et il fixe Wilda, l'air concentré.

Tout d'un coup les yeux de Wilda prennent une teinte sombre. Son regard, jusque là déchiré, s'abandonne maintenant en un sentiment que je ne parvient pas à déchiffrer, mais qui ne me dis rien qui vaille.

Elle tourne la tête vers moi et me lance un regard d'excuse, confirmant mes soupçons.

Et elle part avec eux.

Moi je suis un peu perdu, plusieurs choses me reviennent en tête. Les regards de Kaïcen, le comportement suspect des "amis" de Wilda, et toutes les confusions et les émotions négatives qu'a pu avoir celle-ci.

J'arrive surtout à percevoir, parmi le chaos qui règne dans sa tête et son coeur, une grande solitude, ancienne et envahissante. Elle la ronge depuis longtemps.

Je ne sais pas encore quelle en est la cause, mais je suis sûr d'une chose; il faut que je la sorte de là. Personne ne mérite une chose pareille.

Mais je ne veux pas lui demander de but en blanc. Je sens que je dois attendre qu'elle m'en parle, qu'elle ait plus confiance en moi.

oui.

"Si tu as besoin de parler, je suis là!"

quand elle m'a dit ça, à notre première rencontre, j'ai ressenti la sincérité de sa phrase. à mon tour d'être digne de sa confiance. Alors j'attendrais.

Même si j'ai le sentiment qu'au moment venu, tout ne sera pas que réjouissances.

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