Kiria s'est éloignée. Elle est partie. Je me sens un peu triste mais une main réconfortante se pose sur mon épaule.

- On y va, mon garçon ?

Aussi étonnant que ça puisse paraître à première vue, M. Kuruhiwa est très doux. Sans me poser de questions, je le suis.

Nous traversons la salle d'entraînement et arrivons dans une petite salle.

- Tu peux t'asseoir ici, Evry.

J'obéis. De toute façon, sa masse musculaire est trop importante pour que j'ose désobéir.
Honnêtement, je ne comprends pas vraiment pourquoi il m'a fait venir ici. Je me sens un peu désorienté.

- Ne t'en fais pas, je ne vais pas te manger.

J'essaie de me ressaisir même si j'ai un peu de mal à rester calme.
Le fait est que je suis enfermé dans une toute petite pièce avec un homme qui pourrait me tuer à chaque instant.

- Tu n'as pas l'air de me faire confiance. Je me trompe ?

Hein ? On dirait qu'il a lu dans mes pensées !

Je baisse les yeux pour lui signifier qu'effectivement j'ai du mal à lui faire confiance mais surtout pour l'implorer de ne pas se mettre en colère et me tuer par inadvertance.

- Enfin, je comprends. Tu voudrais bien me montrer ce que tu sais faire ?

Non.

- B-Bien sûr...

Il éclate de rire. Je me sens vraiment gêné.

- Tu n'y es pas obligé.

Je pousse un soupir de soulagement intérieur. Étant donné que je ne sais pas me battre, j'aurais été bien embêté de devoir lui montrer quoi que ce soit.

- Tu n'as jamais appris les arts martiaux avant ça ?

- Non.

Visiblement, il s'attendait à ce que je développe un peu plus ma réponse.

- Encore une chose, où vis-tu ?

- Nulle part ou bien partout. Ça dépend du point de vue, je pense...

Je regarde M. Kuruhiwa dans les yeux. Il a l'air attristé. Non. Il a pitié de moi.
Je n'ai pas l'habitude de ce genre de regard. Dans ma ville, personne ne faisait attention à moi.

- Bon, c'est à peu près tout. Tu peux disposer, Evry.

- D'accord.

Je m'apprête à quitter la salle mais M. Kuruhiwa m'interpelle à nouveau.

- Au fait, Evry...

- Oui ?

- Tu n'as pas l'air d'avoir confiance en toi.

Je reste muet. Je ne sais pas quoi lui répondre. J'ai laissé tant de gens mourir...
Face à mon silence, M. Kuruhiwa prend la parole.

- Tu sais, dans cette école, il y a un jeune garçon de ton âge. Tu devrais aller le voir.

Le voir ? Pour lui dire quoi ?
Enfin, n'oublions pas que c'est Jin Kuruhiwa qui me parle. Ce tas de muscles qui pourrait me découper en rondelles pour me servir en sashimi à ses invités.

- D'accord, j'irai le voir.

Il sourit.

- Je ne te retiens pas plus alors !

Je sors de la pièce dans le silence et pousse un soupir. Je suis soulagé. Quelle pression ! J'étais tellement stressé que je n'ai pas pris la peine de relever son odeur alors que je le fais avec chaque personne que je rencontre, normalement.

Je décide d'aller trouver le jeune garçon dont parlait M. Kuruhiwa. Ça à l'air simple. Sauf que...

Je sais rien de lui !

J'essaie de raisonner. Puis, perdant le courage de réfléchir, je pars à sa recherche sans aucune information. Il n'y a qu'une dizaine d'étudiants ici !
Je parcours la salle d'entraînement à la recherche de ce mystérieux garçon. Soudain, j'aperçois quelqu'un qui pourrait correspondre à la description.

Je m'approche, angoissé à l'idée de devoir démarrer une conversation.

- Heu... salut.

Il arrête de massacrer son punching ball qui, de toute évidence, est moins fort que lui et se retourne.

- Salut !

Je l'observe. Il est blond et ses yeux sont rouges. Plutôt grand et musclé. Son odeur... Je dirais celle de la transpiration. Ça me semble normal étant donné qu'il s'entraîne.

- C'est toi le nouveau ?

- Heu... oui.

- Super ! Enfin quelqu'un de mon âge ! Bienvenue !

- Merci !

Je me sens tout de suite très à l'aise avec lui. Il est spontané et joyeux.

- C'est quoi ton nom ?

- Evry. Et toi ?

- Gen !

- Ça fait combien de temps que tu es ici ?

- Oh, pas très longtemps... Deux ans, je crois.

Il sourit, visiblement très fier de son parcours.
Intérieurement, je pense que je voulais être comme lui. Avoir autant de détermination, c'est incroyable.

- Au fait, Evry, pourquoi es-tu venu ici ?

- Pour devenir plus fort, je pense... Pour pouvoir protéger tout le monde, cette fois...

Ah ! Mince ! C'est sorti tout seul ! Je ne voulais pas l'embêter avec mes histoires...

Gen baisse les yeux et sourit.

- Je vois...

- Enfin, désolé ! Je ne voulais pas plomber l'ambiance !

Il rit. Je ris à mon tour. Je me sens léger.

- Tu veux que je te montre quelques techniques ?

- Hein ?

- Pour te battre.

- Tu ferais ça ?

- Évidemment !

Gen commence à m'expliquer en quoi consistent les arts martiaux.

- La règle d'or ici, c'est "les arts martiaux ne servent pas à semer la terreur et la douleur sur son passage mais à protéger les personnes en difficulté."

J'acquiesce. Il arbore un fier sourire sur son visage.

- C'est beau, hein ?

Je hoche la tête.

- Ah ! Viens par là !

Je m'approche et me retrouve devant un sac de frappe. Mal à l'aise, peu de mots parviennent à sortir de ma bouche.

- Heu...

- Allez essaie !

- Quoi ?

- T'as juste à frapper dedans !

Ayant conscience du peu de force présente dans mes bras et mes jambes, j'hésite à taper.

- Tu as peur ?

Visiblement, je n'arrive pas à cacher mes doutes.
Voyant que Gen s'impatiente, je me décide à asséner un coup au punching ball malgré le peu de confiance que j'accorde à mes muscles.

PAF !

- Aïe !

Une douleur intense envahi mon bras. Je relève la tête et constate qu'il est totalement tordu.

Aaaaah ! J'ai mal !

J'essaie de ne pas gémir de souffrance.
Je tourne la tête vers Gen. Il se cache les yeux avec ça main et affiche une espèce de grimace.
Le silence s'installe. Gen ne semble pas vouloir prendre la parole. Nous restons dans nos positions respectives une bonne minute. Moi mon bras tordu sur le punching ball, lui sa main cachant son visage avec toujours cette même grimace.
Soudain, il intervient.

- Ça... va ?

Un grand sourire aux lèvres, essayant de cacher ma terrible douleur je réponds.

- Pas vraiment...

Je tombe par terre, une grande souffrance envahissant mon bras. Gen s'approche.
Rapidement, quelques élèves de l'école accourent et commencent à me soigner.

- Wow ! Tu viens d'arriver et tu te pète déjà le bras !

Je jette un regard malicieux à Gen qui tourne la tête avant d'exploser de rire.
Bientôt, les rires envahissent la pièce et j'en oublierais presque la douleur.

Kiria... j'espère que tu vas bien... Non. Je suis sûr que tu vas bien.
Moi, je me suis fait...

Beaucoup d'amis...

Hey ! Ça va ?
Tout d'abord merci d'avoir lu ! 😊
Je tiens à m'excuser du retard qu'a ce chapitre (j'avoue, j'ai galéré sur le nom de notre petit Gen). D'ailleurs je ne suis pas satisfaite de son nom. 😂
Du coup, si vous avez des idées, l'espace commentaire est à vous.

Je veux aussi m'excuser par avance du retard qu'auront les autres chapitres car j'ai moins de temps pour les écrire.

Enfin, à bientôt et rendez-vous au prochain chapitre ! 😁