Épilogue
PDV Erwin
Assis derrière le volant de ma voiture, je viens de l'arrêter dans la grande cour de la maison familiale où j'ai grandi. Mes mains tremblent... Je ne crois pas que ce soit une bonne idée d'y aller. Pour me rassurer, la main chaude de Mike enveloppe doucement la mienne. Je la sers un peu plus fort en voyant le sourire de mon mari.
-Ça va aller, souffle-t-il, moi et Coralie et t'attends dans la voiture. S'il y a quoi que ce soit, on partira tous les trois.
Je tourne la tête vers notre fille qui est assise dans son petit siège d'enfant. Désormais âgée de quatre ans, nous l'avons adopté quand elle était encore un bébé afin de pouvoir entièrement l'élever comme la nôtre. Ses véritables parents sont décédés dans un accident de voiture duquel la petite a été l'unique survivant. Cette histoire dramatique m'a fendu le cœur lorsque la femme de l'orphelinat nous l'a racontée. Elle mérite le bonheur.
Nous sommes tout de suite tombés amoureux de Coralie quand nous l'avons vu pour la première fois. Avec ses courts cheveux blonds bouclés et ses grands yeux marron, on pourrait presque croire que c'est véritablement notre fille. Elle est déjà très intelligente pour son âge et Mike a cessé de travailler pour l'élever. Je suis si fier de ma famille.
J'embrasse rapidement Mike avant de sortir de la voiture sous le regard curieux de Coralie. Elle ne doit pas comprendre ce qui se passe, où nous sommes. Le cœur battant, je monte l'escalier qui mène au balcon. Une fois devant la porte, je cesse de bouger avec angoisse. C'est seulement après avoir pris une grande inspiration que mon doigt appuie sur la sonnette.
Ma mère ne tarde pas à ouvrir la porte, surprise. Sa main ridée se pose sur sa joue et ses petits yeux couleur ciel se remplissent de larmes. Elle est si mince... C'est pour elle que je suis ici.
Depuis déjà un an, ma maman est atteinte d'un cancer et son état de santé ne fait qu'empirer. Elle ne peut donc plus venir faire ses visites secrètes, ce qui lui fait mal. Elle m'aime beaucoup, comme elle adore sa petite fille chérie. Pour elle, je vais donc faire quelque chose que je n'aurais jamais cru faire : la paix avec mon géniteur.
Ma mère me serre dans ses bras frêles. À cause de son traitement, elle n'a que la peau sur les os. J'ai peur de la briser si je la serre trop fort.
-Qu'est-ce que tu fais ici? Souffle-t-elle.
-Je suis venu passer du temps avec toi, maman. Coralie et Mike sont dans la voiture. Ils attendent mon signal pour venir.
La femme s'éloigne un peu pour regarder mon visage, les larmes coulant toujours sur ses joues creuses. Elle semble confuse.
-Ton père est dans le salon...
-Je le sais et je veux le voir.
Je lâche ma mère pour retirer mes chaussures, puis je me dirige vers le salon. Je n'ai pas mis les pieds dans cette maison depuis si longtemps et pourtant, je reconnais chaque recoin, même l'odeur. Mon père n'a jamais aimé le changement, donc j'imagine que c'est pour cette raison que tout est identique à mes souvenirs.
Dès que j'arrive dans la pièce, je cesse de marcher en apercevant l'homme assis dans son fauteuil, lisant un livre. Mon père semble avoir pris 20 ans depuis la dernière fois que je l'ai vu. Cheveux gris et dégarnis sur le devant, il lève doucement la tête vers moi. L'homme ouvre grand les yeux en me reconnaissant.
-Erwin? S'étonne-t-il, qu'est-ce que...
-Si je suis ici, c'est pour venir passer du temps avec maman. J'ai appris pour sa maladie et j'ai cru que ça lui ferait plaisir que nous fassions la paix. Je ne dis pas que je te pardonne, mais je veux juste que tu acceptes ma présence en pensant pour une fois aux sentiments de ta femme.
Mon père ne dit rien, fixant simplement le sol. Après un instant de réflexion, il ferme son livre, puis il agrippe sa canne qui traine sur le sol afin de se relever. L'homme fait quelques pas vers moi, puis il s'arrête pour me regarder droit dans les yeux.
-J'ai appris que tu t'étais marié avec ton coloc, déclare-t-il sèchement.
-Oui et nous avons adopté une fille qui s'appelle Coralie. Mike et elle m'attendent dans la voiture. J'aimerais lui présenter son grand-père, mais uniquement si tu acceptes.
L'homme ne dit rien, me regardant toujours dans le visage. Je suis d'abord certain qu'il va refuser, qu'il restera un trou de cul jusqu'au bout, mais je me fige en voyant quelque chose couler le long de sa joue. Est-ce qu'il pleure? Non, c'est impossible, je ne l'ai jamais vue verser une larme de ma vie.
-Après presque 10 ans, c'est finalement toi qui as le courage de venir me revoir, souffle-t-il, tu as décidément plus de couilles que moi... mon fils...
Sans que je ne m'y attende, mon père m'attire dans ses bras. Je suis peut-être là, mais jamais je ne vais totalement lui pardonner ce qu'il a fait. Si je me force, c'est uniquement pour ma mère puisqu'il ne signifie plus rien à mes yeux. Je ne tarde donc pas à mettre un terme à cette étreinte, quittant mes parents pour aller chercher ma famille.
J'ouvre la porte d'entrée pour faire signe à Mike de venir. Mon blond hoche la tête avant de sortir de la voiture pour retirer Coralie de la banquette arrière. La petite semble fatiguée, donc mon mari la prend dans ses bras musclés pour qu'elle se laisse porter. Elle adore quand elle n'a pas besoin de marcher, la petite lâche.
Quand il arrive sur le balcon, je me penche pour déposer un petit baiser sur le front de ma fille, puis un second sur les lèves de mon homme.
-J'imagine que ça s'est bien passé? Demande-t-il.
-Oui... mais moi, je ne lui pardonnerai jamais. On est là uniquement pour ma mère, rien de plus.
Je sais qu'il me comprend, donc il se contente de hocher la tête avant d'entrer dans la maison, Coralie toujours dans ses bras. Dès que la porte se ferme, ma mère saute sur l'enfant pour la prendre à son tour dans ses petits bras squelettiques.
-Mais tu as tellement grandi ma belle! Regardez-moi ce beau petit habit. Vous l'avez trouvé où? On dirait une petite bergère.
-C'est ma mère qui lui a donné, répond en souriant Mike, elle sait que moi et Erwin ne sommes pas très doués avec la mode, donc elle l'amène faire les magasins.
-Oh, j'aimerais y aller un jour! J'ai toujours aimé choisir des vêtements pour enfants.
Je souris tristement en me rappelant que ma mère n'a pas vu notre fille depuis un bon moment. Si ma présence ici peut la rendre heureuse, c'est tout ce qui compte. J'ai écrit à ma sœur au sujet de sa maladie, mais elle ne veut plus entendre parler de son « passé » comme elle l'appel. C'est triste, mais c'est la vie, je suppose.
Alors que ma mère et mon mari discutent joyeusement, je remarque mon père qui nous observe, un peu à l'écart. Dès que Mike le voit approcher, il se redresse avec crainte. Cependant, mon géniteur l'ignore et il se contente de regarder Coralie qui le regarde de ses grands yeux curieux depuis les bras de sa grand-maman.
-Tu dois être Coralie? Demande l'homme en souriant faiblement.
Comme elle est très timide avec les inconnus, la gamine se contente de hocher la tête en mordant son pouce. C'est un très vilain tic que j'essaie de lui faire passer, mais il semblerait que depuis que je lui ai enlevé ses tétines, elle a besoin de mordiller quelque chose.
-Je suis ton grand-papa, ajoute-t-il, tu as quel âge, ma belle?
-J'ai quatre ans.
Je suis surpris de voir ce regard attendri dans les yeux de mon géniteur. Il semble réellement heureux d'avoir une descendance, même si celle-ci n'est pas de son sang. Coralie porte d'ailleurs mon nom de famille puisque je l'ai offert à Mike lors de notre mariage.
Nous passons la journée avec mes parents sans la moindre querelle. Même si je remarque que mon père préfère éviter de regarder mon mari, l'attention qu'il donne à notre fille me rend heureux, tout comme le large sourire qui domine les lèvres de la femme qui m'a donné la vie.
Quand nous rentrons chez nous, il est tard et Coralie s'est endormie dans la voiture, forçant Mike à l'apporter dans sa chambre. Je suis certain qu'elle fait semblant, mais ce n'est pas grave.
Une fois seul, je me lave rapidement avant de rejoindre mon blond dans la chambre à coucher. Je m'enfonce sous les couvertures avant de m'allonger à plat ventre sur le sien. Peu importe si je suis lourd, j'aime ressentir sa chaleur et son odeur. Est-ce possible de toujours aimer à ce point une personne après tant d'années? Mike caresse délicatement mes joues, puis je le regarde dans les yeux.
-Merci de m'aimer toujours autant, soufflai-je, de ne jamais avoir abandonné.
-Tu sais que tu seras à jamais le seul homme dans mon cœur, Erwin?
Je souris avant de l'embrasser amoureusement.
C'est drôle de voir comment la vie est faite... Quand j'étais au lycée, jamais je n'aurais pensé pouvoir un jour accepter cette attirance qui m'habitait. Celui que je considérais comme mon meilleur ami à tout fait pour m'avoir. C'était difficile pour nous deux, mais désormais, je crois qu'il n'y a pas d'homme plus heureux que moi sur Terre.
J'ai une fille merveilleuse et je suis marié à l'homme de ma vie. Quoi demander de mieux? Parfois, ne pas baisser les bras est ce qui nous amène vers les plus merveilleuses histoires.
Voilà, c'était la fin de cette très longue fanfiction! (60 618 mots!!!) merci à tout ceux qui m'ont suivis jusqu'au bout. Chaque commentaires m'a énormément touché ou encore fait rire! C'est ce qui me motive à écrire et même si je ne répond pas toujours (car je ne sais pas quoi répondre quand c'est des jokes. même si j'adore çaXD) sachez que quand je les lis tous et que ça me fait grandement sourire.
Merci du fond du coeur❤️.
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