Chapitre 9: Propos homophobes et bébé géant

Quand j'ouvre les yeux, je suis dans un lit qui m'est inconnu, sans vêtements. Les draps qui m'enveloppent sont chauds et sentent terriblement bon, preuve qu'ils ont été récemment lavés. Cette odeur est exquise.

J'en prends une bonne inspiration avant de me retourner avec un sourire vers celui qui a fait de cette nuit quelque chose d'aussi agréable. Si on m'avait dit il y a quelques jours que je suis le genre de personne qui s'envoie en l'air avec un parfait étranger, j'aurais totalement réfuté l'idée. Pourtant, c'est ce que j'ai fait et je ne regrette absolument pas. C'était... Wow!

Je fronce les sourcils en réalisant que je suis seul dans ce grand lit. Sieg n'est plus là? Avec la soudaine crainte d'avoir été abandonné après cette fantastique nuit, je me lève en le cherchant du regard. La petite chambre simplette aux murs beiges est vide de vie, mais un sourire se grave sur mes lèvres en remarquant mes vêtements bien pliés sur la commode. C'est gentil de sa part d'avoir pensé à les ramasser.

J'enfile rapidement ma chemise et mon pantalon de la veille. Hier, il faisait trop sombre pour le remarquer, mais tout semble parfaitement bien ranger dans cette pièce. Même la petite bibliothèque remplie de livres parait classée à la perfection.

Je quitte la pièce dans l'espoir de tomber sur mon amant d'un soir, pieds nus sur le sol de bois. C'était à prédire qu'à un moment ou un autre, je regretterais d'avoir mis des sandales pour la soirée d'hier. Heureusement que le sol est bien chauffé.

La salle à manger est charmante, mais très simple. Avec une petite table qui contient seulement deux chaises dépareillées, j'imagine que Sieg ne vit pas ici depuis longtemps. Qu'est-ce qu'il fait dans la vie déjà? Peu importe pour l'instant... Ne voir le blond nulle part commence sérieusement à m'angoisser.

Alors que je me demande si je suis censé partir ou attendre qu'il réapparaisse, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Sieg se tient dans l'embrasure. Portant un long manteau noir qui contraste agréablement avec sa chevelure blonde, il porte aussi des lunettes rondes qu'il n'avait pas la veille. J'apprécie beaucoup ce look un peu plus sérieux.

-Tu es réveillé? S'étonne-t-il, je croyais revenir avant. Je... je ne savais si tu comptais manger ici, donc je suis allé nous acheter du Thaï zone.

Il semble un peu plus timide qu'hier, ce qui est mignon.

-Je veux bien, souris-je, je n'ai jamais gouté à ça encore.

-Ah non? Tu manques quelque chose. J'espère que tu ne me trouves pas étrange d'avoir été chercher à manger... Je ne suis pas très à l'aise avec la perspective d'un one night et je ne sais pas comment toi, tu le vois. Je n'avais jamais fait ça avant.

Moi aussi je n'ai jamais couché avec un étranger, donc j'ignore tout autant comment me comporter ce matin. Tout ça a quelque chose d'excitant, je trouve. Sieg m'attire beaucoup. Pourquoi ne pas apprendre à nous connaitre et voir si cela peut mener quelque part?

Sur son invitation, nous passons le reste de la journée ensemble. Nous nous entendons très bien et je me sens à l'aise de discuter avec lui. Sieg a 20 ans et il est stagiaire pour une petite radio de la ville. Il rêve d'être animateur un jour. Le blond me fait écouter ses chansons favorites et je suis heureux de voir que sa playlist contient beaucoup de Nirvana. Il marque de précieux points.

Le soir, Sieg me reconduit chez moi et nous convenons de nous revoir le lendemain. Comme nous avons déjà passé le cap de coucher ensemble, je n'hésite pas à l'embrasser avant de sortir de sa voiture. Le bel homme semble surpris, mais il répond au baiser avec affection.

Ouais, cette relation peut fonctionner.

***

Le lendemain, à l'école, je réalise rapidement que plusieurs élèves me dévisagent d'une drôle de façon. Ma séance d'embrassade avec Sieg n'est visiblement pas passée inaperçue aux yeux de ceux qui étaient présents au bar. Peu importe. Ils peuvent penser ce qu'ils veulent, je me moque de leur avis. Être attiré par les hommes n'est en rien une honte à mes yeux. Je n'en suis pas moins viril.

Un professeur de philosophie nous a un jour appris que la plupart des hommes en Grèce étaient bisexuels. Même des Dieux, tels que Zeus, avaient des amants. Pourquoi serait-ce moins bien vu pour moi? Si Zeus peut embrasser un garçon, moi aussi. 

-Hey, Mike?

Je me retourne curieusement vers la fille qui vient de m'interpeller. Il y a longtemps que Nanaba ne m'avait pas adressé la parole...

-Salut Nanaba. Qu'est-ce qu'il y a?

-J'ai entendu parler de ce qui s'est passé hier à ce bar. Je veux que tu saches que je suis fier de toi. Je suis fier que tu t'assumes enfin.

Bien que surpris, un sourire s'étire sur mes lèvres.

-Merci. Tu sais, je n'ai jamais joué avec toi... J'étais sincère quand j'étais avec toi.

-Je sais. J'espère qu'un garçon te rendra plus heureux.

Elle me donne une petite tape amicale sur l'épaule avant de retourner avec ses amis. Je suis heureux qu'elle le prenne bien, car je n'aurais pas voulu qu'elle croie que je l'ai utilisée pour ne pas accepter ma sexualité. Je ne le savais tout simplement pas.

Mes amis aussi le prennent bien, ne semblant pas surpris par mon orientation sexuelle. Seul Thomas semble insulter, mais pas pour les mêmes raisons. À ses yeux, je brise toutes les lois du one night en souhaitant revoir Sieg. Il est drôle avec ses principes totalement ridicules, mais c'est comme ça qu'on l'aime.

***

Je revois Sieg chaque jour de la semaine.

Avec lui, je me sens vraiment bien quand je lui parle ou qu'il me tient la main pour marcher en ville sans la moindre honte de ce que nous sommes. Il est désormais mon petit ami officiel depuis un mois et en ce samedi soir, je l'amène au chalet pour le présenter aux garçons de mon équipe. J'en ai parlé à Livai et ce dernier trouve que c'est une excellente idée.

-Tu es certain que tu es prêt à ce que je les rencontre? Demande mon petit ami, ça m'angoisse un peu... Tu crois qu'ils vont m'apprécier?

Nous sommes dans ma voiture en direction du chalet et comme réponse, je lui presse la cuisse de ma main qui n'est pas sur le volant.

-Il n'y a aucune raison pour qu'ils ne t'aiment pas. Ils sont un peu cons, mais attachants, je t'assure.

Sieg me sourit avant de poser sa tête sur mon épaule. J'aime quand il fait cela. Lorsque nous arrivons enfin à destination, je me gare dans l'une des places libres, puis j'agrippe la main de mon blond pour l'encourager à me suivre. Il est peut-être grand et musclé, mais il reste mignon.

Je cogne rapidement à la porte avant de l'ouvrir par habitude.

-Nous sommes là! M'écriai-je.

Marco est le premier à accourir pour rencontrer le fameux Sieg dont je leur parle depuis un mois, suivi rapidement de Jean, Livai, Eren, Armin et Auruo (un nouveau de cette année dans l'équipe). Mes amis se présentent chacun leur tour à mon petit ami. C'est agréable de les voir aussi accueillants!

Thomas et Reiner manquent à l'appel, ce qui me surprend. Cependant, juste avant que je puisse demande où ils sont, la porte s'ouvre et ils entrent dans le chalet.

-Coucou les copains! S'exclame Thomas.

-Gagou, gaga.

Euh... C'est quoi ce délire? Je pouffe de rire, même si je ne comprends rien et tous les autres me copient, sauf Sieg qui doit être traumatisé en ce moment.

Je ne sais pas pourquoi, mais Reiner porte uniquement une couche d'adulte, des pantoufles roses, une grosse bavette des télétubbies et un bonnet de bébé. Avec une tétine dans la bouche et un doudou dans les mains, le blond ne semble pas du tout gêné.

-Qu'est-ce qui t'est arrivé, Reiner? Rigole Jean, tu as trouvé la fontaine de Jouvence et tu en as abusé?

-Gagou, gaga.

-Il n'a pas le droit de parler jusqu'à ce que je lui en donne la permission, explique joyeusement Thomas, mon cher ami a perdu un pari qui l'oblige à faire tout ce que je veux pendant une journée.

-Et tu n'as trouvé rien de mieux que le transformer en bébé géant? S'étonne Livai.

-Bah, j'avais récemment rêvé qu'il devenait un bébé, donc j'ai décidé de le réaliser... Tiens, c'est qui l'inconnu barbu?

Thomas s'approche de Sieg pour le regarder. Voyant que mon petit ami fixe toujours Reiner avec traumatisme, je décide de le présenter moi-même :

-C'est mon petit ami, Sieg.

-Enchanté, mec! Il y a de fortes chances que j'oublie ton nom, donc je vais t'appeler le barbu.

-Euh... d'accord.

Reiner s'en approche pour lui tendre la main. Même si Sieg semble hésiter, il lui sert.

-Gagou, gaga!

-J'imagine que ça veut dire enchanté?

Nous allons tous nous assoir dans le salon pour discuter. Comme nous en avons l'habitude, moi, Jean, Eren et Thomas allumons la télévision pour jouer à notre jeu de nintendo fétiche : Super Smash Bros. Depuis un moment, nous avons commencé à toujours miser deux dollars par combat et même si je perds presque chaque fois, j'aime beaucoup participer.

Sieg m'encourage pendant mes combats acharnés et je suis heureux de constater qu'il semble bien s'entendre avec les autres.

-LIVRAISON DE POULET, hurle une voix dans l'entrée, les morceaux sont mieux d'être aussi gros que dans les publicités vu le prix que ça m'a couté. J'ai aussi ramené des breuvages et... c'est qui, ça?

Erwin vient d'entrer dans le chalet avec dans ses bras deux gros barils de poulet Kentucky. J'ignorais qu'il allait venir aujourd'hui. Son regard est posé sur mon petit ami avec dégout. Dégout...? Pourquoi est-ce que je lis dans son regard.

-C'est la première chose que tu remarques, s'étonne Thomas, tu ne poses pas de question sur le fait que Reiner soit costumé en bébé géant?

-Gagou, gaga.

-Je me moque des délires étranges de Reiner, crache Erwin, sérieusement, c'est qui ça?

Sa phrase est si dédaigneuse, que je n'ose même pas répondre... C'est Marco qui se décide à le présenter joyeusement :

-C'est Sieg, le petit ami de Mike! Il est vraiment sympathique, tu vas voir.

-Je vois. Je n'ai pas prévu de poulet pour autant de personnes.

-On ne mangera pas ici, répliquai-je.

Erwin me lance un regard glacial avant d'aller porter ses barils à la cuisine. Qu'est-ce qui lui prend d'être aussi froid? C'est le rôle de Livai ça, pas le sien! Il n'a pas dû se lever du bon pied... J'aimerais aller le voir pour savoir ce qui ne va pas et le réconforter si nécessaire. Alors que je regarde vers la cuisine pour comprendre sa colère, je sens mon petit ami agripper ma main.

-Il ne semble pas très content de voir un étranger, me chuchote-t-il, il est toujours comme ça?

-Erwin est difficile à cerner, expliquai-je, mais je t'assure qu'il n'est pas méchant. Il faut juste le prendre avec des pincettes et essayer de lire en lui. Tu vois?

Sieg hoche positivement la tête, puis je recommence à jouer avec les gars. Mon blond s'entend très bien avec Marco, discutant avec lui tout en me collant un peu. J'aime qu'il soit chaleureux. Erwin nous rejoint finalement sans dire un mot et nous changeons de jeu pour que davantage de personnes puissent participer.

Nous optons pour les quilles, puis nous nous séparons en équipe de deux. Je me mets avec mon Sieg et chaque fois que je réussis un abat, je me permets de lui offrir un petit baisé sur les lèvres. Cela arrive fréquemment puisque sans vouloir me vanter, je suis très doué.

Je passe un très agréable moment jusqu'à ce qu'Erwin se lève de sa chaise avec colère :

-Je ne suis pas venu ici pour voir deux pédés passer leur temps à se minoucher, crache-t-il, c'est dégoutant.

J'ouvre grands les yeux, comme si je venais de recevoir une gifle en plein visage. Comment peut-il dire ça? Je me lève à mon tour, blessé et insulté.

-Je ne vois pas ce que je fais de mal? Répliquai-je un peu trop fort malgré moi, quand Livai et Hansi s'embrassent, tu ne dis rien!

-Parce que ce n'est pas des pédés. Voir deux mecs ensemble, devant moi, ça me répugne.

Plus personne ne dit un mot, choqué par les mots cruels de notre entraineur. Reiner aussi est gay, mais il ne reçoit pas ses propos homophobes blessants. Jamais je n'aurais pensé ça de lui... J'ignore quoi dire. Chacune de ses paroles me brisent brutalement le cœur. Ne voit pas à quel point il me fait mal?

-On va partir si on dérange, soufflai-je.

-Pas besoin, c'est moi qui pars. Je n'ai plus envie d'être ici de toute façon... Tu donneras ma ration de poulet à ce cher Sieg.

Sur ces mots haineux, Erwin agrippe son manteau pour quitter le chalet en claquant la porte. Je reste debout, figé devant la scène. Je ne comprends rien, mais je sais uniquement que j'ai mal.

Vous pensez quoi de la réaction à Erwin? 😏

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top