Chapitre 8: Voici Sieg

C'est aujourd'hui que la petite fête au bar a lieu. Le thème de la soirée est la plage, donc j'enfile une chemise fleurie empruntée dans la garde-robe de mon beau père, ainsi qu'un collier hawaïen et une paire de sandales que je vais surement regretter de porter au cours de la soirée. J'admire une dernière fois mon reflet dans le miroir pour m'assurer que tout est parfait. Ouais, ça devrait aller.

-Si tu as fini de t'admirer, on pourrait y aller? Grogne Livai qui est assis sur mon lit.

-Tu crois que j'ai une chance si je drague quelqu'un ce soir? M'enquis-je.

-Ça dépend qui. Si tu penses à une certaine personne dont le prénom est Erwin, je suis presque persuadé que tes chances sont égales à ton quotient intellectuel, soit zéro.

Je suis choqué. Comme peut-il savoir que je parle d'Erwin alors que je ne lui ai jamais dit que je pense pouvoir aimer les garçons? Mon attirance pour lui ne peut pas être si évidente tout de même? D'ailleurs, je ne suis même pas certain moi-même de mon orientation sexuelle. J'ai sorti avec Nanaba, mais en même temps, je suis presque certain d'aimer mon bel entraineur blond. Je n'ai encore jamais essayé avec un gars quoi que ce soit. Et si un jour j'embrassais Erwin et que je découvrais que c'est dégoutant? J'aurais fait tout ça pour rien. Je devrais tester avant...

-Pourquoi tu penses que je parle d'Erwin? Demandai-je.

-Car tu le dévores des yeux et dès qu'il est dans les parages, tu ressembles à un chien en chaleur.

-Tu penses que je n'ai pas de chance avec lui?

-Si je réfléchis bien... aucune. Il n'est pas gay et il n'en a pas l'air.

Je sais tout ça, mais je garde en moi un infime espoir qu'il soit en mesure d'éprouver quelque chose un jour pour moi. Au moins, Livai est toujours honnête avec moi quand je lui pose des questions. Si mes vêtements sont laids où que je lui montre quelque chose qui n'est pas à son gout, il me le dit sans prendre le moindre détour et de façon crue. Je compte bien lui montrer que cette fois, il se trompe.

Comme je vais boire ce soir, c'est mon beau père qui vient nous porter au bar en nous mettant son CD de chanson pour nous mettre dans l'ambiance. Avec du Guns N'Roses et du Snoop Dog, je me sens déjà d'attaque pour cette soirée!

En nous arrêtant devant le petit bar où nos amis doivent nous attendre, Richard se retourne vers nous avec un sourire :

-Donc, n'oubliez pas les jeunes, quand vous serez prêts, vous m'appellerez et je viens vous chercher. N'oubliez pas d'essayer tout ce que vous voulez, même si je vous déconseille les drogues chimiques. Je sais que Livai, tu es en couple, mais j'ai tout de même acheté quelque chose pour Mike.

Mon beau père sort de sa poche des préservatifs qu'il me tend dans un sourire. Je ne sais vraiment pas comment réagir. Il essaie probablement de monter à quel point il est cool, mais c'est plutôt perturbant. Est-ce que ma mère approuverait son discours?

-J'ai déjà été jeune aussi et je sais ce que c'est de vouloir vivre sa vie de jeunesse, explique-t-il, j'ai connu le Woodstock et je ne regrette rien. Vivez pleinement! Carpe Diem.

Il nous fait avec ses doigts un signe rock and roll avant de nous laisser sortir de sa caravane. L'imaginer en hippie Woodstokien est la chose la plus étrange qui m'ait passé par la tête depuis longtemps.

-Qu'est-ce qui lui arrive à ton beau-père? Demande Livai, je l'ai trouvé bizarre.

-Crise de la quarantaine, je suppose.

Nous devons monter un petit escalier pour arriver dans le bar. Ce dernier sert de restaurant le jour, donc la moitié de la pièce est remplie de tables alors que l'autre sert de discothèque. Les lumières multicolores donnent un effet festif alors que la piste de danse est remplie de gens costumés qui se trémoussent au rythme d'une musique forte.

Heureusement, aucun gardien de sécurité ne nous a demandé une pièce d'identité. C'est surement le pouvoir de la pilosité faciale.

Nous nous faufilons à travers les gens pour retrouver nos amis. C'est agréable de voir que la plupart des gens ont participé en enfilant un costume de plage. Seul Livai se sent trop supérieur pour ce genre de chose. J'ai réussi uniquement à lui faire porter une paire de lunette de soleil qui lui donne davantage l'air d'un rebelle blasé... C'est mieux que rien.

Je danse un peu au rythme de la musique quand nous trouvons finalement la table où nos amis sont installés. Ils sont presque tous arrivés, excepté Reiner et Thomas qui aiment bien se faire attendre. Jamais ils n'arrivent à l'heure convenue.

Mon regard se pose immédiatement sur Erwin. Il porte une chemise fleurie semblable à la mienne. C'est mignon la façon dont nous sommes assortis. Encore un signe du destin! Je me demande comment il réagirait si je lui faisais une telle réflexion? Il aurait surement peur de moi...

Nous nous assoyons avec eux et une serveuse en tenue d'Hawaïenne, comme celle que j'ai portée lors de mon imitation, vient prendre nos commandes avec un joli sourire. Nous commandons chacun une bière, puis elle va chercher nos breuvages. Pendant ce temps, les deux retardataires arrivent finalement, puis le groupe commence à se disperser.

Alors que certains font connaissance ou reconnaissent certaines personnes dans le bar, je remarque qu'Erwin semble plutôt seul dans son coin. C'est le moment. Je donne une tape sur l'épaule de Livai, puis je m'avance vers le beau blond.

-Alors Erwin, comment ça va l'université? J'imagine qu'étudier en médecine demande beaucoup d'efforts.

Erwin lève à peine ses yeux vers moi, uniquement assez longtemps pour noter qui ose lui adresser la parole. À voir son expression blasée, j'en déduis que je n'en vaux pas le coup. C'est douloureux...

-Oui, c'est plus d'études, répond-il simplement.

-Mais tu aimes ça, j'imagine?

-Oui. Excuse-moi, je dois aller à la salle de bain.

Puis il me plante là.

Pourquoi a-t-il eu l'air si peu intéressé à me parler? Je n'ai pourtant rien dit de déplacé ou fait du mal... J'ai même eu l'impression d'être une présence désagréable si je m'en fis au regard presque dédaigneux qu'il m'a lancé. Pourtant, la soirée qu'on a passée ensemble était agréable. Ce n'était peut-être pas réciproque, finalement.

Blessé, je retourne m'assoir près de Livai. Je n'ai même pas besoin de lui parler, car il doit avoir compris que ma tentative d'approche a été un lamentable échec. Avec déception, je bois rapidement ma seconde bière.

-T'inquiètes, je suis certain que tu trouveras un mec intéressé un jour, affirme Livai.

Je ne réponds pas, continuant de boire.

Tous mes amis semblent s'amuser et moi, je reste seul avec Livai à m'ennuyer. Même Marco et Armin dansent sur la piste, ce qui est atrocement rare! Je dois être un rabat-joie... Entre deux gorgées, mon regard est attiré vers un garçon, qui assis à une table seule, me sourit.

Je regarde autour de moi pour m'assurer que je suis bien la personne visée par ses sourires, puis en comprenant que c'est bien moi, je les lui rends en plongeant mon regard dans le sien. Cet homme est beau. Avec de courts cheveux blond très pâle, j'aime bien sa petite barbe qui fait virile.

Voyant que nos contacts visuels et nos sourires sont toujours réciproques, je prends mon courage à deux mains et je vais en sa direction sous le regard curieux de mon meilleur ami. Une fois à ses côtés, je m'assois sur la chaise libre. C'est la première fois que j'aborde un garçon de cette façon.

-Salut, déclarai-je simplement.

-Salut, répond-il avec un charmant sourire.

J'aime sa voix un peu grave. Cet homme est très masculin, ce qui me plait. En essayant d'avoir l'air le plus naturel possible, je lui paie un cocktail de son choix. C'est la première fois que je vois cet alcool, mais l'important, c'est que lui il sache ce qu'il boit.

Je discute un moment avec ce garçon nommé Sieg, mais les mots ne servent pas très longtemps puisqu'avec la musique trop forte, l'alcool et l'attirance mutuelle, nous commençons à nous embrasser langoureusement. Je ne pourrais pas dire qui a pris l'initiative, mais une chose est certaine : c'est délicieux.

C'est officiel, j'aime les hommes. Beaucoup plus que les filles.

La main sur la joue de Sieg que je caresse, je cesse uniquement de dévorer ses belles lèvres lorsque quelqu'un tapote mon épaule. Je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est beaucoup trop agréable!

-Mike, grogne Livai, si tu me cherches, je vais retrouver les autres.

Il faut que je fasse l'effort de mettre un court terme au baiser... J'éloigne mes lèvres de celles du blond afin de tourner la tête vers Livai qui nous observe les bras croisés. L'aurai-je oublié?

-Livai, je te présente Sieg, lui présentai-je, Sieg, voici Livai, mon meilleur ami.

-Bonjour Livai.

Livai se contente de hausser un sourcil avant de tourner les talons pour partir. Tant pis. En souriant, je reprends là où je me suis arrêté, me moquant éperdument des gens qui doivent nous juger. Il y a souvent des hétéros qui se roulent des pelles ici, donc pourquoi ce serait différent pour nous? Par exemple, le nombre de fois que j'ai vu Thomas avec des conquêtes s'embrasser sans gêne devant tout le monde dépasse l'entendement!

D'ailleurs, comment fait-il pour réussir à charmer tant de demoiselles? Il n'est pas beau, mais la chance semble lui sourire en drague. Il m'a déjà raconté avoir une liste de techniques de drague infaillibles et leur avoir toutes donné un nom. Avec lui, même les phrases d'approche nulles fonctionnent. C'est un dieu de la séduction.

Sieg éloigne ses lèvres pour s'approcher de mon oreille et susurrer d'une voix sensuelle :

-Tu veux qu'on aille chez moi? J'ai un appartement tout près d'ici.

Mon ventre se tord sous cette proposition. Je sais pertinemment où il veut en venir, mais ne suis pas tout à fait certain de vouloir franchir le pas avec un garçon que je connais à peine, qui pourtant est terriblement sexy. Il doit penser que je suis un habitué, que je sais ce que je fais.

-Je veux que tu saches, déclarai-je, je n'ai encore jamais rien fait avec un garçon avant...

-Ce n'est pas un problème, je vais être ton professeur.

La manière dont il me sourit retire en moi toute crainte. Je vais le suivre.

Sieg agrippe ma main pour me tirer vers l'extérieur, mais juste avant, je lui demande de m'attendre le temps que j'avertisse Livai que je ne rentre pas avec lui. Après une courte fouille dans le bar, je le retrouve avec les autres dehors. Qu'est-ce qu'ils font tous là? Peu importe, je ne veux pas faire attendre mon futur amant plus longtemps.

-Livai, je dois te parler, déclarai-je en lui agrippant le poignet, Sieg m'a invité à aller chez lui, donc tu ne pourras pas passer la nuit chez moi... Est-ce que quelqu'un d'autre pourrait t'amener chez toi?

-Je vois, grogne-t-il, tu es certain d'être prêt à ça avec un inconnu?

-Livai, je sais ce que je fais... Donc quelqu'un pourrait te ramener?

-Je vais te ramener Livai, se mêle quelqu'un, je n'ai pas bu puisque j'ai des cours demain.

Je reconnaîtrais cette voix entre mille. Erwin s'approche de nous en sortant ses clés de voiture pour montrer à Livai qu'il est sérieux et ce dernier acquiesce en haussant les épaules. Je rêve où le beau blond me lance un regard noir? Il ne semble pas de bonne humeur.

-J'espère que tu passeras une bonne soirée, Mike, me souhaite-t-il fadement.

Sur ce, il part vers sa voiture, talonné par mon meilleur ami. Je ne comprends pas pourquoi il agit comme ça? Choisissant de l'ignorer, je cours retrouver Sieg pour l'accompagner jusque chez lui.

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