Dix ans se sont désormais écoulés depuis le début de mon couple avec Erwin, dont cinq depuis la première fois qu'il m'a dit les grands mots.

Mon blond est plus attentionné qu'avant. Il démontre désormais son amour comme si le jugement des autres n'avait plus la moindre importance. Tout ça me rend heureux et notre couple est plus solide que jamais il ne l'a été. Était-ce uniquement son père qui le retenait? Était-ce lui qui tirait sur cette ficelle invisible qui l'empêchait d'être entièrement bien avec moi?

Erwin et son géniteur n'ont plus le moindre contact. Ils ne s'adressent plus la parole. Mon petit ami est devenu aux yeux de cet homme un étranger, exactement il l'a fait subir à sa fille, Isabel. Comment peut-on renier ses deux enfants sans éprouver le moindre remords?

La mère de mon blond n'accepte pas le rejet de son mari et elle vient nous visiter en cachette. Cette femme est très gentille et je l'aime beaucoup! C'est triste qu'elle soit mariée à un homme aussi horrible... Au moins, elle a fait le bon choix cette fois-ci. Isabel ne veut plus lui parler depuis que monsieur Smith l'a mise à la porte, donc je crois que c'est pour cette raison que madame a choisis de ne pas perde son fils. Elle accepte ce qu'il est.

Je m'entends très bien avec ma belle-mère. Elle me donne des trucs en cuisine et des conseils pour faire le ménage à la manière d'un professionnel. Elle semble me prendre pour une femme, mais bon... L'important, c'est qu'elle m'aime bien, non?

L'an dernier, Erwin s'est fait offrir un poste de médecin très payant en Afrique pour une courte durée. Lorsqu'il reviendra au pays, non seulement il aura beaucoup plus d'argent, mais en plus, un meilleur emploi que le précédent lui est promis. Il aura enfin un travail permanent.

Même si l'idée de quitter mon travail me faisait un peu mal au cœur, j'ai décidé de le suivre. Nous venions tout juste de nous trouver une petite maison campagnarde clé en main, donc nous avons payé Livai pour qu'il vienne l'entretenir pendant notre absence. Je sens qu'il n'y aura pas un grain de poussière à notre retour.

L'Afrique est un lieu que j'ai vraiment adoré. Je n'ai pas eu besoin de me trouver un emploi, donc j'en ai profité pour passer un peu de temps avec les enfants de l'orphelinat et donner un coup de main dans diverses tâches. Contrairement à ce que j'aurais un jour cru possible, je suis désormais bilingue! Je maitrisais très peu de mots en arrivant là-bas, mais quand on est obligé de parler anglais continuellement, on l'apprend rapidement. Je suis fier de moi.

Même si Erwin travaillait beaucoup, nous en avons profité pour faire un peu de tourisme. J'ai fait un safari! Assis dans le petit 4x4 qui sert à faire la promenade, j'ai eu la chance de voir plein d'animaux impressionnants dans leur habitat naturel. C'était comme dans le roi lion. D'ailleurs, la musique de ce classique de Disney jouait dans ma tête alors que j'admirais le paysage romanesque.

Ma famille m'a beaucoup manqué, tout comme mes amis. Même si je leur parlais beaucoup par textos ou téléphone, le décalage horaire n'a pas aidé. J'avais si hâte de les revoir. Cette année m'a énormément rapproché d'Erwin. C'était nous deux contre le monde, comme si le temps s'était arrêté.

Aujourd'hui, cela fait deux mois que nous sommes revenus dans le vrai monde. Mon blond avec la peau bronzée est un spectacle atrocement sexy. Je ne me lasserai pas de l'admirer! Bertholdt nous a envoyé un message pour nous inviter à sa première exposition dans un musée. Il est professeur d'art plastique, mais sa passion première reste la peinture. Comme toute la bande est censée se réunir là-bas et ensuite aller passer le week-end dans le chalet d'Eren qui était anciennement notre repaire, moi et Erwin y allons.

-Je suis tout de même surpris d'apprendre que Bertholdt a sa propre exposition, avoue Erwin sur le chemin, je n'ai jamais vu ses peintures... Il ne fait pas que des lignes et des tâches j'espère?

-Nan, Reiner m'a confié qu'il fait de très beau portait. Il est son modèle favori, il parait. J'imagine que Reiner en profite pour prendre de belles poses, si tu vois ce que je veux dire.

-Je préfère ne pas imaginer Reiner dans ce genre de situation!

Je rigole avant de déposer ma main sur sa cuisse. J'aime beaucoup quand c'est lui qui conduit.

Le musée dans lequel Bertholdt fait son exposition est immense et très moderne avec ses murs d'un blanc nacré. Je n'y connais rien dans ce domaine puisque je n'ai jamais compris ce que les gens appellent des œuvres d'art. Les peintures abstraites sont hideuses, même si certaines peuvent parfois attirer la curiosité. Même moi qui suis dénué de talent, je suis certain que je pourrais créer ce genre d'œuvres.

La salle réservée pour Bertholdt est grande et au premier étage. Des murs en vitre entourent l'exposition, nous laissant tout de même voir le buffet et les nombreuses peintures. Après avoir montré nos laissés-passé, nous pénétrons la pièce. Heureusement qu'Erwin m'a forcé à enfiler une chemise propre, sinon j'aurais fait tache dans ce lieu luxueux.

-Je reconnais Reiner sur cette toile, remarque Erwin, c'est vraiment bien fait.

J'acquiesce en souriant quand mon regard se pose sur un couple qui discute avec l'artiste et son mari. En reconnaissant mon meilleur ami que je n'ai pas vu depuis un an, je cours le rejoindre.

-LIVAI ACKERMAN!

Quelques personnes me regardent de travers en m'entendant crier, mais je m'en moque et je serre contre moi mon petit Livai que je soulève presque du sol. Il se débat, mais il n'y a rien à faire contre mon entrain. Je le repose finalement sur le sol avant de donner la bise à tout le monde. Les enfants de mon meilleur ami ont tellement grandi!

Nous discutons ensemble avant d'être rejoints par Jean et Marco. Le couple est accompagné de leur fils qui semble très heureux de me revoir. L'enfant saute dans mes bras et j'en profite pour le câliner. Il m'a tellement manqué.

Armin arrive aussi, accompagnée de sa femme Annie et leurs trois enfants. Je ne les avais pas vues depuis près de six ans, ceux-là, tout comme Sasha et Conny qui ont une fille. Auruo aussi est là, divorcé depuis peu. Seul Eren manque à l'appel, n'aimant soi-disant pas les musées. Il est censé nous attendre au chalet.

L'exposition prend fin tard dans l'après-midi, puis nous embarquons tous dans nos voitures respectives pour aller au chalet. Je suis excité! Ça fait tellement longtemps que je n'y ai pas mis les pieds. En route, Erwin est muet, comme si quelque chose le stressait. Pour le rassurer, j'embrasse tendrement sa joue.

-Tu n'as pas à t'inquiéter, on va s'amuser avec eux, affirmai-je, j'avais peur de ne pas savoir quoi leur dire, mais finalement, ça va bien.

-Hein? Oh oui... Désolé de stresser pour ça.

Le chalet n'a pas changé et il est exactement comme dans mes souvenirs. Puisqu'il n'y a que trois chambres de disponibles, moi et Erwin devons partager la nôtre avec Livai et Hansi. J'ai l'impression de revenir en adolescence! Chaque recoin de ce lieu m'est familier. Ils me rappellent de merveilleux souvenirs, tout comme la console de jeu avec laquelle nous jouions à Super Smash Bros. J'espère ne pas avoir perdu mon talent.

Pendant la soirée, alors que les adultes discutent de leur vie dans la cuisine, je pars jouer au salon avec les enfants. Je m'amuse à faire le monstre pour les distraire, ce qui les fait rigoler. Ils sont tous adorables.

Mon amoureux s'approche :

-Mike, je pourrais te parler s'il te plait?

-Désolé les enfants, mais le maitre veut me parler!

Certains sont tristes de me voir quitter le jeu, mais je suis tout de même mon petit ami qui me conduit sans un mot derrière le chalet. Erwin regarde le sol en jouant avec ses doigts. Quelque chose le tracasse? Une fois dehors, il se retourne vers moi.

-Tu te rappelles cet endroit? Demande Erwin, c'est ici que nous nous sommes parlé réellement pour la première fois...

-Comment je pourrais ne pas m'en rappeler! On avait regardé les étoiles et on avait fumé ensemble. Tu t'es endormi sur l'herbe.

-Je pense encore souvent à cette soirée... Ça été la première fois où j'ai eu l'impression que quelqu'un m'écoutait vraiment et était sincèrement intéressé par ce que je disais. Tu te souviens ce que tu avais souhaité cette soirée-là?

J'hausse un sourcil, surpris qu'il se souvienne de cette soirée magique. Ce coup de foudre n'était peut-être pas à sens unique, finalement. Un sourire se dessine sur mes lèvres.

-Je m'en souviens...

-Moi, j'avais souhaité que chaque soirée ressemble à celle-là, avoue Erwin timidement.

J'ouvre grand les yeux. Il avait fait le même vœu que moi.

-Mike, continue-t-il, tu es la plus belle rencontre que j'ai faite. Tu es l'unique personne avec qui je peux être vraiment moi-même et avec qui je me sens réellement à l'aise. Tu as su faire en sorte que je m'accepte comme je suis. Tu as réussi à me supporter et tu es toujours resté près de moi, même quand je n'étais pas très gentil avec toi. Tu me rends heureux.

C'est la première fois qu'Erwin me dit quelque chose d'aussi mignon. Qu'est-ce qui lui arrive? Pour être aussi romantique, ça ne doit pas être lui. Je suis presque certain que ce n'est qu'une copie de mon petit ami... Alors que je m'apprête à soulever son chandail pour m'assurer qu'il n'est pas un clone et qu'il possède bien un nombril, mon cœur s'emballe quand mon petit ami pose un genou sur le sol. Qu'est-ce qu'il fait?

D'une main tremblante, Erwin sort de sa poche arrière un petit boitier qu'il ouvre. Une bague?

-Veux-tu m'épouser et fonder une famille avec moi?

L'information prend un moment à se rendre à mon cerveau. Erwin Smith me demande vraiment en mariage? Il sait que j'ai toujours voulu ça, mais je ne croyais jamais qu'il le voudrait.

Comme aucun mot n'arrive à franchir la barrière de mes lèvres, je me contente de hocher rapidement la tête avant de sauter dans ses bras. Sous mon poids, mon blond vient près tomber sur le dos, mais il se retient de justesse. Il me rend l'étreinte.

-Je me doutais que ça te ferait plaisir, souffle Erwin, je me sens prêt à adopter et élever un enfant avec toi.

Je m'éloigne un peu avant de déposer mes lèvres sur les siennes et l'embrasser de tout mon amour. Nous allons nous marier et avoir enfin un enfant! Je crois que rien ne pourrait me rendre plus heureux.