Chapitre 3: Jupe et noix de coco
Mon téléphone dans les mains, j'appelle chez moi afin d'aviser ma mère de mon absence ce soir. Il s'agit d'une sorte de pacte non écrit entre nous. J'ai le droit de sortir, tant que je lui dis où. Elle est très compréhensive, ma maman. C'est pourquoi je l'aime tant.
-Allô? Fais la petite voix de l'une de mes sœurs en répondant.
-Ces Kayla ou Nathanaelle?
-Nat. C'est toi Mikou? Pourquoi tu appelles? Tu veux que je fasse un message à maman?
-Oui s'il te plait. Peux-tu lui dire que ce soir, je vais à une fête avec Livai?
J'entendant le téléphone frotter, puis la petite voix de ma sœur cri quelque chose d'incompréhensible pendant que je j'attends patiemment. Elle finit par ramener à nouveau le combiné à son oreille :
-Maman te dit d'appeler quand tu seras prêt et que papa va venir te chercher.
-Merci! Peux-tu aussi demander à ton père de sortir le matelas et le mettre à côté de mon lit? Livai dort chez nous.
-Lili peut dormir dans ma chambre s'il le veut.
-Ne dis pas n'importe quoi, il a bientôt 16 ans et toi, seulement sept. Tu sais ce que je te dis à propos de garçons? Pas de petits amis avant le lycée et pas sans mon approbation.
Je l'entends bruyamment me tirer ma langue en riant, puis elle me raccroche au nez. Ah, les enfants. Si difficile à gérer.
Je range mon téléphone dans ma poche arrière avant de me tourner en souriant vers Livai qui me fixe de mauvaise humeur, les bras croisés. Si je ne le connaissais pas, il me ferait peur.
-La bonne nouvelle c'est que c'est mon beau père que vas venir nous chercher, affirmai-je, il ne nous jugera pas si on est saoul mort à la suite d'une initiation en lien avec l'alcool. Tu sais, quand j'ai commencé à sortir avec Nanaba, il m'a même offert d'aller m'acheter des préservatifs pour me montrer à quel point il est cool.
Livai ne me répond pas, se contentant toujours de me fixer de cette manière que je déteste. Il m'intimide là... Sous les ordres des anciens, nous avons dû enfiler nos vêtements d'école et venir attendre dans le stationnement qu'ils nous amènent chez Erwin, là où se déroule la fête.
C'est dans la petite voiture de Farlan que nous embarquons, en compagnie d'un garçon nommé Jean, dont les cheveux se démarquent par leurs doubles couleurs. Dès que le châtain entreprend le chemin, je me crispe à mon siège.
-Es-tu certain se savoir conduire? Demande froidement Livai.
-Oui, pourquoi? Tu as peur?
-LE FEU ROUGE! Hurlai-je.
-Oups.
Farlan appuie rapidement sur le frein en riant, venant près nous arrêter au beau milieu de l'intersection sous les klaxons des autres conducteurs. C'est quoi ce chauffard? Mes ongles enfoncés dans le siège, je regarde Jean qui près de moi, est blanc comme un drap. Dès que la lumière tourne au vert, le châtain appuie à nouveau sur le champignon. Sous l'accélération, il esquive de peu un pauvre cycliste. Ça y est, je vais mourir...
Après encore quelques minutes pendant lesquels Farlan rage contre les autres voitures trop lentes et pendant lesquels Livai tente de le convaincre de lui laisser le volant, nous pénétrons dans une rue plus dispendieuse où la richesse des maisons augmente terriblement. Malgré ma peur, j'admire un instant les immenses baraques que je ne pourrai jamais me payer. Faire le ménage là-dedans doit être atrocement long.
Nous finissons enfin par entrer dans la cour de l'un de ces palaces, puis Farlan arrête joyeusement le véhicule.
-Bienvenu chez Erwin, sourit-il, vous pouvez débarquer.
Nous ne nous faisons pas prier pour sortir de la voiture de ce fou. Si je ne me retenais pas, j'embrasserais le sol pour le remercier de m'avoir amené en vie jusqu'ici. À peine deux minutes plus tard, les trois autres voitures arrivent et elles, elles semblent contrôlées par des chauffeurs normaux! Erwin est le premier à descendre. Il nous dévisage avec curiosité.
-Pourquoi vous avez l'air d'avoir vu un fantôme? S'enquiert-il.
-La vraie question est comment ce fou de la route a eu son permis de conduire! Réplique Jean agacé.
Un faible sourire se grave sur les lèvres du beau blond qui jette un regard amusé à Farlan. Comment un tel pli de lèvres peut être aussi séduisant chez un homme?
-Vilain Farlan, lui reproche Erwin, l'initiation n'est pourtant pas encore commencée.
-Je n'ai pas pu résister. Leur visage était trop drôle!
-Je vais te tuer, grogne Livai en comprenant qu'il l'a fait exprès.
Je retiens mon nain par le col pour l'empêcher de foncer sur le pauvre garçon dangereux, lui permettant uniquement de lui crier de nombreuses insultes. C'est ça Lili, défoule-toi sans les poings.
En rigolant, Erwin nous passe devant et sort un trousseau de clés de sa poche. Après avoir déverrouillé la porte, il nous invite à entrer dans son immense demeure. L'endroit est tellement beau et vaste que j'en suis estomaqué.
Il nous fait une rapide visite des pièces qui serviront à accueillir la fête, dont la cuisine et le salon qui sont de style traditionnel. Nous allons jusque dans la cour extérieure qui contient une immense piscine creusée, puis nous descendons dans le sous-sol. Chaque recoin sent merveilleusement bon, comme si un parfum de qualité était diffusé à certaines heures. J'en ai les voies nasales heureuses.
Les parents d'Erwin doivent être vachement fortunés pour vivre dans un endroit pareil. Je me demande ce qu'ils font comme métier. Chirurgien? Dentiste? Vendeur de cocaïne?
Le sous-sol est très grand, avec une table de billard et un bar impressionnant au fond. Le plancher de bois et les luminaires noirs au plafond rappellent agréablement une tanière de gangsters. C'est peut-être le cas?
Le blond chuchote quelque chose à l'oreille de Nile avant de se retourner vers nous en souriant.
-Les invités ne devraient pas tarder à arriver, donc vous allez préparer les plateaux de serveurs. J'ai acheté quelques bouteilles de fort et je vais vous demander de vous prendre un plateau. Chacun aura une sorte de shooter différent à distribuer.
-C'est tout? S'étonne un garçon nommé Armin.
Il n'aurait pas dû poser la question, car Erwin sourit d'un air inquiétant alors que Nile revient avec un gros bac rempli de je-ne-sais-quoi qu'il dépose sur le sol.
-Vous devrez porter ces magnifiques costumes, explique Thomas qui jubile depuis un moment dans son coin.
Je me demande ce que ce sera...
***
À peine deux heures plus tard, nos shooters sont tous préparés et nous nous trouvons tous vêtus d'une jupe immonde et d'un soutien-gorge en noix de coco, attendant qu'on vienne nous chercher pour faire notre entrée. La jupe est un peu trop courte et je dois constamment la replacer pour cacher mon caleçon.
-Je n'arrive pas à croire que je sois prêt à m'humilier de la sorte! Grogne Livai, cette jupe me démange à des endroits qui ne devraient pas. Explique-moi pourquoi je t'ai suivi dans cette aventure, Mike?
-Car je suis ton meilleur et unique ami, répondis-je au tact en essayant de placer depuis un moment mes noix de coco trop décalé, ce costume n'est pas si horrible. Ils auraient pu nous demander de nous mettre à poil?
-Comme si ça t'aurait dérangé, sal nudiste.
-Je n'ai simplement aucun problème avec mon magnifique corps.
Nous rions tous les deux -en fait Livai fait son visage qui semble le plus amusé-. C'est vrai que je n'ai pas honte de mon corps. Si quelqu'un me demandait maintenant de me mettre nu, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Je suis fier de ce que la nature m'a offert. Il faut dire qu'elle est très généreuse parfois.
Nous sommes finalement coupés dans notre délire par l'arrivée de Thomas, une canette de bière dans les mains. Il regarde chaque victime avec un sourire moqueur.
-Et bien... Vous êtes les filles les plus moches que je n'ai jamais vues, affirme-t-il avec amusement.
-Si tu veux un costume toi aussi, on peut t'en filer un, réplique Reiner.
-Non merci, je tiens encore à ma virilité. Donc vous savez ce que vous avez à faire? Servez les shooters qu'on vous a donnés et soyez de gentils petits chiens dociles.
Sur ce, nous agrippons chacun un plateau et suivons Thomas à l'étage où la fête est très animée. Dès que nous entrons, les invités se moquent ouvertement de nous. Je n'ai aucun problème avec cet habit contrairement à d'autres nouveaux qui grimacent de honte.
Nous commençons à faire notre travail. Moi et Livai restons ensemble afin que ce soit moins pénible. Après un moment, je vois Nanaba s'approcher de nous, un verre à la main. Elle me regarde de haut en bas avec une drôle d'expression.
-Quand tu m'as dit que tu serais à la fête, je ne m'attendais pas à te trouver comme ça... C'est une initiation?
-Non, on s'est dit que ça serait chouette de s'habiller comme ça, répond avec sarcasme Livai, tu ne trouves pas ça joli?
Nanaba se contente de lui lancer un regard dédaigneux avant de continuer à parler uniquement avec moi. Je crois parfois qu'elle n'aime pas beaucoup mon meilleur ami. Elle m'a déjà dit que sa façon de parler l'énervait, mais je ne comprends pas pourquoi.
Quand elle part enfin se chercher quelque chose à boire, Erwin s'avance vers nous pour voler un shooter sur mon plateau. Je reste figé à sa vue. Il s'est changé? Le beau blond porte désormais une chemise blanche et un jeans serré qui met parfaitement en évidence son fessier rebondi.
-Vous êtes chanceux, se moque Erwin, Nile voulait aussi qu'on vous maquille, mais je lui ai dit que c'était trop.
-J'imagine qu'on doit dire merci? Grogne Livai.
-Oui. La plupart des soirées de bizutage sont bien pires que celle-ci. C'est simplement amusant à regarder. Moi, quand je suis entré dans l'équipe, on m'a forcé à embrasser une chèvre sur la bouche.
-J'aime les chèvres, me mêlai-je soudainement.
Les deux garçons me lancent un regard bizarre. Merde, pourquoi j'ai dit ça! Je fixais les lèvres d'Erwin bouger au rythme de ses mots, puis c'est sortis tout seul. Maintenant, je dois avoir l'air d'un crétin.
-Okay...
Sur ce simple mot, Erwin s'éloigne de nous sans nous donner davantage d'attention. Livai me regarde drôlement, mais je préfère qu'il ne me fasse pas de commentaires. Depuis quand j'agis aussi stupidement? Ce gars, je ne le connais pas alors pourquoi m'intimide-t-il à ce point!
La soirée se termine aux petites heures et comme nous sommes nouveaux, nous devons ramasser tout ce qui traine tandis que les anciens se prélassent sur le canapé. Thomas, qui a abusé de la bouteille, nous encourage joyeusement en tapant des mains et en nous affublant de surnom ridicule.
Nous faisons maintenant officiellement partie de l'équipe.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top