Chapitre 27: Le choix d'Erwin

Les années passent et cela va bientôt faire cinq ans que je suis en couple avec Erwin. Qui aurait pensé que le beau capitaine de l'équipe maudite des Titans serait un jour l'homme de ma vie?

Nous avons aménagé dans un appartement plus grand et près de l'hôpital où Erwin travaille. Son poste n'est pas encore stable et il doit avoir les pires heures de travail imaginable. Parfois, mon blond est même appelé en pleine nuit ou alors, il revient très tard le soir, totalement épuisé. Je comprends qu'il n'a pas le choix, donc je fais mon mieux pour qu'il n'ait rien à faire en arrivant. Je fais le ménage et je prépare tous les repas. Lorsqu'il revient tard, je l'attends sur le canapé afin que nous puissions partager un moment ensemble.

Je travaille toujours dans la même boutique de parfum, mais j'ai aussi réussi à joindre une petite agence d'animation de fête d'enfants. C'est ce que je préfère et je souhaite un jour pouvoir faire uniquement ça de ma vie. Mon rôle est d'organiser des activités amusantes et de me costumer. Que ce soit un rôle de pirate, de preux chevalier ou encore de sorcier, je donne toujours mon cent pour cent. C'est Erwin qui m'a encouragé à faire ce que j'aime.

J'ai hâte du jour où je serai père... Pour l'instant, mon petit ami n'a pas le temps et il préfère attendre que nous ayons une maison. C'est compréhensible, mais je reste impatient de fonder une famille avec l'homme que j'aime. Pour calmer mes envies de paternité, je kidnappe fréquemment le fils adoptif de Jean et Marco ou encore la fille de Livai et Hansi dont j'ai l'honneur d'avoir été nommé parrain!

Ce soir, je prépare un succulent repas pour faire plaisir à mon petit ami adoré. Grâce aux conseils de ma mère qui me rend souvent visite et qui m'appelle chaque soir, je commence à être un cuisinier très doué. Le chef Ramsay grimacerait surement devant mes techniques d'amateurs, mais l'important, c'est que mon blond adore.

D'ailleurs, j'ai à peine eu le temps de le voir Erwin cette semaine. Il a toujours travaillé très tard et lorsqu'il arrivait, il s'endormait presque aussitôt. Un peu de romantisme ce soir à travers un bon repas aux chandelles va surement lui faire plaisir. Peut-être qu'on pourrait terminer tout ça par des câlins?

Même si nous sommes en pleine après-midi, Erwin dort toujours parce qu'il a dû rentrer à l'hôpital de nuit pour une urgence. J'essaie de ne pas faire de bruit dans la préparation de ma surprise afin de ne pas le réveiller. Cette sieste prolongée va lui faire du bien.

Trop occupé à badigeonner mon poulet spécial dans mon charmant tablier représentant le visage de Grumpy Cat, j'entends un peu mon blond bouger, mais je n'y porte pas attention. Erwin adore lorsque je prépare cette recette volée à ma mère.

La porte de la chambre s'ouvre enfin et je me tourne vers lui dans le but de lui offrir un bain en amoureux avant de manger. Nous avons une grande baignoire, donc c'est naturel d'en profiter. Cependant, je fronce les sourcils en l'apercevant... Pourquoi tient-il une valise?

-Euh, tu as prévu de sortir aujourd'hui? M'étonnai-je, j'étais justement en train de préparer le souper. Poulet spécial Mike! Je pensais aussi qu'on pourrait prendre un bain, tu sais, puisqu'on n'a pas eu beaucoup de temps ces temps-ci?

Erwin ne lève pas les yeux vers moi, fixant le sol sans sourire.

-C'est ta valise, déclare-t-il, j'ai mis toutes tes affaires à l'intérieur. Tu pars ce soir chez ta mère.

-Très drôle... Donc tu m'amènes quelque part et tu ne veux pas me le dire, c'est ça?

-Mike, ne rends pas les choses plus compliquées s'il te plait.

À ce moment, j'ai l'impression que mon cerveau est comme un volcan en éruption. Je vois Erwin qui me parle, mais je ne comprends rien au discours qu'il débite devant moi, sans le moindre sourire. Peut-être que je n'ai simplement pas envie de l'entendre?

-J'ai fait quelque chose de mal? Demandai-je d'une voix faible.

-Non, ce n'est pas toi le problème... Écoute Mike, sortir avec un mec n'était pas une bonne idée à la base. Je suis surpris que ça ait duré presque cinq ans. De toute façon, tu as bien vu que je n'avais plus le temps d'entretenir une relation avec le travail?

-Mais, tu sais, ça ne me dérange pas, moi... Je suis là pour te soutenir... Va prendre une douche et reviens quand tu auras les idées claires. D'accord?

Ma voix est petite, plus brisée que d'habitude alors que des larmes brûlent mes yeux. Si c'est une blague, ce n'est vraiment pas drôle, surtout en sachant qu'au début de notre relation il m'a laissé deux autres fois avant de reprendre le lendemain. À la différence, maintenant c'est sérieux, non? Nous vivons ensemble, nous parlons d'adopter un enfant et d'avoir une maison... Il ne peut pas faire ce choix comme ça!

-Mike, ça fait depuis le début de la semaine que j'y pense, ajoute Erwin, ne rend pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont et accepte le fait que nous deux ça ne marche plus.

-Mais ça marche! Je t'aime Erwin, je ferais absolument tout pour toi et tu le sais. Je... je ne crois pas que quelqu'un d'autre aurait supporté ton mauvais caractère que tu avais au début et tout ce que tu m'as fait. Pourtant, vois-tu, je suis encore là et encore plus amoureux de toi! Tu n'as pas le droit du jour au lendemain de me mettre à la porte sans raison... c'est... c'est dégoutant et ridicule!

-Prend ta valise et part.

Son ton est froid, sans réplique. Ça y est, je n'arrive plus à retenir mes larmes de couler. Elles se déversent comme un torrent sur mes joues. Comment de l'eau salée peut-elle être aussi douloureuse? J'ai le cœur qui fait mal. Comment peut-il me faire ça alors que je cuisine?

-Et si je refuse, soufflai-je.

-C'est mon loyer, donc tu fais ce que je dis, c'est tout.

Des mots font parfois plus mal que des coups et je peux le confirmer en cet instant. Pourquoi Erwin ne me jetterait-il pas un dictionnaire à la tête plutôt que me dire ça? Blessé en voyant qu'il semble très sérieux, je me décide à brusquement agripper ma valise et sortir de l'appartement sans dire un mot.

Où est-ce que je peux bien aller? Il est hors de question que j'aille chez mes parents, car je refuse qu'ils sachent ce qu'Erwin vient de me faire. Ils risqueraient de ne plus l'apprécier autant et je refuse que ça arrive! Je suis certain que demain il va m'appeler en s'excusant, comme il l'a toujours fait avant quand des « bulles » lui traversaient la tête.

Je crois que je vais aller chez Livai et Hansi... Mon meilleur ami sait toujours comment agir avec moi quand je suis brisé.

PDV Erwin

Dès que la porte se referme, les larmes montent à mes yeux sans que je ne puisse les retenir. Suis-je le pire des salopards? J'avance à pas lents vers le four que j'éteins, puis je vais à ma chambre où je me laisse tomber sur le lit. Je passe mes mains dans mes cheveux, réalisant peu à peu ce que je viens de faire... j'ai menti.

J'ai dit à Mike que j'y pensais depuis le début de la semaine, mais en vrai, c'est cette nuit que j'ai fait ce choix sur un coup de tête. Mon petit ami dormait paisiblement près de moi, la tête sur mon torse en bavant comme il le fait toujours, puis j'ai pris conscience que c'était le meilleur choix à faire pour nous deux. Tout ça pour quoi? À cause d'une foutue histoire qui s'est passée au travail!

Dans l'hôpital, j'ai mon propre bureau où je reçois les patients. J'ai un ordinateur dans lequel je tiens à jour leur dossier et tous les documents nécessaires. Sur un coup de tête, j'ai mis comme fond d'écran une photo de mon petit ami. Comme ça, quand je travaille très tard le soir, je regarde son visage et ça me motive à continuer. Bien sûr, personne ne le sait puisque je n'aime pas beaucoup avoir l'air « quétaine ». Cependant, cette semaine, l'un de mes collègues a découvert cette petite partie de ma vie privée... Je ne croyais pas que me faire juger pourrait me faire si mal.

J'ai appris avec le temps à accepter le fait que je sois amoureux d'un homme et que ce dernier partage ma vie. Je suis bien avec Mike et je n'ai plus honte de m'afficher devant nos amis ou ses parents. Quand des gens me posent la question, j'ai même commencé à le présenter comme mon petit ami. Donc pourquoi le fait qu'un de mes collègues soit dégouté me dérange autant? Est-ce le mot « pédé » qui m'a fait si mal?

C'est là que j'ai commencé à réfléchir à tout ça, que tout s'est mis à tourner dans ma tête. Ces pensées ont peut-être été influencées par la fatigue extrême, mais j'ai réalisé que je n'étais pas un bon petit ami. Comment Mike pourrait-il être heureux avec moi si je ne suis jamais à la maison et que dès qu'on insulte un peu mon orientation sexuelle je n'arrive pas à me défendre? Je suis incapable de supporter qu'on me traite de pédé ou je-ne-sais quoi d'autre de méchant...

Suis-je con?

Dans un petit cri de rage, j'agrippe le réveille-matin qui se trouve sur ma table de chevet et le lance contre le mur. Je ne me souviens pas la dernière fois que je me suis senti si mal.

Mike va revenir, pas vrai?

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