Chapitre 23: Un couple?
PDV Erwin
Assis à la longue table familiale chez mes parents, seul le bruit de la télévision allumée au poste des nouvelles brise le silence. Mon père aime toujours écouter la radio et les informations du moment pour être à jour avec qui se passe dans le monde. Souper ici est une horreur, mais ils tiennent à ce que je vienne au minimum une fois par semaine. C'est l'occasion pour mes parents de s'informer de mes études et pour ma mère, me demander si j'ai enfin une prétendante.
-Ils font encore rentrer n'importe qui dans notre beau pays, crache mon père en regardant le journaliste parler des immigrants, c'est de leur faute s'il y a tous ces attentats et ces changements! À la place du gouvernement, je fermerais la porte à l'immigration. Trump était peut-être mal aimé, mais c'était le seul président américain à avoir les couilles de faire les bonnes choses. Ça me révulse que ces Américains n'aient pas eu l'intelligence de l'élire une nouvelle fois. Bande d'imbéciles.
Je grimace en fixant la viande dans mon assiette tandis qu'il continue son monologue. Chaque fois que je suis là, c'est la même chose. Il se plaint de l'immigration, du droit des femmes et des homosexuels... Avant, je donnais mon point de vue, mais j'ai vite compris que je n'ai pas le droit de dire mon avis et que ça lui importe peu. Mon père est la vérité absolue.
-Vous savez qu'Isabel lance bientôt son premier album? Larguai-je après un nouvel instant de silence, elle est très fière. Elle m'a fait entendre l'une de ses chansons et ses paroles sont très jolies, tout comme sa voix.
-Écoute Erwin, crache mon père, ce que fait Isabel, je n'en ai rien à faire. Ne me parle pas d'elle.
-Je voulais simplement vous montrer qu'elle a réussi et...
-Le sujet est clos.
Je serre mes poings sous la table afin de garder mon calme. Venir ici, j'ai l'impression que c'est de pire en pire. Au moins, bientôt mon père parle de prendre sa retraite et ils partiront vivre l'hiver dans un condo en Floride.
Alors que ma mère m'offre une nouvelle fois des patates, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je l'ouvre avec curiosité et je souris en voyant que le message provient de Mike.
18h22 : MonBlondÉnervant :
|Regarde, il y a un nouveau couple dans la bande! *^*
Une photo accompagne son message et quand je l'ouvre, je suis surpris de découvrir Marco assis sur les genoux de Jean dont ses bras entourent son ventre. Ils sont ensemble? Il est vrai qu'ils passent beaucoup de temps tous les deux, mais je ne pensais pas qu'ils étaient gays! Marco, c'est évident, mais Jean... J'étais certain qu'il n'aimait que les filles à l'entendre parler.
-Lâche ton téléphone, ordonne mon père, je ne veux pas de ça à la table et tu le sais.
-Désolé... j'avais reçu un message.
-De ta petite amie? Se mêle avec un sourire ma mère, j'ai remarqué que tu sentais différent en arrivant.
Mon sourire s'efface. Pourquoi Mike doit-il porter autant de parfum! Il a encore passé la nuit chez moi, ce qui explique surement pourquoi j'ai pris son odeur. Cela fait maintenant deux mois que nous nous « fréquentons ». Je devrais mettre un terme à cette relation, mais j'en suis incapable. J'ai toujours envie de le voir et quand il se trouve en face de moi, je ne peux résister à l'embrasser.
Oui, je suis dégoutant, mais je commence sincèrement à m'attacher. Tout ça me terrifie... Pour l'instant, Mike est patient avec moi, mais je sais qu'il va bientôt me demander à nouveau si je suis son petit ami. Coucher avec quelqu'un pour le simple plaisir du sexe ne me ressemble pas. Je ne suis pas ce genre de personne, mais être en couple avec un homme signifie beaucoup. Aux yeux des autres, ça fera de moi quelqu'un homosexuel, même si je sais que je serais aussi avec Mike s'il était une fille. Il est une exception.
-Je fréquente quelqu'un, c'est vrai, affirmai-je timidement.
-Comment elle s'appelle? As-tu une photo?
-Ce n'est pas une relation sérieuse, donc je préfère ne rien dire.
-Je vois, marmonne mon père, à ton âge, j'étais déjà fiancé à ta mère, donc je ne tarderais pas trop si j'étais toi. Quand tu vas terminer tes études, tu vas être heureux d'avoir une femme pour entretenir ta maison, ça, c'est moi qui te le dis.
Je préfère ne rien dire sur le sujet. S'il savait...
PDV Mike
En ce samedi, nous avons une partie de baseball contre l'équipe d'une école privée. Ces derniers temps, nous nous sommes beaucoup améliorés et nous gagnons presque toujours. Erwin semble très fier de voir notre progression, donc je fais toujours les efforts maximums pour qu'il puisse continuer de l'être.
L'équipe adverse est très forte et elle nous met bien au défi. Dans la foule, une immense mascotte en forme de titan nous encourage. Je ne peux m'empêcher de rigoler, même si Livai semble découragé devant ce monstre humanoïde. Serait-ce Hansi sous ce costume? Mon amie est une femme sans gêne, ce qui me plait beaucoup chez elle.
Nous remportons une nouvelle fois la partie. Après avoir serré la main de l'équipe adverse, je vais joindre mon entraineur favori avec un large sourire. Même s'il refuse que les gens soient au courant de notre relation particulière, rien ne m'empêche de lui parler comme un ami.
-Tu as envie de fêter notre victoire dans un bon resto? Proposai-je, c'est moi qui paie. Il parait que les crevettes qu'ils servent au pub sont succulentes.
-Si tu pais, je ne vois pas d'objection.
Erwin fronce soudainement les sourcils en fixant par-dessus mon épaule. J'espère qu'il ne va pas décliner mon offre par peur d'être aperçu en ma présence?
-Ne t'inquiète pas, je ne vais pas démontrer d'affection, le rassurai-je, ce sera une sortie totalement amicale.
-Ce n'est pas à ça que je pense... Tourne plutôt la tête pour voir la personne qui parle avec Reiner. Indice, tu ne vas pas être content.
Curieux, je me retourne vers le grand blond. Tout, mais pas lui... Je grimace en reconnaissant la sale tête de cet imbécile de Thomas. Ce dernier discute joyeusement avec Reiner. J'aurais aimé ne jamais le revoir.
***
Aujourd'hui, Bertholdt ne semble pas être en grande forme. Il s'est isolé dans sa tête toute la journée et il m'a même laissé copier ses exercices de mathématique sans réagir, ce qui n'est pas normal. Le brun ne vient pas à notre table entre les cours, restant assis seul dans son coin à gribouiller dans son cahier. Il semble triste... Serait-ce en rapport avec le retour imprévu de ce cher Thomas? Reiner est clairement heureux de le revoir après des mois sans nouvelles et il n'a que son prénom à la bouche.
Je ne suis donc pas surpris que Reiner amène son vieil ami à l'entrainement du soir. Toujours rancunier depuis l'accident, j'essaie de ne pas le montrer en ignorant Thomas et sa grande gueule. Livai aussi parait toujours en colère contre le blond. Il lui lance des regards noirs, tout comme Auruo, même si lui, je ne sais pas pourquoi.
Pour l'instant, tout va très bien. Il m'agace, mais me concentrer sur l'entrainement m'aide à ne pas lui porter attention. C'est mon tour de frapper la balle que Jean me lance. Elle vole vers le champ, donc je cours vers le premier but, puis le second qui est surveillé par Thomas. Alors que je m'apprête à aller au suivant, quelque chose se glisse sous mes pieds et je m'écrase à plat ventre sur le sol. C'est douloureux.
Je me relève presque aussitôt que je suis tombé, gêné de me retrouver ainsi au sol. Mon pantalon de sport est déchiré et mon genou est écorché. Thomas a un sourire moqueur. Ce fumier l'a clairement fait exprès... Voulait-il de l'attention à ce point? Si c'est le cas, il a réussi à avoir la mienne!
-Enfoiré, je sais que tu as fait exprès de placer ton pied là! Tonnai-je.
-Tu n'avais qu'à contourner mon pied. Je ne t'ai pas demandé de trébucher dessus! Il était bien où il était.
-Je me demande pourquoi tu es revenu dans le coin. Tu ne manquais à personne, ici.
-C'est ce que tu crois. Moi je pense que je suis largement préféré à toi, Mickey.
Je sens que je vais à nouveau perdre patience... Sans pouvoir me retenir, mon poing se lève et va s'écraser sur sa joue détestable. Jusqu'à ce jour, il est l'unique personne dans ce monde à pouvoir me faire perdre tout contrôle. Je suis pourtant quelqu'un de pacifique. Heureusement, avant que je puisse le frapper une nouvelle fois, Erwin intervient comme la fois au chalet. Je sors du terrain sans attendre. Ce traitre n'aurait jamais dû revenir!
Livai et Auruo ne tardent pas à me joindre hors du terrain où je tente de me calmer sous leurs conseils bienveillants. Ma journée se déroulait bien jusqu'à maintenant, donc pourquoi ce connard a voulu m'énerver? Il sait que je ne l'aime pas, donc à quoi ça lui a servi de me provoquer? À ma grande surprise, même Bertholdt quitte le terrain pour nous retrouver. Je sens que lui aussi, il n'aime pas Thomas.
Quand Erwin vient vers nous, je me sens étrangement moins en colère.
-L'entrainement a été annulé, déclare-t-il, j'ai dit à Thomas de ne pas revenir la prochaine fois. Il devrait sagement écouter.
Ses mots suffisent à me faire sourire. Erwin à annuler la pratique pour moi? Depuis deux mois, je n'ai pas demandé à nouveau à mon blond ce que nous sommes l'un pour l'autre. La dernière fois, sa réponse m'a beaucoup trop blessé, mais j'ai l'impression que notre relation a beaucoup évolué depuis. Je passe souvent la nuit chez lui et quand nous sommes seuls, je peux le câliner et l'embrasser autant que je le souhaite. Nous passons même des petits moments romantiques collés devant des films!
Il n'est pas à l'aise avec tout ça, mais l'important c'est qu'il m'accepte lorsque nous sommes uniquement tous les deux. C'est notre petit monde.
Mon beau blond s'accroupit pour regarder les dégâts sur mon genou. Il grimace.
-Il ne t'a pas manqué, remarque-t-il, tu devrais venir chez moi pour que je nettoie ça. Il y a peut-être des petites roches à l'intérieur.
-Oui docteur, souris-je.
Je lance les clés de ma voiture à Livai pour qu'il puisse rentrer chez lui sans mon aide, puis je monte dans celle de mon bel entraineur pour aller à son appartement. La joue contre le dossier du siège passager, j'admire mon homme qui conduit. Il est tellement beau.
-Cesse de me regarder comme ça, grogne-t-il, c'est embarrassant.
-Désolé, mais c'est plus fort que moi. Merci de t'occuper de moi... Je trouve ça mignon. Admets que je suis plus important à tes yeux que ce que tu oses dire?
-Ferme-là ou je monte le volume la radio. Tu sais que je vais le faire!
Je rigole, mais je suis satisfait de voir un petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Mon cœur s'accélère lorsque sa main qui n'est pas sur le volant agrippe la mienne pour la serrer fermement. Il ne fait pas souvent ce genre de geste de son plein gré, donc j'en profite.
Une fois chez Erwin, il me fait m'assoir sur le canapé pendant qu'il va chercher ce qu'il faut pour désinfecter ma blessure. Ce pantalon va beaucoup me manquer. Il était confortable et beau.
-Descend ton pantalon, ordonne Erwin en revenant avec du désinfectant et un pansement.
-C'est une invitation?
-Fais ce que je te dis et chasse tout de suite ces idées perverses de ta tête! Je suis professionnel, moi.
-Mais oui.
Je lui obéis en retirant mon pauvre pantalon. Ma blessure ne me fait pas vraiment mal, mais je grimace en sentant mon docteur la nettoyer. Après un petit moment, je me calme et je profite de cette proximité pour caresser les cheveux d'Erwin. J'aime quand il est aussi gentil.
-Je t'aime, Erwin, soufflai-je, je sais que tu ne veux pas l'entendre, mais je me dois de te le dire... Je veux que tu sois mon petit ami.
Erwin ne relève pas les yeux, se contentant de terminer de me mettre un petit pansement. Sans un mot, il s'assoit près de moi, toujours sans me regarder.
-Je le sais, répond-il, mais je ne sais pas... Je ne peux pas.
-Pourtant, je trouve que notre relation ressemble déjà à un couple? On n'est pas obligé de s'afficher devant tout le monde, mais simplement devant nos amis et mes parents. Ma mère rêve de te rencontrer.
Il soupire en laissant tomber sa tête sur mon épaule. C'est un bon signe, je trouve? Je joue avec ses doigts en attendant sa réponse.
-Écoute Mike... Je ne me sens pas prêt à affronter le regard des autres.
-C'est seulement ça, le problème? Je peux te raconter une histoire? Tu sais, quand j'avais commencé à sortir avec Nanaba au collège, tout le monde se moquait de moi parce qu'elle était sportive et ressemblait à un mec. J'hésitais beaucoup, mais ma mère m'a dit quelque chose qui m'a marqué. Elle m'a regardé dans les yeux et m'a posé cette question : si un jour tu mangeais le meilleur gâteau au monde, mais que les autres te disaient qu'il goûte mauvais, cesserais-tu de le manger?
-Est-ce que tu te compares à un gâteau?
-En quelque sorte... Tu sais, c'est après cette réflexion que j'ai commencé à me moquer de l'avis des autres et à vivre pour moi. Pourquoi s'en soucier? Si tu n'es pas bien avec moi, je comprends. Mais ne t'empêche pas d'être heureux pour les autres.
Erwin semble surpris de m'entendre dire quelque chose d'intelligent. Sans que je m'y attende, ses mains se glissent sur mes joues et il me tire vers lui pour m'embrasser avec une toute nouvelle affection. Quand ses lèves s'éloignent des miennes, nos fronts restent collés.
-Seulement devant nos amis et devant tes parents pour l'instant, d'accord?
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