Chapitre 20: Baiser de homards
Après m'être gentiment fait mettre à la porte par mon blond favori, je vais au chalet dans le but de voir ce que j'ai manqué après mon départ. En même temps, je suis impatient d'apprendre à mes amis que j'ai passé la nuit chez Erwin. Ils savent que je suis amoureux de lui, mais personne ne me croit lorsque je dis qu'il est mon ami et que nous aimons passer du temps ensemble. Ai-je l'air d'un menteur?
Au chalet, la première chose que je remarque, c'est que Jean est presque mort, couché sur les genoux de Marco. Ce dernier joue affectueusement dans les cheveux du pauvre garçon en gueule de bois. Même avant que je parte, hier, il était plus ivre que nécessaire!
Hansi m'apprend que ce duo d'amis a dû s'embrasser durant une partie d'action ou vérité. Serait-ce le début de quelque chose? Jean semble uniquement aimer les filles et les fortes poitrines, mais qui sait? Peut-être que son meilleur ami saura ravir son cœur?
Il parait aussi que Reiner a passé sa soirée à flirter avec Bertholdt et qu'ils ont même dormi ensemble, seuls dans une chambre. Le problème, c'est que ce matin, le brun s'est enfui sans prévenir personne. J'espère que mon ami blond n'a pas fait de bêtises qui vont détruire les efforts que j'ai fournis pour les réunir! Lorsque nous serons seuls, il devra tout m'expliquer.
Je retourne chez moi en après-midi, après avoir mangé du McDonald avec les survivants de la soirée en état de sortir. Cela exclut bien sûr Jean, ainsi que Marco qui est resté au chalet s'occuper de lui.
Alors que je m'apprête à prendre ma douche, j'essaie de sortir mon homard porte-bonheur de ma poche, mais rien. J'ai beau le chercher, il n'est nulle part. S'il fallait que je l'ai perdu en cours de soirée... Mon cœur se sert d'inquiétude. Ce petit objet qui doit paraitre anodin aux yeux des gens est extrêmement important aux miens. Il est irremplaçable.
Tous les endroits possibles où mon homard pourrait être, j'y vais. Il est très tard lorsque je prends la décision d'annuler les recherches. Il est surement resté chez Erwin. L'entraineur sait que cet objet est important à mes yeux et il ne serait surement pas suffisamment méchant pour le jeter. Je vais attendre qu'il m'appelle.
Le lendemain, comme chaque dimanche, le reste de ma famille est en sortie. Il fait beau, donc ils ont opté pour une randonnée en montagne. C'est peut-être parce que je suis lâche, mais personnellement, je préfère de loin le confort de ma maison et la solitude qu'apporte l'absence de mes sœurs. Être l'ainé est parfois un fardeau, mais pour rien au monde je n'échangerais ma petite famille.
Simplement m'imaginer une vie sans devoir jouer au monstre, sans lire des histoires en prenant une voix grotesque et me faire transformer en poupée géante me fend le cœur. Pourquoi doivent-elles obligatoirement grandir? Ce serait bien qu'elles restent éternellement jeunes, qu'elles ne grandissent jamais. Quand elles auront l'âge de sortir avec des garçons, je vais atrocement m'inquiéter.
Assis sur le canapé avec comme vêtement un simple jogging, je mange un grand bol de ramens devant les Looney Tunes. J'ignore comment je me suis retrouvé à regarder ce carton idiot, mais chaque vieux gag me fait encore rire. Comme ça, je ne pense plus à mon porte-bonheur perdu. Pauvre Pépé le putois... Jamais cette pauvre mouffette n'a réussi à gagner le cœur d'une chatte malgré tous ses efforts, mais elle reste déterminée. Ce personnage est respectable.
Tout comme lui, jamais je n'abandonnerai la conquête du cœur d'Erwin.
Le bruit de la sonnette d'entrée me fait sursauter. Ils sont déjà rentrés? Pourtant, il est uniquement 13 heures et ils ne rentrent jamais avant 16 heures... Les sourcils froncés, je pose mon bol de ramens sur la table de salon avant d'aller ouvrir la porte avec curiosité.
Mon cœur fait un agréable bond quand je tombe face au visage sérieux d'Erwin. Ce dernier me regarde sans l'ombre d'un sourire. Qu'est-ce qu'il fait là? Je lui manque déjà? Peu importe, le voir devant moi n'est jamais un problème. Comme réponse à ma question muette, il monte sa main dans laquelle pend mon petit homard. Il y a pensé.
-Tu as oublié ça.
-Merci d'être venu me le porter! Souris-je en l'agrippant, je m'en serais terriblement voulu de le perdre. Ce homard est très important pour moi.
-Pourquoi tiens-tu tant à ce porte-clé? Il est étrange et il commence à perdre sa peinture à certains endroits.
-Il appartenait à mon père. Il travaillait dans une poissonnerie et un jour, il me l'a ramené. Depuis, je l'ai toujours sur moi et je ne m'en sépare presque jamais. Tu veux entrer? J'ai des ramens?
Erwin fronce les sourcils, puis sans un mot, il accepte simplement de rentrer sur le tapis d'entrée. Est-ce que ça veut dire qu'il n'est plus en colère pour cette nuit?
-Pourquoi tu ne lui demanderais pas de t'en apporter un nouveau en meilleur état? S'enquiert Erwin avec curiosité.
-Je lui demanderais bien s'il était encore là... Tu veux des ramens?
Dire aux gens que mon père biologique est mort est quelque chose que je déteste. Depuis le temps, je m'en suis remis même s'il me manque encore parfois. Je hais l'expression qui se grave sur le visage des gens lorsqu'ils l'apprennent. Ils ne savent plus quoi dire, ni comment réagir. Je n'aime pas recevoir de la compassion et je suis heureux de constater qu'Erwin ne me lance pas le célèbre : « je suis désolé ». Pourquoi s'excuser alors qu'ils n'y sont pour rien? C'était simplement la faute du bateau de pêche sur lequel il était.
J'attends patiemment qu'Erwin me dise s'il veut des ramens en lui souriant. Qu'il soit là me comble de bonheur. Après quelques secondes à nous regarder, il brise le silence avec embarras :
-Mike... J'aimerais m'excuser de la façon dont je t'ai parlé ce matin alors que tu n'as absolument rien fait de mal. Comprend, pour moi, me réveiller dans tes bras ça été un choc.
-Je comprends et je ne t'en veux absolument pas. À ta place, j'aurais probablement réagi pareil.
Erwin qui s'excuse? C'est quelque chose qui ne risque pas de se reproduire souvent. Je ne suis aucunement en colère contre l'entraineur. Au contraire, je suis conscient que pour lui, ce qui s'est produit cette nuit est quelque chose d'étrange. Un jour, il réalisera que je suis l'homme de ses rêves. Je suis patient.
Alors que nous nous regardons droit dans les yeux, je remarque qu'il s'avance doucement vers moi. Mon corps se fige et mon ventre se crispe quand son visage monte lentement vers le mien. Ses lèves viennent doucement effleurer les miennes. Il m'embrasse vraiment? De son plein gré? Les yeux fermés, je lui rends le baiser tout en glissant les mains sur ses bras couverts de son manteau. C'est si fantastique, délicieux, que je dois rêver.
Quand Erwin semble se rendre compte de ce qu'il fait, il me repousse brusquement, le visage paniqué.
-Ne m'approche plus jamais...
Sur cette phrase pleine de mépris, Erwin sort de la maison pour retourner chez lui, me laissant figé, fou de joie. Je ne comprends pas très bien le comportement final du garçon, mais le geste reste le même. Il m'a volé un baiser! De son plein gré! Décidément, ce petit homard me porte bonheur.
PDV Erwin
Je conduis trop vite pour retourner chez moi, me moquant du danger que je peux créer. Au fil de mon chemin, j'essuie du poignet les larmes de rage qui coulent sur mes joues. Comment ai-je pu ? Après l'avoir collé une nuit entière, j'ose aller chez Mike pour l'embrasser! Je ne comprends même pas pourquoi j'ai fait ça. Il était torse nu devant moi, dévoilant son corps bien musclé et je n'ai pas su résister. Je suis dégoutant. Horrible.
Quand j'arrive finalement à mon appartement, j'entre en claquant la porte. J'aimerais briser quelque chose, frapper de toutes mes forces contre un mur. Dans un cri de colère, je me laisse tomber sur le canapé, la tête entre mes mains, tremblant. J'ai embrassé volontairement Mike... J'ai aimé ce baiser, tout comme la première fois. Pire, j'avais envie de balader mes mains sur ses muscles, de sentir sa peau.
Comment puis-je aimer embrasser un garçon? Comment ai-je pu le désirer tout à l'heure? C'est tellement dégoutant que j'en ai la nausée. Je ne suis pas con, je sais que je l'ai toujours trouvé séduisant même si je refusais de me l'admettre. Tout ça, c'est exactement comme quand il m'a embarrassé sur ma voiture. Au début, j'avais répondu. J'aimais le gout de ses lèvres, ses mains rudes sur mes joues... C'était jusqu'à ce que je réalise.
Je ne peux pas... C'est répugnant. Simplement m'imaginer avec lui me rend mal. Si mon père apprenait que moi, son unique fils, je désire un garçon, je ne sais pas ce qu'il pourrait faire. Ai-je été si mal éduqué? Suis-je une horreur?
Mon portable vibre devant moi, signe que quelqu'un m'appelle sur Skype. Voyant qu'il s'agit de ma sœur, j'essuie rapidement mes yeux avant de répondre, laissant apparaitre son visage souriant sur toute la largeur de l'écran.
-Salut frérot! Oh... qu'est-ce qui t'arrive?
-On se parle une prochaine fois Isa.
-Non, attends!
Sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, je lui ferme au nez. Je n'ai pas besoin de lui parler pour le moment et encore moins de me faire poser des questions. Isabel tente désespérément de rappeler, mais je refuse de lui répondre dans l'état où je suis. Je dois trouver une solution à mon problème, m'enlever cette perversion de la tête.
Je dois me soigner.
Désolé du retard, je ne savais pas comment aborder le début de ce chapitre... Dès le prochain, les vrais choses commencent entre Mike et Erwin. 😏
Vous pensez quoi de la manière de penser de notre cher Erwin?
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