Chapitre 19: Une soirée qui termine bien

La bonne nouvelle, c'est que je suis moins blessé que ce que j'aurais cru au début. Je n'ai rien de cassé et les seuls vestiges de cette bataille sont un œil au bord noir, ainsi qu'une petite coupure sur ma lèvre inférieure. Ma jambe me fait encore mal, ce qui s'empêche de courir au baseball. J'ai le droit de frapper la balle, mais quelqu'un doit aller au but à ma place. Pour un garçon qui s'est fait agresser, je m'en tire bien. D'ailleurs, selon un blogue auquel je suis abonné, il parait que ce genre de blessure est attirant.

Ma mère a très mal pris de me voir rentrer chez moi dans cet état lamentable. Comme j'étais incapable de lui dire que quatre garçons m'ont passé à tabac après les cours puisque je suis homosexuel, j'ai dû lui raconter que je me suis battu avec un ami. Mentir est horrible... Cependant, je sais qu'elle aurait paniqué facilement à la rude vérité. Même Erwin m'a conseillé de porter plainte, mais je n'en vois pas l'intérêt. Pourquoi mêler la justice à une histoire de lycéens? Je ne suis pas une mauviette et je sais me défendre.

Malgré cette expérience déplaisante, je suis heureux de constater qu'Erwin recommence à me parler. Notre amitié ne sera pas comme avant, mais je suis convaincu qu'avec le temps les choses redeviendront comme elles étaient. Il n'a pas hésité une seconde à sauter sur mes agresseurs, ce qui m'impressionne.

J'ai croisé le roux dans les corridors de l'école et j'ai été heureux de constater que son visage est encore plus marqué que le mien. Il est fort, mon blond.

Aujourd'hui, l'équipe organise une fête au chalet pour célébrer notre première victoire au baseball depuis trois ans. J'ignore si c'est la chance, mais nous avons gagné notre première partie de quelques points. C'est la première fois que nous ne sommes pas totalement mauvais!

Comme toujours, avant d'aller à la fête, Livai se retrouve chez moi pour se préparer. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis stressé... C'est le premier party auquel je vais depuis l'incident avec Thomas. Depuis, j'ai dû aller chaque vendredi à une réunion d'alcooliques anonymes qui sont désormais terminées et après avoir fait plusieurs démarches, j'ai depuis peu à nouveau le droit de conduire.

Cependant, j'ai dû installer dans ma voiture une « balloune », objet qui m'empêche de démarrer l'engin si j'ai de l'alcool dans le corps. Ce soir, je serai donc l'unique personne sobre de la soirée. Au moins, Erwin sera là.

Pour me donner un peu de courage, j'embrasse rapidement mon petit homard porte-bonheur avant de le remettre dans ma poche. Grâce à lui, l'angoisse semble s'estomper quand je monte derrière le volant de ma voiture. Avant de démarrer, il faut que je souffle comme toujours dans la petite machine qui décide si je suis en état de conduire.

Lorsque nous arrivons au chalet, la fête est commencée depuis peu, mais la musique résonne déjà entre les murs de bois. La voiture d'Erwin n'est nulle part, signe qu'il est en retard. Mon beau blond a toujours aimé se faire désirer. Jamais il n'arrive à une soirée en avance, préférant faire une entrée tardive.

Avec Livai, nous allons rejoindre Hansi qui saute au cou de son petit ami en l'apercevant. Ce dernier marmonne en la repoussant, mais la fille ne fait pas attention à son horrible humeur. Devant elle, Auruo et sa petite amie, Petra, nous saluent. Comment suis-je devenu ami avec lui? Je l'ignore. Ce garçon a tendance à un peu m'énerver, même si je déteste dire du mal des gens. Il est gentil, mais la façon dont il se prend pour un autre le rend lourd et difficile à apprécier.

Mes amis discutent pendant que je cherche mon beau blond du regard.

-Vous n'auriez pas vu Erwin? M'enquis-je après un moment de profond ennui.

-Pas encore, répond Auruo, tu sais, Erwin est à l'université. Il serait normal qu'il ait mieux à faire que de passer du temps avec de simples lycéens. Surtout qu'en tant qu'étudiant en méde....

-Il est là!

Je quitte aussitôt mes amis pour aller vers Erwin qui vient tout juste de pénétrer le chalet. Son long manteau noir met agréablement en valeur ses beaux cheveux d'or. Il est magnifique. Dès qu'il me voit, mon ami se force à sourire faiblement avec fatigue. Les immenses cernes sous ses yeux pourraient faire compétition avec celles de L dans l'anime nommé Death Note que Hansi m'a forcé à regarder.

Ces derniers temps, Erwin manque de sommeil à cause de ses études et de son nouveau travail à temps partiel. Peut-être n'aurait-il pas dû venir et se reposer? Jean et Eren n'auraient jamais dû insister.

-Bonjour, beau garçon, déclarai-je, veux-tu que j'aille porter ton manteau dans le placard?

-Salut Mike, soupire Erwin qui retire son manteau avant de me le donner brusquement.

Il n'est clairement pas de bonne humeur, mais ça ne fait rien. Avec un sourire, je vais déposer son manteau sur un cintre. Il sent tellement bon! Malgré moi, je ne peux m'empêcher de renifler rapidement le manteau avant d'aller retrouver mon ami debout, près du comptoir, une bière à la main.

Je tente tant bien que mal de faire la conversation, mais Erwin n'est pas très réceptif, regardant autour de lui avec ennui. Ses yeux ferment d'eux-mêmes... Plus tard, Jean s'approche de nous, accompagné d'Eren et Marco. Le premier semble très éméché, comme à presque toutes les fêtes.

-Salut! Si ce n'est pas notre entraineur favori! On aurait dû te faire porter une jupe et des noix de coco comme tu nous as forcés à faire à la première fête où tu nous as invités. Mais maintenant, bah t'es un vieux.

-Un vieux? Répète sans comprendre Erwin.

-Ouais, un vieil universitaire qui doit être sérieux. Tu deviens chiant avec le temps, mais on t'aime bien pareille. Toi qui étais le roi du lycée, j'imagine que tu ne refuserais pas un calleux?

Marco agrippe le poignet à Jean pour essayer de le calmer dans sa lancée, prétextant qu'il a trop abusé de l'alcool. Je tourne mon regard vers mon entraineur qui semble profondément blessé par ces mots. Il est complexé d'être le plus vieux d'entre nous et ce n'est pas très gentil de lui rappeler.

-Donne-moi ton calleux, Jean, affirme-t-il soudainement.

-Quoi? M'étonnai-je, tu es certain que c'est une bonne idée? Je veux dire, tu sembles fatigué et boire beaucoup d'alcool dans cet état risque de t'assommer. Crois-moi, je sais de quoi je parle! On m'a forcé à aller aux réunions d'alcooliques anonymes.

-Ta gueule, Mike. Je n'ai pas de conseil à recevoir de toi et encore moins d'ordres.

Il m'énerve quand il s'y met, mais je l'aime tout de même. Cette histoire, je ne la sens pas. Eren va chercher avec un sourire l'engin dont il est question pendant que Jean débouche une bière pleine. Quand le brun revient avec une sorte d'entonnoir, Erwin grimace. Il doit regretter, mais têtu comme il est, jamais il ne va se désister.

Effectivement, il enfonce le tuyau dans sa bouche pendant que Jean fait couler trop rapidement la bière de l'autre côté. Il va s'étouffer et ce sera son problème. Peut-être devrai-je y faire le bouche-à-bouche?

Quand la descente est enfin terminée, Erwin essuie sa bouche dans une grimace de dégout. Pas de bouche-à-bouche à faire, on dirait. Dommage. Après les félicitations d'Eren et de Jean, ils repartent en riant.

Erwin s'adosse au comptoir derrière lui en fermant ses yeux dans une grimace. Mélanger alcool et fatigue n'est jamais bon. Il aurait dû écouter l'expert forcé, alias moi. Je pose ma main sur son épaule.

-Ça va?

Le plus âgé hoche la tête pour montrer que oui, même si dans le fond je suis persuadé que c'est faux. Nous restons là encore quelques minutes avant que je lui offre de le ramener chez lui, voyant qu'il ne semble pas en état de continuer la soirée. Il n'est là que depuis une heure, mais je vois qu'il ne va pas bien. De toute façon, je m'ennuie en étant le seul à ne pas boire. Être un sobre entouré de gens ivres, c'est terriblement agaçant.

Je vais rapidement chercher son manteau avant de l'aider à sortir du chalet en direction de ma voiture. Pauvre Erwin... Tué par une seule bière.

-Tu es certain que tu peux conduire, demande Erwin en s'enfonçant dans son siège.

-Erwin... tu sais, ce soir je n'ai bu que du jus d'orange. Depuis que j'ai pu récupérer mon permis, j'ai une tolérance zéro. J'ai même dû me faire installer une machine dans laquelle je dois souffler avant de prendre ma voiture, sinon elle ne démarre pas.

-Je continue à dire que tu aurais dû poursuivre Thomas, affirme Erwin, mon père est avocat, il aurait pu te donner des conseils pour gagner au tribunal.

-Sans preuve, mes chances étaient presque nulles et tu le sais. Ma mère s'est informée à la police et mon beau père aussi. C'était trop cher pour nous, de toute façon, d'avoir un avocat.

-Dans ce cas, tu aurais dû encore plus péter la gueule à ce connard. Votre dernière bataille était drôle à voir.

Je souris en entamant le chemin vers son appartement. Je me souviens très bien du fou rire qu'il a eu quand je me suis jeté sur Thomas. J'aimerais beaucoup le revoir rire de cette façon à nouveau, sans devoir tabasser quelqu'un de préférence.

Tout en roulant, je lui jette des regards en biais. Erwin s'est endormi, la bouche légèrement ouverte. Il est adorable.

Quand nous arrivons enfin, je me retourne vers mon blond afin de le réveiller. Comment peut-il être si beau en dormant?

-On est arrivé, déclarai-je en lui poussant légèrement l'épaule, réveille-toi.

Erwin ouvre difficilement les yeux en marmonnant. Ce bleu est magnifique. Je descends de la voiture et je l'aide à marcher jusqu'à son appartement. Après que mon adorable blond m'ait lancé les clés, j'ouvre la porte. C'est un peu embarrassant d'entrer chez lui. Depuis le baiser, je n'y ai pas remis les pieds.

Sans dire un mot, Erwin entre dans son appartement et il pénètre dans une pièce. Dois-je le suivre? Debout sur le tapis, j'ignore quoi faire.

-Tu viens? Cri Erwin depuis la pièce.

Mon cœur fait un agréable bond. Je retire rapidement mes chaussures et mon manteau avant de courir vers la pièce en question. C'est sa chambre? Jamais il ne m'a fait entrer ici, avant. Étendu sous les couvertures de son lit, Erwin semble déjà sur le point de s'endormir.

-Pourquoi tu m'as demandé de venir? Demandai-je.

-Tu n'as qu'à dormir ici. Il est tard et je serais chiant de te demander de partir alors que tu habites loin et que tu m'as aidé. De plus, je suis trop lâche pour fermer la lumière moi-même.

-Sur le canapé, j'imagine? Tes couvertures de surplus sont où?

-Je n'en ai pas, mais j'ai un lit double. Je te fais de la place, mais ne t'avise même pas de penser à me toucher, car tu vas recevoir mon pied où je pense.

Alors ça, il n'aura pas à me l'offrir deux fois! Un sourire béat sur les lèvres, je retire mon chandail que je lance sur une chaise. Je dormirais bien sans vêtement comme je le fais chez moi, mais je doute que cela lui plaise. Après avoir fermé la lumière, je me faufile avec précaution sous les couvertes près de celui que je désire depuis tellement longtemps. J'aimerais passer mon bras par-dessus son corps musclé recouvert d'un t-shirt, mais je crains trop la précédente menace pour me résoudre à le faire.

Alors que je m'apprête à sombrer dans les bras de Morphée, je suis surpris de sentir quelque chose se coller contre moi, passant sa jambe et l'un de ses bras autour de mon corps.

-Tu dégages tellement de chaleur, marmonne Erwin dans un demi-sommeil, on dirait une bouilloire.

Ça y est, je suis aux anges. Je souris quand le blond enfouit sa tête au creux de mon cou. N'hésitant plus, je passe à mon tour mon bras autour de son corps magnifique pour le coller un peu plus contre moi, puis je m'endors de la sorte.

Le matin, c'est quelque chose que je reçois en plein visage qui me réveille. Hein? Je grimace en retirant le bout de tissus sur mon visage, puis j'essuie le faible filet de bave qui coule au coin de mes lèvres. Qu'est-ce qui vient juste de m'attaquer et pourquoi maintenant alors que je dormais si bien?

-Enfile ton chandail et fou le camp de mon appartement, tonne une voix près du lit.

J'ouvre difficilement les yeux pour apercevoir Erwin. Debout près de moi, mon ami me regarde avec dégout, les bras croisés. Qu'est-ce que j'ai encore fait? Comme la fatigue m'empêche de comprendre, je me contente de sourire tendrement.

-Bon matin, Erwin. Je ne sais pas quelle heure il est, mais j'ai envie de rester encore un peu au lit. Tu veux qu'on flâne un peu ensemble?

-Tu es sourd ou quoi, imbécile? Je t'ai dit de mettre ton chandail et partir de mon appartement.

-C'est bon, je vais le faire.

La colère sur son visage est intimidante, donc je me résous à lui obéir même si j'aurais préféré rester avec lui. Pourquoi doit-il tout gâcher? S'il le voulait, je pourrais aller lui préparer le petit déjeuner au lit et nous pourrions passer la journée devant une série.

-Tu sais que ta voiture est restée au chalet, affirmai-je, je peux t'amener aller la prendre, si tu veux?

-Sans façon, je peux m'arranger sans toi. Ce qui s'est passé cette nuit, ça n'arrivera plus jamais, tu m'entends? Tu ne me plais pas, je ne suis pas gay. Compris? Rentre-toi ça dans le crâne.

-C'est bon Erwin... J'ai compris. Pas la peine d'être méchant.

Il ne semble pas comprendre que c'est lui qui s'est cramponné à moi toute la nuit... Sans envie, je quitte l'appartement sous le regard insistant de monsieur Smith. J'ai à peine le pied dehors qu'il me claque la porte en nez. Quel gentil garçon, cet Erwin!

Malgré tout, je ne suis pas triste. Au contraire, jamais je n'ai été d'aussi bonne humeur. J'ai passé la nuit dans le lit de l'homme de mes rêves et il m'a collé de son plein de gré. C'est un grand pas pour Mike!

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