Chapitre 14: La vérité éclate

-Je pense qu'il a peut-être un faible pour moi, avouai-je à Livai et Hansi pendant le repas du midi.

-Mike, soupire Livai, ce n'est pas parce que quelqu'un est gentil avec toi qu'il veut automatiquement sortir avec toi. L'amitié, ça existe-tu sauras. Surtout qu'Erwin n'est pas gay et probablement même un peu homophobe sur les bords si on se fie à sa réaction au chalet.

-Souvent, les homophobes cachent au fond d'eux une attirance honteuse, ajoute joyeusement Hansi, moi je trouve que vous seriez mignons. Deux garçons bien musclés ensemble, assez beaux... C'est si romantique!

Je souris devant la réaction de mon amie. Au moins, elle est toujours d'accord avec ce que je dis contrairement à son copain pessimiste! Ce dernier marmonne avant de reprendre une bouchée de son repas.

-Donc Erwin pense que Thomas est le véritable responsable de l'accident, récapitule mon meilleur ami, ça aurait du sens. C'est un garçon égoïste et il ne t'a demandé aucuns frais pour l'accident. D'ailleurs, Reiner semble mal à l'aise chaque fois que vous vous voyez.

-Je ne sais plus quoi penser, en fait... Je n'accuse personne sans preuve, surtout pas un ami.

***

La journée se passe avec ennui, mais je suis impatient qu'elle termine pour que je puisse retrouver Erwin qui est censé m'amener voir la pauvre femme que j'ai percutée. Toute cette histoire a du bon, au fond. Je peux enfin apprendre à connaitre mon bel entraineur. Mieux encore, c'est lui qui veut me voir!

Quand la cloche annonçant la fin des cours sonne, je suis le premier à sortir de ma classe pour foncer prendre mes affaires à mon casier. À pas rapides, je sors de l'école. Il est déjà là... Dans sa voiture blanche, Erwin lit un roman avec concentration, probablement pour l'école. Est-ce qu'il attend depuis longtemps? J'hésite un peu à le déranger dans sa lecture, mais je décide de cogner à la vitre du côté passager avant de pénétrer dans le véhicule sous le regard surpris du blond.

-Je n'ai pas entendu la cloche sonner, remarque Erwin.

-C'est un roman pour l'école, j'imagine? Comment ça s'appelle?

-Non, lecture personnelle. C'est le portrait de Dorian Gray, un roman d'Oscar Wild. J'aime l'ancienne littérature. Les propos de cet auteur sont... intéressants.

J'ignore de quoi parle ce livre ou même de qui est cet auteur, mais je hoche tout de même positivement la tête pour ne pas avoir l'air d'un ignorant. Paraitre inculte devant Erwin, qui lui est cultivé, c'est humiliant. Ce dernier sourit d'un air moqueur avant de mettre en marche son véhicule. Avec un peu de chance, il ne sait pas que je fais semblant.

-J'ai le nom de la femme, affirme l'entraineur, avec quelques recherches, je sais où elle habite. Elle ne semble pas être quelqu'un de tout à fait net. Cela peut expliquer pourquoi elle n'a pas porté plainte contre toi. Elle termine de travailler vers 17h, donc en entendant j'ai pensé aller manger de la malbouffe quelque part.

-Euh, comment tu sais tout ça? C'est presque effrayant.

-J'ai des contacts. N'oublie pas que mon père est avocats et il a des amis dans la police. Donc malbouffe, oui ou non?

-Comme si j'allais refuser de manger.

Sans rien ajouter, Erwin entame le chemin vers un McDonald dans la cour duquel il nous arrête. Je suis vraiment heureux d'aller manger au restaurant avec lui! À ses yeux, ce n'est peut-être qu'une petite sortie entre connaissances, mais pour moi, c'est une occasion de passer du temps en bonne compagnie et de mieux le connaitre.

Nous passons notre commande avant de nous trouver une banquette où nous installer. Je lui aurais bien payé son repas, mais je ne crois pas qu'il aurait apprécié le geste. Erwin est quelqu'un de soupe au lait qu'un rien peut offusquer.

Nous commençons à discuter comme de bons amis. J'aime ça.

-Est-ce que tu sors beaucoup avec des gens à l'université ou tu préfères passer du temps avec des lycéens? Demandai-je avec humour après un moment.

Erwin me jette un regard noir qui me fait regretter d'avoir ouvert la bouche.

-Si c'est comme ça que tu le prends, alors on peut très bien partir et je vais cesser de passer du temps avec un simple lycéen. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi je suis ici.

Le blond s'apprête à se lever. Pourquoi réagit-il ainsi? Je n'ai rien dit de mal! Parfois, je me demande vraiment comment il faut prendre Erwin. Il est aussi sympathique que froid, aussi drôle que d'un sérieux à faire peur.

-Calme-toi et rassieds-toi s'il te plait. Je n'ai que posé une simple question. Je ne pensais pas que tu réagirais ainsi pour si peu.

Erwin pince des lèvres avant de s'assoir à nouveau sur sa chaise.

-Désolé. Je n'aime pas particulièrement l'idée que je m'entends mieux avec les lycéens plutôt qu'avec les gens de mon école... Là-bas, c'est constamment un concours pour savoir qui aura les meilleures notes. Je me sens en plein Hunger Games. J'ai beaucoup de difficulté à bien m'entendre avec les gens prétentieux qui se prennent pour le centre de l'univers.

-Donc c'est pour ça que tu passes plus de temps avec nous? Tu sais, l'équipe ne serait pas la même sans toi.

-Hum... bon, la femme doit être rentrée chez elle, il faut y aller.

Erwin se lève pour aller porter son plateau. C'est décevant qu'il coupe court à cette discussion qui devenait intéressante. Il me parlait enfin avec profondeur et il s'ouvrait un peu plus à moi. C'est triste qu'il n'ait pas d'amis... Moi, je peux être le sien s'il me laisse cette chance!

Après plusieurs minutes de route, nous arrivons devant un bloc d'appartements probablement pas très couteux si l'on s'en fit à la qualité médiocre de l'entretien. Des poubelles laissées sur le balcon, des plantes grimpantes... Je suis légèrement dégouté par l'odeur nauséabonde de cet endroit. Qui peut vivre dans une telle crasse sans en être répugné?

-C'est ici que cette femme vit? M'étonnai-je, l'odeur est horrible.

-On dirait bien... Tu me suis?

Le blond descend de sa voiture et je me résigne à le suivre malgré la torture que subissent mes pauvres narines. Devoir interroger un témoin semble beaucoup exciter qui sourit comme un gamin en cognant à la porte du bon appartement. Dès qu'elle s'ouvrir, il reprend son sérieux intimidant.

-Qu'est-ce que vous voulez?

Avec une jambe dans le plâtre, la dame porte une simple nuisette, sans sous-vêtements en dessous. Ses cheveux teints en roux sont mal peignés, mais ses mèches reflètent son âge qui doit se situer dans la quarantaine. Une cigarette à la bouche, son visage trop maquillé nous dévisage tour à tour.

-Nous sommes venus vous poser quelques questions par rapport à l'accident que vous avez vécu, explique Erwin, ce ne sera pas long si vous le voulez bien.

-Je croyais pourtant que j'échappais aux interrogatoires en ne portant pas plainte contre ce jeune. Vous êtes flics, j'imagine?

-Non, madame, et ce n'est pas un interrogatoire. Voyez-vous, mon ami ici présent n'a aucun souvenir de cette soirée et il est accusé d'être le chauffeur responsable. Nous nous demandions si vous vous souvenez de celui qui conduisait?

La femme réfléchie en prenant une bonne inspiration sur sa cigarette. Elle rejette sa fumée sur nous sans la moindre gêne, ce qui me fait grimacer.

-Il me semble que je me serais souvenu si le chauffeur était un mec si sexy, sourit-elle, je me serais arrangé pour lui faire acheter mon silence. Des mâles si musclés, on ne laisse pas passer ça.

Mes joues se teignent en rouge devant cette affirmation gênante. J'ignore quoi répliquer, trop embarrassé d'être ainsi complimenté par une femme d'âge mûr en nuisette trop transparente. Je suis impatient de partir. Erwin, réagis à peine et il sort son téléphone. Il trouve une image de l'équipe qu'il montre sérieusement à la dame qui me sourit d'un air coquin. Si au moins elle ressemblait à la mère de Stifler dans American Pie... Je préfère ne pas savoir ce qu'elle pense!

-Est-ce que vous reconnaissez un des garçons sur cette photo? S'enquiert Erwin, je sais qu'il faisait noir, mais essayez de vous rappeler.

La victime prend le téléphone pour regarder de plus près, puis elle pointe l'écran.

-Lui. Le petit blond sur le côté. Je suis presque certaine qu'il était là.

-Vous êtes certaine? Risquai-je, je veux dire, il n'est pas seulement arrivé après que l'accident se soit produit?

-Est-ce que j'ai l'air de me tromper? J'ai bien vu son visage. Ce gars aussi était là maintenant que j'y pense. Vous voulez rentrer boire un verre?

Ceux qu'elle pointe... Mon cœur se sert d'une façon désagréable. C'est difficile de me convaincre qu'ils ont été capables de me faire ça. Mes poings se serrent sous la rage et je n'écoute plus le reste de la conversation. J'ai terriblement mal à l'intérieur et mes yeux se remplissent d'eau sous la colère.

Thomas et Reiner m'ont trahi.

***

-Roule plus vite, ordonnai-je à Erwin dans sa voiture.

-Je suis déjà plus haut que la vitesse permise pour ton plaisir, donc excuse-moi si je ne veux pas griller de feux rouges! Es-tu certain qu'aller au chalet est une bonne idée après ce que tu viens d'apprendre? Tu devrais te calmer, avant...

-Je dois parler à Thomas et ce soir, il est censé être là. Je ne serai pas bien tant que je n'aurai pas l'esprit clair.

Erwin pince les lèvres, puis il continue le chemin. Je suis tellement en colère que je sens que je pourrais perdre le contrôle... Comment a-t-il pu me faire ça? Ce sont mes amis! Au moins, s'ils m'avaient dit la vérité après, j'aurais pu leur pardonner, mais qu'ils me mentent depuis une semaine, ça, je ne supporte pas.

Lorsque nous arrivons au chalet, je ne laisse même pas le temps à Erwin d'arrêter totalement la voiture. Je sors en claquant la portière sous la colère. Tout parait flou dans ma tête, alors que je marche vers le chalet, les poings serrés pour me calmer. J'ouvre la porte...

-Mike? S'étonne Thomas, on ne t'attendait pas ce soir. Tu veux venir jouer avec moi, Reirei et Eren?

Comment peut-il me parler si normalement? Près de lui, Reiner n'a pas de sourire. A-t-il compris la raison de ma visite? Eh oui, le grand bonasse que je suis connaît maintenant la vérité. Livai et Hansi sont assis plus loin. Ils semblent remarquer que je suis en colère.

-Thomas, j'ai une seule question à te poser, déclarai-je, est-ce que tu m'as fait accuser à tort pour l'accident?

La porte derrière moi s'ouvre, mais je ne me retourne pas, sachant que c'est surement Erwin. Thomas blanchit un peu avant de retrouver son habituel sourire. Il se lève et fait quelques pas vers moi. Il ne devrait pas faire ça...

-Je ne vois pas de quoi tu parles, répond-il, pourquoi j'aurais fait ça? Tu es mon pote, Mike.

Il ose me mentir en pleine face. Ça en est trop, je perds le contrôle. Mes mains agissent toutes seules et agrippent le col de son t-shirt avec violence, créant la surprise dans son visage.

-Arrête de me prendre pour un con! Erwin m'a amené voir la femme que tu as percutée et devine qui elle a reconnu. Je te faisais confiance.

-Mike, s'il te plaît... lâche-moi.

-Tu étais mon ami, Thomas. Si tu me l'avais demandé, j'aurais tout fait pour t'aider, mais toi, tu me poignardes dans le dos comme si j'étais une merde. Je refusais de le croire quand on essayait de m'ouvrir les yeux sur le sale hypocrite que tu es, car pour moi, l'amitié c'est plus fort que tout. Comment as-tu pu?

-Mike... j'ai paniqué, comprends-moi. On m'a accepté dans une université prestigieuse.  Si j'ai un dossier judiciaire, tout peut s'achever! Toi, tu n'as pas de gros projets, donc ce n'est pas grave.

Je lui lâche le col.

-Ah, c'est vrai. Tu as raison, ce n'est pas grave. Je devrais comprendre, je suppose?

-Oui, comprends-moi, Mike!

-Je vois. Alors j'espère que tu me comprendras aussi.

Thomas me regarde sans comprendre, puis mon poing se lève sans que je le contrôle et frappe avec puissance son visage, le faisant tomber sur le sol. Sans que je réalise ce que je fais, je me jette sur le garçon pour le rouer de coups. C'est la première fois que je me bats, mais j'ai tellement de colère à évacuer.

Je n'entends plus ce qui m'entoure, trop concentré sur ma cible. Des bras puissants m'attirent vers l'arrière, puis des mains agrippent mes joues pour maintenir mon visage.

-Calme-toi, ordonne Erwin, respire.

C'est lui qui me tient. Je fais ce qu'il dit et je prends de grandes inspirations pour calmer ma rage bouillonnante. J'ai mal aux poings. Ma colère commence à se dissiper grâce aux beaux yeux bleus de mon entraineur plongé dans les miens.

-Bien, souffle-t-il en me voyant plus calme, on va sortir.

Mon blond me tire vers la sortie, me permettant tout de même de jeter un regard vers les dégâts que j'ai infligés à Thomas. Je ne l'ai pas manqué... Reiner est penché au-dessus de lui pour l'aider, mais je vois très bien sa lèvre fendue et sa joue enflée. Oups?

Une fois dehors, je reprends mieux mes esprits grâce à l'air frais. J'aurais pu lui faire très mal... Cette bagarre barbare me fait sentir coupable. Habituellement, je suis loin d'être un homme violent. Ça ne me ressemble pas d'agir ainsi.

Livai et Hansi sortent aussi pour s'assurer que je vais bien. Ils essaient de me rassurer en me convainquant que j'ai bien agis en sautant sur Thomas, mais moi, je ne trouve pas. La violence est quelque chose qui me répugne. D'ailleurs, j'ai mal aux jointures.

-Bon, je crois que je vais te ramener chez toi, propose Erwin, je vais parler à mon père des possibilités juridique dans cette affaire.

Je hoche la tête avant de le suivre dans sa voiture. Dès que nous sommes seuls, mon ainé pouffe de rire. Pourquoi est-ce qu'il rit? Erwin est presque plié en deux derrière son volant.

-Qu'est-ce qui se passe? M'étonnai-je.

-Tu aurais dû voir la tête de Thomas quand tu lui as sauté dessus! Je suis presque certain qu'il a fait dans son pantalon. Tu fais deux fois sa taille!

C'est vrai que face à moi, il n'avait aucune chance de se défendre. Même Reiner n'a pas réagi assez vite pour me repousser... Comment les choses se seraient-elles déroulées si Erwin n'avait pas eu le réflexe de rapidement m'arrêter?

Voyant qu'il continue à rire inlassablement, je fais de même malgré moi.

Les deux commencent à se rapprocher! Quels sont vos prévisions pour la suite?

Mike devrait-il foncer?

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