Chapitre 12: Je ne comprend rien...
Le reste du trajet jusque chez moi est silencieux. Je n'ai pas envie d'arriver de toute façon, pas envie d'affronter le regard de ma mère... J'ai vue sur mon téléphone qu'elle a essayé de m'appeler plusieurs fois. Normal, il est cinq heures du matin. Cinq heures? Je regarde Erwin avec stupeur, me sentant encore plus mal. Je l'ai réveillé si tard? Ou plutôt, si tôt? J'aimerais m'enfoncer dans mon siège et fusionner avec celui-ci pour disparaitre.
Quand je lui indique finalement ma maison, le blond nous gare dans l'entrée sans me dire un mot. Ma mère a laissé la lumière du patio allumée, comme celle du salon. C'est gentil de sa part... Elle doit tellement s'inquiéter. Je soupire en sortant du véhicule.
-Merci de t'être déplacé, soufflai-je.
-Je suis entraineur, je l'aurais fait pour n'importe lequel de mes joueurs dans le besoin. Pourquoi c'est moi que tu as appelé et non ton cher Sieg?
-Il m'a laissé cette semaine.
-Ah.
Eh oui, c'est pour ça que j'ai bu comme un con, pour ça que j'ai fait un accident, pour ça que je me suis mis dans la merde. D'ailleurs, je devrais penser à écrire à Thomas pour m'excuser d'avoir probablement abimé sa voiture. En plus de la contravention, je vais surement devoir lui payer les réparations... Adieu, économie censée m'aider à voyager après le lycée.
Les mains dans les poches, j'entreprends lentement le trajet vers ma maison. Mon cœur bat trop vite, j'ai peur. À ma grande surprise, j'entends la portière de la voiture d'Erwin se fermer. En me tournant, je le vois qui me suit.
-Je pense que je vais être mieux que toi pour expliquer la situation, explique-t-il.
Je hausse les épaules. En temps normal, je serais fou de joie de voir Erwin Smith m'aider, mais là, son aide a un gout amer. Ce n'est de toute façon que parce que je suis l'un de ses joueurs, même pas une preuve d'amitié.
Une fois sur le patio, je presse faiblement la sonnette. Aussitôt, des voix résonnent à l'intérieur, puis quelqu'un s'empresse de venir ouvrir. Ma petite maman parait soulagée de me voir. Elle se jette dans mes bras pour m'étreindre avec amour. Est-ce des larmes que je vois sur ses joues? Alors qu'elle me sert très fort, ma mère fond en larmes. Je me sens encore plus mal de l'avoir inquiété.
-J'ai eu tellement peur, mon bébé! Richard vient de regarder les appels manqués sur la ligne fixe, il y avait la police... J'ai imaginé le pire! As-tu vu l'heure qu'il est?
Je n'ose pas parler, car une boule s'est formée dans ma gorge. Plus loin, Richard me regarde avec un sourire soulagé. Je ne pensais pas que la situation était si pire... Ma mère s'éloigne finalement un peu pour mieux me regarder, s'assurer que je suis en un seul morceau, puis son regard est attiré par le grand blond qui se tient derrière moi. Elle fronce les sourcils.
-Qui est ce beau jeune homme? Si c'est sa faute si tu rentres si tard et sans nouvelle, il est hors de question qu'il mette un pied dans la maison!
Erwin doit être embarrassé, mais je n'ose pas le regarder.
-C'est juste mon entraineur. Il est venu me chercher au poste de police.
- Le poste de police? Répète-t-elle.
Préférant éviter les questions, je retire rapidement mes souliers et je contourne ma mère qui me regarde avec de grands yeux. Eh oui, son parfait fils dont elle est si fière a fait une grosse connerie. Sans ne plus regarder personne, je fonce dans ma chambre où je me jette sur le lit. Comme ma chambre n'est pas loin du salon, j'entends un peu mes parents discuter avec Erwin, sans pour autant comprendre ce qu'ils racontent. Mon entraineur doit essayer de les convaincre que je suis innocent, mais je ne le crois pas.
Je retire rapidement mes vêtements sales que je jette sur le sol avant de m'enfouir nue sous mes couvertures. Comment ai-je pu faire quelque chose d'aussi stupide? Pour me changer les idées, j'agrippe mon téléphone que je regarde un instant. Les filles avec qui j'ai discuté hier soir m'ont chacune envoyé une demande d'amis et j'ai aussi plusieurs messages de Reiner. Il ne m'écrit pourtant jamais...
1h30 : Reiner Braun :
|Hey, mec, j'espère que ça va bien? Je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé avec la police, mais je ne te souhaite pas trop de problèmes... repose-toi bien.
1h56 : Reiner Braun :
|J'espère que tu n'auras pas trop de problèmes avec tes parents? J'ai vérifié, et une première infraction est moins pire qu'une récidive, donc tu devrais bien t'en tirer. Surtout si personne ne porte plainte.
2h43 : Reiner Braun :
|Si tu as besoin de parler avec quelqu'un, je suis là. Je vais te soutenir promis.
3h14 : Reiner Braun :
|Je suis vraiment désolé, Mike.
Pourquoi serait-il désolé? S'il n'a pas pu me retenir, ce n'est certainement pas de sa faute. Je lui réponds que tout va bien, même si ce n'est pas le cas, puis j'essaie de m'endormir. Malgré tous mes remords, la fatigue réussit à me faire sombrer dans le sommeil.
Le lendemain, j'hésite à sortir de ma chambre. J'ai peur des réactions de ma mère et de Richard. Il a beau être toujours sympathique et ouvert d'esprit, il reste celui qui joue pour moi le rôle de père. Je ne l'ai jamais vue en colère, maintenant que j'y pense? Ça ne doit pas être beau à voir avec ses petits yeux porcins et sa moustache...
Je m'habille avant de sortir de ma chambre à petits pas. Juste avant d'entrer dans la cuisine, j'embrasse rapidement mon porte-bonheur. Il s'agit d'un petite porte-clé en forme de homard que mon père m'a offert quand j'étais jeune. Il travaillait dans une poissonnerie et un jour, il me l'a ramené. Depuis, je l'ai toujours sur moi et je l'embrasse quand j'ai besoin de chance.
Tout le monde est déjà levé et mes sœurs sont assises à la table pour dessiner. Je n'ose pas dire un mot et je me contente de me prendre quelque chose à manger puisque mon ventre cri famine. Deux tranches de pain et un bol de céréales devraient suffire pour l'instant. Toute cette histoire m'est un peu restée dans la gorge.
-Les filles, voulez-vous aller dans le salon un moment? Demande ma mère, il faut que je parle à votre frère en privé.
Mes petites sœurs me regardent de travers.
-Tu vas te faire gronder, chuchote Kayla avant de partir.
Je déglutis en les regardant quitter la cuisine, me laissant seul avec ma mère. Que va-t-elle me dire? Le moment de vérité approche. Je n'ose pas la regarder dans les yeux, intimidé. Elle soupire.
-Écoute, Mike. Tu sais que j'ai une totale confiance en toi et c'est pourquoi je t'ai toujours laissé faire ce que tu veux en échange de deux simples règles. Tu dois me dire où tu vas et ne jamais conduire en état d'ébriété. Je ne comprends pas ce qui t'est passé par la tête? Tu as toujours suivi ces règles. Je n'ai jamais eu à m'en plaindre, mais là, la police...
-Désolé, maman. Je ne voulais pas te décevoir. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ma tête... Je ne comprends pas.
-Je sais. Hier, ton ami a beaucoup parlé de ses points de vue à ce sujet quand il est venu te porter. D'ailleurs, il est vraiment adorable ce petit gars... Bref, il nous a dit qu'il ne pense pas que tu es coupable. As-tu confiance en les deux garçons avec qui tu étais?
-Ce sont mes amis! Bien sûr que j'ai confiance en eux!
Ma mère pince les lèvres. Il doit être plus facile pour elle de croire que mes amis sont coupables plutôt que moi. Le fait qu'Erwin ait raconté n'importe quoi est frustrant. Il n'était pas présent lors de l'accident et il ne me connait même pas.
Voyant que je commence à perdre patiente, je quitte la maison pour éviter de parler sous la colère. Comme je n'ai plus de permis de conduire, je vais prendre une bonne marche. Pourquoi pas jusqu'à chez Livai? Il habite à une trentaine de minutes à pieds, mais ça devrait me faire du bien.
J'enfile mes écouteurs pour y mettre ma musique que je chantonne à voix basse. Quand la petite maison de Livai apparait enfin devant moi, je cogne à la porte. J'espère que Hansi n'est pas là... Je ne veux pas déranger.
Depuis que la mère de mon meilleur a aménagé chez son amant, ce dernier vit chez son oncle. La maison est très laide et minuscule même si Kenny Ackerman trempe dans des choses louches. Il est malgré tout très drôle et sympathique. Je l'adore. C'est de sa bouche que j'ai entendu les meilleures blagues de cul et juste d'y repenser me fait rire.
Après un moment, mon nain favori vient ouvrir la porte dont la peinture est écaillée. Il est surpris de me voir, surtout à pied. J'essaie de lui sourire, mais ça m'est impossible.
J'ai besoin de tout lui raconter.
***
J'ai honte de retourner à l'école le lundi. Après ce qui s'est passé, la rumeur court que j'ai été arrêté par la police et tout le monde déforme la vérité selon ce qu'ils ont entendu. Je n'ai même pas la force de nier quand une fille que je ne connais pas me demande s'il est vrai que j'ai tué quelqu'un. Je me contente d'approuver.
Depuis quand ai-je l'air d'un assassin?
La bonne nouvelle, c'est que tous mes amis me supportent dans cette épreuve sans me porter de jugement. Il parait que je suis obligé de suivre une réunion des alcooliques anonymes à cause de l'état dans lequel j'étais lors de l'accident. Pourtant, je n'ai aucun problème avec l'alcool! Tout dérape...
La bonne nouvelle, c'est que Thomas ne demande pas le remboursement des dégâts sur sa voiture. C'est un ami en or.
Mon sac à dos à la main, j'attends l'autobus après cette rude première journée qui m'a vidée de mon énergie. Comment une rumeur peut-elle grandir si rapidement? Ça me donne mal à la tête. Dans ma poche, mon téléphone vibre. C'est un message. Je le lis, surpris.
15h35 : Erwin Smith :
|Reste à l'école, je passe te chercher. J'ai des indices au sujet de ton « accident ».
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