~21 alternatif~ Romance à la plage
J'ai dû accompagner Thomas à son bal de finissants.
Ne connaissant personne dans son année, hormis Farlan, j'ai eu du mal à apprécier la soirée. Tout le monde désirait se prendre en photo avec mon petit ami avant de perdre définitivement le contact. Il est si social que ça m'a donné le tournis. J'ignore comment il fait pour être à l'aise avec n'importe qui, faire des blagues et ne pas craindre la gêne. Quand il s'amuse, je dois admettre qu'il est mignon, tout comme lorsqu'il m'a présenté comme son amant à quiconque le questionnait. J'avais envie de me cacher alors qu'il révélait haut et fort mon statut, se moquant des sourcils froncés et des chuchotements jugeur. Il est bien au-dessus de ça.
Reiner refuse toujours de nous adresser la parole, ayant provisoirement coupé les ponts avec son meilleur ami. Incapable d'affronter la vérité, il préfère passer son temps libre auprès de Mike et Livai, fuyant les tentatives de réconciliation de Thomas. Il est évident que ce froid le blesse. Bientôt, il sera aux États-Unis, loin de lui. Partir avant d'avoir crevé l'abcès est ce qu'il redoute, car bien qu'il ne partage pas ses sentiments amoureux, Reiner reste une figure importante de sa vie. Il est comme son frère. Un âme sœur qu'il doit garder à sa droite pour le meilleur et pour le pire.
Alors que l'année scolaire s'est terminée, je dors sur la banquette passagère de la voiture à Thomas. Comme il prend bientôt l'avion pour sa nouvelle vie, il m'a offert de passer une semaine de vacances à la plage en sa compagnie. Mes patrons ont été gentils d'accepter de m'offrir ce congé. Depuis la mort de Floch, la gestion du magasin semble peser sur leurs épaules. Ils la négligent, ce qui me fend le cœur. Pour eux, je travaille d'arrache-pied dans mes temps libres, refusant de voir sombrer ce lieu que je compte un jour racheter. C'est ce que Floch voudrait.
-Chaton, chuchote Thomas. Chaton... MARCO!
Je me réveille en sursaut alors que mon petit ami presse ma cuisse, l'autre main toujours sur le volant. Il est encore tôt. Je baille avec fatigue en regardant le paysage américain qui défile. Nous sommes parties à cinq heure du matin, donc j'ai du mal à rattraper mon sommeil.
-Qu'est-ce qu'il y a? marmonné-je. On est arrivé?
-Pire qu'une marmotte. Baisse ta vitre et renifle un bon coup. Allez, je t'assure que ça vaut le coup.
Les paupières lourdes, j'obéis en faisant descendre ma vitre. La voiture de Thomas est vieille, donc il n'a pas l'option automatique, ce qui me force à tourner une manivelle. Dès que la brise fauche mon visage, l'agréable odeur salée de l'océan frappe mes narines. Ma mère m'a amenée qu'une seule fois à la plage, lorsque j'étais encore un gamin, mais je me souviendrai toujours de cette senteur de paix. Le chant des goélands, les bruits apaisant des vagues... C'est un autre monde.
-Tu vois que ça valait la peine d'être réveillé, s'amuse Thomas. Notre motel n'est plus très loin.
-Merci de m'amener ici...
-Ne me remercie pas. Ce n'est pas le grand luxe, tu sais? On aurait pu prendre l'avion pour joindre un tout inclus dans les caraïbes, mais mon portefeuille nous permet seulement d'aller dans le Maine. Un jour, je promets de t'amener plus loin.
Thomas rigole et il agrippe ma main pour y déposer un baiser. Une part de moi a toujours du mal à réaliser que nous sommes en couple, que j'ai un nouveau petit ami après le départ prématuré de Floch. J'apprécie beaucoup ce blond. Il me permet d'être heureux, même si suivre son rythme n'est pas toujours une chose aisée. Récemment, j'ai eu une discussion à cœur ouvert avec Jean qui m'a remis en question.
Thomas pourra-t-il réellement me rendre heureux dans dix ans?
C'est idiot de penser ainsi, j'en suis conscient, mais ce point a été soulevé par Jean. Si notre relation perdure, est-ce que ce garçon a la même vision du bonheur que moi?
Il désire ouvrir un bar, je souhaite reprendre le magasin de mangas.
C'est un fêtard, j'aime la tranquillité.
Je rêve d'un mariage et d'une famille jeune. Qu'est-ce qui me garantit qu'un jour, il ne voudra pas toucher à nouveau le corps d'une femme? Ça me tue d'y jongler.
Le motel qu'a choisi Thomas n'est pas somptueux, mais il est parfait pour des vacanciers. Vêtu d'un short à motif fleurit, d'une chemise hawaïenne, de sandales et d'épaisse lunette de soleil, « touriste » pourrait être tatoué sur son front en caractère gras. Désormais que nos valises ont été laissés dans notre chambre, c'est main dans la main que nous marchons jusqu'à la plage.
Le sable entre mes orteils fait penser à de fins grains de sel, blanc et délicat. Bien qu'il soit brulant à cause du soleil de plomb, j'enfonce mes pieds pour profiter de cette agréable sensation qui me rappelle le voyage de mon enfance. Le bruit des vagues qui s'écrasent sur la plage crée dans mon cœur un profond bien-être.
-Tu sais, j'ai toujours rêvé de faire l'amour sur la plage, déclare Thomas avec sérieux. Ce soir, si tu veux, on pourrait...
-Il en est hors de question, répliqué-je. C'est un lieu public.
-Mais si on trouve un endroit isolé? Je peux faire ça super vite, comme un lapin
Je lui lance un regard sombre qui le convint de se taire, puis il embrasse ma joue pour excuser ses propos salaces. Jamais je ne vais réussir à m'habituer à son obssession pour le sexe. Bien sûr, depuis que nous nous fréquentons, je me suis découvert une face cachée, mais rien pour égaler sa perversité. Le blond aime le faire dans des lieux insolites et utiliser des costumes pour pimenter la relation.
Thomas installe notre parasol à l'écart des autres touristes, il étend sa serviette et il retire son horrible chemise pour étendre de la crème solaire sur sa peau pâle. Il y a beaucoup de gens. Je regarde d'un œil hésitant les étrangers qui s'amusent, soudainement mal à l'aise de me trouver en ces lieux. Tous ces personnes en maillot le portent bien, alors que moi, j'ai un ventre rond et un corps tâché de points hideux. Je n'ai jamais eu le courage de me dévêtir en public, même lors des cours de natation à l'école. Je ne veux pas qu'ils me trouvent moche, qu'ils me jugent de leurs yeux de hyènes.
-Chaton?
Une main agrippe la mienne, me sortant de mes sombres pensées. Thomas me fixe, les sourcils froncés et le nez coloré en blanc par la crème solaire.
-Tu veux que je te mettre de la crème solaire? propose-t-il.
-N-Non... Je... je crois que je vais garder mon t-shirt.
-Pourquoi? Il fait super chaud! Allez, approche, je vais t'aider à l'enlever.
Le blond agrippe mes hanches pour m'attirer sur ses genoux, passant sans gêne ses mains sous mon t-shirt. N'a-t-il pas honte d'ainsi me toucher en public ?! Le visage brûlant, je repousse son assaut humiliant avant de le sentir m'agripper par les joues. Son regard croise le mien avec sérieux et je cesse de me débattre.
-Sois honnête avec moi, commence-t-il d'une voix douce. Est-ce que tu refuses de te mettre à l'aise à cause du regard des gens? J'ai remarqué que tu n'enlèves jamais ton t-shirt en public.
-Je... Je ne suis pas à l'aise.
-Et pourquoi? Marco, t'es le mec le plus sexy que je connais! Quand je te vois sans vêtements, j'ai juste envie de te sauter dessus et te faire l'amour! Ok, peut-être que c'est mieux que tu gardes ton t-shirt pour éviter que j'abuse de mon mignon petit ami. Les autres mecs pourraient tenter de te voler à moi.
En parlant, ses mains glissent dans mon dos et il avance son visage pour mordiller mon cou avec possession, comme un chat qui cherche à jouer. Je frisonne en souriant, oubliant un instant que notre proximité peut attirer le jugement des témoins. C'est la première fois que quelqu'un me complimente de la sorte, même si Floch me qualifiait fréquemment de beau garçon. Une part de moi est incapable de croire en ces mots, bien que ça me touche qu'il me voie ainsi.
-Un jour, je vais faire en sorte que tu puisses te voir avec mes yeux, susurre Thomas. Je vais tout faire pour que tu aies confiance en toi.
Mes bras s'enroulent autour de son cou que je serre avec affection. Cette part de Thomas, moi seul la connait. Derrière son masque d'idiot à la langue acérée se cache quelqu'un de tendre.
Après avoir passé la journée à patauger dans l'eau glaciale de l'océan et nous être prélassé au soleil, nous allons nous changer pour nous aventurer dans l'allée animé qui se trouve à proximité de notre motel. Là-bas, il y a le quai, un lieu réservé aux adultes dont l'attraction principale est ses nombreux bars. De la musique résonne sur la place principale, là où une scène permet aux artistes de se donner en spectacle. C'est bondé, mais l'ambiance festive semble plaire à Thomas qui insiste pour me payer une succulente pomme au caramel.
Ma gâterie dans les mains, je laisse mon petit ami discuter avec des étrangers, en anglais. Il maitrise bien mieux cette langue que moi qui ait du mal à suivre le fil, ne comprenant que les rires et quelques mots. Je finis par m'éloigner, m'aventurant dans la section d'arcades pour y jeter un œil. Ces jeux me paraissent amusants et je meurs d'envie de les essayer.
-Excuse-moi? Toi, le grand brun!
Est-ce à moi que l'on adresse la parole? Ma pomme contre ma bouche, je cherche du regard celui qui a parlé avant de sentir une main se poser sur mon épaule. Dans un sursaut, je me retourne vers le grand blond aux cheveux bouclés. Souriant à travers sa large barbe, ses lunettes rondes qui rappellent celle de John Lennon me sont familières. Il me faut cependant un instant pour mettre un nom sur ce visage.
-Sieg? m'étonné-je.
-En chair et en os. Toi, c'est Marco si je me souviens bien?
-Tu te souviens bien.
L'ex de Mike me fait la bise par politesse et je frissonne en sentant sa barbe chatouiller mes joues. Il n'a pas changé depuis son départ vers une ville éloignée. Sieg n'est peut-être pas sortie longtemps avec le grand blond, mais je l'ai toujours trouvé fort sympathique avec son sourire bienveillant. C'est leur séparation qui a engendré la descente aux enfers entre Mike et Thomas, qui a par la suite brisé cette amitié pour toujours.
-Je ne croyais pas croiser un joueur des Titans ici, avoue Sieg. Tu es venu seul ou il y a d'autres membres de l'équipe avec toi? Je ne vous ai peut-être pas fréquentés longtemps, mais vous me manquez. Vous étiez tous tellement gentils.
-Ça fait aussi vraiment plaisir de te voir. En fait, je suis seul avec mon petit ami. Il a insisté pour m'amener en vacance.
-Ah? Où est Floch, que je le salue?
Je bug.
Ma mâchoire s'ouvre, mais aucun son ne parvient à sortir face à l'entrain avec laquelle il m'a questionné à son sujet, lui qui ne l'a pourtant rencontré qu'une seule fois alors que nous nous sommes croisés au centre commercial. Il est doué de se rappeler de son prénom. Il faut dire que Sieg a quitté Mike avant son décès, donc il ne peut pas savoir que mon petit ami n'est plus de ce monde. La main serrée autour du bâton qui tien ma pomme, je cherche les bons mots pour annoncer au blond barbu le départ de Floch, priant pour qu'il ne me sorte pas les phrases polis habituelles comme : « Je suis désolé ». Ça m'énerve tellement.
Une main glisse sur mes fesses, les pressants sans honte, ce qui me fait raidir de crainte d'être victime d'un vieux pervers. Heureusement, je reconnais Thomas qui fixe Sieg avec curiosité et je remonte subtilement son poignet jusqu'au bas de mon dos pour éviter d'être obscène.
-T'es pas le barbu qui sortait avec Mike? s'enquiert Thomas. Je n'ai jamais pu retenir ton prénom.
-Ouais et toi, t'es la grande gueule de l'équipe? Je me souviens encore du bébé géant.
-Haha, bingo!
Thomas retire la pomme de mes mains pour en voler quelques bouchées. Il arrive au bon moment. Sieg nous dévisage à tour de rôle, comprenant notre lien sans même que nous ayons à le dire à voix haute.
-Je vois que c'est lui, ton petit ami, remarque Sieg avec un sourire. Je ne m'en serais jamais douté. Mike m'avait dit que Thomas était du genre coureur de jupons et accro aux filles.
-Il ne t'a pas menti, mais maintenant, je suis fidèle à mon Marco!
Pour accompagner ses dires, il glisse à nouveau sa main sur mon postérieur et je m'empresse de la remonter, les joues brûlantes. Il n'a pas honte de faire ça devant des gens! Bien sûr, j'adore lorsqu'il me touche, mais seulement lorsqu'il n'y a pas de regards indiscrets pour nous juger.
Nous discutons avec Sieg un instant avant qu'il retourne auprès de ses amis. Dès qu'il est hors de vue, Thomas m'enveloppe de ses bras réconfortants et il pose son menton sur mon épaule.
-J'ai entendu, avoue-t-il. Je sais qu'il te parlait de Floch avant que j'arrive... J'espère que ça ne t'a pas trop mis mal? T'as besoin d'un petit massage?
-Ça vas aller, ne t'en fais pas. Merci de t'inquiéter. Tu sais, ça commence à faire longtemps. Il va falloir que j'apprenne à être capable d'en entendre parler. Je ne peux pas me décomposer chaque fois que quelqu'un mentionne son prénom.
-C'est normal que ça prenne du temps, tu n'as pas à t'en inquiéter. Je ne suis peut-être pas doué pour comprendre les sentiments des gens, mais je serai toujours patient avec les tiens.
Le blond accompagne ses mots d'un doux baiser sur ma joue. À ses côtés, je commence vraiment à me sentir bien. Même si je ne crois pas encore pouvoir qualifier mes sentiments comme étant de l'amour, Thomas m'aide à chasser la noirceur qui entoure ma vie. Il est cette petite lumière, celle qui me conduit hors de ce gouffre dans lequel la mort de Floch m'a projeté. Avec sa main dans la mienne, je sens que ma vie peut retrouver un sens.
Thomas approche sa bouche de mon oreille pour susurrer :
-Tu sais, il y a du sable sous le quai. À cette heure, il fait assez noir pour qu'une petite partie de jambes en l'air passe inaperçu. T'en pense quoi? ~
Je soupire, vaincu par sa voix suave.
-Allons-y.
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