~2~ Marco, le gentil petit fantôme

L'école n'est pas un milieu que j'apprécie.

Quand j'étais petit, je m'entendais bien avec tous les autres élèves de ma classe. J'étais le garçon modèle que les professeurs chouchoutent, l'ami adorable de qui tout le monde souhaite s'entourer. Les gens se battaient pour faire partie de mon cercle de fréquentations et pourtant, je n'avais rien d'extraordinaire. J'étais aimé et j'adorais l'école. 

Tout a commencé à s'écrouler à partir du collège. Les gens qui se disaient mes amis ont commencés à s'éloigner, préférant devenir cool et populaires. D'autres sont devenus des préadolescents peu fréquentables, expérimentant sans peur les plaisirs charnels et le monde psychique dans lequel les projetaient diverses drogues.

Le garçon gentil que tout le monde voulait comme ami s'est retrouvé seul, trop ennuyeux aux yeux des jeunes qui ne veulent pas être associés à un élève modèle.

Même si je passais tout mon temps seul, ça m'a permis de développer de précieux liens avec ma mère et ma mamie. Dans mes temps libres à l'école, j'allais lire des mangas à la bibliothèque ou j'étudiais. Sans jamais causer le moindre problème, j'ai pu aisément devenir premier de classe, appréciant malgré moi le fait d'être comme un fantôme dans l'école. Qui se soucie du gentil garçon? Ce n'était pas le rêve, mais ce n'était pas un cauchemar. Ça m'allait.

Tout ce petit monde s'est écroulé récemment, lorsque nous avons déménagé... Le gentil petit fantôme est devenu visible, attirant les regards curieux des gens dans mon nouveau lycée. Arriver en première année est déjà difficile, mais arriver en plein milieu du premier semestre, c'est un appel à l'attention.

Je ne me suis jamais plaint d'être différent, d'être un geek. Pour moi, aimer la culture japonaise n'est pas gênant et c'est pour ça que je n'ai jamais hésité à porter des chandails reflétant ma passion. Que ce soit le visage de Sebastian Michaelis, la devise de Yuei ou encore le logo du célèbre L, ça ne m'a jamais dérangé. C'est mon style de fantôme.

Donc pourquoi est-ce que des types de ce lycée s'en soucient?

Pourquoi est-ce mon style vestimentaire et ma solitude leur donne-t-ils envie de se moquer? Ils doivent vraiment être malheureux pour à ce point être offusqué par un t-shirt qu'ils jugent enfantin.

Assis dans mon cours d'histoire, j'essaie de me concentrer sur ce que raconte l'enseignante. Cette femme d'âge mûr est clairement passionnée par sa matière, donnant un peu de vie à toutes ses notes. J'adore sa classe.

À quelques bureaux derrière moi, Floch dort comme une buche, le visage caché derrière ses cahiers de manière « subtile ». Dans toute cette école, il est l'unique personne que je connais. Heureusement qu'il a choisi ce lycée. Comme ça, ça me fait une personne de familière même si je ne lui parle jamais. Il a ses amis et moi, j'ai la bibliothèque.

J'écris rapidement les notes de cours quand la mine de mon crayon se brise. Dans un soupir, je cherche le petit boitier contenant celles de rechange, mais il est vide. Génial. Mon côté perfectionniste m'empêche de reprendre mon écriture au stylo, donc je cherche du regard quelqu'un qui pourrait me prêter le matériel manquant. Je hais être nouveau. Tout devient un stress potentiel quand on ne connait personne.

Le garçon assis au bureau voisin du mien est presque endormi. Sa main retient sa joue alors que sa tête cogne des clous, venant près tomber chaque fois qu'il ferme les yeux. Pour l'avoir déjà remarqué dans plusieurs de mes classes, je trouve qu'il semble gentil. Il s'appelle Jean, je crois.

-Jean? chuchotai-je, hum... Excuse-moi, Jean?

Le garçon se redresse pour chercher qui a osé lui parler, essuyant au passage la bave sur son long menton. Ses petits yeux noisette se posent enfin sur moi avec curiosité. Jean est un jeune homme aux courts cheveux châtain qui doit surement être populaire auprès des autres élèves. Depuis que je suis dans cette école, j'ai remarqué qu'il aime divertir les gens en interrompant sans gêne les cours avec des blagues.

-Quoi? s'enquiert-il avec fatigue.

-Tu as des mines de crayons 0.5? Il ne m'en reste plus.

Les yeux toujours presque fermés, Jean se contente d'agripper son étui pour me la lancer au visage. Avec surprise, je l'agrippe de justesse juste avant qu'elle frappe mon nez. Ce n'est pas très poli.

-Cherche, grogne Jean en laissant tomber sa tête sur son bureau dans un soupir. 

Qu'est-ce que ce garçon a pu faire pour être aussi fatigué aujourd'hui? Peu importe, je me contente de lui sourire et je cherche dans ses affaires. Il n'a pas grand-chose dans son étui, uniquement des crayons et une gomme à effacer minuscule trouée et couverte de plomb. Je trouve finalement ce que je cherche, puis je me concentre à nouveau sur mes notes.

À la fin du cours, je rends l'étui au garçon dans un petit « merci », puis je range mes affaires en me levant. Mon sac à dos est une véritable merveille. Aux couleurs de l'école dans My Hero Academia, j'y ai accroché quelques petits porte-clés trouvés dans la boutique où je vais prochainement travailler. C'est magnifique.

Je quitte la classe, prêt à aller manger à la cafétéria. C'est la pire heure de la journée, mais j'ai déjà choisi le manga à lire à la bibliothèque en attendant que les cours reprennent. Ça s'appelle : « Yamada-kun and the Seven Witchs ». J'ai trouvé le résumé très intéressant et j'espère que l'histoire le sera tout autant.

Mon casier se trouve dans le couloir réservé aux premières années, dans le coin du fond. Les gens n'ont pas le droit d'y flâner, donc sur l'heure du repas, il n'y a personne. La cafétéria est toujours bondée, ce qui force les élèves qui souhaitent un repas chaud à courir pour arriver en premier. Moi, j'ai mon panier-repas. Je prends donc mon temps, laissant les gens pressés passer devant moi pour ne pas me faire bousculer à l'entrée de la grande salle. Certains ne connaissent visiblement pas le mot « patience ».

-Je croyais qu'on t'avait bien fait comprendre de ne plus nous faire mal aux yeux avec tes t-shirts ridicule, grogne une voix hargneuse, tu as besoin qu'on te rafraichisse la mémoire?

Mon cœur se serre douloureusement en reconnaissant cette voix détestable. Dans un soupir, je tourne le regard vers le petit blond qui me fixe méchamment. Cheveux tirés vers l'arrière et yeux pâles, Porco Gaillard ne fait jamais rien sans ses trois amis plus costauds. Si Drago Malfoy existait dans la vraie vie, ce serait lui, mais en moins séduisant.

-Écoutez les gars, soufflai-je, je ne veux pas de problème, donc laissez-moi passer.

-Ah bon? Tu t'habilles d'une manière qui nous fait mal aux yeux et nous, on devrait te regarder sans se manifester? Tu es peut-être nouveau, mais on ne veut pas de guignol comme toi dans notre école.

-Alors, regardez ailleurs. C'est vous qui choisissez.

Mon t-shirt jaune représentant le visage de Majin Vegeta dans Dragon Ball est loin d'être aussi laid qu'ils le disent. J'ai été très fier de l'acheter, donc en quoi ça regarde ces gens qui ne me connaissent même pas? C'est la même rengaine depuis mon arrivée dans cette école. Ils devaient s'ennuyer au point d'avoir besoin d'une victime et le gentil nouveau garçon semble être une proie facile.

Sans paraitre effrayé, j'essaie de les contourner pour quitter le coin des casiers. Ce geste semble leur déplaire, car Porco agrippe le col de mon chandail pour me retenir. Dans le but de lui tenir tête, je le fixe droit dans les yeux. Peut-être que si je ne montre pas ma peur, ils me laisseront tranquille?

-Laissez-moi passer, répétai-je sérieusement.

-Oh, parce que tu crois être en position de...

-HEY, VOUS! le coupe quelqu'un, LÂCHEZ TOUT DE SUITE MON AMI!

Mes bourreaux et moi tournons curieusement la tête vers le garçon qui vient de nous interrompre. Jean Kirstein?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top