~16~ Bagarre générale
J'adore vraiment écrire cette histoire. Je sais qu'elle n'est pas comme les autres fanfictions et qu'elle met en vedette des personnages peu appréciés, mais j'espère sincèrement que ce genre plais. ^^
Étrangement, il n'y a aucun malaise entre Thomas et moi depuis la nuit où mon appartement lui a servi de logis. En fait, il fait comme si rien ne s'était passé et c'est surement pour le mieux. Lorsque des gens lui demandent ce qu'il a eu à l'œil, il raconte à quiconque veut bien l'entendre qu'il s'est battu contre des brutes. L'histoire s'amplifie chaque fois à la manière d'une légende de marin. Parfois, le blond était contre cinq gorilles tatoués et effrayants alors que d'autres fois, ses ennemis étaient des criminels armés de couteaux tranchants sur lesquels il a vu luire le sang de leurs précédentes victimes.
Thomas aime se faire voir comme un héros, même si personne ne croit sincèrement en ses fabulations. Au moins, être un mytho permet de détourner l'attention de la rude vérité. Son sourire n'est qu'artifice lorsqu'il grimpe sur une chaise pour fanfaronner, mais au fond, c'est surement ce qu'il recherche. À ses yeux, il est préférable d'être un menteur plutôt qu'une victime.
-Je n'arrive toujours pas à croire que Thomas Wagner t'a embrassé, s'offusque Jean pour la millième fois, je veux dire, c'est THOMAS! Rassure-moi, tu t'es lavé les dents plusieurs fois?
-Calme-toi, répliquai-je, ça n'a duré que quelques secondes à peine. C'était une sorte de test pour lui.
-En quoi t'embrasser peut servir de test? Je l'ai déjà vue rouler des pelles à des filles dans les bars et crois-moi, ce n'était pas beau à voir. Il n'avait certainement pas besoin de toi pour apprendre comment embrasser. Beurk... Thomas t'a embrassé.
-Tu vas le répéter toute la soirée? Tu es déjà chanceux que je te l'ai dit. J'avais promis de tenir ma langue, mais c'est trop dur avec toi. Hum... ne pose pas plus de questions, mais disons qu'il est maintenant certain d'aimer seulement les filles.
-Thomas Wagner... embrasser toi... Thomas...
Jean ne m'écoute pas, prenant un air dégouté alors qu'il répète pour la millième fois ces mots. Je n'en suis pas fier non plus, mais il doit passer à autre chose! Même Floch rirait de moi s'il était encore de ce monde. Si le coureur de jupons m'avait volé un baiser comme test alors que nous étions en couple, mon roux adoré n'aurait même pas ressenti de jalousie. Il aurait probablement réagi comme mon meilleur en me forçant à me laver la bouche un million de fois et en me rappelant éternellement ce geste à effacer de ma mémoire. Pour ces sujets, ces deux garçons se ressemblent beaucoup trop.
J'arrête ma voiture dans le stationnement gratuit le plus proche du bar, puis je regarde la bâtisse sans grande envie. Je ne suis venu qu'une fois dans ce genre d'endroit et je n'en garde pas de très bons souvenirs à cause du « bad trip » de Reiner. Les foules, la musique forte et l'alcool, ce n'est pas mon truc, mais Jean m'a forcé à l'accompagner. Toute l'équipe est censée être présente. C'est peut-être la dernière fois que nous serons tous réuni avant le départ de Thomas et de Farlan pour l'université.
L'idée de rester enfermé dans ma chambre devant un anime japonais était tentante, cependant, j'ai su résister à la tentation. Depuis combien de temps ne suis-je pas sortie plus loin que le chalet? Un gout amer se répand dans ma bouche alors que le stress m'empêche de détourner le regard de ce bar. Je ne suis toujours pas majeur, utilisant toujours une fausse carte d'identité très réaliste. Qu'est-ce qui m'arrête, qui me terrifie à ce point? Est-ce la foule? L'idée de passer une soirée à rire et m'amuser est curieusement douloureuse.
-Ça va aller? S'inquiète Jean, si tu préfères éviter encore les foules un moment, on peut rentrer et dire aux autres que ça ne nous intéresse pas. On sait bien que Mike et Erwin ne seront pas là. Peut-être même Livai. Personne ne nous en voudrait.
-Non, ça ira. Je dois faire un effort.
Mon meilleur ami parait inquiet, mais il me laisse sortir de la voiture pour prendre une grande bouffée d'air frais. L'été sera doux cette année, je le sens. Jean me rejoint, puis nous marchons côte à côte vers le lieu où doivent nous attendre les autres. C'est ici que Thomas travaille, je crois, sauf qu'il ne sera pas derrière le comptoir ce soir.
Nous montons un petit escalier pas très large pour nous rendre à la porte qui mène au bar. Le vigile à l'entrée demande à voir nos pièces d'indentées qu'il scrute avec minutie, l'air sévère. J'essaie de ne pas montrer mon angoisse, mordillant ma lèvre inférieure pour me calmer. Être le seul joueur à se faire refuser l'entrée serait humiliant, mais Thomas m'a certifié que cette carte est de haute qualité. C'est difficile d'être l'un des plus jeunes parce que je suis né en juin.
Malgré sa réticence, l'homme me laisse entrer dans la bâtisse et Jean me talonne avec un large sourire. Où sont les autres? Assis à une table près de la scène qu'utilise un groupe de musique amateur, ils sont déjà presque tous là. Nous ne tardons pas à les rejoindre. Je dois frapper le bras de Jean pour l'empêcher de dévisager Thomas. Il devrait apprendre la subtilité!
***
La soirée est ennuyante. Assis à la table à déguster mon cocktail sans alcool, je me sens plus seul que jamais même si Reiner et Armin sont restés près de moi. Pour me distraire, je regarde le groupe de musique qui reprend des classiques des années 80. Leurs choix musicaux sont bons, mais le chanteur est tellement ivre que ça se ressent dans sa voix. Il peine à tenir debout, se retenant parfois sur le pauvre guitariste. Je rêve de rentrer à la maison...
Thomas et Eren ont chacun réussi à décrocher une conquête qu'ils embrassent sans gêne devant tout le monde, tandis que Jean discute depuis un moment avec une jolie fille. Comme je sens son stress, chaque fois qu'il regarde en ma direction je lui fais un pouce en l'air pour l'encourager. J'espère pour lui que ça fonctionnera, même si ça me fait bizarre de le voir draguer. Depuis son histoire romantique avec Hitch, il est resté célibataire. Cette dernière l'a laissé pour l'ami de Floch, un certain Marlowe, et ces derniers semblent vivre le parfait amour.
L'inconnue avec qui mon ami discute est mignonne. Avec des cheveux châtains attachés en deux petites couettes, même de loin j'aperçois ses taches de rousseur et son sourire sympathique. Cette dernière semble très intéressée par Jean, la main posée sur la sienne et riant à toutes ses blagues. Au moins, il ne vise pas des petites princesses prétentieuses.
-JE PEUX SAVOIR CE QUE TU FOUS AVEC MA COPINE?
Surpris par cette voix forte, je tourne la tête vers Jean. Un homme très grand dont le crâne est rasé se tient devant lui, le torse bombé sous la colère. Trois autres garçons restent derrière lui, tous prêts à sauter sur mon meilleur ami. Qu'est-ce qui se passe?
-Franz, ce n'est pas ce que tu crois, soupire la fille en lâchant la main de Jean.
-Ah non? J'ai pourtant l'impression que ce mec te drague. Hannah, éloigne-toi de lui. Je ne voudrais pas que tu sois blessée.
-Ne lui fait pas mal. Il n'a rien fait sauf me parler.
Dans un grognement, la dénommée Hannah quitte son tabouret pour s'éloigner, les bras croisés. Jean les regarde tour à tour sans comprendre, inquiet pour la suite. Avec un sourire se voulant rassurant, le garçon se lève à son tour.
-Écoute, mec, commence-t-il, je te jure que j'ignorais que Hannah a un amoureux. Avoir sus, je... AH!
Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, le poing de Franz frappe le visage de Jean avec force. Ce dernier tombe le sol sous la douleur, retenant le sang qui coule de son nez avec abondance. Tout s'arrête. La musique, les voix... Toute l'attention du bar se tourne vers cette scène alors que je reste figé. Lorsque je réalise l'horreur de la situation, je cours vérifier l'état de mon meilleur ami. J'agrippe son visage entre mes mains pour noter les dégâts avec inquiétude. Mon cœur bat à un rythme effréné, paniqué à la vue de tout ce sang sur son long visage.
-Ça va aller, soufflai-je, on va aller à l'hôpital.
Jean s'apprête à répondre, mais son regard se pose par-dessus mon épaule. Il ouvre grands les yeux avant de crier :
-LES GARS, NE FAITES PAS ÇA!
Derrière moi, Thomas, Eren et Reiner viennent juste de joindre le combat. Sans chercher à discuter, ils frappent les acolytes de Franz, créant une bagarre générale dans le bar. Jamais je n'ai assisté à quelque chose de semblable. Le monde semble tourner au ralenti alors que je tire Jean sous une table pour le protéger. Le sol est collant à cause de l'alcool renversé, mais je me moque que ce soit répugnant. Mon corps tremble sous la peur et je serre Jean contre moi avec force.
Les vigiles tentent de disperser les bagarreurs, cependant, c'est difficile d'arrêter des gens saouls. C'est seulement lorsque les sirènes de police résonnent à l'extérieur que le groupe d'amis à Franz court hors du bar pour fuir le combat. De l'endroit où je suis, je vois Thomas cracher du sang sur le sol avant de crier :
-VOUS AVEZ PEUR, BANDE DE MAUVIETTES? ÇA VOUS APPRENDRA À FRAPPER NOTRE POTE!
Ne réalise-t-il pas le merdier dans lequel nous sommes? Je ferme les yeux pour essayer de me calmer, refusant de lâcher Jean. J'aurais dû rester à la maison.
Les policiers entrent dans le bar.
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