~1~ Entretien d'embauche

Hey, voici le dernier tome de « histoire d'équipe »! Vous n'êtes pas du tout obligé d'avoir lus les autres pour comprendre. J'espère que la version Jarco vous plaira, même si ça m'inquiète un peu... je met en vedette un personnage que vous n'aimez pas beaucoup, mais essayez de lui laisser une chance s'il vous plaît >~<!

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Avec embarras, je tortille mes doigts sous la table alors que le roux lit mon CV d'un air sévère. La feuille devant le visage, le garçon de mon âge n'a pas dit un mot depuis que je lui ai remis le document, jouant comme un professionnel son rôle d'employeur sévère. N'est-il pas trop jeune pour passer les entrevues?

Assis sur une chaise peu confortable, je me trouve dans le minuscule bureau de la boutique de manga au troisième étage du grand centre commercial de Trost. Je viens acheter mes figurines, mes mangas et ma nourriture japonaise ici depuis que j'ai l'âge nécessaire pour apprécier l'art occidental.

J'ai assisté à l'expansion de ce petit commerce qui semble toujours aussi florissant qu'au début. Chaque fois que je mets les pieds entre les allées bien fournies, que j'admire les goodies par la vitrine, je me sens bien. C'est l'endroit de rêve pour un premier travail. Si ma demande d'embauche est acceptée, alors j'aurai la chance de travailler dans un domaine pour lequel je suis un expert et où je serai en première ligne pour voir les nouveautés dans lesquelles je pourrai un jour dépenser tout mon salaire.

-Marco Bodt... Je vois ici que tu n'es qu'un simple lycéen, remarque le garçon, quinze ans, c'est très jeune pour commencer. Es-tu certain d'avoir l'expérience nécessaire? Si je m'en fis à ton CV, c'est ton premier travail... Peut-être que tu ne seras pas doué avec les clients?

-Floch... Je suis dans ta classe depuis la maternelle.

-Tu, tu, tu! Ici, il faut dire monsieur Forster! Donc tu crois avoir le talent nécessaire pour répondre aux demandes de tous les clients? Connais-tu un peu les mangas et les animes?

Un soupir s'échappe de mes lèvres, découragé par le comportement de Floch Forster. Ce garçon aux cheveux roux est dans ma classe depuis que nous avons l'âge d'aller à l'école. Même si nous ne nous sommes jamais réellement parlé, il doit en savoir un minimum à mon sujet pour se faire une idée. C'est difficile d'être professionnel en un instant pareil, mais je me force à continuer de sourire.

-Je crois que je peux me débrouiller avec le public et je suis un expert en anime japonais, affirmai-je fièrement, je sais qu'il m'en reste beaucoup à visionner et à lire, mais j'ai mes classiques et j'en suis fier.

-Oh? Lequel est ton préféré?

-Si j'avais à choisir, je dirais probablement My Hero Academia, mais j'ai aussi un faible pour Banana Fish.

-Pas mal. Tes goûts m'impressionnent.

Le roux pose enfin la feuille sur son bureau avec un large sourire. C'est surement un bon signe. Quand j'ai vu l'offre d'emploi placardée à l'entrée du centre commercial, je n'ai pas hésité une seconde. Il me faut ce boulot! Non seulement pour l'argent, mais aussi pour mon plaisir personnel.

-FLOCH FORSTER!

Le nommé blanchit lorsqu'une voix masculine hurle son prénom depuis la boutique. La porte du bureau s'ouvre sur un homme replet dont le sommet de la tête est dégarni. Sa petite moustache brune, ainsi que son bouc semblent trembler sous la rage. Ses yeux porcins sont si assassins que Floch essaie subtilement de fuir en se laissant glisser sous le bureau. L'effort est vain, car le plus âgé continue de le fixer.

-On m'a dit que tu te permets de passer des entrevues à ma place? grogne l'homme, quand ta mère m'a forcée à t'engager, ce n'était surement pas pour te voir glander sur un trône qui ne t'appartient pas!

-Alors ça, je peux tout expliquer, essaie Floch, voyez, comme vous êtes très occupés, je me suis dit que m'occuper des entretiens d'embauche serait bénéfique pour la boutique. J'ai pensé à tout. Plutôt que vous en prendre à moi, vous devriez plutôt me remercier.

-Floch, je te remercierais d'aller faire ton vrai boulot et quitter cette pièce au plus vite avant que je t'en sorte à grands coups de pieds dans le derrière.

-Oui monsieur le chef!

Floch fait un signe de soldat en se levant de sa chaise. Il contourne le bureau, mais il trébuche sur les nombreuses boites empilées au sol. Cette pièce n'est pas bien rangée... Quand il retrouve l'équilibre, il enfouit en souriant mon CV dans les mains de ce qui parait être le véritable patron.

-Je vous conseille de l'engager, recommande-t-il, moi, je l'aime bien!

Le patron ne répond rien, se contentant de lui pointer la porte. Le roux rigole avant de finalement partir, me laissant perplexe sur la même chaise que plus tôt. Qu'est-ce qui vient juste de se passer? Je fixe l'homme en surplus de poids avec la bouche entre-ouverte, ayant surement l'air d'un parfait idiot. Comment ai-je pu être suffisamment bête pour ne pas comprendre que je me faisais arnaquer? C'est humiliant.

Le patron observe curieusement les informations à mon sujet avant de lever le regard vers moi dans un soupir de désespoir. Voilà qu'à cause de Floch, je n'ai plus aucune chance d'être accepté pour ce travail. Mon cœur se sert désagréablement à cette pensée.

-Tu peux commencer à partir de quand? s'enquiert l'homme d'un ton sévère, tu dois avoir le même horaire scolaire que ce petit casse-pied? Si ça te va, tu peux commencer samedi prochain. Floch va s'occuper de ta formation.

J'ouvre grands les yeux, surpris.

-M-moi? Oui! Je veux dire, oui, samedi ça me va parfaitement. Vous me prenez sans même me faire passer d'entretien? Ce n'est pas que ça me dérange, mais c'est juste surprenant.

-Floch s'en est occupé, non? Il a beau être détestable, il a du flair pour dénicher les bons employés. Je lui fais aveuglément confiance, mais évite de lui dire. Il pourrait prendre la grosse tête.

-Oui monsieur, je vous promets que vous ne le regretterez pas. À ce samedi!

Je serre joyeusement la main de mon nouvel employeur, priant intérieurement afin que les miennes ne le répugnent pas par leur moiteur. Il me donne l'heure à arriver lors de mon premier jour, puis je quitte le bureau, heureux. J'ai décroché l'emploi de mes rêves!

Derrière la caisse, Floch me salue de la main avec un large sourire. Il faudra penser à le remercier, car même s'il m'a fait perdre mon temps avec ses idioties, c'est grâce à lui que j'ai réussi ma mission. Le stresse pour samedi commence déjà à m'envahir et pourtant, ce n'est que dans six jours. Les nuits vont être courtes...

Ma grand-mère m'attend dans la cour du centre commercial, toujours derrière le volant de sa Mini-Cooper dont elle est si fière. Les yeux fermés, elle doit profiter des bienfaits de son CD de musique favoris qu'elle a tendance à écouter en boucle. C'est surprenant de voir à quel point une femme sexagénaire peut être admiratrice de Jean-Jacques Goldman.

J'embarque du côté passager et la femme tourne son petit visage ridé vers moi, curieuse. Ses mèches de cheveux dorées et frisées pendent autour de ses yeux marron avec élégance, laissant voir toute la bonté dans son regard.

-Alors? s'enquiert-elle, tu as réussi à décrocher ce travail?

Pour l'inquiéter un peu, je prends un air triste qui lui fait perdre son sourire. Cependant, je me sens incapable de lui mentir plus longtemps, donc je laisse mon visage s'illuminer par le bonheur.

-J'ai été engagé! m'exclamai-je, je commence samedi.

-Oh, je savais que tu pourrais le faire! Je suis tellement fière de toi. S'il ne t'avait pas pris, alors le patron aurait été un imbécile.

Je rigole un peu avant de raconter en détails à ma mamie tout ce qui m'est arrivé, dont l'entretien avec le garçon de mon âge. Elle m'écoute gentiment, commentant lorsque les moments sont opportuns. Cette femme est une perle. Jamais je ne pourrais comprendre les gens qui n'accordent pas d'importance à leurs grands-parents. À mes yeux, Mamie est comme une seconde mère et nous sommes très proches.

La dame d'âge mure arrête sa voiture dans le stationnement de notre bloc-appartements. Quand nous avons aménagé ici il y a deux mois, j'ai tout de suite été déçu par le manque d'originalité de la bâtisse. Elle se trouve dans un quartier résidentiel où tous les logements sont identiques, soit hauts et bruns. S'il n'y avait pas de numéro de porte, je me tromperais fréquemment d'appartements. Ça me déplait, mais c'est tout ce que le salaire de ma mère nous permet d'avoir.

J'aide ma mamie à sortir de la voiture, puis j'ouvre la porte « 19 » qui mène à notre minuscule appartement. Les murs entièrement blancs manquent de cachet, tout comme le style moderne qui sert surement à attirer les locataires potentiels. À mes yeux, ce style n'a rien de beau et ça rend le lieu froid. J'espère que les décorations et nos meubles aideront à rendre ma nouvelle maison plus familière.

Quand ma mère m'a appris qu'on déménageait, ça m'a fendu le cœur. Nous ne vivions pas très loin d'ici, mais c'était une zone scolaire différente et notre ancien appartement était beaucoup plus attachant. Cependant, les propriétaires ont choisi de tout rénover, augmentant ainsi le prix du loyer de manière exponentielle. Avec le simple salaire de serveuse que reçoit ma mère et les économies minimes de ma mamie, nous n'avons pas eu d'autres choix que de partir. C'est difficile de partir en plein milieu de l'année scolaire.

-Ta mère ne devrait pas tarder à revenir, sourit Mamie, je m'occupe du souper. Va te reposer, tu le mérites.

-Tu es certaine? Je peux préparer le souper et...

-Marco. Tu es un gentil garçon, mais laisse-moi faire ce soir. D'accord?

La dame me fait l'un de ses plus adorables sourires et je cède à sa demande. J'aime aider dans toutes les tâches de la maison, ne voulant surtout pas qu'elle doive trop travailler. Quand ma mère arrive le soir, il faut que tout soit parfait pour qu'elle puisse se reposer. J'espère qu'elle sera contente d'apprendre que j'ai décroché un petit boulot... Elle ne savait même pas que je passais un entretien d'embauche.

J'embrasse rapidement la joue de Mamie avant d'aller à la salle de bain prendre un bon bain. Je retire ma veste que je pose sur la sécheuse, croisant malgré moi mon reflet dans le large miroir. Pourquoi mon corps est-il taché? Les éphélides commencent au sommet de mon front, descendant jusqu'à mes pieds tels une immense constellation. Quand j'étais petit, j'aimais dire que ma peau était couverte d'étoile rousse. Avec le temps, cette caractéristique est devenue mon plus grand complexe.

Dans un soupir, j'embarque dans l'eau brulante de mon bain, profitant de cette chaleur relaxante. La bonne nouvelle, c'est que j'ai mon décroché mon travail de rêve!

La mauvaise, c'est que demain il y a de l'école...

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