Chapitre 3: Une équipe pas comme les autres
Je grimace lorsque le bruit assourdissant de mon réveille-matin me sort du monde des songes de manière trop brutale. Avant, ma sonnerie était une douce chanson que j'aime bien, mais après avoir découvert que je dors trop profondément et être arrivé en retard plusieurs fois en cours, j'ai dû opter pour quelque chose de plus violent. Ce n'est pas agréable, mais au moins maintenant je me lève.
J'ouvre péniblement les yeux en grognant de douleur. Pourquoi ai-je mal au cou? Un rapide regard autour de moi suffit à me faire comprendre. Je ne suis plus tout à fait sur mon lit, mais j'ai la moitié du corps sur le sol. Quoi de plus naturel? Pour moi, ça l'est presque avec mon problème de somnambulisme...
Je sors de ma posture étrange en m'étirant douloureusement. Je devrais penser à tenir un journal qui énumérerait les drôles de positions dans lesquelles je me réveille. Chaque matin est différent. Pourtant, je ne me souviens jamais de rien. La fois qui a été la pire reste cependant celle où je me suis retrouvé allongé sur la pelouse avant de la maison. Ma mère a eu tellement peur que maintenant elle met une barrière pour enfant dans les escaliers qui mènent au rez-de-chaussée afin de s'assurer que je ne sorte plus dans mon sommeil. C'est une bonne initiative, mais c'est assez gênant à expliquer aux invités quand il y en a.
Alors que je cherche un chandail propre à enfiler, mon regard se pose sur l'écran de mon ordinateur qui est resté ouvert cette nuit. En bas se trouve une petite bulle qui clignote. Un message? Mon cœur s'accélère agréablement et je me jette sur mon portable pour ouvrir l'application, trébuchant presque sur un caleçon qui vit depuis maintenant deux semaines sur le plancher. Je devrais penser à faire un petit ménage.
Mon corps se ramollit lorsque je vois que j'ai une demande de message de Reiner Braun. Est-ce normal cette chaleur qui gagne mon corps? Je suis à la fois angoissé et excité à l'idée d'appuyer sur la petite bulle.
C'est après avoir compté jusqu'à trois dans ma tête que j'en trouve le courage.
Reiner Braun:
|Salut! 😃 J'espère que j'écris au bon Bertholdt, car tu n'as pas vraiment de photos sur ton profil... (J'imagine que ce n'est pas un prénom populaire?) Bref, si c'est toi, je veux t'apprendre que vendredi tu es invité à notre réunion d'équipe habituelle. Seras-tu dispo?
Je relis le message en mordillant ma lèvre inférieure. Une réunion d'équipe? Quand je me suis inscrit, je ne m'attendais pas à devoir participer à ça... Dans ma tête, faire partie des Titans se résumait uniquement à de l'entrainement et des parties. Avec angoisse, je décide de lui répondre, réfléchissant bien à chaque mot que je tape sur le clavier. Je ne veux pas paraitre trop enjoué.
Bertholdt Hoover:
|Oui. Je suis dispo.
Il prend uniquement quelques secondes avant de voir mon message. Déjà?
Reiner Braun:
|Aussi bavard sur message qu'en vrai! 😉 Je t'envoie l'adresse. C'est au chalet à Eren (le brun énervant).
Bertholdt Hoover :
|OK.
Je souris comme un idiot en me jetant sur mon lit pour fixer le plafond vouté. Il m'a écrit. C'est un très bon début! J'aurais envie de me rouler sur le sol, de hurler de joie, mais c'est peut-être un peu excessif?
Je termine de m'habiller avec un pull uni et un jeans avant de descendre à la cuisine où ma mère prépare les repas pour l'école. Elle essaie continuellement d'innover, ce que j'apprécie même si ce n'est pas toujours bon. Après lui avoir rapidement embrassé la joue en signe de bonjour, je me fais cuire deux toasts, puis je m'assieds en face de mon frère. La tête de Marcel cogne des clous sous la fatigue.
De deux ans mon cadet, moi et lui nous entendons bien pour des frères. Il se moque parfois de mes dessins, me traitant sans gêne d'obsédé, mais ce n'est jamais méchant. Une vie familiale où nous serions sans cesse en guerre, ce serait beaucoup trop difficile à supporter. Les conflits, ce n'est pas fait pour moi.
-On ne t'a pas beaucoup vue hier soir, remarque ma mère, encore dans tes dessins? Tu devrais bientôt penser à en sélectionner un pour l'école d'art.
-J'y travaille. De toute manière, j'ai encore un mois pour le choisir. Au fait, maintenant que j'y pense, j'ai quelque chose à te dire.
Ma mère se retourne vers moi en souriant, prête à m'écouter. Elle doit s'attendre à ce que je lui fasse une grande révélation à mon sujet. Depuis qu'elle a découvert que je dessine continuellement le même garçon, elle est convaincue qu'il s'agit de mon petit ami secret et que je suis simplement trop timide pour le présenter. Malheureusement non...
-Je vais rejoindre l'équipe de baseball de l'école, affirmai-je, j'ai été accepté et vendredi, je vais rencontrer l'équipe entière au chalet de l'un des joueurs.
-L'équipe maudite des Titans? Rigole mon frère, personne ne veut en faire partie, car ils sont nuls! J'imagine que c'est pour le mignon capitaine que tu t'es inscrit?
Je baisse les yeux timidement pour fixer ma tranche de pain à moitié entamée, essayant de cacher mes joues qui ont rougi.
-J'avais uniquement envie de jouer au baseball, mentis-je.
Ma mère ne fait pas de commentaire, se contentant de sourire. Pour ma famille, le fait que je puisse trouver un garçon à mon goût n'a jamais dérangé personne. C'est simplement naturel venant de moi et je leur serai toujours reconnaissant pour leur ouverture d'esprit à ce sujet. C'est quelque chose que je n'ai jamais dit à haute voix, mais dont je suis parfaitement conscient. Je ne dirai jamais que je suis gay. Je préfère affirmer que je préfère les garçons, car pour moi, c'est normal.
La semaine passe lentement et quand je croise Reiner dans l'école, il me sourit gentiment. Ses lèvres magnifiquement relevées font fondre mon cœur. J'aimerais terriblement les toucher, de ma bouche ou de mes doigts... Peu importe, tant que je lui touche.
Le vendredi arrive enfin. J'ai les mains moites et mon cœur bat trop vite sous l'angoisse. Je ne vais connaitre personne à cette réunion et pourtant, je dois y aller. Après avoir pris les clés de la Dodge caravane grise de mes parents, j'entreprends le trajet jusqu'à l'adresse que Reiner m'a fait parvenir par message.
Pour y aller, il faut entrer dans un chemin non pavé entouré d'une vaste forêt. La route de gravier me fait grimacer. J'espère que toute cette terre ne salira pas trop la voiture, sinon je vais être obligé de la nettoyer. Il n'y a aucun chalet ou cabane à sucre en vue, uniquement des arbres à perte de vue. Peut-être m'ont-ils joué un mauvais tour? Ce serait logique qu'ils ne veuillent pas de moi...
Après une bonne dizaine de minutes à affronter les nids-de-poule et les trous d'eau, ma destination se dresse enfin face à moi. J'entre dans la cour pour me stationner près des autres voitures arrivées, profitant du moteur éteint pour admirer l'immense chalet en rondins. Les fenêtres sont très larges, donnant un petit côté moderne à cette bâtisse.
J'ai à peine le pied hors de mon véhicule qu'une Mini-Cooper rouge s'arrête près de moi. Un garçon au crâne chauve en sort, me saluant joyeusement avec un large sourire. Même si je le reconnais comme étant Conny Springer, nous ne sommes jamais adressés la parole auparavant.
-Hey! C'est toi l'autre nouveau dans l'équipe, pas vrai? Bertrand?
-Bertholdt...
-Ravis de te rencontrer! Je suis un peu fébrile à l'idée de m'incruster dans leur petite bande. Pas toi? J'en ai les oreilles qui tremblent.
Je me contente de sourire, puis je le suis jusqu'à la porte d'entrée qui se trouve sur un petit balcon en bois. Voilà, il est trop tard pour reculer... Mon cœur bat plus rapidement quand Conny appuie sur la sonnette et je tourne avec angoisse mes doigts pour me calmer. Des pas se font entendre à l'intérieur, puis la porte s'ouvre enfin.
Je baisse timidement les yeux quand je tombe face à Reiner.
-Vous arrivez en même temps, rigole-t-il, rentrez, je vais vous présenter l'équipe!
Nous lui obéissons en pénétrant dans la bâtisse. L'intérieur est simplement magnifique! De style rustique, il s'agit d'un VÉRITABLE chalet de bois et non seulement d'une maison isolée. Tout est fait à l'ancienne, avec un vieux poêle, de vieux meubles rétro et des têtes d'animaux empaillés. Je souris malgré moi en retirant mes chaussures.
-Ce chalet appartient au père de Eren, mais il ne vient jamais, explique Reiner, il nous le donne en quelque sorte pour faire nos réunions d'équipe et des fêtes. Bref, c'est une deuxième maison pour chacun de nous. Vous allez vous-même devenir dépendant de ce lieu.
Nous contournons un grand escalier couleur cèdre pour arriver dans le salon. Sur un long divan jaune fleuri sont assis trois garçons en pleine partie de jeux vidéo, visiblement très concentrés. Les deux premiers sont Jean et Eren, alors que le troisième m'est inconnu. Probablement plus grand que moi avec de courts cheveux blonds, sa courte barbe est bien taillée et son nez est assez grand. Je crois l'avoir déjà vue en classe, mais son prénom m'échappe.
Soudainement, Jean et l'étranger commencent à grogner contre la télévision, alors qu'on entend : « The winner is Fox! ». Eren rigole et tend la main.
-Vous me devez deux euros, les gars, sourit-il.
-Tu vas me ruiner à force de gagner, grogne l'inconnu en sortant de l'argent de sa poche, le prochain combat, c'est moi qui le gagne.
-Moi je dis qu'il n'a plus le droit de prendre ce personnage! Ajoute Jean, si c'est moi qui l'avais, je gagnerais.
-Cesse de te plaindre, Jean, sourit un autre garçon qui s'approche du canapé pour lui tendre un sac de chips, tu donnes toujours la même excuse. Avoue simplement que Eren est meilleur que vous.
-Là, tu me blesses Marco. Je te croyais mon allié.
Le dénommé Marco glousse faiblement avant de tourner son visage rond et couvert de points de rousseur vers nous. Avec de courts cheveux bruns et des yeux noisette, il nous sourit:
-Bonjour, vous devez être les nouveaux dans l'équipe? C'est un plaisir d'enfin voir de nouveaux visages! Ces trois-là sont décourageants quand ils s'y mettent. Moi, c'est Marco.
Ce garçon nous serre tous à la main. À première vue, il semble sympathique.
-Si vous n'avez pas remarqué, ils jouent à super Smash bros avec de l'argent, explique Reiner, ils font toujours ça. Vous connaissez Jean et Eren? Le grand blond qui est là s'appelle Mike. Il est bizarre, mais on l'aime quand même.
Le dénommé Mike s'approche de nous en souriant. Alors que je pense qu'il va aussi me serrer la main, il se penche pour me renifler. Surpris, je me recule d'un pas, ce qui fait rire tout le monde.
-Ne t'inquiète pas, fait Reiner en posant sa main sur mon bras, Mike aime sentir les nouveaux. C'est dans sa nature.
Je me contente d'ouvrir faiblement la bouche en fixant sa main placée sur mon bras. Il me touche... J'en ai la chair de poule, mais je suis déçu quand il la retire pour continuer à me faire visiter.
Il me présente au petit blond à la coupe champignon qui était avec Eren quand je me suis inscrit. Il s'avère s'appeler Armin. Je pense que c'est un bon ami de Annie, mais je n'en suis pas certain.
Un autre garçon vient se nommer. Abordant un air hautain parfaitement ridicule, il s'appelle Auruo et semble vouloir nous intimider en nous rappelant que le baseball est un sport difficile. Il parait surtout idiot...
Les garçons discutent avec nous comme si nous avions toujours été des leurs. Conny est beaucoup plus à l'aise que moi et il dit des plaisanteries alors que je reste dans mon coin, regardant pour la première fois Reiner rire de bon cœur à mes côtés. Il est si beau... Je n'avais jamais remarqué que ses dents sont très légèrement inégales. Ce qui peut sembler à première vue être un défaut physique me plait.
-Quelqu'un pourrait me donner un coup de main avec le ménage? Grogne une voix derrière moi.
Je me retourne vers un garçon très petit dont les cheveux noirs pendent mollement de chaque côté de son visage pâle. Dénué de sourire, il porte un étrange foulard blanc autour de sa tête et un second autour de son cou. Ses yeux glacials nous dévisagent sévèrement, un balai dans les mains.
-Ça, c'est Livai, affirme Eren, ne fait jamais de blague sur sa grandeur où tu risques de mourir prématurément. Il est plus dangereux qu'il en a l'air.
-C'est la même chose si tu salis juste après qu'il ait fait le ménage, ajoute Mike, il est un peu maniaque de la propreté. D'ailleurs, tantôt nous avons tous eu le droit à un bon sermon puisque nous n'avons pas bien fait l'époussetage.
-Je vais t'aider, soupire Marco.
Je regarde les garçons s'activer au ménage alors que nous continuons à rire ensemble. Je crois que je vais passer du bon temps avec eux, même si à leurs yeux je risque de n'être que le muet... Peu importe.
C'est le cœur rempli de joie que je retourne chez moi, tard le soir. Je ne fais que penser à la main de Reiner sur mon bras et je souris comme un idiot.
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