Chapitre 2: Inscription chez les titans
Mon sac à dos pend mollement sur mon épaule alors que debout près de la porte d'entrée de l'immense gymnase, j'hésite à m'approcher du kiosque qui présente le club de baseball. Ce n'est pourtant pas le moment pour les clubs de faire du recrutement. L'équipe ne doit pas avoir réussi à trouver de nouveaux membres à travers les premières années lors de leur journée porte ouverte et ils espèrent que des gens plus âgés voudront essayer ce sport cette année.
Derrière la table en bois qui trône dans un coin, juste devant le mur d'escalade, Reiner tente de donner son prospectus à tous les élèves qui passent devant lui. Un large sourire reste gravé sur ses lèvres, même lorsqu'il se fait ignorer. Le gymnase n'est surement pas le meilleur endroit pour faire du recrutement... Assis à côté de lui, Jean Kirstein semble s'ennuyer et il tente de faire tenir un stylo entre son nez et ses lèvres.
Ce garçon est le second capitaine de l'équipe. Avec des cheveux étrangement séparés en deux couleurs: brun pâle sur le dessus et foncé dessous, Jean est dans toutes mes classes. C'est une grande gueule qui a l'utilité de rendre les cours moins ennuyants.
Je continue de les observer sans oser m'approcher pour donner mon nom. Ce n'est pourtant pas si compliqué de m'inscrire dans un club... Peut-être que si j'attends trop, les places de libres ne le serrons plus? Cependant, personne ne semble vouloir joindre l'équipe. Les pauvres, ils ont mauvaise réputation.
L'équipe des Titans n'a pas gagné une seule partie depuis trois ans. Dans l'école, ils sont considérés comme le pire groupe sportif et même le directeur a honte de souligner leur existence. Si j'en ai le courage, j'ai une bonne chance d'être admis malgré mon manque d'expérience. Seulement si mes jambes se décident à m'obéir et à avancer vers eux.
Dans un soupir, je fais quelques pas vers ma muse. Je me lance, je suis courageux... du moins, j'essaie.
J'arrête de marcher devant la petite table. Mon cœur bat un peu trop vite et mes mains serrent fort la ganse de mon sac. Le beau blond lève son regard vers moi, un sourire sur ses lèvres pulpeuses. De près, ses petits yeux dorés que j'ai si souvent mis sur papier semblent encore plus perçants et magnifiques. C'est la première chose que j'ai appris à dessiner chez lui.
-Salut, fait-il joyeusement, tu viens pour t'inscrire dans l'équipe?
J'ouvre de moitié la bouche sans qu'aucun bruit arrive à en sortir. Pourquoi ai-je toujours l'air d'un crétin quand il me parle? Je déteste être comme ça, être trop timide.
-Euh... oui... s'il vous manque des joueurs, je...
-Hey, face de cheval! Me coupe une voix masculine, vous avez recruté des mecs, finalement?
Je me tourne vers le garçon qui vient juste de me couper. Cheveux bruns et grands yeux verts, il est suivi par un petit blond à la coupe champignon. Suis-je invisible au point où il n'a même pas remarqué ma présence? Je devrais être habitué à force de me faire ignorer... Parfois, lorsque je fais la file dans les restaurants ou dans d'autres lieux publics, les gens me dépassent sans me porter la moindre attention. Pourtant, du haut de mon 1m92 je devrais être facile à remarquer. Ma mère dit que je devrais avoir un peu plus d'autorité, mais cela me semble impossible. Je n'aime pas être méchant.
L'impoli se place près de moi et il regarde la feuille d'inscription avec une grimace.
-Jager, grogne Jean, la prochaine fois que tu me traiteras de cheval, je t'en colle une. Ce n'est même plus drôle, depuis le temps.
-Spirit, le cheval sauvage est de mauvais poil, rigole-t-il, vous n'avez qu'un seul nom? Si nous n'avons pas minimum deux joueurs en plus, on ne peut pas s'inscrire au tournoi.
-On le sait, Eren, réplique Reiner, ce gars allait s'inscrire avant que tu arrives.
Le dénommé Eren tourne la tête vers moi, comme s'il venait juste de me remarquer. En fait, il doit lever ses yeux pour me dévisager. Je suis rouge, regrettant de m'être approché. Pourquoi ne suis-je pas resté dans mon coin avec mon cahier à observer comme j'en ai l'habitude? Les interactions humaines, ça n'a jamais été mon point fort.
-Tu as déjà joué avant? Demande Eren.
-Un peu, répondis-je simplement.
-Et bah, c'est mieux que rien! C'est toujours une bonne chose d'avoir une grande échalote pour attraper les balles. J'espère que tu sais frapper correctement, car dans notre équipe, Jean est une merde incapable de toucher la moindre balle.
-Je t'emmerde, Eren!
Je ne sais pas comment réagir, ni quoi dire. Si j'étais drôle, j'aurais probablement déjà trouvé une réplique cinglante qui m'aurait permis de gagner le respect des autres. Malheureusement, j'en suis incapable, restant uniquement planté là à sourire comme un parfait crétin.
-Donc tu t'inscris? S'enquiert Reiner, tu ne dois pas tenir compte d'Eren pour faire ton choix. Il est énervant, mais on s'y habitue.
Ce sourire... J'en suis fasciné. Je hoche faiblement la tête avant d'agripper le crayon qu'il me tend, puis je trace doucement mon nom et prénom sur la ligne désignée. Il n'y a qu'une seule inscription et c'est un certain Conny Springer. Je crois qu'il est dans mes cours, mais je n'en suis pas certain. J'ai depuis longtemps cessé de regarder les personnes qui sont avec moi en classe, préférant souvent porter mon attention vers l'extérieur. J'ai souvent la chance d'être assis derrière tout le monde, près des fenêtres. Ainsi, je peux me contenter de rêvasser tranquillement.
Lorsque je termine mon inscription, Reiner tourne la feuille vers lui pour lire ce que j'y ai écrit. Il sourit faiblement.
-Et bien, c'est un plaisir de t'avoir dans notre équipe, Bertholdt Hoover! Je vais t'écrire un message sur Facebook cette semaine pour te donner la date et le lieu de notre première rencontre. Ça marche?
Je hoche la tête d'un signe affirmatif, puis je m'éloigne dans un faible salut, les joues pourpres. Je viens de parler à Reiner plus de cinq secondes... Il connait mon nom. Je souris comme un idiot alors que je me dirige vers mon casier, rêveur. Il n'y a qu'un seul problème... Je n'ai pas de Facebook!
J'aimerais me frapper. Pourquoi ai-je accepté qu'il m'envoie un message alors que je sais qu'il ne peut pas? C'était l'émotion du moment, je crois. Dès que j'arrive chez moi, je vais devoir me créer un profil! Avant, je n'en jugeais pas l'utilité, car personne n'avait envie de m'écrire, mais là, c'est différent.
Dès que j'arrive chez moi, je salue rapidement mes parents avant de monter à ma chambre, fermant la porte sur mon passager. Cette pièce est petite, mais elle est parfaite pour moi avec ses murs beiges et son plancher de bois. Je n'ai pas beaucoup de bibelots puisque j'ai tendance à ne pas aimer gaspiller mon argent dans des objets inutiles, mais j'ai quelques affiches de films pour donner un peu de vie. C'est surtout ma mère qui m'a forcé à décorer un peu, prétextant que ce lieu ne m'était pas assez personnel.
Je m'installe avec mon portable sur mon bureau qui est rempli de croquis que je devrais songer à ranger dans l'un de mes tiroirs. Je souris en regardant l'un de mes dessins pas encore terminé qui représente le magnifique blond. Je lui ai parlé!
C'est en songeant au message qu'il va m'envoyer que je crée mon profil Facebook, envoyant des demandes d'amitié aux gens que je connais. Pas que je connais pour leur avoir déjà parlé, mais de vue. Sinon, je n'aurais que Annie... et mon enseignante d'art plastique.
Laissant mon compte ouvert au cas où je recevrais un message, j'agrippe une feuille et je commence à dessiner fébrilement le Reiner que j'ai vu aujourd'hui. J'ai envie de reproduire ce sourire qui pour une fois m'était destiné.
PDV Reiner
Je regarde Bertholdt s'éloigner à pas rapides de notre kiosque avant de jeter un regard à la feuille d'inscription devant moi. Quel étrange garçon... Je l'ai souvent surpris à m'épier avant de baisser brusquement les yeux vers ce cahier dans lequel il griffonne toujours je-ne-sais-quoi. Peut-être que j'hallucine, mais je suis presque certain que mes amis aussi l'ont remarqué.
Je suis surpris de voir qu'il s'est inscrit dans l'équipe de baseball. Il ne ressemble pas à un sportif. En fait, je suis mal placé pour le juger, car avant qu'il s'approche je ne pensais même pas qu'il parlait. Les seules fois que je lui ai adressé la parole, il me répondait uniquement par des sons étranges.
-Je sens qu'on va avoir une belle équipe cette année, ironise Eren en faisant un signe de tête vers le grand brun, Berthy le muet parmi nous! Ça promet.
-Je n'aime pas juger les gens avant de les connaitre, répliquai-je agacé.
-Mouins... Il ne peut pas être plus mauvais que notre petit poney.
Jean réplique quelque chose en se levant avec colère. Comme toujours, les garçons se disputent et Armin tente désespérément de les calmer. Je les ignore, fixant simplement la direction où le garçon est parti.
Ce Bertholdt Hoover m'intrigue terriblement.
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