Chapitre 6 - Partie 4 - Le prince de Flamea
— Maman ! Je suis télépathe !
— Pardon ?
— La migraine que j'ai depuis ce matin a déclenché mon pouvoir ! Je peux essayer de lire dans tes pensées ? m'enquis-je avec sûrement trop d'enthousiasme.
— Quoi ?! s'écria Maman avec confusion. Euh... Non ! Attends ! Je reviens.
Maman se leva précipitamment et quitta la salle du trône. Peu m'importait où elle allait. J'avais enfin réussi à déclencher mes pouvoirs et rien ne pouvait atténuer cette joie. Enfin je le pensais.
***
Maman revint quelques instants plus tard, suivie d'Hector qui prit place sur le trône, puis elle m'entraîna dans ses appartements. Elle me demanda, avec un peu d'appréhension :
— Que s'est-il passé ? Explique-moi tout.
— J'ai réussi à étirer ma conscience et à parcourir toute la planète sous la forme d'un esprit. J'ai même réussi à lire dans les pensées d'un garde !
— Quoi ?
Son expression était devenue affolée, au même titre que le ton de sa voix, et la déception m'envahit face à cette réaction. Maman aurait dû éprouver du plaisir et même de la fierté, mais au lieu de cela, il n'y avait que de l'inquiétude et de l'appréhension.
— Pourquoi n'es-tu pas contente ?
— Je suis très surprise... c'est tout, répondit-elle, toujours hésitante. Je ne m'y attendais pas du tout.
— Penses-tu que j'ai d'autres pouvoirs qui attendent d'être déclenchés ? m'enquis-je avec enthousiasme.
Je m'imaginais déjà avec le pouvoir de la télékinésie : ce serait un si bon complément à la télépathie, je pourrais faire bouger les objets avec mon esprit !
— Peut-être... mais la télépathie est déjà une immense et puissante capacité. Et tu vas devoir apprendre à la contrôler. D'ailleurs, tu ne dois pas t'infiltrer dans les pensées de tout le monde ! C'est impoli et indigne de ton rang de prince.
Je baissai les yeux face à ces réprimandes et répondis seulement :
— D'accord, Maman. Je ne le referai plus.
Elle parut soulagée par cette déclaration et elle poursuivit avec un peu plus de détermination :
— Et puis, il te faut un mentor.
— Oui je suis d'accord Maman. Qui va m'aider à contrôler mon pouvoir ? Toi ? rajoutai-je avec enthousiasme et espoir.
Je nous imaginais déjà avoir des séances de télépathie rien que tous les deux et cela me mettait en joie. J'avais envie de passer plus de temps avec elle, cela nous rapprocherait sûrement et peut-être se confierait-elle davantage à moi.
— Malheureusement, non, répondit Maman, provoquant chez moi une grande déception. Je ne suis pas télépathe et je n'ai aucune connaissance en la matière.
— Alors qui ?
— Je ne connais qu'un seul dieu qui possède ce pouvoir à l'heure actuelle. Il s'agit de Morior, ton grand-père paternel qui vit actuellement sur Terrumbra.
Comment ? Morior de Terrumbra ? Ce n'était pas possible ! Déjà que je n'étais déjà pas très enthousiaste à l'idée d'avoir un mentor autre que Maman, alors la perspective de passer du temps avec Morior, le père de Maurice, qui avait agressé Maman quelques jours plus tôt, m'enchantait encore moins. Maman avait-elle perdu la tête pour proposer une telle chose ? C'était totalement illogique par rapport à la discussion que nous venions d'avoir la veille avec Papa...
— Je ne suis pas obligé d'avoir un mentor, hasardai-je, désirant trouver une nouvelle alternative.
— C'est mieux pour toi et le bon développement de ton pouvoir.
— Mais, c'est toi-même qui as dit hier que Terrumbra se préparait à la guerre ! Et puis, Papa déteste Morior... Alors, pourquoi vouloir me confier à un tel individu ?
— Il n'y a pas de discussion possible : nous lui demanderons qu'il devienne ton mentor.
L'air de Maman s'était renfrogné et elle avait regagné en confiance en elle. Plus aucune trace de l'hésitation précédente était visible sur son visage, comme si la solution qu'elle venait de trouver était la seule bonne alternative pour elle. Face à mon air déçu, son expression se radoucit et elle ajouta :
— Nous ne pouvons pas nous permettre de juger quelqu'un sans l'avoir vraiment rencontré et côtoyé. En revanche, si les premières séances se passent mal, nous arrêterons, Ardalis.
— Papa le connaît bien, protestai-je vainement.
— Oui, Ardalis, mais tu n'es pas ton père. Nous irons le voir demain.
— Même après ce que Maurice t'a dit et infligé ?
— Je viens en tant que belle-sœur, et non en tant que rivale.
— Pourtant la dernière fois, tu es allée sur Terrumbra dans un but pacifique, argumentai-je. Cela n'a pas empêché Maurice de le blesser... Alors...
— Ma visite était avant tout une affaire politique, Ardalis, contra Maman. Là, non.
Voyant que cet argument ne fonctionnerait pas, je me résignai et décidai d'en aborder un autre, toujours dans l'espoir de faire changer Maman d'avis :
— Et puis, Morior et son frère ont tué leur demi-sœur.
— Oceann devait être une véritable peste pour mériter ce châtiment.
— Mais, d'après les récits de Papa, ce n'était pas du tout sa faute ! m'indignai-je, ne comprenant pas comment Maman pouvait soutenir les assassins.
— Arrête de parler du passé ! trancha Maman. Nous verrons bien demain.
Maman quitta la chambre et me laissa seul, signe que plus aucune négociation n'était possible. Pourquoi Maman ne pouvait-elle pas se rendre à l'évidence ? Toute ma joie et ma fierté avaient disparu pour laisser la place à une grande frustration et à la colère. Comme j'avais à présent envie que ce pouvoir n'eût jamais existé !
***
— Et voilà ! La suite, demain !
Arachtus retira son esprit et s'éloigna légèrement d'Elena qui s'exclama avec légère frustration :
— Mais non ! Pas maintenant ! Que va-t-il se passer avec Morior ? Tu vas vraiment apprendre avec lui ?
Elena s'était prise dans l'action et elle n'avait aucune envie que cela se termine maintenant. Tant de questions florissaient dans son esprit curieux et Arachtus lui répondit simplement avec un sourire :
— Tu verras demain, Elena. Si je veux que tu reviennes, il faut que je fasse des fins à suspense.
Elena afficha une expression de déception et Arachtus poursuivit avec bonne humeur :
— En tout cas, ça m'a fait du bien de me rappeler de tous ces souvenirs. Je n'ai rien oublié il me semble, mais en tant que télépathe aussi tu le conçois bien.
Les deux anciens ennemis s'échangèrent une œillade complice, et Elena en fut perturbée l'instant d'après. Était-elle vraiment en train de plaisanter avec le dieu qui avait voulu la tuer quelques mois plus tôt ? En tout cas, elle se sentait plus sereine, et elle rajouta avec malice :
— Tu étais adorable quand tu étais enfant, toujours à vouloir tout faire à la perfection et imiter les adultes...
— Tu sous-entends que je ne le suis plus maintenant ? rétorqua Arachtus, d'un air faussement vexé.
Un nouveau sourire fut échangé mais Arachtus mit fin à ce moment :
— Trêve de plaisanteries. Rentrons à présent.
— Attends, j'ai une dernière question ! s'exclama Elena, en rattrapant le dieu qui s'éloignait déjà vers la prison. Selina... c'est la fille qui...
— Assez, Elena ! coupa Arachtus d'un ton ferme qui interdisait toute négociation. Je ne veux plus en parler ; j'ai promis de transmettre mes souvenirs et non de les analyser après.
Elena n'insista pas davantage par respect pour le dieu : ce serait à elle d'en faire sa propre interprétation.
***
Bonjour à toutes et à tous !
J'espère que vous appréciez toujours la lecture de ce tome 2 ! On en découvre peu à peu plus sur Arachtus et sa jeunessse ! Que pensez-vous de lui enfant et de sa famille ?
À bientôt pour la suite des aventures, on retrouvera Sinistra ! 😉
Agathe Aris.
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