Chapitre 9
Julien
Je suis le match de loin car je ne cesse de penser à Camille qui doit être en train de passer sa radio. Après qu'on lui ait remis l'épaule en place, il avait l'air de moins souffrir mais cela ne m’empêche pas de m'inquiéter pour lui.
J'espère que cela ne lui portera pas préjudice pour sa saison prochaine, je sais que le rugby est une partie intégrante de sa vie, au même titre que Lisa et moi. Je sens que Lisa est dans le même état que moi, sa tête est ailleurs.
Elle consulte son portable toutes les minutes pour voir si son meilleur ami lui a envoyé un message. Son visage se crispe à chaque fois qu'elle se rend compte que ce n'est pas le cas. Je me dis que je devrais peut être inviter l'équipe pour boire un verre à la maison, ça remonterait le moral de Cam d'être entouré de ses amis.
Les actions se succèdent et les coéquipiers de Camille gagnent difficilement le match suite à sa blessure.
Je prends Lisa par la main et nous nous dirigeons vers le terrain. Sa main est fine et douce. Elle doit les hydrater régulièrement. Nous descendons sur le terrain pour aller les féliciter. Sophia nous a rejoint pas longtemps après l’arrêt de jeu.
Je l’entraîne jusqu’à Maxime qui saute sur ses amis en criant de joie. Ce mec est un grand malade. Je lui tape dans le dos.
- Ah Julien, mon pote ! T'as vu la raclée qu'on leur a mis !
Max est en sueur, son t-shirt est un peu déchiré sur le coté droit et il a une belle entaille au niveau de la cuisse gauche. un crampon n'a pas du être tendre avec lui.
- Ouais félicitation ! Ça vous dis-toi et les autres de venir fêter ça à la maison ce soir ?
- Tu parles sérieusement ? Carrément mec !
- Ok, je te laisse les prévenir, on va rentrer avec Lisa pour préparer tout ça, enfin si ca te dis, Lisa ?
-Oui bien-sur, dit-elle en regardant une fois de plus son portable.
- Ça marche, compte sur moi ! me répond Maxime. Des nouvelles de Cam, Lisa ?
-Non, dit-elle tout bas.
-Oh t’inquiète pas, Lisa, il en a vu d'autres ! la rassure Max.
Il la prend dans ses bras lors d'une brève étreinte et l'embrasse sur la joue.
-À tout à l'heure Max.
Il acquiesce puis je lui fais un signe et entraine Lisa qui envoie un bisou de la main à sa copine vers la sortie du stade.
- Ma voiture est située au fond du parking, dis-je à Lisa tout en pointant mon doigt au loin.
- Ok.
Je la regarde et elle me semble ailleur.
- Ça n'a pas l'air d'aller, Lisa ?
- Si si, ça va.
- T'es sûre ? Tu peux me parler, tu le sais n'est ce pas ?
Elle hausse les épaules et lâche un long soupir.
- Je suis inquiète pour Cam, c'est tout.
- Ça va bien se passer pour lui, arrête de te faire du souci.
- Mais tu as vu l'état dans lequel il était avant de se blesser ?
- Oui, c'est vrai qu'il n'est pas aussi agressif d'habitude. J'essaierai de lui parler demain.
- Merci, Julien.
- De rien ma belle.
Camille est chanceux d'avoir une amie comme Lisa. A son âge, j'enchaînais les conquêtes. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Si on peut appeler ça des amis. C'était vraiment une sale période de ma vie. On peut dire que quitter mon ancienne vie pour venir m'occuper de Camille m'a aidé à me sortir de toutes ces galères.
Au début, la cohabitation entre nous était compliquée. J'avais à peine vingt-quatre ans lorsque l'assistance sociale m'a prévenu du décès des parents de Cam. Je n'avais aucune expérience avec les enfants, et encore moins les ados. Mais on a réussi.
Arrivé devant la voiture, côté passager, je lui ouvre la porte en inclinant le bras pour lui faire signe de s'installer et la referme derrière elle. Je contourne la voiture, me place derrière le volant et mets vite le contact afin qu'elle se réchauffe.
Je me tourne vers Lisa, elle a l'air pensive. Quand elle se rend compte que je la fixe, elle baisse la tête et rougit. Je secoue la tête et démarre. Square One du nouvel album de Coldplay résonne dans la voiture et je la vois se détendre presque immédiatement, un sourire se formant sur ses lèvres.
Elle ne doit pas se rendre compte à quel point elle est mignonne quand elle fait cette tête-là.
- Depuis que tu l'as acheté, tu n'écoutes plus que cet album, me dit-elle en redressant la tête.
- Qu'est-ce que tu veux, j'aime ce groupe.
- Oui, peut-être. Mais ça tourne à l'obsession. Tu ne crois pas ?
Je la regarde, lui souris et reporte mon attention sur la route. Nous roulons quelques minutes. Je l'entends fredonner, mais ne dis rien de peur qu'elle s'arrête.
Souvent, en passant devant la chambre de Camille, je les entends chanter et rire comme des enfants. Parfois, la porte de la chambre est ouverte et je m'amuse à les regarder. Lisa a une jolie voix, sauf qu'elle ne semble pas s'en rendre compte
- Donc, tu penses qu'on aura ce qu'il faut pour la soirée ?
-Oui, j’ai toujours un peu de stock au cas ou l’équipe passe à l'improviste, je réponds en lui faisant un clin d'œil. Ce qui lui fait monter le rouge aux joues mais je ne relève pas. J'ai récupéré quelques bouteilles de soda avant de venir.
- Du soda ?! s'indigne-t-elle.
- Oui
- Mais on n'est plus des gosses !
J'essaie de me retenir de rire en voyant l'expression de mécontentement sur son visage. Elle croise les bras sur sa poitrine et là je ne tiens plus, j'explose de rire. Ce qui durcit ses traits aussitôt.
- J'ai pris quelques packs de bière aussi, je chuchote.
Elle souffle.
- Bon, c'est mieux que rien. Tu m'as fait peur ! me dit-elle en me tapant sur le bras.
Elle sort son téléphone de sa poche et je me concentre sur la route.
Au bout de quelques minutes, elle redresse la tête.
- J'ai eu des nouvelles de Cam, il vient de faire une radio. Apparemment, tout va bien.
Je vois son visage, livide depuis quelques temps, reprendre des couleurs. Une légère teinte rosée apparaît sur ses pommettes. Et son sourire revient au galop. Je la préfère comme ça.
- Génial, je suis rassuré. Il avait vraiment l'air dans un sale état, tout à l'heure.
- Oui, j'ai hâte qu'il rentre et voir la tête qu'il fera quand il verra tout le monde !
- J'espère qu'il sera surtout en état de profiter de la soirée et de pouvoir rejouer rapidement après tout ça.
- Tu rigoles là ? On parle de Camille, je te rappelle. Bien sûr qu'il sera en état !
Je ris et hoche la tête, elle a raison.
Je gare ma voiture dans l'allée et nous sortons récupérer les boissons dans le garage avant de passer la porte de la maison.
On pose les caisses sur le plan de travail de la cuisine. Lisa s'active dans la cuisine pendant que je me dirige
le salon. Je range ce qui traine et fais de la place pour tout ce petit monde qui risque de débarquer d'un instant à l'autre. Je pousse quelques meubles contre le mur et dispose un peu partout dans le salon toutes les chaises pliantes et tabourets que nous possédons. Puis, je rejoins Lisa dans la cuisine.
En parlant de choses et d'autres, nous préparons quelques choses à grignoter pour nos invités. Rien d'exceptionnel, quelques bols de chips et de crackers que j'ai trouvé dans le buffet, des mini brochettes tomates-fromage.... ça fera l'affaire. Surtout que la plupart auront manger pendant la troisième mi-temps.
- Tu as dit à tes copines de venir ?
- A part Sophia, non. De toute façon, la nouvelle va se répandre si vite que tout le lycée sera là, ce soir, me dit-elle en rigolant.
- Tu es sérieuse ?! j'écarquille les yeux. Je n'avais pas prévu ça.
Elle rigole de plus belle.
- Non, juste une bonne partie, dit-elle en ayant faussement l'air rassurant.
Dans quel état sera la maison, demain matin ? Allez, ce n'est pas grave ils vont s'amuser, c'est le principal. Une victoire, ça se fête ! Et puis, ce n'est pas comme si ça se passait tous les week-ends à la maison.
La sonnette de la porte retentie. Je fais signe à Lisa d'aller ouvrir et sors des gobelets.
Des rires féminins me parviennent jusqu'à la cuisine et je devine que c'est Sophia , la meilleure amie dévergondée de Lisa. Je ne la sens pas, cette fille. Petite fille riche qui fait un caprice au moindre "non". En plus, elle a l'air de vouloir sauter sur n'importe quel mec, du moment qu'il a une paire de couille...
J'ai cru comprendre aussi qu'il y avait eu quelque chose entre elle et Camille il y a quelques temps. Heureusement que ça n'a duré que quelques mois. Je ne me vois pas faire un speech à Cam pour qu'il fasse attention à ce genre de fille.
Je ne comprends pas comment Lisa a pu se lier d'amitié avec cette fille, elles n'ont visiblement rien en commun. Lisa est douce, discrète. Belle au naturel, elle ne porte quasiment jamais de maquillage. Tandis que Sophia, est carrément l'opposée avec sa voix qui monte dans les aigus pour un oui ou pour un non, se met sur son trente et un pour acheter son pain, maquillée comme un pot de peinture. Non, décidément je ne comprendrais jamais.
J'entends à présent beaucoup de bruit, des voix masculines se font entendre et je comprends que les équipiers de Cam sont là.
Je prends deux plats et rejoins le salon. Lisa est penchée sur la chaine hi-fi et un instant plus tard la musique ricoche sur les murs du salon. Smile de Lilly Allen fait son entrée. Lisa se détourne de l'appareil, fière de sa trouvaille. Bon choix, pas trop agressif pour le début d'une soirée.
Je la vois s'avancer vers moi. Sophia l'intercepte pour lui parler dans l'oreille. Apparemment, ça doit être encore une de ses blagues très subtiles sur les mecs car je vois Lisa rougir comme une pivoine. Sophia rit et se retourne parler avec un des amis de Camille.
- Tout va bien ? Me demande Lisa, tout sourire.
- Ouais, et toi ?
- Oui. Tout le monde sera bientôt là, dit-elle en montrant l'entrée d'un mouvement de tête où une bande de filles juchées sur des talons aiguilles posent leurs vestes dans l'entrée.
-Heu... C'est ça tes copines ? je demande, l'air surpris.
Non mais sérieusement, on dirait que ces filles sortent d'une pub pour une marque de lingerie.
- Non ce doit être des copines de Max, souffle-t-elle.Tu baves Julien !
- Dis pas n'importe quoi ! Tu veux un verre ?
- Oui je veux bien. Cam ne va pas tarder, maintenant.
- Allez, je te sers une bière, c'est la fête ce soir !
- Non non, je m'en occupe, t'as bien le droit de te détendre de temps en temps.
- Ok merci, je lui réponds en la suivant quand elle se dirige vers la cuisine.
Elle sort deux bières du réfrigérateur, m'en tend une et s'appuie sur le plan de travail. Je m'adosse contre le placard face à elle. Nous sirotons nos bières en nous regardant. Elle a le teint légèrement rosi par l'air ambiant, des mèches s'échappent de son chignon qu'elle a fait à la va vite pendant le match et son mascara coule un peu sur ses yeux donnant un effet charbonneux.
- C'est vraiment gentil de ta part, Julien, d'avoir proposé de faire la fête ici, ce soir.
- Ah, ce n'est rien. J'aurais aimé pouvoir le faire à votre âge, tu sais. Ça ne me dérange pas, tant qu'ils ne démolissent pas la maison, dis-je en plaisantant.
Elle me regarde d'un œil que je ne lui jamais vu. A cet instant, Maxime entre dans la cuisine.
- Super teuf les gars ! en me tapant dans la main.
Il embrasse la joue de Lisa. Elle râle en le tapant sur le torse. Il me bouscule en ouvrant le réfrigérateur pour prendre une bière. Et de ce fait, je renverse la mienne, sur Lisa.
Elle hurle sur le coup et je m'empresse de prendre un rouleau d'essuie tout pour limiter les dégâts. Elle est complètement trempée.
- Non mais tu ne peux pas faire attention ?! rugit-elle à l'attention de Maxime.
- Ah pardon, je n'ai pas fait exprès. Cela dit, ça met ton corps en valeur, bébé. Tu devrais me remercier au lieu de râler, lui répond-il en remuant les sourcils.
Il me tape sur l'épaule et s'en va rejoindre ses amis.
- A des moments, ce mec m'insupporte !
- Allez viens, je vais voir ce qu'on peut trouver à ta taille, et tu vas te sécher, tu dégoulines de partout, lui dis-je pour détendre l'atmosphère.
Elle me sourit et prend la main que je lui tends.
Nous dépassons le salon, on aperçoit les filles se trémousser et Sophia agite les bras en direction de Lisa, qui secoue la tête et décide d'ignorer son amie.
Nous nous dirigeons vers la salle de bain. Je lui fais signe de s'asseoir sur le rebord de la baignoire.
- Ne bouge pas, je reviens dans une minute.
Je pars en direction de la chambre de Cam chercher un t-shirt qui pourrait faire l'affaire. Elle semble tendue. Lisa et moi nous connaissons depuis que je me suis installé dans cette maison.
Camille et elle étaient déjà inséparables à cette époque. Ils rentraient prendre leur goûter et faire leurs devoirs un jour sur deux à la maison, le reste du temps ils allaient chez elle.
Lisa reste souvent dormir à la maison quand l'ambiance est à l'engueulade chez ses parents. Je suis donc habitué à la voir dans les parages très souvent.
Je me sens soudain nerveux en pensant à elle. Je trouve un t-shirt dans les affaires de Camille qui devrait appartenir à Lisa, vu la taille. Je ressors de la chambre et je m'approche de la salle bain. J'ouvre la porte machinalement sans réfléchir.
Je m'arrête net en la voyant dos à moi, en soutien gorge. Merde. Elle se passe un peu d'eau sur le visage et ne m'a pas entendu arriver. Mes yeux dérivent sur son dos lisse et halé. Ils descendent le long de la courbe de ses fesses. Je sers les poings et parviens à me ressaisir. Je me sens soudain nerveux près d'elle.
Je sais ne devrais pas réagir en présence d'une fille aussi jeune, qui se trouve de plus être la meilleure amie de mon petit cousin.
Elle sursaute et mes yeux remontent aussitôt vers sa nuque. Elle me regarde à travers le miroir.
- Julien ! Tu pourrais frapper avant d'entrer ! dit-elle en essayant de se couvrir avec une serviette qu'elle attrape violemment.
Ses yeux s'écarquillent, elle mordille sa lèvre inférieure, les mains agrippées sur le bord du lavabo. Mince, ces lèvres... Je sens ma respiration s'accélérer.
J'essaie de lui sourire, gêné.
- Pardon, marmonais-je. Dé...Désolé ...
Elle se retourne dos au miroir et je lui tends le t-shirt en essayant de ne pas laisser mes yeux s’attarder sur son corps. Elle tend sa main vers moi.
- Vous faites quoi ?!
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