Chapitre 41

Camille

Je suis toujours sous le choc quand je passe la porte de la maison. Je passe devant le salon avant d'entrer dans la cuisine, quand je songe à mon amie. Au dernier moment, je recule et prends la direction de la salle de bain. Je me passe de l'eau sur le visage et me regarde dans le miroir. Je me dégoûte. Je repense à Lisa, je revois son corps si parfait dans ses draps immaculés de l'hôpital. Elle était tellement belle, tel un ange qui dort. Je voulais lui prendre la main, l'embrasser, lui dire à quel point je suis désolé, lui dire à quel point je l'aime.

Qu'est ce qui ne va pas chez moi ? Je n'ai jamais été aussi violent que depuis que j'ai compris quel était la nature des sentiments que je nourrissais pour Lisa. Je suis fou d'elle et quand j'ai vu les mains de Julien posées sur son corps, j'ai cru qu'on me transperçait le corps de part en part. Je l'avais déjà vu dans les bras de Simon. À ce moment, j'avais souffert mais la voir dans les bras de mon cousin m'a anéanti. J'avais confiance en lui, je me suis senti trahît. Quand je me suis lancé sur lui et que l'on s'est battu, je ne me suis vraiment pas rendu compte de mon geste. Quand je l'ai vu au sol, j'ai paniqué. Je redoute qu'elle reste dans le coma. Le médecin nous a dit qu'elle allait rapidement en sortir, mais que veut dire rapidement, une heure ? Une journée ? Un mois ? Un an ?

- On ne voulait pas te blesser.

La voix de Julien est froide. Je ne sais pas si c'est à cause de ce qui est arrivé à Lisa ou si c'est parce que j'ai essayé de lui casser la gueule. Je me retourne pour lui faire face. Il se tiens droit comme un piquet dans l'encadrement de la porte, les bras croisés au niveau du torse. Il a le teint terne et des poches se sont formées sous ses yeux.

- Et tu t'attendais à quoi ? Que je te saute dans les bras et que je te félicite d'avoir pris la fille que j'aime depuis toujours ?

- J'ai voulu te le dire mais Lisa repoussait l'échéance à chaque fois, qu'est-ce que je devais faire ? répond il, ses bras retombant le long du corps.

- M'en parler bien sûr ! Et c'est tellement facile de mettre tout ça sur le dos de Lisa. En même temps les absents ont toujours tord, c'est bien connu.

Un grand blanc s'installe entre nous. Je me demande à cet instant ce qui a pu pousser Lisa dans les bras de Julien. Est-ce que si je lui avais fait part de mes sentiments plus tôt cela aurait changé quelque chose ? Je souffre tellement de la voir avec un autre et d'avoir été trahie comme ça.

- Ca dure depuis combien de temps ?

- Bientôt deux mois.

Si je comprends bien, à son anniversaire, il était déjà trop tard...

- Qui de vous deux a fait le premier pas ?

- Elle m'a dit que je lui plaisait et je l'ai embrassé.

Je porte mon point à ma bouche et serre les dents. Reste calme Cam, zen ... me dis-je à moi-même.

- Tu sais qu'elle a dix ans de moins que toi ? Ça ne te gêne pas ?

- Non, elle n'est plus une enfant. C'est une femme et elle est libre de faire ses propres choix. Pleins de couples ont de grandes différences d'âge. Ce n'est plus un sujet tabou.

- Et ses parents ? Comment penses-tu qu'ils vont réagir ?

- Ils comprendront s'ils l'aiment.

Je respire de plus en plus fort en essayant de contenir ma rage. J'essaye de me dire que c'est un mauvais rêve et que je vais me réveiller bientôt. J'hésite à poser la question suivante.

- Vous êtes allé jusqu'où ?

- Cela ne te regarde pas, désolé Cam.

- Je pense que vu ce que tu as déclenché, tu peux au moins répondre à mes questions.

- Déclenché ? Non mais c'est à toi de maîtriser tes pulsions ! T'es pas foutu de te contrôler ! À cause de toi Lisa est dans le coma, putain !

- Je sais que j'ai merdé, mais je l'aime bordel ! Je suis fou d'elle à un point que tu n'imagines pas. Tu me l'as prise alors que tu savais quels étaient mes sentiments.

- Tu n'es qu'un égoïste !

Je ne sais plus quoi dire, il a raison. Je sais que j'ai tout gâché ce soir mais se l'entendre dire est différent. Je sens une grande vague de froid venir en moi quand Julien m'attrape violemment le bras .

- Tu dis que je t'ai pris Lisa mais as-tu pensé à ce qu'elle ressentait ? À ce que moi je ressentais ? Est-ce que tu t'es demandé si moi je l'aimais ? Parce que oui, je l'aime !

Il tape dans un mur, quitte la pièce et s'enferme dans sa chambre. Je m'empresse de rejoindre la mienne, claque la porte violemment avant de me déshabiller et me glisse dans les draps sachant pertinemment que je ne vais pas dormir. Je réfléchis à ce que m'a dit Julien.

Leur histoire a commencé il y a quasiment deux mois. C'est-à-dire avant l'anniversaire de Lisa. Ce même anniversaire où elle était sur mes genoux en train de m'embrasser. Alors même si elle m'a repoussé, je sens que tout n'est pas perdu.
Quand je pose mon téléphone je vois plusieurs appels manqués de Lucie. Il va falloir que je règle ce problème aussi. Le plus tôt sera le mieux.

<3

Je vois les rayons du soleil passer à travers les volets, signifiant que la nuit est terminé. J'ai passé sept heures dans mon lit à me demander comment j'allais rattraper le coup au sujet de Lisa. Il faudrait déjà qu'elle se réveille...

J'ai envoyé un message à Max pour qu'il me rejoigne chez moi prendre le petit déjeuner. Quand il arrive, je lui explique ce qui est arrivé, il est stupéfait. Julien vient prendre un café, il salue Maxime d'un mouvement de tête mais il ne me regarde et ne me parle pas. Ca tombe bien car je suis encore fou de rage contre lui. Comme nous montons en voiture enfin pour aller voir Lisa, je sens mon portable vibrer dans ma poche. Quand je vois le nom de Sophia marqué sur l'écran je me rends compte que j'ai totalement oublié de la prévenir des événements d'hier. J'hésite à la basculer directement sur messagerie car à coup sûr elle va m'en mettre plein la gueule.

- Allo ?

- T'es qu'un connard Camille ! Ma meilleure amie est à l'hosto et tu ne me préviens pas ?! Eloïse et Charles m'ont appelé ce matin pour me dire qu'elle était dans le coma !

- Je suis vraiment désolé Sophia, hier j'étais totalement déboussolé. Je suis en route pour l'hôpital avec Maxime on passe te prendre si tu veux ?

- T'as cinq minutes !

J'en prend dix afin de passer chez le fleuriste prendre un bouquet de pivoine rose. La fleuriste me fait un sourire en coins mais je suis trop préoccupé pour m'en soucier.

- Les pivoines ont la côte ce matin, me dit-elle joyeusement.

Je comprends qu'une autre personne a acheté ces mêmes fleurs. Les pivoines correspondent tellement bien à Lisa, sa couleur pastel comme ses pommettes, sa douceur, son élégance et son parfum si subtil. Je paye la fleuriste qui me lance un regard aguicheur auquel je ne réponds pas et file rejoindre Max dans la voiture. Je me fais allumé une fois arrivé devant chez Sophia suite à notre conversation du matin mais aussi pour mon retard. Une fois de plus, je raconte ce qui s'est passé, la tête baissée.

- Je m'en doutais, dit elle d'un voix basse.

- Quoi ? demande Maxime.

Elle qui est si enjouée d'habitude est plutôt morose ce matin. Elle a du mal à gérer ses émotions. Je vois des larmes perler au bord de ses yeux dans le rétroviseur.

- J'aurais dû insister pour qu'elle me parle. Si elle m'avait dit ce qui se passait, j'aurais tout fait pour qu'elle te le dise et à l'heure d'aujourd'hui elle ne serait pas dans un lit d'hôpital.

- Ca n'aurait pas changer grand-chose. Rien que de les imaginer s'embrasser j'ai envie d'éclater ma voiture. Je ne sais pas comment j'aurais réagis.

- Tu n'aurais pas été si violent, Cam. Je te connais, c'est pas toi ça.

- J'en ai bien peur. Depuis quelques temps je déconne, je n'arrive pas à canaliser ma colère.

- Il va falloir que tu bosses dessus, Cam.

- J'ai décidé de voir un psy ...
je fuis son regard en lui avouant ça.

J'ai tellement honte de mon comportement que je suis prêt à faire n'importe quoi pour prouver à Lisa que je vais changer.

- Si ça peut t'aider, n'hésite pas.

Je n'avais pas remarqué que, pendant que l'on discutait, Maxime restait silencieux, la main de Sophia dans la sienne pour la réconforter.

Le vibreur de mon téléphone me sort de ma contemplation. Sophia le prends et allume l'écran.

- Je crois que tu vas avoir des problèmes avec ta copine, me dit-elle en fronçant les sourcils.
Elle me montre l'écran pendant un feux rouges et je vois plusieurs messages d'une Lucie folle de rage. Je l'avait complètement oublié. Je soupire.

- Laisse, je lui répondrais plus tard, lui dis-je en me concentrant sur la route.

En arrivant au centre hospitalier, le parking est déjà plein à craquer. On se trouve une place minuscule, où il est difficile de sortir par les portières. Sophia vient me faire un câlin afin de me réconforter.

- Elle ne t'abandonnera pas, me dit Sophia a l'oreille.

- Quoi ?

- Elle ne t'abandonnera jamais. Tu es son ami le plus précieux, plus que moi-même. Elle t'aime.

- Je ne veux pas qu'elle m'aime comme ça.

- Il faut t'en contenter pour l'instant.

Je ne réponds rien et nous nous dirigeâmes vers la porte de sa chambre en espérant que Lisa soit réveillée.

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