Camille

3 mois plus tôt

Un samedi après-midi, on était dans ma chambre et Sophia nous parlait de sa nouvelle vie parisienne, la radio en fond. Lisa entend la voix de son «nouvel amoureux de tous les temps ». Elle se lève si vite qu'on se demande à ce moment-là si elle n'est pas montée sur ressorts, et se met à danser la chorégraphie du clip. Sophia, jouant le jeu, se place à côté d'elle et elles se mettent à danser ensemble en criant les paroles.

- Les filles vous faites n'importe quoi ! je lance à leur attention.

- Bah viens nous montrer, petit malin ! rigole Lisa.

- Oui Beaulieu, montre-nous de quoi tu es capable.

- Les filles, vous serez incapables de me suivre, je leur réponds en rigolant.

Sans que je ne me rende compte les filles se ruent vers moi et me force à me lever. Leur effort me dissuade de les en empêcher, c'est qu'elles sont coriaces, mes copines ! Et me voilà leur apprenant les pas de Monsieur Crawford. C'était marrant jusqu'au moment où, me retournant face à la porte, je vois Julien qui se retient de rire. Je ne sais depuis combien de temps il est dans l'encadrement de la porte, mais à la façon dont les filles se tordent de rire, je doute qu'il vienne d'arriver. Adieu, virilité. C'était sympa de te connaitre...

Depuis ce moment, dès que nous sommes réunis tous les cinq, Julien ne perd jamais l'occasion de revivre ce moment.

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- Lisa, non s'il te plaît. Ne me fais pas ça, je lui dis alors qu'elle se démène pour me conduire jusqu'à Sophia.

- Allez lâche toi un peu, Cam. On va s'amuser, me dit Lisa avec un grand sourire.

Je vois de la malice dans son regard, et me surprend moi-même en m'entendant dire « ok ». Je suis incapable de lui dire non.

Cette fois, ce n'est pas dans ma chambre mais bien dans le bar bondé de mon cousin. Ils vont me le payer !

Les filles rigolent en me forçant à bouger les bras. Au bout de quelques secondes mes jambes commencent à suivre le rythme et je les suis.

Nous finissons la chanson, les filles dansent autour de moi, comme si j'étais le seul homme de la terre et je joue le jeu. Je profite que Lisa pose ses mains sur moi et savoure ce contact.
On se lâche et nous continuons à nous déhancher, morts de rire.

La chanson prend fin pour être remplacée par une chanson de Craig David, plus douce.

Assoiffés, nous retournons vers le bar retrouver Julien.

- Hey beau gosse ! s'exclame Sophia en désignant Julien. Une tournée de shots s'il te plaît. C'est moi qui régale !

- Une bière pour moi, je conduis, Et du soft pour Lisa, dis-je quand il vient vers nous.

- J'ai dix-huit ans le mois prochain, c'est bon maintenant, s'échauffe Lisa.

- Exactement ! Ce sera une avant-première et puis je commande, le barman est pas censé savoir qui boit le verre.

- Allez Cam, je ne risque rien avec toi... me glisse-t-elle à l'oreille.

Sa proximité me déclenche un frisson.

Julien rigole encore de notre prestation. Je fronce les sourcils et il se retient, jusqu'à exploser de nouveau de rire avant d'aller de l'autre coté du bar servir de nouveaux clients. Cette chanson me poursuivra toute ma vie...

Lisa, témoin de cet échange se rapproche à nouveau de moi et m'embrasse sur la joue.

- C'était super, merci pour la danse.

L'employé de Julien demande sa carte à Sophia et sert les shots. Je vois Lisa essayer de boire son shot de tequila comme une pro sous les conseils de son amie. D'abord elle lèche le sel, enquille avec le shot et manque de s’étouffer avant de mordre dans le citron vert. Je lui tapote dans le dos et essuie avec mon index la goutte d'alcool qui perle au creux de ses lèvres. Elle se met à rougir et je lui glisse à l'oreille.

- Ca suffit pour ce soir, jeune fille.

- Ok monsieur gentleman.

Elle prend Sophia par la taille et retourne danser. Pendant ce temps, je discute avec quelques connaissances qui prennent du bon temps. Lisa se déhanche et je peux voir plusieurs paires d'yeux dirigées vers elle. Je surveille ses moindres faits et gestes. En plus j'ai l'impression que l'alcool lui monte peu à peu à la tête. 

Elles reviennent s’asseoir quelques instants. Sophia commande un mojito et Lisa se tourne vers elle pour lui parler dans l’oreille.

- Beaulieu, on va aux toilettes. Tu gardes un œil sur nos verres, dac ? me dit Sophia en s'éloignant avec Lisa.

Je ne lui réponds pas, elles sont déjà loin et je ne suis pas sûre qu'avec ce vacarme, elles puissent m'entendre.

Julien me fait passer ma bière et retourne servir d'autres clients.

- La place est libre? me demande une voix féminine que je ne connais pas.

Je me tourne et mon regard se fige sur un décolleté ultra pigeonnant. Elle est tellement grande sur ses plates formes, que je dois lever la tête pour la regarder dans les yeux. Elle est blonde décolorée avec des mèches rouges dans le style de Christina Aguilera à ses débuts. Trop extravagante pour être à mon goût avec sa micro jupe en jean, et son haut blanc qui ne laisse rien envisager de ce qui se passe en dessous tellement le décolleté est ouvert.

- Non elle est prise ! crie Lisa derrière moi, la main sur mon épaule.

Sophia passe devant la blonde et s'assoit sur la place désignée. La fille me regarde en grimaçant.

- Tu aurais pu trouver mieux ! me crie-t-elle.

Je souris de toutes mes dents en sentant Lisa se coller à mon dos.

- Désolé ! je lui réponds, un grand sourire au levres.

Lisa vient se mettre entre le comptoir et moi, se tourne vers moi, adossée au comptoir.

- C'était qui ? me demande elle, soudain sérieuse.

- Je ne sais pas.

- Tu ne sais pas ?

- Bah non c'est la première fois que je la voie et vous l'avez dégagé comme une mâle propre, je dis en les montrant du doigt, Sophia et elle, tour à tour.

Le regard de Lisa paraît s'adoucir.

Elle se retourne pour interpeller Julien. Je donne un coup de coude à Sophia qui a le nez sur son téléphone.

- Ton mec te manque ?

- Lequel ? me répond-elle, sans lever les yeux.

J'explose de rire.

Je suis content qu'on ne soit plus ensemble ! Elle m'en aurait vraiment fait baver.

Je remarque que Lisa parle avec Julien, ils s'entendent vraiment de mieux en mieux ces deux-là. Ce n'est pas qu'ils ne s'entendaient pas, juste que c'est toujours très formel entre eux d'habitude. Les années ont passé et ce soir, quand je les regarde, je peux voir que les choses changent, en bien.

Lisa se met à rire sans pouvoir s'arrêter à une blague de Julien que je n'entends pas à cause du bruit alentour. Je me dis qu’elle a pas mal bu ce soir, un mojito et un shot, c'est déjà beaucoup pour quelqu'un qui ne boit jamais. J'écarte une de ses mèches encadrant son visage.

- Tu te sens bien ? je lui demande dans l'oreille.

- Ah Cam tu es la ! je me demandais où tu étais passé.

- J'étais juste derrière toi, je lui dis, me contenant de rigoler.

- Mais nnoooonnn... tu dis n'importe quoi. T'étais parti et là pouf t'es revenu ! comme par magie !

On se regarde avec Julien. Ouais, on est d'accord, elle a bien picolé, faut que je la ramène.

- On ferait mieux de rentrer Lisa, le bar ferme bientôt, et tu dois rejoindre ta mère tôt, non ? je lui demande doucement.

- Oh déjà ?

Je vois Lisa fixer méchamment la personne qui vient de s'adresser à moi et me tourne pour voir qu'il s'agit de la blonde de tout à l'heure.

- Heu pardon ? je lui demande.

- Tu ne vas pas partir maintenant alors qu'on n'a pas encore fait connaissance, quand même.

- Et bien si, c'est ce que je comptais faire, justement, je lui réponds, me forçant à ne pas descendre le regard.

- Si ta copine ne se sent pas bien, on peut appeler un taxi pour la ramener. Comme ça, tu peux rester et on pourrait s'amuser ensemble, me dit-elle en baladant ses doigts sur mes abdos.

Elle n'a pas froid aux yeux celle-là !

J'entends Lisa grogner près de moi. Et je me reprends.

- Très tentant, mais non merci, lui dis-je ironique.

Sophia et Lisa pouffent en mettant leurs manteaux.

- Très tentant ! répète Sophia.

- Moi, par contre, je veux bien m'amuser avec toi, lui dis Julien avec son regard de playboy. Mais, je dois fermer le bar avant.

Lisa se retourne vers lui en écarquillant les yeux.

- T'es pas sérieux ?!

- On a qu'une vie ma jolie, lui répond-il en se dirigeant vers les derniers clients qui dansent au milieu du bar.

La fille nous regarde Lisa et moi.

- Dommage pour toi, ton copain fera l'affaire. Peut être la prochaine fois, me dit-elle, un sourire aguicheur aux lèvres.

- C'est ça ! Allez les filles vous êtes prêtes ? m'adressant à Sophia et Lisa qui n'ont pas perdu une miette de la scène.

Elles acquiescent d'un mouvement de tête en même temps.

Julien embrasse les filles en leur souhaitant une bonne nuit. Il me tape sur l'épaule, me disant de faire attention et de ne pas l'attendre en m'adressant un clin d'œil. Je souris et suit les filles qui sont déjà devant la porte du bar.

Je déverrouille la voiture, Lisa s'installe côté passager et Sophia derrière elle.

- Je ne l'aime pas cette fille, ronchonne Lisa.

- Tu ne l'as connait même pas, rigole Sophia.

- Non mais de ce que j'ai vu, elle m'a l'air d'une vraie trainée.

Sophia rigole. Lisa allume la radio et nous ne parlons plus pendant le reste du trajet.

Nous ramenons Sophia chez elle et roulons en direction de notre quartier, je jette un œil vers Lisa et la voit qui regarde le paysage défiler à travers la vitre, pensive.

- Ça va ? je demande en fixant la route.

- Je crois que je vais être malade, dit-elle doucement.

- On arrive dans deux minutes, essaye de te retenir. Sinon, je te fais nettoyer ma caisse avec la langue.

- Beurk, dis Lisa en rigolant.

J'accélère et quelques secondes plus tard, garé dans l'allée, je saute de la voiture, la contourne pour l'aider à sortir. Elle tient à peine debout et rigole.

- C'est passé mais je ne crois pas être capable d'arriver jusqu'à mon lit.

- Ok suis moi.

Je passe un bras sur sa taille et l'aide à marcher jusqu'à la porte de chez moi. Elle trébuche, rigole encore, me dit qu'elle est contente d'avoir vu Sophia. Je souris et lui réponds que moi aussi.

Quand j'arrive devant l'escalier en bois massif, je me rends compte qu'elle ne pourra jamais monter les marches toute seule. Sans rien dire, je passe un bras sous ses genoux et raffermit l'autre sur sa taille et la soulève.

- Mon prince charmant, dit-elle en passant ses bras autour de mon cou, le sourire aux lèvres.

J'éclate de rire et monte les marches. Arrivé dans ma chambre, je l'assois sur mon lit et me dirige vers la commode pour en sortir un de mes t-shirt. Quand je me tourne vers Lisa, elle fait l'ange sur mon lit en chantonnant quelque chose qui ne me dit rien. Je m'approche et lui tend mon t-shirt.

- Tu te sens capable de te changer, princesse ?

- Moui, je pense. Tourne-toi !

Je secoue la tête et descend dans la cuisine lui chercher un verre d'eau. Quand je remonte, je la trouve endormis sous les draps, sur le dos, bras et jambes écartées. Elle a dû s'endormir en continuant de faire l'ange. Je ris doucement, pose le verre d'eau sur ma table de nuit.

J'enlève mon jean et mon t-shirt et me glisse à ses cotés la poussant délicatement. Elle se retourne en marmonnant quelque chose d'incompréhensible, je décide de laisser tomber. J'en connais une qui a bien profiter de sa soirée.