Chapitre 38
Camille
Mercredi
- Salut. On peut parler ? me demande une voix derrière moi.
Je m’arrête au milieu du couloir du lycée me faisant bousculer au passage par un deuxième année.
- Fais gaffe, mec !
- Désolé, lui dis-je, me déplaçant sur le côté.
Mes yeux se posent sur la personne qui m’a interpellé et qui attend que mon attention se concentre sur elle à présent.
- J’ai appris que tu étais malade, tu vas mieux ?
- Oui, je suis en super forme, tu ne vois pas ? lui dis-je en fourrant mes mains dans mes poches, un sourire aux lèvres.
- Pourquoi tu as filtré mes appels ? Tu n’as pas daigné répondre à un seul de mes messages. Je peux savoir pourquoi j’ai dû demander des nouvelles de mon petit ami à son meilleur ami ?
Les yeux de Lucie me fixent avec intensité. Je la regarde, qui se tient nerveusement devant moi, ne sachant pas quoi faire de ses mains. Elle est moins apprêtée qu’à son habitude, vêtue d’un simple jean bleu pâle, un chemisier et des bottines noires. Elle n’est quasiment pas maquillée et a laissé ses cheveux lâchés. Toute son assurance semble avoir disparu, néanmoins, elle n’a jamais paru aussi belle.
Je passe les mains dans mes cheveux pour rassembler mes pensées. J’étais tellement mal, suite à ma découverte de dimanche, que j’en étais malade toute la nuit, à me tordre en deux devant les WC. La gastro était la raison la plus plausible pour avoir la paix et sécher les cours sans qu’on ne pose de question. Je n’ai répondu qu’à Maxime et Lisa en restant bref et en espérant que l’un d’eux avertisse ma copine.
- Je suis désolé, j’étais au plus mal. Je n’ai fais que dormir.
- Tu te fiche de moi ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? J’aurais pu m’occuper de toi…
- Je préférais rester seul, ne m’en veux pas, je réponds en me rapprochant d’elle.
- Ou tu ne voulais pas que je sois entre ta « meilleure amie » et toi !
Elle se retourne et fais un pas dans la direction opposée quand elle se retourne subitement sur moi.
- J’espère que vous vous êtes bien amusés !
Je n’attends pas qu’elle s’en aille et fonce presque droit sur elle, prenant son visage dans mes mains le rapprochant du mien jusqu’à ce que nos fronts se touchent.
- Ne dis pas n’importe quoi, je lui chuchote.
Nos lèvres se frôlent, Lucie entrouvre les siennes et je sens sa respiration irrégulière passer sur mon visage.
- Tu m’as manqué, j’ajoute. Je suis désolé de ne pas t’avoir donné de nouvelles. J’avais besoin d’être seul. Je te jure que ni Lisa ni personne d’autre n’était avec moi.
Je ne lui laisse pas le temps de me répondre. Mes lèvres fondent sur les siennes toujours entrouvertes. Ma langue passe entre elles et titille la sienne jusqu’à sentir cette dernière accélérer la cadence. Une de ses mains agrippe ma nuque pendant que l’autre tient fermement mon avant bras.
La sonnerie retentit et nous nous écartons brusquement l’un de l’autre, essoufflés.
- Hey mon pote, tu t’amènes ? dit Max, me tapant sur l’épaule en passant devant moi.
Je ne réponds pas, les yeux rivés sur Lucie.
- Ça te dis qu’on sorte vendredi ? Juste nous deux ? je lui demande doucement.
Je vois son regard s’illuminer instantanément.
- Tu as intérêt à sortir le grand jeu si tu veux que je pardonne ton comportement de petit ami ingrat, me dit-elle en tirant la langue.
Je ris et la prends dans mes bras. Je lui embrasse la tempe et m’éloigne.
- Je t’appelle ce soir. Promis.
Elle ne réponds pas, me sourit et s’éloigne en direction de son prochain cour.
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- Bon, qu’est ce que tu compte faire ?
J’ai tout révélé à Maxime, lundi soir, quand il s’est pointé à la maison, les bras chargés de bière, de chips et d’autres cochonneries en tout genre. Je ne savais pas, à part mon meilleur ami, vers qui d’autre me tourner. Je sais qu’il gardera tout pour lui. Il a plutôt intérêt, vu les dossiers que je garde de lui, depuis que nous sommes petits.
Il a halluciné, au début, puis m’a dit qu’au fond, si c’est avec Julien que sort Lisa depuis tout ce temps, c’est que ce doit être plus qu’une histoire de sexe. Il n’a pas tort, Julien ne se prendrait pas la tête pour une vierge, quel qu’elle soit. Il passerait à l’acte ou deguerpirait, il n’a pas le temps de sortir le grand jeu. A moins qu’il tienne à cette fille, dans ce cas là, j’avoue que ni Max ni moi ne connaissons le Julien romantique et prévenant qu’il semble être avec Lisa. C’est l’unique raison pour laquelle je ne lui ai pas encore sauté à la gorge.
Max me donne un coup de coude, les yeux rivés sur la prof de français.
- Tu ne réponds pas…
- Je ne sais pas. Julien est parti précipitamment lundi matin, suite à un coup de téléphone. Une urgence avec sa mère apparemment. Il ne rentrera que vendredi soir. Je vais attendre son retour pour leur parler, je pense.
- Ok. Tu ne veux pas profiter de son absence, justement, pour parler avec Lisa ?
- Non. A moins qu’elle décide de m’en parler la première.
- Mouai. Cette histoire est d’un compliqué, soupire mon ami.
La sonnerie annonce la fin du cours et de la journée, Max et moi sommes les premiers à franchir la porte pour nous ruer vers le terrain pour l’entraînement.
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Vendredi
J’attends Lucie qui est rentrée chez elle pour se changer. J’ai prévu de l’emmener manger sur la plage devant le coucher de soleil puis d’aller boire un verre au Door. Mes pensées sont tournées vers Lisa qui n’a toujours pas abordé sa relation avec Julien. Je ne sais pas pourquoi elle me le cache. Peut être qu’elle attend son retour pour ne pas être seule quand il sera temps de m’affronter…
Je suis tellement absorbé par eux que je ne m’aperçois pas de la présence de ma petite amie quand elle entre dans la voiture.
- Tout va bien ? me dit-elle, la main sur mon bras.
- Oui, oui. J’étais dans mes pensées, excuses moi.
- Et… A quoi pensais tu ?
- Oh tu sais, de choses et d’autres.
Je la vois s’enfoncer dans son siège, la mine renfrognée. Je met le contact et sors de son allée.
- Oui, tu pensais à Lisa…
Je soupire face à sa réaction.
- Oui, entre autre…
- Tu ressens encore des sentiments pour elle ?
Je jette un regard vers elle qui a les yeux rivés sur la route.
- Écoute Lucie…
- Je le savais. Quoi que je fasse, elle aura toujours plus d’importance à tes yeux que moi.
- Mais pourquoi tu dis ça ? C’est avec toi que je sors non ? Où est Lisa en ce moment ?
- A toi de me le dire. Vous êtes tellement proches. Plus proches qu’on ne le sera jamais…
- Et bien, je n’en sais rien ! Et je m’en fou ! Parce que j’ai décidé d’être avec toi, merde Lucie !
- Ne me prends pas pour une conne, Camille ! Tu es avec moi par dépit, pour te consoler de ne pas pouvoir être avec elle.
Je profite d’être à l’arrêt pour la regarder. Elle est furieuse, ses doigts sont si crispés entre eux que ses phalanges en deviennent blanches. J’essaie de dénouer ses doigts pour prendre sa main mais elle me rejette.
- Je ne vais pas te cacher la vérité, Lucie. C’est vrai qu’au début de notre relation c’était effectivement comme ça que je voyais les choses. Mais maintenant, maintenant je commence à m’attacher à toi et je t’apprécie beaucoup.
Je souffle. Elle lève la tête vers moi, l’éclairage des lampadaires se reflètent dans ses yeux, elle a l’air peinée.
- Je ne veux pas que tu te considère comme une roue de secours. Parce que clairement, Lucie, tu l’étais peut être au début. Mais plus maintenant…
J’ai à peine finis ma phrase qu’elle me saute dessus. Sa bouche se colle brusquement à la mienne et je gémis malgré moi.
Nous sommes interrompu par les klaxons des voitures derrière nous. Nous rigolons et elle pose la tête sur mon épaule pendant que je me concentre de nouveau sur la route.
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Après avoir échappé à un orage venu soudainement, nous nous sommes réfugiés au Door il y a un peu plus d’une heure. Ma copine danse sur la piste avec ses amies et je suis au bar avec Max. Il me parle de son rencard qui s’est terminé brutalement.
- J’y crois pas ! lui dis-je, hilare.
- Je te jure…
Il soupire, la tête dans ses mains, accoudé au comptoir.
- J’ai vraiment la poisse, quand il s’agit des filles, reprend-il.
- Allez mon pote, ça va allez. Tu tomberas sur une chouette fille, t’inquiète. Remets toi en selle dès maintenant ! je lui dis en me tournant vers la piste.
Nous regardons les filles se trémousser sur Senorita de Justin Timberlake. J’aperçois Lucie avec ses copines. Elle tourne sur elle-même et la jupe de sa robe se soulève légèrement, dévoilant la dentelle de ses bas. Je relève les yeux jusqu’à son visage. Elle me fixe, si intensément que je ne peux lâcher prise, l’impression qu’elle me tient en otage.
- Elle est canon la copine de Lucie.
- Qui ? Sandra ?
- Je sais pas, celle qui danse avec elle.
- Ouais. Tu veux qu’elle te la présente ?
Max semble hésiter.
- Non, pas ce soir, Cam. Je ne le sens pas, une autre fois.
- Comme tu veux, je lui dis les yeux toujours rivés sur ma petite amie.
- Salut les gars !
Une voix de fille nous interromps et nous nous tournons vers elle comme un seul homme.
- Sophia ? Qu’est ce que tu fais là ? Tu ne devais venir que dans trois semaines, non ? lui dis-je en la prenant dans mes bras pour la saluer.
- J’avais besoin d’air. Avec les examens de fin d’année… et puis ma coloc me rend barge. Je repars dimanche soir.
Maxime la prend dans ses bras à son tour.
- Tu ne veux pas me tenir compagnie pendant le week-end ? Je me sens seul, lui dit-il en faisant la moue.
Nous rigolons Sophia et moi.
- Oh que non, Max ! Je te connais, tu attendras cinq minutes avant de me sauter dessus. Vas te trouver une godiche pour te supporter.
Elle me tape dans la main pendant que notre ami se renfrogne sur son tabouret sa bière à la main.
- Où est Lisa ? demande Sophia en parcourant le bar des yeux.
- Je crois qu’elle avait quelque chose de prévu avec ses parents, ce soir.
- Ah…
Je sens des mains parcourir mon dos de haut en bas puis glissant entourer ma taille.
- Salut, Sophia c’est ça ? dit Lucie.
- Ouais, salut, lui repond- elle en fronçant les sourcils.
Elle me regarde intensément, puis ajoute plus bas à mon intention :
- Tu sors avec elle ?
Je hoche la tête.
- Ouais, Lisa ne voulant pas de lui, il a bien fallu qu’il trouve quelqu’un pour satisfaire ses besoins, ajoute Max les yeux dans le vide.
Nous le regardons, tous les trois choqués de son intervention.
Il se redresse d’un coup et tourne la tête vers nous, les yeux écarquillés.
- Merde ! J’ai vraiment dis ça ?
Lucie hoche la tête, les larmes aux yeux avant de s’enfuir hors du bar.
Je tape du poing sur le bar et nos bières s’entrechoquent.
- Putin Max ! Tu fais chier ! Déjà qu’elle a du mal à me faire confiance, la je peux te dire que tu as tout foutu en l’air.
- Je suis désolé Cam, c’est sorti tout seul…
- Ouais, tu ferais bien d’arrêter de boire, je lui dis en enfilant rapidement ma veste.
Sophia se rapproche de moi.
- Tu sais qu’il n’a pas tort. Et puis, Lucie, sérieusement ?
- Écoute Soph’, je n’ai pas de compte à te rendre. On s’entend bien, elle est douce et gentille avec moi, alors oui, je sors avec elle, enfin maintenant je ne sais pas.
Je dis ces derniers mots en regardant méchamment mon meilleur ami.
- Pardonne moi, Cam.
Puis je cours à la poursuite de ma copine.
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