Chapitre 22
Camille
Il est 17 heures 05 quand j'attends Lisa devant le lycée. J'envoie un SMS à Julien pour le prévenir que je vais bientôt arriver.
- Salut Camille !
Je lève les yeux de mon portable et vois une Lucie souriante.
- Ça va ? Je baisse légèrement la tête pour lui faire la bise.
- Oui ça va, le week-end s'est fait attendre, soupire t-elle. Comment va ton épaule ?
- Ça se remet plutôt bien. Je me suis enfin débarrassé de cette atèle qui me gâchait la vie.
Elle rit.
- Aller courage. Bientôt, ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
- Oui... bientôt, je soupire.
- J'ai croisé Max, cette semaine. Il m'a demandé si je pouvais l'accompagner, pour demain.
- Ha ? Et t'as répondu quoi ?
- On a un match demain en début de soirée. Je pourrai essayer de venir mais... Je ne sais pas... je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de venir, j'aurais l'impression de m'incruster.
- Bien sûr que non ! Je compte sur toi, je lui dis en appuyant mon index sur son épaule.
Je vois apparaître dans mon champs de vision, une silhouette que je reconnaîtrais entre mille.
Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine et je sens des fourmillements dans mon ventre. Je lève la tête et vois Lisa descendre les marches du lycée. Je souris.
- Lucie je dois y aller. À demain alors ?
- Ok bonne soirée ! dit elle en me faisait un au revoir de la main et s'éloigne.
Je regarde Lisa qui s'approche, en saluant poliment Lucie quand elles se croisent. Je la prend par l'épaule et nous conduit jusqu'à ma voiture.
- Qu'est ce qu'elle voulait ?
- Rien, on discutait, c'est tout.
- Vous discutiez ? De quoi ?
- Bahhh de choses et d'autres. On parlait de l'entraînement, de la fin de la semaine et du week-end qui commence.... Et toi c'est quoi cet interrogatoire ?
Nous nous séparons, arrivés devant la voiture, pour nous installer à l'intérieur.
- Oh pour rien. Elle te plais ? dit Lisa avant d'ouvrir sa portière, monter en voiture et claquer la portière.
Je marque un temps d'arrêt. Puis j'explose de rire avant de lever les yeux au ciel et de m'installer derrière le volant.
- Tu nous fais quoi là ? je lui demande.
- Tu ne réponds pas à ma question, me répond Lisa, les yeux remplis d'un mélange de malice et d'un. .. Je ne sais quoi.
- Qu'entend tu par « elle me plaît » ? Elle est sympa, plutôt jolie, mais ça s'arrête la.
- C'est vrai ? Je vois bien comment elle te regarde. Tu peux me le dire tu sais.
J'ouvre grand les yeux.
- Te dire quoi ?!
Elle baisse la tête.
- Je vois bien aussi la façon dont tu la regardes...
J'approche ma main sous son menton et le relève pour la regarder dans les yeux où toute trace de malice a disparue.
Elle a les joues roses comme si elle avait chaud et ses yeux me fuient. Elle paraît gênée. Je suis presque sûr de savoir ce qu'elle ressent à ce moment.
Je souris et après avoir démarrer, je m'engage dans la circulation assez dense en cette fin de journée.
- T'en fais pas pour moi, je lui dis en lui adressant un clin d'œil.
Elle ne répond rien et se plonge dans ses pensées pendant le reste du trajet.
Je la dépose devant la boulangerie de sa mère au moment de reprendre ma route je reçois un SMS. Il est de Julien qui me dit de laisser tomber pour ce soir, qu'il a trouvé une camionnette de livraison pour les caisses que je devais récupérer au Door.
Je démarre et rentre à la maison, l'album d'Eminem à fond.
Arrivé chez moi, je règle les derniers détails pour demain avec Maxime. Notre conversation dure des heures, je suis si fatigué que je ne sens pas le sommeil me gagner quand je m'endors sur le canapé devant la télé.
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"Cam ça va ? N'oublie pas le repas de ce soir avec mes parents. Tu nous rejoins à la boulangerie à la fermeture ? Bisous."
C'est la première chose que je vois en me réveillant. Le message que Lisa m'a envoyé ce matin. Elle croit vraiment que j'aurais pu oublier l'occasion d'être prêt d'elle pour son anniversaire ? Impossible. Il est treize heures passé quand je regarde l'heure sur mon portable. Il faut que je m'active.
Je passe ma journée à m'occuper de mettre la maison un peu en ordre. Julien est en permanence au bar depuis le début de la saison. Il voudrait trouver quelqu'un pour l'aider un peu en plus de son apprenti, mais il est très exigeant. Ce qui fait que jusqu' ici, il a refusé toutes les personnes qui se sont présentées.
Une fois fini, je regarde l'heure et il est presque dix-huit heures. Je m'empresse de me préparer pour rejoindre Lisa et ses parents en ville. Je sors de mon armoire un jean bleu brute, une chemise bleu claire et une paire de tennis blanche. J'ébouriffe mes cheveux avec une pointe de gel pour leur donner un effet « sortie du lit » comme dit Lisa. C'est pour elle que je me coiffe de cette façon, elle adore. Je prend mon Teddy, posé sur le dossier d'une des chaises du salon, mes papiers, mon téléphone et mes clés et me dirige vers la porte d'entrée.
Une fois garé, je me dirige à pied jusqu'à la boulangerie de ses parents. Ils sont en train de fermer. Je suis pile à l'heure.
- Bonsoir monsieur et madame Hamilton. Je souris à Lisa et tend ma main pour serrer les leurs tour à tour.
- Camille tu pourrais nous appeler par nos prénoms, depuis le temps !
Sa mère me rabâche cette phrase depuis qu'ils sont entrés dans ma vie. Mais il n'y a rien à faire, je me sens gêné de les appeler autrement que par leur noms.
Lisa voit mon expression gênée et oriente ses parents sur la route du restaurant. Je les suis.
Nous marchons tranquillement sur le trottoir en parlant des cours et des examens à la fin de l'année. Nous arrivons devant le restaurant.
Nous sommes samedi soir et il y a pas mal de monde. Certains clients ont le courage de manger sur la terrasse mais ce n'est pas notre cas. Bien que l'été arrive à grand pas, les soirées sont encore fraîches. C'est marrant de se dire que nous sommes à 150 mètres du Door et que l'ambiance n'est pas du tout la même.
Ici, c'est plutôt guindé. On entre dans le restaurant en longeant le bar. La déco a été fraîchement refaite, c'est devenue très design et épuré. Un joli mélange bois et d'acier. Le serveur qui nous a accueilli nous installe face au port. Il nous propose un apéritif, Monsieur Hamilton demande un cognac, Lisa et sa mère un cocktail maison et je choisis un soda. Je conduis ce soir.
Je regarde Lisa qui parle de la venue de Sophia. Elle porte une robe rouge, quelle possède depuis leur dernière virée shopping avec sa mère. Cette couleur lui va à ravir. Elle porte des escarpins à lanières et le tout la rend plus sexy que jamais. Elle ne porte quasiment pas de bijoux excepté des petites créoles dorées et une bague qui lui vient de sa grand-mère. Elle laisse son cou libre qui invite au baiser... « ne regarde pas son cou mec ! ».
- Qu'en pense tu Cam ?
- Excuse moi ? J'étais ailleurs.
- C'est moi qui ai la tête ailleurs, d'habitude, me dit Lisa.
Je lui tire la langue.
- Qu'ils sont mignons ! N'est ce pas Charles ?
- Oui mais ils seront moins débiles quand ils ouvriront les yeux.
Nous tournons nos tête d'un seul geste vers son père, nos yeux sortant de leurs orbites.
- Papa !
- Charles !
S'exclament Lisa et sa mère à l'unisson.
- Heu non, Monsieur. Lisa et moi ne sommes pas amoureux. Nous sommes amis, c'est tout.
- Oui oui c'est ça, réplique Charles.
Puis le serveur arrive pour prendre notre commande. Une fois la commande notée sur son calepin, il repart et la mère de Lisa aborde des sujets de conversation plus légers, elle nous parle des projets de vacances pour l'été et des stages d'été qui pourrait intéresser Lisa.
- Maman je voulais trouver un travail à mi – temps cet été. Comme ça je pourrais profiter un peu de la plage et de mes amis.
Je sers la main de Lisa par en dessous la table pour lui montrer que je comprend. Elle me regarde et je vois de la peine dans son regard.
A la rentrée prochaine, j'irais à la fac. Nous ne pourrons pas nous voir aussi souvent que maintenant et cela nous attriste beaucoup. De ce fait nous n'avons rien prévu de nos vacances, juste de les passer ensemble.
L'arrivée du gâteau d'anniversaire de Lisa interrompt Eloise qui parlait avec son mari. Elle donne une enveloppe à sa fille en lui souhaitant un joyeux anniversaire. Lisa articule un "merci" et elle ouvre l'enveloppe.
Elle en sort un chèque et ses yeux s'agrandissent lorsqu'elle y lis les chiffres inscrits.
- C'est pour passer ton permis, lui dit son père.
Lisa saute de sa chaise et contourne la table pour se jeter dans leurs bras. Je ressens un pincement au cœur quand je les vois se serrer tous les trois. C'est une famille unie, malgré les hauts et les bas de la vie, comme c'est rare en ces temps. Je pense à mes parents mais secoue la tête pour me vider la tête pour éviter la peine de me submerger. Lisa se rassit à sa place. Elle est heureuse.
- Tu serais d'accord pour venir à la maison avec moi avant de rentrer ? Je voudrai t'offrir mon cadeau, en privé.
Elle me regarde, intriguée. Et hoche la tête rapidement, comme impatiente. Je rigole et la serre dans mes bras.
- Joyeux anniversaire ma Lisa ! je dis en l'embrassant sur la tempe.
Une fois le repas terminé , nous disons au revoir à ses parents. Ils nous répètent de faire attention sur la route. Sa mère nous prend tour à tour dans ses bras. Puis nous nous dirigeons vers la voiture.
- J'ai hâte de voir mon cadeau, me dit une Lisa enjouée.
- Tu verras quand on sera à la maison, je dis, les yeux rivés sur mon portable, que j'avais éteint pendant le dîner.
Son père ne supporte pas le téléphone à table.
- Je peux avoir un indice ?
- Non.
- Oh s'il te plaît Cam Cam ! On est pas vraiment à côté ...
- J'ai dis non.
Elle se tait. Je me tourne vers elle et la voit, ses bras croisés sur sa poitrine et sa mine boudeuse. Je rigole et monte en voiture. Elle ne parle pas pendant tout le trajet et ça me va car je commence à avoir le trac.
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