Camille

- Pfiouuuu, j'en peux plus !

- Camille, finis au moins ton assiette.

Elle a préparé une montagne de Pancakes. Je m'apprête à protester quand nous entendons des pas dans l'escalier. Je me retourne et vois Julien dans l'embrasure de la porte.

- Vous êtes bien matinaux, les gosses.

Il se frotte le visage de sa main. Il a la tête de quelqu'un qui n'a pas dormi depuis plusieurs jours.

Julien me regarde, puis Lisa, fronce les sourcils puis me regarde à nouveau.

- Journée spéciale, c'est ça ?

Je hoche la tête. Il se rapproche de moi et me tape doucement l'épaule en s'asseyant sur le tabouret à ma droite.

- T'as faim ? Lisa en a fait pour un régiment, dis-je en désignant le plat remplit de Pancakes.

- Oh que oui !

Il fait un clin d'œil à Lisa qui dispose une assiette ainsi que des couverts devant lui. Elle murmure un «de rien» et se retourne face à l'évier pour commencer à faire la vaisselle.

- On a prévu de passer la journée ensemble aujourd'hui. Tu veux te joindre à nous ? Je pensais qu'on pourrait leur rendre une visite et je ne sais pas, faire un tour à la plage.

- Je ne sais pas, qu'en penses tu Lisa ? dit-il en levant les yeux vers elle.

- Ça me paraît pas mal, comme programme, dit-elle sans se retourner.

- D'accord, laisse moi juste le temps de m'organiser pour le bar. On part dans une heure, ça vous va ?

- Ok !

Julien passe un coup de téléphone à son apprenti et une de ses serveuses pour les prévenir de son absence puis retourne à ses pancakes. Une fois son assiette finie, Lisa la nettoie et la pose sur l'égouttoir et nous rejoint.

- Hummmm ces pancakes étaient fabuleux, Lisa, lui dit Julien.

- Merci, c'est la mère de Camille qui m'a appris à les faire, dit-elle, regardant ses mains. En fait, c'est elle qui m'a appris tout ce que je sais faire.

- Et bien, elle a fait du bon boulot avec toi. Tu es un vrai cordon bleu.

Je hoche la tête, d'accord avec lui. Lisa rougit. Elle est adorable. Lisa a beau changer , devenir une femme sublime, elle garde néanmoins sa frimousse d'enfant. Elle se ressaisit.

- Bon je rentre me préparer. Vous venez me chercher quand vous êtes prêts ?

- Ça marche. A tout à l'heure, je lui dis quand elle m'embrasse la joue.

La porte d'entrée claque. Je sens le regard de Julien sur moi. Je le regarde à mon tour.

- Je suis désolé Julien. Je me suis vraiment comporté comme un gamin hier.

- Je suis tout à fait d'accord avec toi, me dit-il en riant.

- Heu pourquoi tu te marres, mec ?

- Parce que, Camille, tu n'es pas débile. Tu as compris ce que cet abruti de Simon avait derrière la tête. Alors même si, lui filer une bonne correction dans mon bar n'était pas une bonne idée sur le moment, tu as évité à Lisa bien de la peine. Qui sait jusqu'où il serait allé si tu n'étais pas intervenu ?

Il marque une pause. Je soupire en baissant les yeux et les relève , l'invitant à poursuivre.

- Bien sûr, je suis en colère que tu te sois battu, sur mon lieu de travail, qui plus est. Mais je pense que tu comprends. Cet endroit est notre gagne pain. Je n'ai rien d'autre, Cam. De plus, ne t'abaisse pas à son niveau, cela ne t'apporteras que des ennuis. Donc la prochaine fois que ce gamin fait le malin avec Lisa ou même toi, prend sur toi et s'il le faut, tu me l'envoies, me dit-il en me souriant.

- Merci Julien. Je te suis reconnaissant d'être présent dans ma vie.

- C'est rien, dit-il en balayant l'air de la main. Bon, Lisa et toi ? Vous êtes réconciliés ?

- Oui, on peut dire que tout est revenu à la normale. On a discuté ce matin et , voilà, elle m'a donné une chance de m'expliquer.

- Bon. C'est cool de l'apprendre. On se prépare et on décolle ? On passera au centre ville se prendre des sandwichs ?

- Yep !

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Nous passons les voir chaque année. Tous les deux, Lisa et moi, au moins cinq fois dans l'année, les dates d'anniversaire, Noël. ... Julien se joint à nous une ou deux fois en fonction du travail qu'il a.

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de leur mort. C'est un jour rempli de souvenirs. De bons autant que de mauvais. Tout remonte à la surface et j'ai l'impression d'étouffer, de devenir dingue. Alors je suis soulagé quand Lisa et Julien sont là pour moi, chaque fois que j'en ai besoin.

Après avoir roulé jusqu'au cimetière en mangeant nos sandwichs, nous nous posons sur leur tombe. Je leur parle longtemps, leur racontant tout ce qui s'est passé depuis ma dernière visite. Je ne saurai jamais vraiment s'ils m'entendent mais ça me fait du bien. Julien et Lisa me soutiennent. Ils rient à certains de mes commentaires comme si de rien n'était. Puis au bout d'une heure nous leurs disons au revoir et je leur promets de revenir très bientôt.

Nous nous éloignons les bras dessus dessous en direction de la voiture, et allons nous promener sur la plage. Il fait un temps maussade. Le vent s'est levé, le ciel est gris. Les quelques personnes qui sont là promènent leur chiens ou ont profité du vent pour sortir leur cerfs – volants . Je m'assois sur le sable les yeux rivés sur l'océan.

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- Camille !

Je cours vers ma mère qui agite un tube de crème solaire dans ma direction.

- Viens mon chéri. Je te mets de la crème et tu pourras jouer avec tes copains, promis.

- Mais ça colle, maman, je ronchonne.

- Oui mais il faut te protéger du soleil si tu ne veux pas avoir de coups de soleil ce soir.

- Fais vite ! Lisa est arrivée !! je dis tout excité de la voir s'approcher de nous avec ses parents.

Elle a un short rose et un t-shirt blanc Diddl. Je n'ai jamais vraiment apprécié cette grosse souris que toutes les filles s'arrachent.

Lisa me sourit et vient nous dire bonjour. Elle installe sa serviette roses pailletée à côté de la mienne qui représente l'écusson de l'équipe de rugby de Royan. Un jour, je jouerai dans cette équipe, c'est mon rêve.

Ma mère a fini de tartiner mon corps de crème solaire. J'attends que Lisa finisse de se préparer et nous courons dans l'eau. Je l'éclabousse et Lisa et moi rions aux éclats.

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Je sursaute quand Lisa m'éclabousse de ses pieds.

Elle et Julien ont retroussé leurs jeans jusqu'aux genoux et ils courent en s'éclaboussant, comme quand nous étions plus jeunes Lisa et moi. Julien court vers moi en souriant et vient s'asseoir sur la serviette à côté de moi.

- L'eau est glacée !

- Vous êtes cinglés, je dis en secouant la tête.

- Tu pensais à quoi ?

- A la dernière journée qu'on a passé ici, Lisa et moi avec nos parents.

Julien passe un bras sur mon épaule. Nous regardons Lisa.

Elle rit toujours, les bras écartés, les cheveux emmêlés à cause du vent. Elle est sublime. Elle se tourne vers nous, baisse les bras et marche dans notre direction, sans jamais quitter son sourire radieux.

- Bon, il commence à se faire tard. Ça vous dit de rentrer, manger et se faire une soirée film ?

- Super ! On a toujours pas vu Sin City !

- Moi je pensais plus à Charlie et la chocolaterie, dit Lisa.

- Comme tu veux, je lui réponds en souriant.

Je me lève et la prends par l'épaule. Puis nous marchons en silence tous les trois jusqu'à la voiture.

Quand nous arrivons, Lisa file dans la cuisine. Il est presque 19 heures et nous commençons à avoir faim. Je suis bien content qu'elle sache cuisiner. Quand elle n'est pas là, Julien et moi nous contentons de fast food en tout genre ou de simples sandwichs. Cela lui arrive d'essayer de nous faire des légumes, mais c'est souvent trop cuit ou pas assez.

Heureusement Lisa est là et elle est toujours d'accord pour nous préparer des bons petits plats. Je l'adore.

Je pars de mon côté préparer une sélection de DVD pour la soirée, parce que si je peux éviter de regarder Charlie et la chocolaterie, ça m'arrangerait.

- Tu veux une bière ? me demande Julien.

- Ouai, pourquoi pas ?

- Ok, je reviens, me dit il avant de rejoindre Lisa dans la cuisine.