Chapitre 16

Julien

Je suis toujours outré par le comportement de Camille. Il ne m'a pas habitué à le voir dans un tel état, c'est bien la première fois qu'il en vient aux mains. Je dois reconnaître que ce petit con de Simon méritait la dérouillée qu'il a pris, mais pas dans mon établissement tout de même.

J'élève Camille depuis six ans et il a toujours été un garçon très doux , un peu trop à des moments, d'ailleurs. Il va falloir que je le sanctionne, même si ça ne me fait pas particulièrement plaisir. Mais de quelle manière, je n'en ai aucune idée. Je comprends sa réaction, j'aurais agi de la même sorte, mais il aurait pu se défouler ailleurs. Cela pourrait ternir la réputation conviviale du bar. Je crois qu'une bonne soufflante suffira à le faire culpabiliser. Il se punira bien assez lui-même, pas besoin d'en rajouter. Au fond de moi, je suis fier de voir l'adolescent disparaître pour laisser place à l'homme.

Après le départ de Camille, j'ai installé Lisa dans mon bureau. Elle s'est allongée sur le canapé, et jai posé ma veste sur elle. Elle s'est aussitôt endormie, épuisée par ces émotions de la soirée.

A la fin de mon service, je suis allé compter ma caisse dans la pièce où dormait Lisa, en gardant un œil sur elle. Seule la lumière tamisée de la lampe de bureau éclairait la pièce et c'est bien la première fois que je veillais sur une fille, ou devrais-je dire, une femme maintenant.

J'ai connu Lisa en même temps que Camille, à cette époque, ils étaient déjà amis. Elle a bien grandi et elle est devenue la Lisa d'aujourd'hui. Si j'avais dix ans de moins, je tenterais ma chance.

Installé derrière mon bureau, je lève les yeux pour la regarder.

Elle soupire dans son sommeil, mais ne se réveille pas. Elle dort paisiblement.

Après avoir compté la recette du jour, je prépare mon versement et mets le tout dans le coffre. Je m'adosse quelque temps dans le fauteuil et mon regard se pose sur une photo de moi devant l'opéra de Bordeaux.

C'est là-bas que je travaillais. À l'époque, j'étais barista dans le restaurant. Je profitais de ma jeunesse jusqu'à ce fameux coup de téléphone, qui m'apprenait que j'héritais d'un petit cousin, dont les parents étaient décédés. Enfant que je n'avais jamais vu, mais que j'ai appris à aimer depuis toutes ces années.

Quand j'ai tout plaqué pour venir ici, je ne pensais pas que six ans plus tard, je serais propriétaire de mon propre bar.

Je me suis installé ici, j'ai postulé au Door et j'ai été embauché le soir même. Deux ans après, le propriétaire a pris sa retraite et m'a laissé le bar pour une bouchée de pain. Je ne regrette pas d'avoir quitté Bordeaux pour Royan. Le bar, la plage, les filles, toute l'année, que demander de plus.

Je suis sorti de ma rêverie par Lisa qui, apparement va être malade. En même temps, vu tout ce qu'elle a ingurgité, ce n'est pas étonnant. Je m'avance vers elle, lui passe un bras sous ses genoux, un autre sous les bras et la porte jusqu'aux toilettes où elle rend son dîner.

Je retiens ses cheveux d'une main, pendant que de l'autre, je lui frictionne le dos. Une fois qu'elle redresse la tête en soupirant, les larmes aux yeux, je la ramène dans mon bureau et la fait asseoir sur le canapé. Je fais le tour du bureau pour prendre ma bouteille d'eau et la lui tends.

- Ça va mieux ?

-Oui, ça soulage ... tu peux me passer mon sac, s'il te plait ?

- Bien sûr.

Je vais le chercher et lui donne. Elle en sort un kit de brosse à dent de voyage. Voyant mon étonnement, elle me dit :

- Au cas où je dors chez vous à la dernière minute.

Elle me fait un sourire, gênée.

- Est-ce que tu aurais un lavabo ? Je me rincerais bien la bouche.

- Oui bien sûr, dans les toilettes.

- Je suis désolée pour avoir ...

- Ne t'inquiètes pas, je sais ce que c'est, dis-je en ricanant.

Lisa va se laver les dents. Je respire un bon coup essayant d'oublier à quel point elle est belle, voir sexy par moments.

Elle revient en titubant et je me lève au moment où elle trébuche et la retiens de justesse. Elle me regarde dans les yeux et nos visages sont si proches l'un de l'autre que je sens son haleine fraiche.

- Je vais te ramener chez toi.

- Ok.

Je l'aide à marcher jusqu'à ma Golf, garée en haut du bar. Je démarre la voiture et ouvre les fenêtres. Il fait encore frais la nuit mais il faut qu'elle prenne l'air, au cas où elle aurait un autre haut-le-cœur.

Je roule très doucement, les rues sont vides à cette heure-là. Je lui prends la main, fais des mouvements circulaires de mon pouce au centre de sa paume et lui dis que nous sommes bientôt arrivés. Je vois ses larmes qui s'échappent de ses yeux bruns.

- Je ne le comprends plus en ce moment ... me dit-elle dans un sanglot.

Je comprend alors qu'elle pense à Camille. Jamais, on ne s'est engueulé comme ça depuis qu'on se connaît. On ne s'est pas adressé la parole de toute la semaine et ce soir, il joue le chevalier servant. Je ne comprend plus Camille.

- Cela va s'arranger. Il s'est blessé au bras et il doit souffrir intérieurement d'être privé de rugby. Et puis tu as changé, toi aussi.

Je fais une pause, inspire et reprends.

- Tu es devenue une ravissante jeune femme, qui attire des prétendants et il veut te protéger afin que tu ne souffres pas. Il a sûrement peur que tu t'éloignes. Parle lui.

- Jamais je ne m'éloignerai de lui. Il est tout pour moi.

- Tu ... tu l'aimes ?

- Évidemment. Je tiens énormément à lui. Mais je suis attirée par quelqu'un d'autre, c'est compliqué, c'est une histoire vouée à l'échec ... dit-elle tout bas.

- Tu devrais te lancer quand même, tu mérites une belle histoire. J'ai souvent été déçu par des gens auxquels je tenais parce qu'ils n'ont pas été corrects avec moi, mais aussi parce que je ne me suis pas forcément battu pour que ça marche entre nous. J'avais peur de ce qu'on dirait de moi et je me disais que tout était impossible. Mais j'avais tort. Crois en ton histoire, ignore les autres et fonce !

Je me gare devant chez elle et nous nous fixons pendant quelques secondes, les yeux dans les yeux.

Comme si aucun de nous, ne voulait rompre ce silence, de peur de terminer ce moment.

- Je te raccompagne jusqu'à la porte ?

- Oui, s'il te plaît, dit-elle dans un murmure.

Nous descendons et nous approchons du porche. Elle titube un peu, je la soutiens, un bras sur sa taille, pour ne pas qu'elle perde pied.

Le silence se fait, on est tous les deux mal à l'aise. Je mets mes mains dans les poches et me bascule d'avant en arrière.

Je sens qu'elle a quelque chose à me dire. Elle hésite. Elle se rapproche plus près et me chuchote à l'oreille.

- C'est toi ...

Sur le moment, je ne comprends pas de quoi elle parle. Elle monte sur la pointe de ses pieds et m'embrasse.

Je sens ses lèvres chaudes et douces sur les miennes. Elles sont charnues comme je les aime. Elle passe ses mains derrière ma nuque et la caresse. Je ne m'attendais pas à ça de sa part. Il est clair qu'elle n'est plus une petite fille, mais bien une femme et qui, je dois le reconnaître, ne m'est pas indifférent.

Je pose mes mains sur ses reins pour la rapprocher davantage de mon corps. Elle entrouvre la bouche, elle hésite. Sa langue glisse doucement entre mes lèvres et frôle la mienne. Je la sens se relâcher contre moi et sa langue revient dans ma bouche et caresse la mienne dans un rythme plus soutenu. Si bien que la mienne n'a d'autre choix que de la suivre dans sa danse endiablée. Je sens le goût mentholé de son dentifrice. Elle me donne un baiser torride que je ne suis pas prêt d'oublier. Ce dernier se termine quand elle se recule légèrement et nous sommes à bout de souffle, l'un comme l'autre.

Lisa avait raison dans la voiture, cette histoire est sûrement vouée à l'échec, quel qu'en soit l'issue mais j'ai tellement envie de l'embrasser à nouveau.

Nous nous écartons et je vois le visage de Lisa rougir à n'en plus finir. Elle titube à nouveau et je la retiens contre moi.

- Tu ... tu ... tu peux m'accompagner à l'intérieur ? Je suis toute seule, mes parents sont en voyage et je ne suis pas rassurée à cette heure.

- Oui, bien sûr.

Elle me donne ses clefs et j'ouvre la porte. La maison est silencieuse, j'allume la lumière.

La dernière fois que je suis venu ici, c'était pour la chandeleur. La mère de lisa avait fait des crêpes à tomber par terre. Lisa pose son sac dans l'entrée et se déchausse.

Je lui prends la main et elle me suit dans le couloir que je laisse éteint, mais où la lumière de l'entrée pénètre faiblement. Quand je repense à ce qu'elle m'a dit, je me sens heureux et gêné à la fois. Je suis entouré de femmes qui ne s'intéressent qu'au patron du Door et non à moi, Julien. A la personne que je suis au fond. Je suis flatté qu'une jeune femme comme elle soit attirée par ma personnalité et non par mon statut professionnel. Mais c'est la meilleure amie de Camille, je ne pense pas qu'il accepterait que je me rapproche d'elle de cette façon.

Je me retourne, la vois qui reluque mes fesses, puis qui plonge son regard dans le mien. Je sens que je suis sur le point de faire une belle connerie. Son décolleté m'attire et je plongerai bien la tête dedans.

Je me tourne, continue de marcher dans le couloir. Faut que je me ressaisisse, bordel !! Elle a 18 ans, merde !!

Et là, je tilte. Elle a 18 ans ... non je ne peux pas ... et pourtant, sans pouvoir me retenir, je me retourne vivement et la plaque contre le mur. L'action est si forte qu'un cadre se détache du mur et vient s'écraser en un fracas, mais ça ne m'arrête pas. Je prends son visage en coupe et l'embrasse à nouveau comme si ma vie en dépendait. Que c'est bon, ma langue envahie sa bouche et danse avec la sienne. Mais j'en veux plus ! Mes mains descendent sur ses fesses, les agrippent et la soulève du sol. Sa robe se relève et mes yeux se posent sur ses jambes.

Je suis définitivement au paradis. J'empoigne ses formes à pleines mains. Elle m'entoure de ses jambes et mon excitation est à son paroxysme. Ses talons me rentrent dans la chair, j'adore ça. Sous sa robe je sens qu'elle porte un tanga en dentelle, que je rêve d'arracher. Qui pourrait penser que sous ce visage d'ange se cache un petit démon sexy. Je ne sais pas si elle a déjà fait ça avec un autre avant moi mais elle à l'air de savoir ce qu'elle fait.

Je dévie mes baisers sur sa joue, puis sur son cou. J'embrasse sa clavicule et elle tressaille. Il faudra que je me rappel que c'est un point sensible. J'arrive à son oreille et lui en mordille le lobe.

- Tu m'excites ma belle..., dis-je dans un murmure.

J'ondule mon corps contre le sien et elle me répond par un gémissement. Elle est aussi excitée que moi. Les vagues que font son corps contre le mien m'envoient des décharges électriques dans le ventre, c'est grisant. Vu comment elle bouge en ce moment, elle doit avoir un super coup de reins.

- Ju...encore, gémît-elle.

J'aime qu'elle utilise ce surnom, que très peu de gens me donnent. Sa voix est chargée d'endorphine. Elle a l'air satisfaite de notre échange, moi aussi je suis réjouis par notre intermède. J'ai envie de tellement plus, mais je veux prendre mon temps avec elle.

Je sens des perles de sueur apparaître sur sa tempe, montrant son désir. Sa respiration se fait haletante. Elle prend confiance en elle et me mordille le coup et je gémis à mon tour. Peu de femmes ont le privilège de me voir aussi vulnérable. Nôtre scène érotique dure quelque minutes, puis je la repose à terre en lui faisant toucher mon érection du bout de ses doigts. Quand elle reprend sa respiration, je l'emmène dans sa chambre.

- Je ... commence-t-elle.

Je la prends dans mes bras où elle se love. Je lui embrasse le haut du crâne et lui dit.

- Va mettre un pyjama, et au lit.

Étrangement, elle va dans la salle de bain et s'exécute. Qu'est-ce ce que je fous ? J'étais à deux doigts de me taper la meilleure amie de mon cousin, qui accessoirement est sous ma tutelle. Il faut que j'arrête mes conneries ! Je vais l'attendre dans sa chambre. Une petite pièce qu'elle a décoré à son image. Les murs sont rose pâle avec des photos épinglées un peu partout. Des photos de Camille et elle. Certaines datent de plusieurs années. Ils sourient sur certaines, rient aux éclats sur d'autres.

Elle revient quelques minutes plus tard, m'interrompant dans ma contemplation. Elle est démaquillée, les cheveux décoiffés, seulement vêtue d'un short et d'un débardeur. J'aperçois ses seins pointer à travers le tissu, signe que je l'ai excitée. Moi qui m'étais calmé, je repars de plus belle et fait tout pour cacher la tension qui monte à nouveau dans mon pantalon.

Je soulève la couette et elle se met dans son lit sans broncher. Je la rabats sur elle et viens m'installer juste derrière elle en cuillère, tout en la prenant dans mes bras. Nos doigts s'emmêlent et se caressent . Je respire au creux de son oreille. Lisa embrasse ma main du bout des lèvres.

- Julien... je suis désolée pour ce soir. Pour tout. Pour le comportement de Cam, cela ne serait jamais arrivé si je n'étais pas sortie avec Simon. Je suis désolée d'avoir trop bu et de t'avoir embrassé. Je sais que les sentiments que j'éprouve ne sont pas réciproques et je ne vais pas me faire de film. C'était un moment d'égarement après tous ces événements...

Elle parle comme une mitraillette et j'ai du mal à l'arrêter de parler.

- Ne t'inquiètes pas, c'est oublié.

- Promis ?

- Oui, promis, sauf nos baisers.

- Comment ça ?

- Je ne veux pas effacer ce qui s'est passé entre nous.

- Je ...

- Chut ... endors-toi maintenant.

Elle ne dit plus rien et quand j'ai la certitude qu'elle dort, je m'écarte doucement et sors de sa chambre pour rentrer chez moi.

         

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