Chapitre 10

Camille

- C'est bon jeune homme, il n'y a pas de fracture, me dit le médecin. Vous avez eu de la chance, cela aurait pu être pire. Il n'y aura pas besoin de chirurgie et l'hémorragie est écartée. En revanche, votre bras va être immobilisé pendant plusieurs semaines. Dans un mois, vous allez être amené à rééduquer votre épaule.

- Quand est-ce que je pourrai reprendre le rugby ?

- La saison prochaine.

- C'est pas sérieux ! J'ai un match dans deux semaines !

- Vous aurez encore le bras en écharpe. Je vais vous donner une attelle, vous prescrire une ordonnance pour des antalgiques et des séances de kinésithérapie. Ensuite, vous pourrez partir.

Il ne m'écoute pas et s'en va. Le coach reste silencieux à côté de moi.

- Coach vous n'allez pas l'écouter, tout de même. Vous allez me faire jouer le match, n'est-ce pas ?

- Non fiston, la santé avant tout !

- Mais coach...

- Pas la peine de discuter ! c'est comme ça et puis c'est tout !

Je me tus et fis une mine renfrognée.

Je connais le coach depuis dix ans. Il m'a toujours entraîné et a su repérer en moi le winner. Depuis que mes parents sont morts, il fait office de figure paternelle. Il me soutient et me conseille quand j'ai besoin.

Parfois, il peut paraître un peu sec, mais c'est ce qu'il fait de lui un bon entraîneur.

Je reçois un SMS de Lisa :

« On a gagné !!!!! J'espère que ça va. Donne-moi des nouvelles dès que tu en as. Je m'inquiète ! »

« Je viens de faire la radio, tout va bien pas de fracture. Félicite les gars de ma part ?? »

« Ça marche, à tout à l'heure »

Après avoir réglé les dernières formalités administratives, nous nous installons dans la voiture prêt à repartir. En route vers la maison, le coach me dit :

- Alors avec la petite Hamilton, ça va ?

- Oui, Lisa ... c'est Lisa, elle ne change pas.

- Mais toi, oui.

- Comment ça ?

- Ne me prend pas pour un bleu. Je suis peut-être plus tout jeune, mais je sais encore reconnaître un homme amoureux.

- Mais non ... non... je l'aime... mais pas comme ça ...

- Tu es sûr ?

- Elle n'éprouve pas les mêmes sentiments que moi. Elle veut qu'on soit ami.

- Tu devrais tenter ta chance et tout lui dire, tu sera fixé.

- Je ne veux pas la perdre. Je suis prêt à sacrifier mon amour pour la garder à mes côtés.

- Réfléchis fiston, je ne voudrais pas que tu regrettes.

- Je sais pas trop, coach.

- Ne laisse pas ta chance passer si elle se présente.

- Coach, vous pensez qu'elle a des sentiments pour moi ?

- J'ai vu comment elle s'est précipitée sur toi quand tu t'es blessé. Elle tient à toi, il n'y a aucun doute. Maintenant c'est à toi de faire en sorte que les choses se concrétisent. Si ton père était la, il te dirait la même chose !

Je baisse la tête et murmure :

- Oui, mais il n'est plus là.

- Si tu veux l'avoir à tes côté, il va falloir te bouger un peu. Un jour, elle sera amoureuse de quelqu'un il vaut mieux que ce soit toi si tu veux faire partie de sa vie encore longtemps.

Le reste du trajet se fait en silence. Quand on arrive près de chez moi, j'entends de la musique.

Apparemment, il y a une petite fête à la maison, ce qui confirme le texto de Lisa comme quoi nous avons gagné le match. Le coach se gare et me dit droit dans les yeux :

- On ne rencontre pas l'amour de sa vie plusieurs fois, je le sais par expérience.

- Merci du conseil coach ! Vous venez boire un verre ? C'est votre victoire à vous aussi !

- Non fiston, ma femme m'attend.

- Bien coach, à mercredi.

- C'est ça ...

Je descends de la voiture et m'avance en direction de la maison.

Je serre la main de quelques potes dans l'allée. Monte les six marches me menant au perron. La soirée bat son plein à l'intérieur et je vois toute mon équipe, plus une cinquantaine de personnes environ.

Je félicite mes amis pour la victoire, ils me racontent ce que j'ai manqué. Je cherche des yeux Lisa, mais je ne la voie nulle part. Je me demande où elle peut être. Il y a beaucoup de monde et comme elle n'est pas très grande, ce n'est pas étonnant que je l'a repère pas. Je lui envoie un SMS :

« T'es où ? »

J'attend quelques minutes mais pas de réponse. Je chope Max qui est en train de chauffer une blonde avec un short quasi inexistant et un décolleté qui en dévoile plus qu'on ne voudrait en voir.

- T'a pas vu Lisa ?

- Si, elle est montée avec Julien à l'étage.

Là, je fulmine à nouveau comme sur le terrain. Je pensais m'être fait un film mais apparemment non.

Mes idées partent dans tous les sens. Ils ne peuvent pas être ensemble. Je monte les escaliers quatre à quatre comme je peux, avec mon épaule qui recommence à me lancer. Je vais directement dans la chambre de Julien. Personne.

Je respire un grand coup, soulagé et me dirige vers ma chambre lorsque j'entend du bruit dans la salle de bain. Je m'avance jusqu'à la porte entre baillée, je suis sonné.

Je trouve Lisa seulement vêtue de son jean et d'un soutien gorge en dentelle noire. Si elle était seule j'aurais le sourire aux lèvres et je fantasmerais.

Mais non, elle est avec Julien. Je n'en reviens pas.

- Vous faites quoi là ??

Ils se retournent tous les deux sur moi.

- Cam, ce n'est pas ce que tu crois ! Me dit Lisa en essayant de me rattraper.

- Camille, attend ! appelle Julien.

Je file dans ma chambre où je suis rejoins par Lisa qui ferme la porte derrière elle.

- Cam, laisse moi t'expliquer !

- Non, moi je vais t'expliquer ! J'ai passé une journée de merde ! Je me déboite l'épaule et quand je rentre, je trouve ma meilleure amie sur le point de baiser avec mon cousin, qui accessoirement, se trouve être mon tuteur !

Bordel ! Je tape dans un mur de mon bras valide, qui ne bouge pas d'un pouce.

Je suis hors de moi.

- Camille écoute moi, dit-elle paniquée. C'est un mal entendu ! Julien a renversé sa bière sur moi. Et comme j'étais trempée, il m'a proposé d'aller voir si il y avait un vêtement pour moi.

- C'est pour ça que tu t'es retrouvée à moitié à poil devant lui ?!

- Non ! Laisse moi finir, j'étais en train de me sécher et il est entré pour me donner un t-shirt. T'es arrivé et voilà.

Elle attrape ma main, mais je ne la regarde pas.

- Il ne s'est rien passé. Cam, regarde moi ! Il ne s'est rien passé, je te le jure.

Un silence se fait.

- Tu vas me faire la gueule pour quelque chose qui n'est pas arrivé ?

Je ne dis toujours rien, pensant à ce qui aurait pu se produire si je n'était pas arrivé. Est-ce qu'il l'aurait touché ?

Putain ! Je ne veux pas savoir. Je n'en peux plus de se sentiment qui me comprime quand je la vois. Je ne supporte pas qu'un mec s'approche d'elle, que ce soit Julien, Max ou un autre.

Il faut que je fasse quelque chose. Je repense à ma conversation avec le coach, mais je ne suis pas prêt à lui dire ce que je ressent pour elle.

- Et si je n'étais pas arrivé, tu aurais fait quoi ? Tu te serais laissée sauter comme toutes ces salopes ?!

- Très classe comme réflexion ! C'est comme ça que tu me vois ? Comme une trainée ?

- C'est toi qui étais dans une situation ambiguë avec Julien !

- T'es bouché ? ! Il ne se passait rien et il ne se serait rien passé ! C'est quoi ton problème ? Je ne te reconnais plus, Cam ! Pendant le match, tu me fusillais du regard et maintenant, tu me fais une crise et tu te permets de m'insulter. Je suis là pour toi depuis toujours et c'est comme ça que tu me remercies ? Alors je te le répète : c'est quoi ton problème ?

- C'est ton comportement, mon problème.

Je mens mais je ne veux surtout pas qu'elle comprenne pourquoi je suis dans cet état. Je ne veux pas l'affronter par rapport à ça.

- Mais je n'ai rien fait ! Tu me reproches des choses infondées. Reviens me voir quand tu sera calmé !

J'entends la porte claquer. Lisa m'a laissé seul. Il faut que je réagisse. Je veux qu'elle comprenne qu'elle ne peut pas jouer comme cela avec moi.

On frappe à la porte.

- Quoi ??

- On peut se parler ? me demande Julien.

- Si c'est pour me dire la même chose que Lisa, ce n'est pas la peine.

- Camille, c'est quoi le souci ? me demande-t-il posément.

- Le souci, c'est que je te retrouve dans la même pièce que Lisa en sous - vêtement, je murmure.

- J'ai écouté votre conversation, tu as été dur ! Je ne t'ai jamais vu lui parler ainsi.

- Je sais. Mais en même temps, elle m'a cherché.

Il se rapproche, son ton est froid et autoritaire.

- Elle te l'a déjà dit, c'est un malentendu.

- Avec tout le respect que je te dois, tu n'est pas du genre à être dans la même pièce qu'une fille à demi nue sans tirer ton coup. J'ai un doute et je t'ai entendu assez de fois !

- Surveille ton langage et je fais encore ce que je veux et avec qui je veux !

Le ton monte, je sors de mes gongs quand on parle de Lisa.

- Ce ne sera pas avec Lisa ! Elle est comme une sœur pour moi et personne ne lui fera du mal !

Je lui mens ouvertement sur la nature de mes sentiments mais qu'importe ? Je ne veux pas qu'il l'a touche ou quelqu'un d'autre d'ailleurs !

- Qui te parle de lui faire du mal ?

- On connaît tous ta réputation de coureur, laisse la hors de ça !

- Mais tu divagues, Camille !

- Ne te fous pas de ma gueule Ju ! Je vous ai vu pendant le match, elle avec ta veste sur ses épaules et toi lui embrassant la main. Vous aviez l'air hyper proches. En fait, peut-être que votre histoire dure depuis longtemps !

- Tu me fais chier Camille avec ta parano ! On a préparé une fête pour ton retour et voilà comment tu nous remercie ? Sympa ! T'es parents et moi-même ne t'avons pas élevé de cette manière. Je me casse. Et juste pour info, Lisa fait ce qu'elle veut côté mec !

- C'est ça, casse toi ! criais-je pendant qu'il claque la porte.

Je m'assieds sur mon lit, passe ma main dans les cheveux.

- Et merde ! hurlais-je.

Je respire, encore et encore. J'essaie de me calmer mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à m'ôter des visions d'elle nue avec lui, lui faisant l'amour. Non il ne lui fait pas l'amour, il l'a baise. Putain, c'est encore pire dans ma tête !

Il faut vraiment que je me calme, que je relativise. J'étais tout le temps avec elle ses derniers temps, elle ne pourrait pas être avec lui, du moins je l'espère. Et puis, elle ne pourrait pas me faire ça, on parle de Julien et Lisa, le couple improbable.

Elle me rend fou...

         

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