Chapitre 1
Lisa – mars 2006 - six ans plus tard.
-Merci, à la semaine prochaine.
17h05, fin des cours enfin ! On est vendredi et cette semaine a été quelque peu... rude.
La fin du deuxième trimestre approche et les contrôles s'enchaînent dans toutes les matières. Les résultats du bac blanc sont tombés cette semaine et étonnamment, je ne m'en suis pas trop mal sortie. Si je réitère comme cela au mois de juin, le bac j'en fais mon affaire !
Je dis au revoir à Carmen, une étudiante mexicaine qui est là pour l'année. Elle est assez timide, je pense que la barrière de la langue ne l'a pas aidé au début de son installation en France. Je l'ai un peu prise sous mon aile et maintenant elle arrive peu à peu à se familiariser avec ma bande d'amis. Elle me fais la bise et je sors de l’établissement, descends les quelques marches qui mènent au parvis du lycée.
En descendant les marches, j'aperçois Camille adossé à un arbre tout proche, il est en pleine discussion avec Maxime, qui fume sa clope.
-Tu ne finissais pas à 16h ? demandais-je à Camille, surprise de le voir.
-Si, mais je t'attends, on doit bosser sur le devoir d'éco. T'as zappé ? me dit-il, un peu vexé.
-Non, tu penses...
J'avais totalement oublié cette partie de la journée. Moi qui pensais me poser tranquillement sur un transat dans le jardin pour décompresser. C'est raté. Je souffle.
-Je me doutais que tu avais oublié, c'est pour ça que je suis venu te chercher.
-On peut remettre ça ? A ma décharge, je sors de deux heures de maths et je me suis tapée trois DST* ce matin, je ne suis plus très motivée.
Je lui fais mes yeux de biche mais il n'a pas l'air disposé à céder. Je fais la moue mais peine perdue.
-Je te propose un deal : on va bosser une bonne heure chez toi et après on mange à la maison et on se mate un film. Ça te va ?
-Ok, dis-je, me résignant, mais ne sois pas étonné si je ne suis pas très attentive.
Il sourit. J'adore son sourire.
Camille est mon meilleur ami depuis le début du collège. On s'est rencontré le tout premier jour. J'avais emménagé quelques jours plutôt dans cette ville et c'est le seul qui m'a souhaité la bienvenue. Tout le monde se connait déjà par ici, c'est une petite ville et tous se connaissent depuis la maternelle. Il m'a vu hésitante et légèrement paniquée. Contrairement aux autres, il ne m'a pas laissé seule dans mon coin. Quand j'y pense, il ne m'a jamais laissé seule depuis. On est là l'un pour l'autre. Comme les frères et sœurs que l'on n'a jamais eus.
Durant le trajet jusque chez moi, il m'explique qu'il a encore trois matchs à jouer pour la saison de rugby cette année. Il n'a pas besoin de me le dire, je vais à chacun de ses matchs et le supporte fièrement. Il est dans une équipe de petite division, mais c'est un très bon demi d'ouverture avec la carrure qui correspond. Il me surplombe du haut de son mètre quatre-vingt-cinq. En même temps, ce n'est pas bien compliqué pour lui, je dois faire au minimum deux têtes de moins. Ses cheveux châtains se marient parfaitement avec ses yeux vairons. Dans son style, il me fait penser à Ben Afleck dans Armageddon.
Je sais ce que vous pensez. « Elle va se le faire » et bah vous n'y êtes pas du tout ! Camille est mon meilleur ami, mon frère, mon confident. Et si j'ai bien appris quelque chose en lisant toutes ces new romances, on peut souvent se brûler les ailes en mélangeant amitié et amour.
.................................
On arrive devant chez moi. La maison de mes parents est assez modeste, une maison dans un lotissement. Elle ressemble à celle de tout le monde, mais je dois dire qu'elle est plutôt bien agencée et que j'ai de la chance d'avoir une salle de bain rien qu'à moi.
Mes parents ne sont pas encore rentrés du travail et c'est tant mieux ! Je ne les supporte plus. Faut dire qu'ils passent leur temps à s'engueuler pour rien. Je n'en parle pas trop avec Camille, vu sa situation familiale, je n'ose pas...
-Tu veux manger quelque chose ?
-Oui pourquoi pas.
-Il reste du gâteau marbré que j'ai fait hier.
-Parfait ! t'es vraiment la meilleure !
-Je sais, lui dis-je en souriant.
Je sais qu'il apprécie mes gâteaux. Il n'a pas la chance d'en manger chez lui donc je lui fais plaisir de ce côté la autant que je peux. Je mets deux parts dans des assiettes et nous sert deux verres de jus d'orange histoire de ne pas m'endormir pendant qu'on bosse sur ce fichu devoir d'économie.
Camille est dans ma classe mais certains jours on a des horaires différentes, pour les travaux de groupe.
On s'installe sur la table basse du salon et je nous mets Lenny Kravitz en fond sonore. I'll waiting s'échappe de l'enceinte. Camille s'assied à côté de moi en tailleur.
-Le sujet est donc : les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ?
Je le regarde, un peu décontenancée.
-Alors, je t'écoute, me dit-il...
Je prends la tête dans mes mains en poussant un soupir exagéré.
-J'y arrive pas...
-Si tu te donnes les moyens, tu y arriveras. T'es pas bête et quand tu bosses bien, tes notes suivent.
Levant la tête vers lui, je le regarde tendrement et me demande ce que je ferais sans lui.
Nous passons l'heure suivante à travailler sur le dossier que nous devons rendre la semaine prochaine. Une fois nos affaires rangées, il m'embrasse sur la tempe.
-Je suis fier de toi, Lisa.
-Tu sais bien que sans toi je ne suis rien, hein.
-N'importe quoi. Au lieu de dire des conneries, emballe ton gâteau pour qu'on puisse le manger en dessert chez moi.
-Ok mais je choisis le film !
Tous les vendredis soir, je suis avec Camille. On regarde un film tout en se bourrant de cochonneries. En général, on choisit le film a tour de rôle. Et aujourd'hui, c'est mon tour !
-Ce soir, ce sera Star Wars épisode 3, je lui annonce.
-Je croyais que tu n'aimais pas les films de SF ? me répond-il.
-Oui mais là c'est un classique !
Je l'entends glousser, j'aime l'entendre rire. Il me réchauffe le cœur. Comment peut-on rire de façon si insouciante quand on a subi un choc comme le sien ?
-Julien travaille ce soir ? je demande à Camille.
-Oui, on pourrait peut être en profiter pour aller boire un verre au Door non ?!
Je jette un œil à mes fringues et honnêtement ce n'est pas glorieux. Jean bleu clair, petit pull marinière col bateaux et mes Bensimon que j'adore. Il y a plus classe pour aller boire un verre, faut le dire. Je vais avoir l'air de quoi devant lui ? Pas le choix, je dois me changer.
-Ce serait sympa, je vais préparer mes affaires pour me changer chez toi.
-T'es parfaite comme ça.
Je souris en passant devant lui, me dirigeant vers ma chambre.
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