Partie 4/4.
Drago était sur le point d'embrasser Albus lorsque Scorpius, au pied de l'escalier du quatrième étage, beugla le prénom de son meilleur-ami pour lui signifier qu'il l'attendait, prêt à lui mettre la raclée de sa vie aux échecs version sorciers.
Comme s'il avait été pris sur le fait, Drago s'était reculé et avait retiré ses mains de la taille de l'adolescent. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et, contre lui, il pouvait sentir le souffle erratique d'Albus.
- Tu... tu devrais le rejoindre, bégaya l'adulte dans le but de le repousser.
- Oui.
Répondit ces quelques mots lorsque, après quelques secondes suspendues dans le temps, leurs yeux se détournèrent l'un de l'autre. Dans un geste maladroit, les muscles engourdis par l'excitation du moment, Albus descendit de cette table chargée d'histoire sur laquelle il était assis. Frissonnant de la tête aux pieds, il fit un pas vers la porte avant de s'arrêter. Il se tourna vers Drago pour lui faire part de ses craintes :
- Si mon père l'apprend... il va me tuer.
- Toi et moi, Albus, ça ne sera jamais possible.
Ces quelques mots lui firent mal lorsqu'il les prononça, mais il s'y sentait obligé : c'était lui l'adulte. Entre eux, c'était lui qui devait se montrer responsable. Malgré ses sentiments sincères pour le jeune Potter, il avait conscience de certaines choses : il n'avait pas le droit de faire ça. Albus était encore jeune, trop pur et trop innocent. Il n'avait pas le droit de profiter de ce qui semblait être un fantasme de jeunesse pour l'attirer dans ses filets.
- Si tu dis ça à cause de notre différence d'âge..., hésita Albus. Saches que c'est le cadet des mes soucis.
Sa voix se brisa et, encore tout tremblant d'émotions, il descendit les escaliers en trottinant. Sur le palier, il tomba nez à nez avec Scorpius qui le regarda en haussant les sourcils.
- Qu'est-ce-que vous faisiez, là-haut ?
- Ton père m'a montré... tout ça.
- Tu lui as demandé ?
- Oui. Pourquoi... ?
- T'as toujours eu des idées glauques, Al', constata Scorpius. Bon, on la fait cette partie ?
Sur ces mots, le blond attrapa le bras finement musclé d'Albus afin de le traîner jusqu'à sa chambre, au premier étage. Drago, lui, ensorcela le cadenas du quatrième étage à l'aide d'un nouveau mot de passe et rejoignit ensuite le rez-de-chaussée. Il s'affaira dans la cuisine le temps de quelques minutes, histoire de ranger quelques bricoles qui trainaient par-ci par-là.
Drago s'installa quelques minutes plus tard sur le bain de soleil de la terrasse, près de la piscine. Ses yeux se posèrent sur le chaleureux coucher de soleil qui s'animait devant ses yeux, alors que la température extérieure était encore des plus agréable : seul un petit air frais lui permettait de se revigorer, léger et délicat sur la peau de son visage.
Un verre de whisky à la main – c'était son rituel d'après repas – il pensa à Albus, à son corps si proche du sien alors qu'il était prêt à le laisser l'embrasser. Il se souvint de ses mots, concernant leur différence d'âge, et cela lui fit l'effet du sortilège Doloris, douloureux jusque dans les entrailles.
Vingt-cinq ans le séparaient d'Albus. Vingt-cinq ans passés à vivre reclus chez lui, car personne ne voulait de lui ailleurs. Il avait obtenu son emploi de Guérisseur pour Sainte-Mangouste grâce aux compétences d'Hermione Granger, Ministre de la Magie. Sans elle, même cet hôpital si réputé aurait refusé son curriculum vitae, malgré ses compétences évidentes. Vingt-cinq ans où il avait vécu une idylle intense avec Astoria, où il avait eu et élevé un fils, où la mort de sa femme l'avait un peu plus anéanti qu'il ne l'était déjà. Vingt-cinq fichues années où Albus avait grandi, innocent, en rêvant du grand amour comme peu de gamins de son âge en rêvaient encore.
Comment Drago pourrait-il lui offrir ce dont il rêvait ? Il s'était plusieurs fois imaginé, 20 ans plus tard, âgé de soixante-trois ans tandis qu'Albus en aurait trente-huit. Il l'imaginait, toujours aussi beau, alors que lui ne serait qu'un vieillard défraîchi et aminci – sa morphologie de lui permettant pas d'être plus épais qu'il ne l'était à l'heure actuelle. Albus méritait mieux. Il devait vire ses expériences et s'épanouir avec un garçon de son âge, et non avec un homme de vingt-cinq ans son aîné.
Et puis, sans parler d'Albus et de ses rêves, cela ferait jaser dans le monde des sorciers : Drago Malefoy, le Mangemort déchu, en couple avec le fils du grand Harry Potter. Cela ne ferait que provoquer un scandale de plus, et le nom des Malefoy serait à nouveau associé à une chose malsaine et provocatrice. Drago n'avait pas la force de vivre une fois de plus ainsi, ses déboires exposés à la une de la Gazette du Sorcier. Et puis, aussi, Harry et Ginny lui colleraient certainement la justice moldue au cul : ils en seraient bien capables, tellement obstinés à surprotéger leur grand bébé Albus, timide et discret, qu'ils voyaient toujours comme un enfant.
Exténué par les événements et ces pensées qu'il ressassait trop, en boucle, au point de se torturer l'esprit, Drago partit s'enfermer dans sa chambre.
X X X
Les doigts de Drago survolaient le clavier du piano avec légèreté. Ses doigts enfonçaient doucement les touches, créant une douce mélodie. Sans partition sous les yeux, il entama le morceau River Flows In You d'un pianiste britannique aux origines sud-coréennes. Yeux fermés, il se laissa porter par la musique qu'il jouait : plus rien n'existait.
La nuit était claire dehors et sa chambre, éteinte, était baignée dans la douce lumière de la lune. L'ambiance typique du soir était pesante, mais la musique l'aidait à se sentir mieux, plus léger, moins angoissé. Le temps d'un morceau, ses sombres souvenirs le laissaient en paix et il pouvait s'autoriser à souffler, à respirer. Sur son tabouret rembourré, il se balançait doucement d'avant en arrière tout en jouant l'air de musique, de façon sincère et puissante, totalement investi. L'un des petits plaisirs de la vie de Drago était celui-ci : la musique, plus particulièrement le piano. Ce dernier, noir mat et à queue, était dans la famille depuis des générations.
Ses doigts claquèrent les dernières touches afin de faire retentir les dernières notes du morceau. Le dernier son s'envola dans les airs avant de disparaître, comme la lueur faible d'une bougie consumée juste avant qu'elle ne s'éteigne. Le silence l'enveloppa alors et, alors qu'il ouvrait les yeux sur ses mains encore posées sur le clavier, il entendit :
- Je ne savais pas que tu jouais du piano.
Drago sursauta, surpris. Son cœur d'adulte, faible et amoureux, loupa un battement lorsqu'il découvrit Albus. Ce dernier, alerté par les notes de musique à peine distinctes, avait quitté sa chambre du second étage afin d'en trouver l'origine. La porte restée entrouverte de la chambre de Drago l'avait incité à entrer.
- Tu es magnifique quand tu joues.
Emu – on ne lui avait plus dit ce genre de mots depuis des lustres – Drago se contenta de lui sourire, penaud. Les yeux pétillants d'Albus glissèrent de ses yeux gris à ses lèvres fines puis, enfin, terminèrent leur course sur les mains de Drago : toujours posées sur le clavier, Albus constata que l'homme avait relevé les manches de sa chemise noire. Il pouvait parfaitement voir la Marque des Ténèbres, si sombre sur sa peau si pâle et si douce. Quand Drago sentit les yeux de l'adolescent sur cette partie de son corps, il abaissa sa manche.
- Non... attends.
Dans un geste précipité qui resta malgré tout délicieusement doux, Albus agrippa le poignet de Drago entre ses doigts et, se rapprochant du bord du piano, attira son bras à lui. Tout doucement, il remonta la manche de soie noire jusqu'au coude fin de l'homme en face de lui, et, à nouveau, caressa sa Marque. Sauf que cette fois il n'usa pas de ses doigts, mais de ses lèvres.
Drago, comme un lâche, se contenta de fermer les yeux : c'était doux. Les lèvres délicates d'Albus effleuraient si tendrement et légèrement sa peau qu'il eut l'impression que son cœur allait exploser. Personne ne l'avait touché ainsi depuis longtemps : il revivait. Soudain, le fait qu'Albus soit de vingt-cinq ans son cadet lui importa peu. Quand il ouvrir les yeux, face à lui, il ne vit qu'un magnifique jeune homme qui l'aimait malgré son âge et son passé. Qui l'acceptait tel qu'il était.
- Al'... on ne peut pas.
Il murmura ces quelques mots pour se donner bonne conscience, pour pouvoir se dire, demain, qu'il aurait au moins eu le mérite d'essayer : quand ses yeux croisèrent ceux si purs d'Albus, vert et fiévreux, il se leva pour l'embrasser.
C'était comme une délivrance, une première jouissance. Drago en avait tellement de fois rêvé, tout en se disant que cela n'arriverait jamais, qu'il n'avait même plus l'impression d'avoir les pieds sur Terre. Il se sentait ailleurs, très loin d'ici, quelque part entre le rêve et le bonheur suprême. Sur ses lèvres, celles d'Albus étaient pulpeuses et timides, maladroites aussi, et Drago comprit alors qu'il s'agissait là de son premier baiser : il s'appliqua alors à l'embrasser, avec délicatesse et douceur, alors que le brun fourrageait dans ses cheveux. L'élastique qui nouait ces derniers en catogan tomba par terre et, aussitôt, ses cheveux blonds tombèrent au-dessus de ses épaules et encadrèrent son visage.
Quand Albus se recula finalement, à bout de souffle, ses mains étaient posées délicatement sur la nuque de Drago. Ses yeux vert émeraude brillaient de désir et d'incompréhension, ce qui laissa Drago en proie aux doutes. « J'ai merdé, je n'aurais jamais dû... » ne cessa-t-il de se répéter, jusqu'au moment où Albus lui offrit un sourire magnifique en murmurant :
- C'est la première fois que quelqu'un m'embrasse... , dit-il tout bas.
- Je suis désolé qu'on en soit arrivés là, Al'.
Albus s'apprêta à répondre, à lui dire que lui n'était pas désolé, qu'il en était heureux, mais à la place, il avoua :
- J'aime quand tu m'appelles Al'.
Drago lui sourit tendrement, tout en posant une main douce et protectrice sur sa joue rougie par l'émotion et la gêne. Ses yeux bleus-gris fixèrent Albus avec amour, de façon intense, troublé. Le jeune garçon murmura :
- J'aime tout de toi... Drago.
Ce dernier frissonna de la tête aux pieds. Perdu dans les émotions qui explosaient dans son cerveau, il remarqua à peine les doigts tremblotants d'Albus, qui s'affairait à déboutonner sa chemise.
Dans un premier temps, Drago eut le réflexe de paniquer. Il empoigna un peu trop brusquement les poignets d'Albus entre ses doigts pour le repousser, angoissé à l'idée que cela puisse aller si loin ce soir-là. Alors qu'il s'apprêtait à dire « non », et à se reculer pour instaurer une distance entre eux, son regard croisa celui de son amant : convaincu, brillant et sûr de lui. C'est ainsi, encore une fois à cause de ses fichus yeux verts, qu'il l'emporta et le déposa sur le lit.
La dernière personne qui avait partagé ses draps était Astoria et, depuis, il n'avait jamais plus désiré personne. Il aurait pu avoir d'autres femmes, ou d'autres hommes lui qui était bisexuel, mais Drago ne s'en était pas senti la force ni même l'envie. Il n'avait recommencé à éprouver du désir physique pour quelqu'un que lorsque Albus, l'été passé, était arrivé totalement métamorphosé au manoir Malefoy : le temps d'une année scolaire, il avait pris plus de dix centimètres et était alors passé de gamin pré-pubert à jeune homme séduisant.
Rapidement, sa chemise en soie coula sur le tapis au pied du lit ainsi que le short de bain que portait Albus. Ce dernier, désormais nu, s'agrippa avec force à la nuque de Drago : il ne voulait plus le laisser partir. Si cela avait été possible, il aurait aimé le garder ainsi éternellement. Le blond, d'un geste patient, retira son jean skinny et son boxer à son tour. Puis, comme une seconde jouissance, leurs corps nus se rencontrèrent.
- Oh.
Le petit gémissement surpris qui s'échappa des lèvres d'Albus fit sourire Drago : il était tellement innocent. Si inexpérimenté. La peur de mal faire et de gâcher sa première fois tétanisa Drago qui, l'espace d'un instant, n'osa plus faire un geste.
- Drago... ça va ? , s'enquit Albus en caressant ses joues.
- Tu... tu es sûr que tu es prêt pour ça ?
Un immense sourire étira les lèvres d'Albus. Sous le regard protecteur et amoureux de Drago, il déclara :
- J'en ai envie et je suis prêt depuis un moment. J'attendais simplement que ce soit toi.
Drago ferma les yeux et se pencha pour lui voler un baiser qui, en réalité, s'éternisa. Leurs langues se trouvèrent et leurs bassins, l'un contre l'autre, ondulaient à mesure que le désir les consumait. Quand le blond sentit les mains du jeune Potter caresser légèrement ses fesses, son bas ventre se tordit délicieusement. Ils rompirent le contact du baiser, reprenant leur souffle, tout en restant malgré tout front contre front, yeux dans les yeux.
Drago reprit ses lèvres pulpeuses dans un baiser, avant de faire aller ses mains sur les courbes du corps d'Albus : il palpa ses pectoraux, caressa ses abdominaux, ses cuisses, ses fesses. Il apprécia les courbes de ses hanches et de sa taille sous ses paumes et, alors qu'il déposait une pluie de baisers sur son torse doré et imberbe, il vint poser deux de ses doigts fins sur les lèvres d'Albus : ce dernier, encore puceau mais pas ignorant, les humidifia quelques secondes avant que son amant ne les dirige vers son entrée. Dans un geste désespéré, Albus s'agrippa aux épaules de Drago tandis que ce dernier s'affairait désormais à détendre ses chairs.
- Détends-toi, Al'.
- Je suis détendu.
- Mon dieu...
Albus était si serré autour de ses doigts que Drago sentit un frisson lui remonter le dos. Si ses doigts étaient déjà à l'étroit entre ses chairs, qu'en serait-il de son érection ? D'ailleurs, cette dernière se trouvait désormais au creux de la main d'Albus qui, pour la première fois, tenait une autre virilité que la sienne au creux de sa main droite. Maladroit, il la caressa délicatement : une torture, pour Drago.
- Drago... viens, s'il-te-plaît.
Ils étaient bien loin de penser aux conséquences quand Drago se glissa entre ses cuisses tandis qu'Albus enroulait ses jambes musclées et fortes autour de sa taille fine et pâle. Sous le regard fiévreux que lui lançait l'adolescent, Drago enduisit ses doigts de sa propre salive afin de lubrifier sa virilité.
Il lui demanda l'autorisation d'aller plus loin grâce à un simple regard, les mots n'étant pas nécessaires. Albus hocha délicatement la tête et, quelques instants plus tard, ferma les yeux et glissa ses doigts dans les longs cheveux blonds de Drago lorsqu'il sentit la virilité de celui-ci s'insinuer en lui. Lente et délicate, l'érection de son amant lui donnait l'impression d'être malgré tout déchiré de l'intérieur ; une larme de douleur perla au coin de son œil, mais Drago vint immédiatement la cueillir du bout de ses lèvres fines et expertes. Un gémissement de douleur se bloqua dans la gorge de l'adolescent.
- Shht, tout va bien. Détends-toi.
Rassuré par les murmures et les doux baisers de Drago sur son visage, Albus ferma les yeux et s'abandonna. Soudain, ce fut comme si son corps n'opposait plus aucune résistance. La sensation grisante et frustrante d'être écartelé laissa peu à peu place au plaisir.
Drago le dévorait du regard : son visage enfantin, bien qu'il soit désormais sexy avec sa mâchoire saillante et ses taches de rousseur, ses lèvres rougies et pulpeuses, ses cheveux bruns en pétard sur sa tête, sa pomme d'Adam dans sa gorge : Albus était une merveille. Un diamant brut allongé là sur ses draps et dans ses bras. Bon sang, qu'avait-il fait pour mériter ça ?
- Je t'aime, Al'.
Drago laissa échapper ses mots contre les lèvres de son amant, avant de l'embrasser passionnément. Ses coups de reins étaient doux et lents, délicats, mais c'était pour eux deux un pur moment de bonheur : une première fois pour l'un, une renaissance pour l'autre. Quand Albus vint prendre son visage entre ses mains, ses yeux vers plongés dans les siens bleus-gris, Drago sut qu'il était fichu : il ne pourrait plus jamais le laisser partir.
- Je t'aime aussi, Drago. Tellement.
Ce ne fut que plus tard, après s'être aimés à tout de rôle, qu'ils jouirent dans les draps. Leurs souffles devinrent saccadés et leurs corps s'arc-boutèrent sous le plaisir intense de l'orgasme qui les ravagea. Leurs gémissements se confondirent, tout comme leurs murmures qui se répétaient qu'ils s'aimaient, encore et encore.
Amoureux et insouciants, ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre après s'être jurés qu'ils ne laisseraient jamais rien ni personne les séparer.
FIN.
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Des avis ? J'espère que ça vous a plu ! xoxo
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