Bonus - Letter
POINT DE VUE AYDEN
Je continuai de regarder en direction de la fenêtre alors que le parfum de Mia me signalait toujours sa présence. Je n'avais pas envie d'entendre un de ses nombreux reproches. Après cette énième matinée merdique, enfermé dans la salle de rééducation, j'avais besoin de rester seul dans ma piteuse chambre d'hôpital. Non en réalité je n'avais pas envie de solitude, c'était pire que tout, mais je n'avais pas envie d'être en sa compagnie. Ma «copine» me bouffait l'espace dont j'avais besoin; elle ne me permettait pas d'aller mieux, elle empirait tout.
Elle se tenait là depuis un quart d'heure et m'avait sans doute déjà sorti toutes les paroles ridicules qui lui étaient venus en tête - sans que je n'écoute vraiment de mon côté. Sa voix ne faisait qu'entrer par une oreille et ressortir par l'autre. Et dire que cette même voix m'avait apaisé de multiples fois depuis mes 15 ans. Ce n'était plus le cas.
- Ça fait des mois que je fais des efforts Ayden, quand est-ce que t'en feras aussi ? souffla-t-elle. T'arrêtes pas de me tenir distance, je me disais que c'était passager mais ça l'est pas.
- J'ai pas envie d'en parler.
Elle laissa échapper un rire plein d'amertume.
- Est-ce que tu vas te rendre compte un jour que si tu te bouges pas, on risque de se perdre tous les deux ?
- Est-ce que tu vas te rendre compte, toi, qu'on s'est déjà perdus? Ça te plait peut-être de jouer la copine parfaite devant tout le monde mais sache que je te retiens pas. Va faire ta vie Mia, je n'étais même pas dans tes plans de toute façon !
Elle avait sans doute imaginé que j'allais mettre ça de côté. Mais mon accident ne change rien à notre situation, au contraire il le mettait en évidence. Une des premières choses dont je m'étais rendu compte en moi réveillant dans ce lit, après mon opération à la hanche, était que Mia ne faisait plus partie de mon avenir. Elle avait raillée toute seule, en désirant une université à l'opposé de la mienne alors qu'on devait être convenu près de l'un de l'autre. J'avais passé des semaines à chercher sur internet, une université non loin de la sienne qui convenait à mon niveau et à mes ambitions. Pour que je finisse par apprendre malencontreusement, par sa mère, qu'elle envisage une toute autre, de l'autre côté des Etats-Unis?
Nous n'avions pas fait encore de choix définitifs, nous n'avions même aucune réponse, et ce n'était que l'année prochaine, mais c'était pour moi un abandon. Elle ne comptait même pas moi le dire, elle m'aurait laissé prendre une décision en fonction de notre couple tandis qu'elle aurait pensé qu'à sa pomme. Le message était clair, notre couple prenait fin en même temps que le lycée. Même maintenant, puisque j'y mettais un terme.
- Je tiens à toi, mon coeur ...
- Pas assez apparemment.
- Bien sûr que si mais je ... commença-t-elle avant d'être interrompue par un claquement de porte.
C'était l'arrivée de mes triplés, dans la chambre. Après la visite de Leander la veille, et la découverte que j'avais faite en ouvrant son enveloppe, je les avais convié pour leur en faire part. Mia fût un peu agacée de ne pouvoir continuer notre discussion mais elle comprit toute seule que c'était le moment pour s'en aller. J'étais énervé contre elle, déçu, et bien que ma fierté me poussait à être sévère avec elle, ça me faisait de la peine de la voir mal en point. Peut-être y'avait-il bien plus dans toute cette histoire d'université, quelque chose que j'avais manqué ... Elle me prit la main alors que la lueur habituelle dans ses yeux s'éteignait.
- Je suis juste désolée.
Son murmure eût plus d'effet que je ne l'aurais voulu.
- On en reparlera, assurai-je.
Elle hocha la tête, avec un petit sourire triste. Le genre qu'elle faisait observer n'obtenait pas ce qu'elle voulait. Dans un geste automatique, elle se pencha vers moi et m'offrit un chaste baiser. Je la retins pour l'embrasser quelques fois de plus, puis la laissai partir. Elle salua Nora et Lieth avant de s'en aller; J'étais certain qu'elle ne reviendrait pas me voir tout de suite mais mentionné serait de retour, on aurait tous les deux notre réponse.
- C'était quoi ça? intervint ma soeur qui s'asseyait au bout de mon lit. Vous avez parlé?
Je levai les yeux sur elle, blasé. Elle avait sans doute appris des détails par le biais de Mia mais n'en obtiendrait pas de ma part. Je n'étais pas du genre à m'épancher sur mes sentiments et puis elle n'étais pas lieu pour ça. Lieth semblait l'avoir compris car il lança:
- Bon, c'est quoi le truc que tu dois nous dire? J'ai un truc à faire après.
Je lui fis signe de récupérer mon sac à dos qui était posé par terre et il me l'apporta aussitôt, sans doute plus que curieux. C'était vrai que mon message avait été mystérieux, au moins j'étais certain de les voir arriver ici aujourd'hui. Je sortis l'enveloppe donnée par Leander. Je ne cessais de revoir ses joues marquées, sa fatigue apparente, son crâne rasée ... Tout ce qui me maintenait dans une seule même idée: je devais l'aider. Je ne le dirai à personne mais ce que j'avais vu la veille, c'était le même garçon qui avait pointé son arme contre lui-même. Un garçon prêt à mourir. Alors même si je le détestais, même si je lui avais dit qu'il ne méritait pas que je le sauve cette nuit-là , j'étais prêt à le sauver de nouveau.
- C'est à propos de Leander, débutai-je. Ce qu'on avait prévu a fonctionné et il m'a fait comprendre quelques trucs.
- Il va bien? s'inquiéta Nora.
- Non, je dirai pas. Pas bien du tout. Il m'a écrit une lettre et ...
- Il t'a écrit une lettre?! Ce n'est pas possible!
Nora me regardait avec de grands yeux impressionnées. Qu'est-ce qu'il y avait de si dingue à ce qu'il écrive une lettre? Il était muet pas analphabète. Notre triplé était dans le même état, les sourcils froncés de consternation. J'avais définitivement raté quelque chose. Ma soeur passa une de ses mèches châtains derrière son oreille puis souffla:
- Ayd, je te rappelle que depuis l'été dernier environ Leander ne signe plus et n'écrit plus rien! Où t'étais quand ça a posé tant de problèmes, pour le procès?
- J'étais ici, en train de me faire charcuter la jambe! Désolé si je ne suis pas tous les caprices de ton Leander chéri, râlai-je.
- Qu'est-ce que dit la lettre? désira Lieth.
Je dépliai la feuille pour leur montrer directement. Ils se penchèrent tous les deux en même temps, et je relus à mon tour comme si je ne l'avais pas fait une bonne centaine de fois: « Ils ont créé une aile cachée pour nous droguer, nous taper, nous affamer. On a réussi à me faire sortir de là, mais d'autres y sont toujours. Sur un besoin d'aide! Faites tourner ces photos discrètement. Ne faites confiance à personne. Ramenez le plus de monde possible le 15 mars !! ». Je vis la chaise de poule se répandre sur la peau de ma soeur et l'effroi gagner mon frère. Relire ce message me donnait aussi des frissons. Mais ce n'était rien comparé au contenu de la carte SD, glissée dans l'enveloppe.
- Peut-être qu'il ment, lança Lieth sur ses gardes, peut-être qu'ils font juste ça pour sortir. S'il est vraiment en danger, pourquoi il prendrait le risque de marquer tout ça sur papier?! Ils doivent être fouillés h24 non? D'autant plus quand il vient te voir ...
- Il avait scotché ça autour de son torse quand même, m'exclamai-je. Et t'as vu comment il était, toi!
- Un commentaire?
Je tournai la tête vers Nora qui venait de lâcher cette question d'une voix tremblante. Je lui fis une description rapide de l'état physique dans lequel se développer Leander. Complètement différent de ce que l'on avait pu voir auparavant. A chaque visite, je l'avais vu devenir de plus en plus morne. Et abîmé: ça avait été d'abord ses bleus au visage, puis combiné à ses doigts cassés et maintenant, c'était un ensemble. J'avais même pu apercevoir les blessures sur son torse bien plus inquiétantes que celles visibles.
Elle s'empara du papier. Ses yeux retracèrent chaque ligne encore et encore, même les traces d'encre qui s'y trouvaient - signe d'une précipitation.
- Je ne pense pas que ce soit lui qui l'ait écrit, sûrement quelqu'un d'autre qui est au courant, glissa-t-elle avec certitude. Assiste, quelles photos?
- Je suis pas sûr que tu veuilles voir ça, l'avertis-je.
Le regard sombre dont elle m'asséna me fit tout de suite penser le contraire. Je pris mon ordinateur portable de mon sac et ouvris le fichier de la carte SD. Elle contenait une trentaine de photographies, toutes un peu similaires et datées sur quatre jours. Elles étaient de très mauvaise qualité mais ça suffisait pour voir ce qui devait être vu: l'horreur. J'affichai en grand la première photographie: une importante chaise en métal se trouve au milieu d'une salle, aux barres du dessus et aux bras se trouvaient des attaches. Ça ressemblait extrêmement à une salle de torture et je ne pouvais pas m'empêcher de demander ce que Leander avait vécu dessus.
Je continuai de défiler: des couloirs à peine éclairés qui se ressemblaient tous, des garçons aux habitudes sales qui étaient allongés à terre dans des positions inquiétantes - à se demander s'ils étaient vivants -, des salles vides, un jeune garçon à peine entré dans l'adolescence qui dormait trempé de la tête aux pieds. Et plus horribles encore: des jeunes aux yeux mi-clos, parfois dévêtus, d'autres qui gisaient la tête dans leur vomi, certains dont les blessures ont été traitées pas soignées depuis longtemps. Des excréments à chaque pièce de pièce. Des anneaux accrochés aux murs et des mèches de cheveux sur le sol. Et enfin une grande pièce bien plus éclairée que le reste, au bout de laquelle on voyait se dessiner des escaliers montant. C'était un détail qui me semblait important car c'était la seule information que l ' on avait sur le lieu: c'était en dessous. Les murs faits en pierre et ont montré une aussitôt penser à des sous-terrains.
- C'est pas vrai ...
Le visage de Nora était traversé d'une grimace de dégoût. Un peu la même que j'avais du avoir lorsque j'avait tout regardé. C'était écoeurant et révoltant. Ce camp avait pour but de redresser les jeunes qui avaient une certaine aversion pour les conneries, il proclamait ex de bons citoyens américains, et aidait les jeunes à s'en sortir. Ce n'était qu'un ramassis de conneries. C'était un camp de vengeance plutôt, dont le mais était sans doute de guérir le mal par le mal. J'imaginais que c'était ce qui avait fini d'achever Leander, il avait dépassé ses propres limites.
- Qu'est-ce que c'est ce bordel, grogna Lieth qui continue de faire défiler les images. Il a vécu ça ?
- Ça explique pourquoi on ne pouvait pas le voir pendant deux semaines! avança Nora.
- Comment il a fait pour prendre toutes ces photos ?
- J'en sais rien Lieth ! rétorquai-je. Ecoute, je sais que t'as du mal avec lui depuis qu'il a fait le con mais là on doit oublier tout ça. Alors on va faire un truc pour les aider, que tu le veuilles ou non.
Je le vis souffler mais n'y prêta pas plus d'attention. Il avait beau être le plus sympathique de nous deux, ça faisait des mois que Lieth avait Leander dans le viseur. Je savais que c'était la peur qu'il avait ressenti en moi voyant dans tout ce chanté qui le poussait dorénavant à être aussi en colère. Il avait eu peur de me perdre, comme Nora. Ma colère n'existait pas pour les mêmes raisons. Evidemment, je lui en voulais de m'avoir transformé en handicap, je lui en voulais parce que je me trimbalerai ma démarche boiteuse toute ma vie qui ne ferait qu'empirer avec l'âge.
Mais, une grande partie de moi lui reprochait d'avoir eu envie de se tuer. Ce n'était pas une solution aux problèmes, il aurait fait que les passer à ses proches. Son oncle, sa tante, son cousin, son frère et toute leur famille ont été dévastés par sa mort. Nora aussi. Et notre groupe d'amis aurait été touché d'une certaine manière. Je ne considérais pas que le suicide était égoïste, j'étais certain qu'il avait voulu disparaître en croyant soulager ses proches du poids qu'il représentait.
Je n'aimais pas voir les gens baisser les bras sur leur propre existence. Tout le monde méritait de s'épanouir, d'être heureux. Même si quelques fois il fallait se battre pour ça. Quand la vie t'en faisait voir de toutes les couleurs, il fallait lui foncer dedans. Et si un de nos proches n'avait pas assez de force pour le faire tout seul, on l'aidait. C'était comme ça que je fonctionnais.
- Qu'est-ce qu'il y a le 15 mars ? concéda Lieth d'une voix lasse.
Nora m'envoya un sourire ravie auquel je répondis légèrement. J'étais certain de toujours pouvoir compter sur ces deux-là. Lieth m'avait d'ailleurs été d'une grande aide à la veille, en acceptant de se faire passer pour moi. Dès que l'on avait appris la venue de Leander, on avait rapidement trouvé un moyen pour le coincer quelque part sans son surveillant.
- J'ai regardé sur le site du camp, expliquai-je. C'est un événement appelé Journée Famille. On invite les gens à venir voir le centre et voir comment les jeunes s'en sortent. Tu peux être un proche, un simple visiteur, un professionnel de la santé, ou un recruteur! Il y a souvent des journalistes d'après ce que j'ai vu.
- Ils comptent tout dévoiler ce jour-là donc ? devina ma soeur.
- J'imagine que oui. Nous, on a une semaine pour alerter le plus de monde possible !
- On pourrait utiliser la Students Solidarity , proposa-t-elle.
C'était certainement la première et la dernière fois que j'étais content d'entendre parler de ce site. Elle l'avait créé l'an passé, pour mettre en place des groupes de soutien au lycée et des discussions en ligne pour les jeunes qui avaient besoin de parler. Ceux qui voulaient confier leur peine d'une manière anonyme à un administrateur de leur choix. Très vite, le site avait dépassé le seuil du lycée, s'était étendu aux villes des alentours puis à tout l'État, comptabilisé plus de 50 000 utilisateurs. Ce qui était énorme.
Lieth sembla inspiré par cette initiative puisqu'on le vit se redresser, le visage éclairé.
- On peut faire un événement officiel du genre " Students Solidarity en visite à Burket Rivers ", dit-il rapidement, ça éviterait d'éveiller leur soupçon. Sur ramène des caméras en prétextant faire un reportage pour notre site, il se passera sûrement quelque chose à filmer.
- Et si notre tentative d'échoue, qu'ils se rendent compte de la supercherie, qu'ils exploitent tous d'en payer le prix, commentent le stresser Nora.
- Alors, faut tout faire pour réussir.
Je venais de dire cela avec conviction, sans pour autant être aussi confiant. Nous devions néanmoins nous obliger à y croire, sinon c'était peine perdue. Si la situation se retournait contre eux, ça marquait uniquement le début d'un combat. Un combat que je n'étais pas prêt de lâcher. Peu importe ce qu'avaient pu faire tous les garçons de ce camp, aucun ne méritait d'être maltraités ainsi. Sur leur retraitait leur condition d'humains. Je croyais en la véritable justice et ce mode de fonctionnement n'était pas une.
- Dommage que je ne serai pas là pour admirer tout ça! grognai-je.
- Peut-être que tu pourrais sortir, s'exclama Lieth, ça fait trois mois que t'es enfermé ici! Tu peux bien sortir pour une journée.
- Ouais mais y'a besoin de l'autorisation des parents, ça nous obligerait à leur dire où l'on va!
- Ils ne sont pas obligés de savoir, allégua Nora doucement.
Nos yeux se posèrent tout de suite sur elle. Nous étions complètement contre cette idée, toutes les fois où nous avions menti à nos parents, ça c'était mal terminé. Nous avions décidé que c'était terminé les secrets de famille, les non-dits, et les coups fourrés dans le dos de l'un et l'autre, pourtant elle ne semblait pas l'avoir assimilé.
- Hors de question, l'attaqua tout de suite Lieth, on peut pas prendre ce risque. Si jamais il arrive quelque chose à Ayden, ils nous tueraient.
- Ok les gars, c'était juste une idée.
- Ouais c'est bien pour ça qu'on écoute jamais tes idées Nono.
Son ricanement fut très vite suivi de mon rire. Il n'avait pas tort puisque c'était bien rare que l'on tienne compte des avis de notre soeur. Elle avait tendance à être un peu naïve, on ne la prenait jamais trop au sérieux bien qu'elle déteste ça. Vexée, elle nous dressa un doigt d'honneur qui fit redoubler nos rires.
- Allez, je dois y aller ! annonça-t-il finalement en se levant. Nora, je te ramène ?
Lieth ne la regardait même pas, récupérant ses affaires qu'il avait balancé sur le fauteuil au coin de la pièce, et s'éloignait vers la porte. Il se retourna vers nous et la concernée secoua la tête de gauche à droite, faisant voleter quelques cheveux.
- Je reste encore un peu, Garrett viendra me chercher.
- Garrett, toujours Garrett ! dit-il retourné vers nous. Bon, à demain, jambe de bois !
Je saisi le gobelet en plastique posé sur ma table de chevet et le balançai sur mon triplé. Il l'évita aisément, d'un seul mouvement sur le côté. Cependant, lorsqu'il vit que je me levai, il nous salua une dernière fois et partit en courant. Je me laissai retomber contre mon matelas, secoué par les rires. C'était vraiment quelque chose ce mec !
Quand je croisai les yeux de Nora, je vis non pas de l'amusement mais de l'inquiétude. Son expression me calma sur le coup. Je lui fis signe de dire tout haut ce qu'elle pensait tout au fond d'elle, ce qui avait l'air de la tourmenter.
- En parlant de Garrett, je me demande juste si on devrait lui dire...
Un soupir m'échappa des lèvres. Je n'y avais pas pensé mais c'était effectivement une question à se poser. Garrett méritait de savoir ce que son petit frère avait vécu et ce qu'il traversait dans le camp, toutefois il était de nature impulsive quand il savait l'un de ses proches en danger. J'avais pu le voir les fois où il s'était inquiété pour Leander au lycée. Plus j'y pensais, plus je réalisais que nous n'avions pas à choisir. Leander l'avait fait pour nous.
- C'est à nous, enfin à moi qu'il a donné la lettre, avançai-je. Il aurait pu le donner à Garrett aujourd'hui... Puis qu'est-ce qu'il apporterait de plus ?
- Ouais mais ça me dérange de lui mentir, soupira-t-elle.
- C'est pas du mensonge, c'est de l'omission.
Elle roula des yeux. Ce n'était pas une réponse suffisante, je l'avais compris. D'une certaine manière, je la rejoignais car on ne pouvait pas se contenter de cacher ça à Garrett.
- Je peux lui dire qu'il se passe quelque chose là-bas, qu'on essaye de le découvrir et qu'on aura notre réponse la semaine prochaine ?
Je validai son idée, en espérant que son copain ne se montrerait pas davantage curieux. Elle acquiesça à son tour puis me sourit, sans y croire elle-même. Elle était encore tourmentée par les images, par toute cette nouvelle dure à digérer. Ça m'étonnait toujours de voir comme Leander agissait sur notre vie, avec tant de force, lui qui était si silencieux, presque inexistant. Il ne se rendait même pas compte du nombre de personnes qui tenaient à lui.
J'avais toujours admiré la carapace qu'il s'était créée pour survivre, son silence qui le rendait inatteignable. J'avais toujours apprécié cette force cachée en lui, dont il n'avait même pas conscience. Bien que les derniers mois avaient été durs pour lui, que tout ça s'était écroulé, il se battait toujours. Non pour les bonnes raisons, mais il le faisait. Au lieu d'haïr les autres, il se haïssait lui, et il se démenait pour mener à bien sa propre destruction. J'étais convaincu que si l'on détournait cette force de lui, elle allait le mener à de grandes choses.
Je repensai à notre "entretien" de la veille, me persuadant qu'il méritait tous les efforts que nous nous apprêtions à faire pour lui.
- No', glissai-je tout bas.
Elle me scruta avec attention.
- Ça veut dire quoi, ça ? quémandai-je en reproduisant le signe que m'avait adressé Leander.
- Ça veut dire merci, dit-elle sans attendre. Pourquoi ? Lean t'a signé, hier ?!
Mon coeur se resserra à cette réponse. Il me remerciait pour quoi au juste ? Je jetai un léger regard à la feuille posée contre mes jambes et me répétai ce qui était écrit au dos - que mes triplés n'avaient heureusement pas vu. Nora était persuadée que Leander n'avait pas écrit la lettre, j'osais la croire. Mais les quelques mots écrits en bas du verso ne pouvaient venir que de lui. C'était une écriture tremblante qui avait tracé au crayon de papier quelques lettres mal accordées : « Je suis désolé ». Il écrivait et signait pour la première fois depuis un moment et ça m'était destiné. Il devait vraiment être au plus bas.
- Non, non, mentis-je, c'est juste moi qui essaye d'apprendre le langage de signes.
- Pourquoi ? chercha-t-elle à comprendre, un sourcil relevé.
Je lui donnai une pichenette sur la tête pour qu'elle se détache de ce tic idiot et chassai sa question d'un haussement d'épaules. Elle rigola mais ça ne sembla pas lui suffire, à nouveau, puisqu'elle redevint sérieuse.
- Ça va être gênant mais je dois te demander.
- Quoi, encore ? me plaignis-je.
Elle souffla d'un seul coup, comme pour se relaxer, puis planta ses yeux gris dans les miens.
- La dernière fois que je t'ai vu autant te soucier et t'accrocher à quelqu'un, c'était pour Mia... Donc ça m'oblige à me demander et à te demander. Est-ce que tu serais pas attaché à Leander ?
________________________
Hey hey ! J'ai beaucoup hésité à poster ce bonus tout d'abord parce que ça fait un moment que je n'ai plus écrit sous le point de vue d'Ayden et que je redoutais de faire le même genre de pensées que Leander. Puis, parce que j'ai l'impression que c'est médiocre ahah !
Je suis tout de même contente de vous faire plonger ou replonger (pour ceux qui ont lu Only That Way) dans la petite vie des triplés ! J'espère que ça vous plaira évidemment, que vous aimerez la manière dont Ayd se dévoue pour notre petit protégé et si vous pensez que leur plan va fonctionner.
Pour la question de la fin, vous aurez la réponse dans la suite de l'histoire ! Je tiens tout même à préciser que le terme "attaché" peut être autant amical qu'amoureux ou familial si je peux dire. A vous d'en voir le sens ! ;)
Hâte de vous lire, byeeeeeeeeee
Ps: Texte non relu avant la publication, donc désolée s'il reste quelques fautes !!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top