26 - Elapsed


Deux autres semaines s'étaient écoulées à une vitesse surprenante, alors que le temps en lui-même m'avait semblé long. J'avais compté chaque seconde, chaque minute, chaque heure, persuadé que tout s'était figé. Mais non, la vie continuait bien son cours. Regan avait finalement été libéré, comme tous les garçons du centre, dans l'attente d'une nouvelle décision juridique. Isaiah était toujours déclaré absent et il me manquait un peu plus durant ces secondes, minutes, heures que je comptais. Le plus dur dans tout ça était que je n'avais personne à qui en parler.

De plus, de nombreuses informations étaient tombées dans les mains des journaux et avaient été vite distribuées. Apparemment, le programme de l'aile Z existait depuis plus de cinq ans et représentait une grande somme d'argent, tant en investissement qu'en bénéfices. Sous couvert de vouloir tuer la "cellule défectueuse" chez les délinquants, c'était une histoire de torture dans laquelle il n'y avait pas qu'un seul coupable mais bien plusieurs. Il y avait ceux qui étaient présents à Burket Rivers et ceux qui y participaient même de loin, en y mettant de l'argent - comme Mme Jenson.

Elle n'avait pas échappé à mon témoignage et j'avais été ravi d'apprendre que la police ne l'avait pas mise de côté non plus. Après réquisition de ses biens, des détails suspects avaient été relevés dans ses comptes bancaires puis sans grande surprise, on avait découvert qu'elle représentait le plus grand investisseur du programme. L'argent était utile pour se fournir en médicaments, de puissantes drogues, en outils, et en méthodes appliqués sur nous.

J'avais du mal à prendre du recul pour réaliser que tout cela était réel. Nous n'étions pas dans un film d'action ou dramatique et c'était ça, la réalité. Surprenante, cruelle, décevante, inhumaine parfois...Et pourtant, on nous demandait de nous relever et de continuer de marcher au milieu de ces débris. De ce paysage dénué de couleurs. De choses condamnées à disparaître. On nous demandait d'être plus vivants que jamais dans un monde déjà mort. Si la plupart des personnes le faisaient à merveille, j'avais franchement du mal.

Mais, parce qu'il y avait toujours un mais, je connaissais des sursauts d'espoirs lorsque la vie semblait me sourire. Comme à l'instant même :

- J'ai une très bonne nouvelle, déclara M. Travis alors que nous venions tout juste d'entrer dans son bureau.

M. Travis était mon agent de probation depuis que j'avais eu affaire à la justice. Il n'était pas très vieux et débutait évidemment dans son métier. Ça ne m'avait pas inspiré confiance d'abord puis je l'avais vu faire son travail avec précaution et assurance. Il endossait parfois le rôle d'assistant social car il devait m'aider dans mon quotidien, dans mes études, mes projets ou mon bien-être. Il était sympathique mais gardait pourtant une distance professionnelle qui avait quelque chose de rassurant. Ainsi, j'étais certain de pouvoir compter sur lui.

- Tes deux mois restants en camp de redressement ont été révoqués et remplacés par des travaux d'intérêt général, au service de l'Etat. Il y a aussi d'autres conditions dont je vais te parler mais il faut que tu retiennes cela, on a obtenu ce que l'on souhaitait ! Tu restes chez toi.

Ma tante ne put retenir son explosion de bonheur car je fus dans ses bras alors que Travis parlait encore. Je la serrai en retour, me délectant du sentiment singulier en moi. C'était bon de savoir que je n'étais plus retenu, je n'avais plus d'obligation à agir de telle ou telle sorte. Je pouvais essayer d'être moi-même, auprès de ma famille - tout ce que j'avais souhaité dans l'aile Z. En levant les yeux, je vis que mon agent souriait franchement. Il se préoccupait réellement, je ne m'étais pas trompé.

En effet, il avait tout fait en ma faveur dès qu'il avait appris qu'une révision de ma peine judiciaire allait s'effectuer. Ses attentes avaient été claires : Mme Jenson n'était plus en charge de mon suivi psychologique car cela représentait un conflit d'intérêt. Je devais donc être suivi par une toute nouvelle personne qui jugerait mon état mental et qui serait en mesure de conseiller la justice sur la décision à prendre. C'était ce que j'avais fait. Ma tante, qui était amie avec la mère de Nora, avait eu vent du travail excellent d'un certain Dr. Beckergam et nous n'avions pas hésité. C'était ainsi que j'avais rencontré le psychiatre le plus cool des USA, je laisserais personne me contredire. J'avais mis un petit temps à m'adapter puis j'avais pu communiquer sans aucune crainte. Et même si je n'écrivais que dans certains cas, il m'avait énormément fait progresser.

Il y avait donc le chaos d'un côté et de l'autre, un semblant de vie qui se reconstruisait. C'était à moi de choisir mon côté. Soit la désillusion pour ne jamais être déçu à nouveau, soit l'espoir pour faire de mon mieux et toujours essayer. Ce n'était pas la première fois que je faisais face à cet ultimatum toutefois c'était bien la première fois que j'hésitais autant à prendre ma décision. C'était la troisième chance sur la vie qui m'était donnée, je ne devais pas me louper.


***


Il y avait plus bizarre que de se réveiller en dehors du camp, c'était de se réveiller dans ma propre chambre et entendre la voix de ma petite sœur qui portait tant. Pourtant c'était ainsi que nous fonctionnions depuis ma sortie de l'hôpital : le weekend, Billie et moi nous rejoignions Garrett, à Seattle. La seule différence pour moi était qu'à partir d'aujourd'hui j'allais y rester pendant un bon moment ; mon oncle et ma tante avaient accepté ma demande. C'était ici que je voyais ma place alors que j'avais passé ces derniers mois à fuir cette maison. Dorénavant, je voulais y être, m'imprégner de mon passé, me retrouver.

J'enfilais un pull par dessus mon t-shirt, attrapai mon portable tout neuf offert par mon frère et sortis de ma chambre. Comme à chaque fois, mes yeux évitèrent la porte d'en face. Je descendis à toute vitesse, fuyant ma terrible envie d'entrer dans leur chambre, et retrouvai mes frères et sœurs au comptoir de la cuisine. Garrett était concentré dans sa cuisine ; il n'était pas très doué pour faire les petits-déjeuners mais se refusait à nous laisser manger un simple bol de céréales. Souvent, nous finissions par sauter ce repas et nous nous vengions au déjeuner par des aliments pas très sains.

- Lean, me sourit Billie.

Elle plaça automatiquement un bloc note sur la table devant elle. Elle était sans doute celle qui insistait le plus pour que j'écrive. Sa joie n'était pas égalable quand il m'arrivait de le faire mais les fois où je n'étais pas d'humeur, que je ne m'en sentais pas capable, la déception était toute aussi grande. Mais les choses ne dépendaient pas d'elle et elle devait malheureusement l'apprendre. Je la rejoignis, ignorai ses yeux ronds ventousés sur moi et bus innocemment mon verre de jus.

- Oh salut, me remarqua alors Garrett. Tenez !

Il déposa sur la table un plat de... œufs soit disant brouillés et nous servit. Notre petite sœur n'eût pas l'air enchantée mais elle mangea au moins sans rechigner. Je pris une bouchée mais c'était bien pire que la bouffe que j'avais connu à Burket. Un coup d'œil derrière mon épaule me permit de voir que Garrett était penché sur son portable. J'en profitais pour attraper un stylo, arracher une feuille, dessiner un bonhomme dégoûté avant de le glisser vers Billie. Elle se mit d'abord à glousser puis se lança dans un fou rire quand elle me vit faire la même grimace. Son rire était apaisant à entendre.

- Qu'est-ce qu'il y a ? voulut savoir notre aîné.

Elle tenta tant bien que mal de répondre quelque chose mais elle était emportée par ses rires démesurés. Garrett et moi nous contentions de l'observer, amusés. Quand elle fut calmée, elle assura que ce n'était rien et reprit son petit-déjeuner. Mais une seule bouchée de nourriture déclencha une nouvelle crise de rire, elle pouffa et ce matin, ma douche fut à base d'œufs brouillés. J'avais une folle envie de lui crier que c'était la petite fille la plus dégueulasse au monde, à la place je pris une poignée dans mon assiette et lui envoyai.

- Eh non, pas avec la nourriture ! gronda Garrett.

- C'est même pas mangeable !

Je hochai la tête pour appuyer l'opinion de Billie. Il eût l'air vexé mais jeta tout de même un regard au plat. Il en goûta une bouchée, le nez plissé.

- C'est vrai que c'est pas génial. Puis, ça a une odeur bizarre !

Il tendit le plat à Billie et si son plan me paraissait trop gros pour être cru, elle tomba en plein dedans car elle se pencha pour sentir. La main de Garrett vint alors trouver l'arrière de sa tête afin de lui plonger le visage en plein dans les œufs. Elle poussa un cri strident avant de courir vers lui. Ca me faisait plaisir de les voir s'amuser ensemble même si je n'avais pas la force de les rejoindre. C'était ce genre de moments qui manquaient cruellement de deux personnes et que je me refusais à vivre sans eux. 

Les rires de ma petite sœur étaient si puissants, si vivants, qu'ils ricochaient entre les murs de la maison. Elle était si heureuse de nous avoir tous les deux, d'être de retour à la maison chaque weekend ; elle nous avait avoué pouvoir ainsi « retrouver des petits bouts d'avant ».  Et j'eus envie de lui en donner un peu plus. Je pris le bloc note qu'elle m'avait préparée et laissait courir le stylo sur le papier en repensant au poème qu'elle m'avait écrit.


BILLIE, 

Je ne suis pas fort pour les rimes. Dans ces quelques mots, tu trouveras juste ma voix. Lis les avec attention et ancre les bien au fond de ton cœur. En fait, je n'ai aucune force pour rien ces derniers temps, mais quand je t'entends rire, je sais où elle se trouve. En toi. Alors, souris, rigole, danse, chante, sois joyeuse ! T'es une petite fille courageuse, tu n'as besoin de personne mais si un jour tu en ressens le besoin, tu peux compter sur moi. Toujours. Si Leander rime avec bonheur, souviens-toi que Billie rime avec vie et qu'assembler les deux, ça rend plus fort. 


Je pliai le papier juste au moment où ils revenaient. En entendant Garrett lui demander de débarrasser, je glissai le mot sous son assiette et retournai dans ma chambre pour me changer. Notre frère avait sûrement prévu d'aller quelque part, j'avais remarqué qu'il n'appréciait pas tant de rester dans cette maison. Il n'y restait jamais trop longtemps.

J'étais en train de ranger mes affaires quand Billie débarqua dans ma chambre à toute allure. Elle sauta littéralement dans mes bras me laissant tout juste le temps de la rattraper. Et à en juger ses reniflements, elle avait lu mon mot. Elle n'avait attendu que ça, que je m'adresse à elle. J'avais été con de tarder pour le faire. J'avais de l'importance pour mes proches et ils attendaient de savoir qu'ils comptaient aussi pour moi.Comment avais-je pu ignorer ça, durant deux ans ?


***


Allongé sur mon lit, je passai en revue la liste de musique créée par Garrett sur le mp3 qu'il m'avait lui-même amené au camp. Mais aucune chanson ne correspondait à ce que j'appréciais. Mon frère avait encore un énorme travail à faire sur ses goûts musicaux - apparemment Dieu ne le guidait pas pour ce genre de choses. 

Amusé par ma propre plaisanterie, je souris dans le vide ; au même moment la sonnette me fit sursauter. Le son était bien trop fort et surtout, nous n'avions pas reçu de visites depuis. Du moins pas de personnes qui prenaient la peine de sonner avant d'entrer. Le seul contact avec l'extérieur était le téléphone qui s'était très bruyant depuis qu'une poignée de journalistes ou autres curieux étaient parvenus à se procurer notre numéro. 

J'entendis heureusement Garrett aller ouvrir alors que le grincement de la porte ne retentissait plus. Elle avait été changée après l'incident de décembre, le parquet aussi car ruiné par le sang. Ca ne m'empêchait pourtant pas d'y repenser, de tout revivre, chaque fois que je posais ne serait-ce qu'un seul pied dans l'entrée. Certaines choses ne pouvaient s'effacer. 

Je continuais de faire mon tri musical pendant cinq bonnes minutes quand la voix rauque de mon frère m'appela d'en bas. « Y'a quelqu'un pour toi ! » ajouta-t-il et je me fis immédiatement des films. La police ? Quelqu'un de Burket Rivers ? Sergent Blondie ? Isaiah ?! Je me levai à toute vitesse et descendis tout aussi vite les marches. Mais, mes espoirs s'effondrèrent. Je ralentis pour ne pas faire de même. Ce n'était pas du tout une des personnes attendues. Ce n'était ni de la peur, ni de la joie qui s'éveillait en moi. Juste de l'incompréhension face à la personne qui m'était inconnue. Ou presque... Un sentiment étrange me gagnait au fur et à mesure que j'avançais. Garrett se tenait aux côtés d'un jeune homme aussi grand que lui mais qui semblait avoir mon âge. Ses cheveux bruns étaient assez longs pour être rabattus en arrière ; ils accompagnaient une peau légèrement hâlée. Ses yeux d'un noir impénétrable se posèrent sur moi, m'envoûtant aussitôt. 

Je connaissais ce regard. Quand ses lèvres charnues se plissèrent en un sourire timide, l'image d'un fantôme s'imposa à moi. Ashiki. Mon cœur se compressa, mes poumons se bloquèrent et j'eus la folle impression d'étouffer. Le calme fut remplacé par de multiples voix, toutes mélangées, de plus en plus fortes. 

« Alors, tu es pressé de le voir ? » 

« Dépêche-toi d'arriver, j'ai hâte ! » 

« Tu le feras hein ? Lui dire ce que tu as sur le cœur ?!   »   

Je reculai avec pour seule volonté : le fuir ! Fuir mes souvenirs. Je montai les escaliers aussi vite que je les avais dévalé afin de retrouver ma chambre. Mon lieu de réconfort. Ma zone blanche. La porte claqua derrière moi ; j'arpentais déjà la pièce de long en large. Respirer devenait difficile. On me broyait la gorge, le corps, le cœur. Je nous revoyais, Ash et moi, passer des heures à jouer aux jeux-vidéos. Nos fins d'après-midi en sortant de cours. Nos fous rires. Nos confessions. Nos échanges de vêtements. Nos prêts de skate, consoles, DVD. Nos manigances de collégien. Nos secrets de gamins. Et notre secret bien plus précieux. 

Je me rappelai de la sensation de sa main dans la mienne, je me rappelai exactement de ce que ça m'avait procuré. Du sentiment d'affection qui me prenait quand je l'observai devant ses documentaires sur l'ancienne Egypte. De la peine que je ressentais quand une fille du collège en pinçait pour lui sans que ça ne le dérange vraiment. De la sienne quand il avait du déménager loin. Mais aussi de notre relation qui avait tenu en dépit de la distance. Mes sentiments avaient même grandis car il évitait de traîner trop longtemps avec ses amis pour pouvoir faire notre appel visuel tous les soirs ; il se confiait à moi sur tout ; il insistait plusieurs fois pour que je vienne le voir ; il gardait le même esprit loufoque ; il m'encourageait, me conseillait, me valorisait. A 12 ans, je n'étais pas sûr de ce que je vivais. A 13 ans, j'étais persuadé d'être amoureux. 

Puis, plus rien. Je voyais noir. J'étais enfermé et je ne respirais plus. Au début, je me débattais puis je fus serré dans un étau de plus en plus étroit. Je me recroquevillai sur moi ; je voulais arrêter tout, échapper, être libre de moi-même. 

- Hey... Tout va bien, tout va bien Leander, tu m'entends ?

Des mains se posèrent sur mes poignets et je me crispai par réflexe. Sa voix... Ash était bien là, auprès de moi. 

- Leander ? Ouvre les yeux... Vas-y.

Je mis un moment à le faire mais il resta patient. J'ouvris les yeux, mon corps tremblant encore de panique. Ma respiration restait forte et montait dans les aiguës à cause du manque d'air. Ash se tenait accroupi, devant moi. Comme ça m'était impossible de soutenir son regard, je baissai la tête. 

- Regarde autour de moi, regarde ta chambre, et prend une inspiration par détails. 

Je levai les yeux mais ne parvint pas à me focaliser sur une seule chose à la fois. Alors, il commença pour moi : 

- La chaise devant le bureau, glissa-t-il en exagérant ensuite un soupir. Son pied bancal... Le bois parfaitement lisse... La veste posée dessus... Le logo qui y est inscrit... L'écriture en majuscules. 

C'était stupide mais je me calquai sur lui et bientôt, je me sentis mieux. Je respirais, j'étais là dans ma chambre et la situation ne me semblait plus si grave. Néanmoins, partager un regard avec Ash me fit éclater en sanglot. C'était un trop plein d'émotion qui venait d'exploser. Je relâchai la pression, non pas des dernières minutes mais des deux précédentes années. Les angoisses, les regrets, les amertumes, les colères. Ash était avec moi. C'était ce qui aurait dû se passer après le vol. L'avion aurait dû atterrir, j'aurais du le rejoindre et passer une semaine amusante. C'était le but même du trajet en avion, un but que je n'avais jamais atteint à cause du crash.

Étrangement, je ne réagis pas quand il me prit dans ses bras ; je le serrai même plus fort. C'était là que j'aurais dû être. Sa peine se mêla la mienne. Lui aussi vidait ses émotions, par bribes « Désolé » bredouillés au milieu de mes sanglots. Je ne pensais pas que la situation l'avait autant touché, autant que moi. 

- Je suis désolé de ne pas être venu avant, avança-t-il une fois calmé.

Je me retirai soudainement de ses bras, me levai et essuyai mes larmes, le dos tourné. Toute la rancoeur à son égard me regagnait. Pourquoi venait-il maintenait ? Pourquoi ajoutait-il un énième soucis à ma vie ? Pourquoi venait-il tout chambouler à l'instant où j'étais persuadé d'être plus fort que jamais ? Je le détestais.

- Je t'ai vu à la télévision, j'étais même pas sûr que ce soit toi, maugréa-t-il. Mais, y'a eu un déclic et je me suis senti obligé de venir. J'avais peur que tu n'habites plus ici, je me suis quand même lancé sinon je le repousserai à plus tard comme je l'ai fait jusque là... Je comprendrais si tu préfères que je parte. Je comprendrais si... si c'est trop tard, maintenant.

Je voulais lui hurler de partir car ce que je préférais c'était de tirer un trait sur tout ça mais je voulais également lui murmurer de rester car je n'avais jamais tiré de trait sur lui... Il était venu me voir, il avait fait le premier, c'était à mon tour de combler la distance.

Je m'emparai de l'ardoise que je possédais depuis mon mutisme, pour y écrire « Pourquoi tu es venu ?  ». Alors que je mourrais d'envie de lui demander : pourquoi tu n'es jamais venu ?  Il ne fut pas étonné de me voire écrire ; mon frère avait du le briefer. Il observa simplement mes mots pendant un moment puis ses yeux se posèrent ailleurs, plissés de culpabilité. Ou de honte peut-être. Je n'arrivais pas à le déchiffrer, il semblait tant fermé à présent.

- Pour te présenter mes excuses, te dire combien je suis désolé de ce que tu as du traverser ou combien je regrette mon comportement de lâche. J'ai même pas d'excuses... Quand j'ai appris le crash, je me sentais tellement coupable que j'avais peur de me confronter à toi. Puis, je me persuadais que tu avais besoin de temps, que c'était mieux pour toi. Toute ma famille insistait pour que je prenne de tes nouvelles mais j'en étais incapable. J'en avais tellement envie bordel, souffla-t-il lourdement. Parfois, je me lançais puis je raccrochai toujours avant les tonalités ou j'effaçai le message sur lequel j'avais passé des heures à réfléchir. 

En parlant, Ash était venu s'asseoir près de moi sur le lit. Il gardait la tête vers le bas, le visage caché par ses cheveux. Mais je voyais parfaitement ses mains trembler, j'entendais aussi sa voix entrecoupée. Et je me confrontais à une chose : tout comme moi, Ash n'était plus le même. J'avais passé ces deux dernières années à rejeter la faute sur lui et il avait fait pareil. 

- Qu'est-ce que je pouvais bien te dire ? reprit-il d'une voix plus rauque. Qu'est-ce qu'on est censé dire ? T'étais la dernière personne que je souhaitais voir malheureux et pourtant, c'est arrivé. Je me sentais impuissant, pas capable de faire ce qu'il fallait. J'arrêtais pas de repenser à ta mère qui m'invitait toujours à vos repas, à ton père qui nous emmenait à toutes sortes d'activités et ça m'attristait. Tu les aimais tellement et...

Sa voix craqua, me comprimant l'estomac. Il releva enfin ses yeux embués pour les planter dans les miens. Voir sa culpabilité étalée devant moi me faisait regretter. Nous avions souffert tous les deux dans notre coin.

- Je suis désolé. Je suis venu parce que j'ai réalisé qu'on s'en fout de ce que je ressens, le plus important c'est toi. Et que pour toi, je me devais d'être là. Je te devais la vérité. Je nous devais ça, vraiment. Je suis venu te dire que j'suis désolé de ne pas être venu plus tôt. J'étais ton... ami mais je ne me suis pas comporté en tant que tel. 

Il y eût un silence d'abord dérangeant puis apaisant. Il relâchait la pression et me libérait par la même occasion. J'avais besoin d'entendre tout cela. C'était des réponses que j'avais longtemps attendues sans pour autant aller les chercher. J'avais choisi la facilité, en ça, je n'avais pas non plus un très bon ami. Pendant un temps, ça m'avait convenu qu'il ne revienne pas car je ne voulais plus en entendre parler. Puis, je lui avais reproché de ne même pas avoir essayé. Deux ans après, je réalisais que la situation avait été complexe pour nous deux.

Ash se redressa soudainement avant de se pencher davantage dans ma direction. 

- Non t'étais pas mon ami, t'étais bien plus que ça. J'étais totalement amoureux de toi. T'étais la meilleure personne que j'avais rencontré de toute ma vie, même encore aujourd'hui. Et je t'ai laissé tomber. Tu peux me haïr pour ça, parce que je me le pardonnerai pas non plus. 

Involontairement, je me mis à sourire. On ne s'était jamais dit nos sentiments, on n'en avait pas eu besoin puisqu'on le comprenait. Néanmoins, ça faisait un bien fou de l'entendre après deux ans d'absence. Il fût alors embarrassé et baissa de nouveau la tête.

- Tu t'es déjà demandé comment ça se serait passé, si tu avais atterri ce jour-là ?

Je hochai la tête. J'écrivis ensuite : Souvent. Même si je me l'interdisais. C'était une trop grande torture. 

- Moi aussi, dit-il avec un mouvement de tête. Je me suis toujours dit que si les choses étaient à refaire, je sauterai sur toutes les occasions manquées. Je remballerai ma fierté de pré-pubère pour te dire mes sentiments. Et surtout, je ferai la chose que je m'étais promise de faire durant ton séjour chez moi. 

Mon cœur s'emballa après avoir raté un battement. Une chaleur pétrifiante s'immisçait doucement en moi quand je le vis s'approcher. Nos cuisses se touchaient maintenant. Et je me retrouvai projeté plus de deux ans auparavant, dans cette même chambre, faisant face à un Ash silencieux. On s'était regardé dans le blanc des yeux, luttant respectivement contre cette voix intérieure qui nous hurlait de s'embrasser. Et nous ne l'avions pas fait, ricanant de gêne. Mais cette fois, les lèvres trouvèrent leur place contre les miennes. 

Je reçus une sorte d'électrochoc qui me tendit les premières secondes. Tout s'évapora à l'instant où la main d'Ash se posa contre ma mâchoire. Son baiser se fit plus hargneux jusqu'à ce que mon corps réponde. Je n'aurais jamais pensé qu'un moindre baiser pouvait me faire sentir aussi libre. Enfin complet. Chaque fois que ma bouche se refermerait sur la sienne, je recollai des morceaux. Chaque respiration que nous prenions ensemble, c'était une plaie qui se refermait. Nous réconcilions le passé et le présent comme nos langues se liaient. C'était un bien-être que rien ne pourrait égaler. Je l'avais atteint mon putain de but. 

Une larme m'échappa alors que Ash mettait fin au baiser et gardait son front contre le mien. Je gardai les yeux fermés pour ne pas me confronter à la réalité. Je m'accrochai aussi désespérément à son t-shirt d'une main, par peur que tout me glisse encore entre les doigts. La peur de perdre ce doux sentiment qui me comblait. Il devait ressentir la même chose car il embrassa délicatement mes lèvres quelques fois de plus. 

C'était clair à présent. Si je l'avais détesté, c'était parce que j'étais prêt à tout pour lui avant et ça m'avait coûté la vie de mes parents. Si je l'avais rejeté, c'était parce qu'à ses côtés j'avais goûté aux joies de la vie et qu'après le crash, je n'avais plus que le goût de la mort sur les lèvres. Je ne voulais plus connaître le bonheur. Surtout, j'étais persuadé de ne plus le mériter. Dans mon auto-destruction, il n'y avait pas eu sa place. 

Dans ma vie, il avait toujours son importance.

Il s'éloigna, reposant sa main contre ses jambes. De mon côté, je ne pouvais me résoudre à le lâcher maintenant qu'il était là. J'avais perdu mes parents puis lui et on me laissait la chance de le retrouver. Le silence nous enveloppa de nouveau. Je finis par prendre de la distance, n'osant plus le regarder.

- J'avais hâte d'entendre ta voix, avoua-t-il maladroitement. Je suis désolé que tu l'aies perdue... Est-ce que c'est... genre... définitif ?

Je haussai les épaules. J'avais appris une chose certaine sur moi c'était que l'on ne pouvait rien prévoir. Mon cas pouvait empirer ou s'améliorer à tout moment, pour tout et n'importe quoi comme un simple souvenir ou un événement anodin. Il eût l'air confus car il passa ses doigts dans ses cheveux comme il l'avait toujours fait. Se sentait-il aussi coupable pour ça ? J'attrapai mon ardoise pour y inscrire : Tu n'y peux rien. Il lut mes mots en secouant la tête.

- On comptait l'un sur l'autre, Leander. Je peux pas m'empêcher de me dire que ça aurait pu être différent si j'avais été là pour te supporter. Peut-être que ça aurait rien changé mais c'était là ma place, à tes côtés.

Je pris un carnet sur mon bureau et y marquai à toute vitesse : "Je t'en veux plus. J'ai même été con de t'en vouloir. Si t'es pas capable de te pardonner, je le fais pour nous deux. De tout ce qu'il s'est passé, tu n'y es pour rien. On a peut-être pas eu les meilleures décisions mais on peut se le pardonner. " Je restai debout devant lui et regardai le faux rictus se former sur ses lèvres. Mes mots ne suffisaient pas. Je savais ce que c'était d'avoir ces forts sentiments qui pesaient lourds et dont personne ne pouvait nous décharger. 

- Je ne pense pas le mériter. 

"Tu le mérites. Ta présence le prouve, elle répare tes erreurs. T'es une bonne personne, Ash. C'était juste la situation qui était trop pour nous." Il laissa tomber le carnet sur le lit et se leva. Lorsqu'on s'était connus, j'étais légèrement plus grand que lui mais les rôles s'étaient inversés et sa taille avait dorénavant quelque chose d'intimidant. Ashiki me regardait enfin droit dans les yeux. 

- Merci... souffla-t-il. J'aurais dû écouter ton frère bien plus tôt.

Je fronçai les sourcils et fis inconsciemment un pas en arrière. Il ne releva pas mon étonnement comme s'il s'y attendait. Il enchaîna : 

- Il y a un an de ça, environ, quand tu es allé au camp de redressement pour la première fois, il a repris contact avec moi et a essayé de me convaincre. Il me disait qu'il fallait le faire parce qu'on en avait tous les deux besoin. Mais j'étais bien trop aveuglé par ma colère envers moi-même, ma honte aussi... J'imagine qu'il ne t'a rien parce que je refusais, je refusais tout et un jour, j'ai carrément arrêté de répondre à ses appels ou ses messages. Tu comprends pourquoi je m'en veux ? J'ai refusé toutes les mains qui se sont offertes à moi.

J'étais d'autant plus étonné du comportement de Garrett que de celui d'Ash. Ces derniers temps je découvrais de nombreuses choses que mon frère effectuait pour moi. Des choses qui étaient pourtant évidentes mais que je n'avais jamais pris la peine de voir ou bien des actions inconnues comme celle de contacter mon ancien meilleur ami. Au delà de ça, Ash ne réalisait pas que je le comprenais parfaitement. Que nos sentiments les plus compliqués se rapprochaient et qu'au lieu de les partager pour les vaincre ensemble, nous avions juste souffert dans notre coin. J'avais aussi refusé toutes les mains que l'on m'avait tendues. 

- Assez avec moi. Comment tu vas, avec ce qui est arrivé ? 

Je levai un pouce en l'air en lui offrant un sourire forcé. Il ricana quand il perça mon ironie. Il arpenta ensuite ma chambre qui n'avait pas tellement changée. Il retourna les rares livres sur mon bureau et se pencha sur les photographies encadrées. Il s'arrêta en dernier sur celle où j'apparaissais auprès de Nora.

- C'est ta copine ? demanda-t-il curieux. Elle est belle ! 

Je secouai la tête au moment où une voix répondit à ma place.

- J'espère pas non, parce qu'aux dernières nouvelles c'est avec moi qu'elle sort.

Je roulai des yeux en apercevant Garrett au pas de ma porte, tout sourire. Ash se contenta d'un rire suivi d'un hochement de tête. Mon frère avait aussi un don pour apparaître par surprise. Ca, c'était peut-être un truc religieux ! Une sorte de don qui ne servait pas à grand chose. 

- Lean, on va devoir y aller, me dit-il d'un ton désolé. 

En effet, ma séance avec mon nouveau psychiatre m'attendait. Garrett s'en alla après avoir transmis son message ce qui signifiait que les au revoir devaient se faire. C'était le moment de quitter Ash et à cet instant, c'était bien la dernière chose que je voulais. 

- Je suis dans les parages pendant quelques jours, m'apprit mon ami. On pourrait se revoir... Tu as toujours mon numéro ?

J'hésitai un moment, n'osant pas lui dire la vérité, mais j'optai finalement pour l'honnêteté. Il eût l'air déçu lorsqu'il me vit secouer la tête mais il s'empressa de se pencher vers mon bureau. Il marqua son numéro sur un des nombreux cahiers qui y traînaient. 

- Ce sera à toi de décider, moi j'attendrai. 

Ses yeux s'attardèrent sur une feuille qu'il récupéra. C'était la liste de chansons que j'agrandissais chaque jour. Je n'avais accès à l'ordinateur que les weekends selon les règles géniales de ma tante et de mon frère alors je devais attendre pour me procurer les musiques. Ash en approuva apparemment la majorité si j'interprétai bien son sourire puis il y nota quelque chose. 

- Je pensais à toi chaque fois que je l'écoutais, me confia-t-il. A plus, Leander !  

Sur cette parole, il s'en alla. Comme ça, comme s'il était persuadé de me revoir. Et il avait raison ! Quand un fantôme de notre passé refait surface, il ne faut pas le laisser passer puisque l'on n'est jamais certains de le voir revenir. 


***


Nous revenions de ma séance avec M. Beckergam et je n'arrêtais pas de repenser à ce qu'il m'avait dit. Selon lui, je risquais de refaire la même erreur avec Isaiah si je ne prenais pas la peine de reprendre contact avec lui rapidement. J'allais le laisser partir et j'allais encore « perdre un ami », quelqu'un sur qui je pouvais compter. Je n'avais pas osé lui dire la nature de ma relation avec Ash ou avec Isaiah ; il avait donc eu la version amicale mais ça ne l'empêchait pas de voir combien les deux comptaient à mes yeux. Il avait raison, peut-être qu'après un certain temps j'allais classer Isaiah dans la case "passé". J'avais oublié ce que c'était de se battre pour un proche, de le retenir et lui faire savoir qu'il comptait depuis que je m'étais isolé.

Mais pour une fois, je ravalai ma fierté et entrepris d'envoyer un message à quelqu'un qui saurait m'aider, avec un peu de chance. Sergent Blondie. Je mis plus d'un quart d'heure à trouver un message correct. Je l'envoyai après un certain temps, non parce que j'en étais satisfait mais parce que j'étais épuisé de me casser la tête. Je m'étais arrêté sur : « Toujours pas au point sur la course, mais besoin de ton aide pour contacter Isaiah. Pas moyen de le trouver ». Pour ne pas mourir d'impatience, je partis prendre ma douche avec l'espoir d'avoir une réponse à mon retour. 

Sous l'eau chaude, je ne cessais de repenser à cette journée particulière. Je ne m'étais pas attendu à revoir Ashiki un jour pour être honnête. J'étais persuadé que le temps m'avait effacé de sa mémoire, de son cœur surtout, et qu'il n'avait aucun intérêt à revenir en arrière. Mais il l'avait fait, sans doute au moment où j'en avais le plus besoin. Nous avions changés mais notre lien persistait. Si nous avions raté l'occasion d'être amants, nous pourrions peut-être saisir celle d'être amis. 

Je pris tout mon temps et me résignai à sortir seulement lorsque l'eau ne suffisait pas à écouler mes pensées. J'évitai mon reflet dans le miroir, m'habillai rapidement et regagnai ma chambre de l'autre côté du couloir. Sautant sur mon lit, je retins ma respiration en voyant que Jeff avait bien répondu. A cause des mes tremblements, je mis plusieurs secondes à ouvrir et lire le message : « Tu m'as confondu avec les pages jaunes ? J'ai rien ». J'eus à peine le temps de ressentir de la déception qu'un nouveau message apparu : « Je me doutais bien que tu refusais de communiquer pour m'emmerder, sale gamin ». Je soufflais d'exaspération. Moi qui avais pourtant tout contrôlé depuis des semaines, ce n'était plus le cas. Ca me frustrait.

Isaiah ne pouvait pas avoir disparu, d'un seul coup... Que lui était-il arrivé depuis sa crise ?



***


- Mec, c'est juste pas possible ! protesta Ayden qui retirait son t-shirt à peine entré dans sa chambre d'hôpital. Tu bouffes quoi pour courir aussi vite ?! Rien, pour être plus léger ?

Je détournai le regard quand il envoya valser son jogging et se dirigeait vers la pièce adjointe. Il ne m'avait demandé qu'un seul service, quand j'étais arrivé en début d'après-midi : que je l'aide à courir. Ca m'avait paru démesuré étant donné qu'il peinait à marcher sans béquille mais il avait tant insisté que je n'avais pu refusé. Aussi parce qu'il m'avait presque menacé. Il savait que la route était longue mais il comptait bel et bien en voir le bout. « C'est comme pour le vélo, t'apprends jamais si t'enlèves pas les petites roues » avait-il dit, convaincu par ses propres mots. J'imaginais que ses petites roues à lui étaient ses béquilles et je n'y avais pas cru au début mais après quelques heures, j'avais étonné de le voir accélérer le pas. J'avais tenu son rythme jusqu'à ce qu'il m'incite à courir comme à mon habitude. 

Je m'assis sur son lit, consultai mon portable une fois de plus et renonçai encore à envoyer un message à Ash. Cela faisait deux jours que nous nous étions vus, je voulais le revoir toutefois je ne parvenais pas à faire le premier pas. Il l'avait pourtant fait lui en parcourant des kilomètres, ça ne devait pas être bien dur. J'avais vraiment un gros problème. En un soupir, je me laissai tomber contre le matelas et me reposai un peu le temps qu'Ayden prenne sa douche. Je ne l'aurais pas suivi jusqu'ici si il ne m'avait pas promis de me rendre service en échange de celui que je lui donnais. Je n'avais pas eu besoin de réfléchir longtemps, l'idée logeait déjà dans un coin de ma tête. 

- Prends pas trop tes aises non plus, m'ordonna Ayden dix minutes plus tard. 

Je me redressai et le vis uniquement vêtu de sa serviette autour de la taille. Qui de nous deux prenait ses aises ? Il retourna dans la salle de bain après avoir pris les premiers habits sur lesquels il était tombé. 

- Si je réussis à faire des progrès d'ici la fin du mois, je pourrais sortir ! me dit-il de là où il était. Et dis-toi que je compte me barrer de cet endroit à la con.

Il revint dans un short ample et un pull déchiré à certains endroits. Il planta ses yeux gris dans les miens alors que je soutenais son regard. Je ne savais pas si c'était mon corps en éveil qui me jouait des tours mais plus je fréquentais Ayden, plus je lui trouvais une certaine beauté. Pas celle qui était évidente, la physique. Mais une beauté qui ressortait de cette âme écorchée.

- Alors, tu m'as dit que tu me dirais plus tard ?

Je désignai un papier posé sur son sac qu'il m'apporta presque aussitôt. Une fois un crayon en mains, j'écrivis maladroitement mon message à cause du regard persistant d'Ayden. Ca me déstabilisait. " Je cherche un ami du camp, qui doit surement être toujours ici ". Il parut immédiatement concerné contrairement à ce que j'avais envisagé. 

- T'as essayé de savoir auprès de l'accueil ?

" Quelqu'un d'autre a demandé mais ils ne disent rien. "

- Ouais, c'est leur confidentialité à la con. Je pourrais essayer de demander à une infirmière qui s'occupe de moi, elle est cool. En attendant, t'as cherché sur les réseaux ?

Je déclinai. J'eus envie de préciser que l'on ne me laissait pas l'accès à internet mais ça me semblait idiot. Je redoutais aussi qu'il fasse une remarque stupide alors je m'abstins. Il sauta sur ses pieds et faillit tomber quand sa jambe fléchit sous son poids. Heureusement, il se rattrapa à temps à la table de nuit. Peut-être qu'après les efforts qu'il avait fournis, il devait reposer un peu sa hanche. Il ne semblait pas du même avis que moi puisqu'il ne prit pas ses béquilles et s'avança en boitant vers son sac. Il prit son ordinateur portable avant de retrouver sa place à ma droite. 

- Alors c'est quoi son nom ? 

Sans attendre une seconde de plus, je marquai : " Isaiah Price ". Quand il releva les yeux de la feuille, Ayden n'arborait plus le même visage. Une expression indescriptible déformait ses traits. C'était un air grave qui me donna tout de suite la chair de poule. En réalité, ce n'était pas indescriptible, je savais parfaitement ce que cette expression signifiait. Elle précédait toujours une mauvaise nouvelle. Mon souffle se bloqua dans mes poumons alors que je n'attendais qu'un seul mot de sa part. Ayden, lui, déglutit avec difficulté.

- Tu n'es pas au courant ? me demanda-t-il d'une voix différente. 


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BIM BAM BOUM ! Je suis de retour, comme les cours (c'est triste à dire mais soyons réalistes, sorry sorry). J'aurais voulu poster le chapitre plus tôt mais on va dire que j'étais bien trop occupée par mes vacances !

Que pensez-vous de ce chapitre ? J'étais impatiente de le poster parce qu'il marque un certain changement chez Leander, il ouvre enfin les yeux sur sa vie et sur ce qu'il se passe autour de lui au lieu d'être enfermé sur lui-même. Aussi parce que j'ai pu introduire réellement ASH - personnage que j'adooooore - autrement que par des souvenirs. Que pensez-vous de son retour ? Qu'est-il arrivé à Isaiah ??

Et pour ceux qui ont lu OTW ( et LIB ), vous remarquerez que je ne peux vraiment pas me séparer d'un personnage généralissime ahaha ! Espérons qu'il fasse des miracles sur Leander. En attendant, j'ai hâte de lire vos avis ! 

Bon courage à tous & à bientôt, même si certains m'en voudront pour cette fin de chapitre cruelle hehe !


PS : chapitre relu seulement une fois, désolée s'il reste des fautes. 

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