25 - Leader
- J'ai quelque chose pour toi !
Ok, d'abord sa proximité physique et maintenant ça, c'était de plus en plus bizarre. Je levai les sourcils alors qu'il jetait un coup d'œil à Garrett et Nora ; ceux-ci ne nous prêtaient aucune attention. Il sortit alors un petit papier afin de me le glisser dans la main.
- Si tu t'ennuies de trop, n'oublie pas qu'on est voisins ! dit-il avec un air neutre.
J'allais m'adosser à nouveau contre mes coussins quand il me pressa l'épaule. Je lui souris, sans toutefois le regarder et le sentit s'éloigner. Nora me salua rapidement car il était en retard, puis en un coup de vent ils furent partis. Je croisai les yeux de mon frère en relevant la tête.
- Tu te sens mieux ?
Je ne savais pas s'il parlait de mieux par rapport à la veille ou par rapport à ce moment passé avec les triplés. Une chose était certaine : je me sentais mieux. En me voyant répondre par l'affirmatif, il afficha un petit sourire de satisfaction.
- Je dois passer voir ton médecin, décréta-t-il en se levant, j'espère que tu pourras sortir.
J'appréhendais et j'avais hâte à la fois de sortir. Encore une fois, je ne savais pas ce qu'il y a avait après. Où allais-je aller ? Quelle était la suite de toute cette histoire ? Qu'est-ce que l'avenir me réservait ? Rien de plus horrible au moins...
- Je reviens vite.
A peine Garrett avait-il quitté la pièce que j'ouvris le papier plié en quatre, caché dans un pli de drap. Je m'attendais à y lire les mots d'Ayden mais j'y reconnus une toute autre personne : «Fais-moi signe quant tu ne courras plus comme une mauviette », le tout suivi d'un numéro de portable. Sergent Blondie. Je ricanai tout en rangeant précieusement le mot. Je découvrais que si l'on s'était tant hais tous les deux, c'était sûrement parce que l'on se ressemblait un peu trop. Nous étions têtus, persévérants, impulsifs et très cons - surtout lui. Mais ces mêmes convictions qui nous poussaient à agir sans réfléchir faisaient de nous des personnes de confiance. Et cette affaire tournait légèrement en fable, avec la putain de morale sur les apparences trompeuses, à la fin.
***
A chaque fois que mon frère avait cherché à en savoir plus sur ma sortie de l'hôpital, on lui avait répondu qu'il manquait encore des tests. Depuis que les triplés m'avaient quitté la veille, j'avais fait des examens toutes les deux heures environ. Des prises de sang, en quantité. Des radios, scanners, IRM. Des tests de réactivité, de logique et d'autres auxquels je ne pouvais pleinement participé sans ma voix.
Et ce matin, l'infirmière avait affirmé que le dernier examen déterminerait la possibilité de sortie. Je ne voyais pas quel test manquait à l'appel mais tout fut évident lorsque Mme Jenson entra dans la chambre. Examen psychologique. Je me redressai, mes muscles en tension, tandis que Garrett se leva pour l'accueillir.
- Bonjour, s'exclama-t-elle avec un sourire énervant. Navrée de ne pas être venus plus tôt, on m'a seulement contactée pour venir examiner Leander et voir s'il est prêt à sortir... Tout ça doit être dur pour lui.
- Il va plutôt mieux à vrai dire, vous le constaterez, répondit fièrement mon frère.
Il se tourna vers moi et fronça les sourcils en réalisant ma nervosité.
- Tu vas bien ? On se retrouve, après ?!
Je hochai la tête, faisant de mon mieux pour garder bonne figure. Je ne devais pas inquiéter mon frère, ni éveiller les soupçons de Mme Jenson. Davantage maintenant que ma sortie dépendait d'elle.
Elle observa Garrett quitter la pièce puis m'adressa une sorte de rictus empli d'hypocrisie - celui que j'avais longtemps cru sincère. Sans me lâcher des yeux, elle tira une chaise, s'y installa et sortit son perpétuel dossier. Je ne pouvais empêcher ce sentiment d'infériorité chaque fois qu'elle me scrutait. Elle m'analysait et je haïssais ça.
- Comment vas-tu ?! Ça fait quatre jours maintenant que tu es ici mais tu me parais toujours anxieux. Du mal à dormir ?
Je secouai la tête. Je continuai ensuite à répondre comme il le fallait à toutes les questions. Des mauvais rêves ? Angoisses ? Perte d'appétit ? De mémoire ? Manque d'énergie ? Idées noires ? Non. Content devoir ta famille ? D'être hors du camp ? Oui.
- C'est une sacrée révélation qui s'est faite, tu as subi une de ces maltraitances ?! Pendant tes deux semaines de quarantaine... Tu peux me dire ! Parler fera changer les choses.
C'était la vérité mais dans cette situation, ça ne serait pas en ma faveur. Je haussai les épaules pour me débarrasser de la question. Toutefois, elle ne laissa pas tomber le sujet.
- C'est toi qui a pris ces photos dans l'aile Z ?!
Je fronçai les sourcils. Elle n'était pas censée savoir le nom de l'aile ; ça ne faisait qu'appuyer ce que je savais déjà. Elle perdit alors contenance, balbutiant des mots à toute vitesse.
- C'est comme ça qu'ils l'appellent, se rattrapa-t-elle. Des papiers ont été retrouvés dans le bureau de M. Perrin. Tu y étais dans cet endroit ?
Haussement d'épaules.
- Tu sais que le moindre souvenir pourrait tous vous aider. Je sais que tu es loyal, tu es courageux et tu as le sens de la justice alors tu sauras faire l'effort de communiquer s'il le faut. Tu n'es pas obligé de témoigner auprès d'un policier, tu peux te confier à moi et ça fera office de témoignage si tu l'acceptes. Tu peux compter sur moi.
Elle était forte. Si je n'étais pas devenu si suspicieux, je lui aurais sans doute accordé ma confiance. Mais je n'étais plus naïf. Surtout, je faisais route à part. Elle fût déçue de ne me voir coopérer et écrit pendant de longues minutes. J'en profitais pour regarder dehors, me demandant ce que ça ferait d'y être à nouveau confronté. Dans ce monde qui ne me correspondait plus...
Soudain, un bruit grave me fit sursauter t je me repliai sur moi-même, les yeux fermés. En les ré-ouvrant, je croisai ceux de Mme Jenson insistants. Elle s'excusa ensuite et ramassa ses affaires au sol, s'empressant d'inscrire quelque chose. Elle l'avait fait exprès.
- Ça t'arrive souvent d'être sensible aux bruits ?
Non, lui répondis-je. En réalité, c'était le cas depuis mon retour de l'aile. Je redoutais aussi tous les mouvements brusques et j'étais à l'affût des comportements étranges.
- Bon... Tu sais que tu es en sécurité ici ? Si ton sentiment de terreur ne se calme pas, tu dois le signaler. Et tous les deux, on peut travailler sur ça.
Elle se releva afin de me rejoindre, un carnet et un stylo à la main. Elle les déposa sur ma table de chevet avec une douceur déconcertante. Comme si ce simple geste pouvait suffire à me convaincre.
- Tu dois extérioriser, Leander. Ca peut être adressé à ton frère, tes amis, moi ou juste toi-même mais il le faut. Tu dois essayer de le faire, c'est important.
J'acquiesçai bien que mon choix soit déjà tout fait. Je n'allais rien écrire sur ce foutu carnet.
- Je suis désolée que tu aies dû traverser ça, affirma-t-elle l'air sincère. Beaucoup de mes patients sont sortis meilleurs de ce camp, j'en avais vraiment une haute estime. Je m'imaginais pas... Ça t'a ajouté un traumatisme ; c'est tout à fait normal si tu te sens perturbé.
Je secouai cette fois la tête à toute vitesse. J'allais bien, du moins elle devait le croire car rester ici ne me ferait pas avancer. C'était ce qu'elle voulait. Elle n'allait pas donner son approbation pour ma sortie, c'était évident. Tout son intérêt était de me laisser enfermé ici pour m'empêcher de dévoiler la réalité. Peut-être que je psychotais et qu'elle ne prévoyait pas un tel plan, persuadé que j'étais incapable de dire, écrire ou signer. Ou j'étais devenu parano...
- Je devine que l'on se revoit la semaine prochaine. N'oublie pas de considérer ma proposition...
Elle désigna le carnet bleu, me sourit une dernière fois et s'en alla gardant pour elle toutes les informations que j'attendais. Me jugeait-elle prêt à quitter mon lieu de confort ?! Personnellement, je n'en étais pas persuadé. Tout était plus dur dehors, la vie était plus dure. Soit l'on s'y accrochait, soit elle avançait sans nous. Et on pouvait bien croire que l'on était capable de la rattraper mais, ce n'était jamais vraiment le cas.
***
Une demie heure. C'était le temps de discussion entre le médecin, mon oncle et Garrett. Quand ce dernier entra dans la chambre, je compris à sa colère visible que ma date de sortie n'était pas aujourd'hui. Je maudissais Jenson.
- Ta psy pense que ce n'est pas une bonne idée que tu sortes maintenant. Affronter le monde pourrait aggraver ton choc post-traumatique ou je ne sais plus quoi, m'expliqua-t-il vaguement. Fait chier.
Il s'assit, crevé. Depuis que j'étais ici, il n'avait cessé de venir tous les jours à mon plus grand étonnement. Et la fatigue commençait à peser. Rien n'était facile dans ma vie et c'était difficile à gérer pour lui qui détestait le désordre.
- Je comprends pas, tu as l'air de bien te porter. Tu lui as dit quelque chose ?!
Je déclinai. Il m'observa comme s'il avait du mal à me croire.
- Tu n'as pas envie de sortir ? Peut-être que c'est moi qui suis à la ramasse et qui ne comprend rien, encore une fois.
Si... En me voyant hocher la tête, il eût l'air soulagé. Je voyais que ces derniers temps mon frère faisait tout ce qu'il pouvait ; il avait peur que je lui glisse à nouveau entre les doigts.
- C'est elle le problème ? T'avais pas l'air ravi de la voir hier.
Réponse positive. Il prit un air concerné et se remit debout, poussé par une quelconque idée. Il sortit alors en trombe de la chambre d'hôpital. Ma curiosité n'était pas morte, elle, ainsi je me levai pour atteindre la porte et l'ouvrit doucement. Personne devant. J'étais sur le point de passer le pas quand la voix de Garrett retentit dans le couloir.
- Depuis deux ans, j'ai vu mon frère passer par tous les stades. Il y a eu des jours bons et d'autres beaucoup moins. Mais croyez-moi, je le connais suffisamment pour savoir qu'en ce moment, c'est une bonne période. Il est capable de sortir. Je vous demande de refaire le test par un de vos psychologues ; un deuxième avis ça ne fait pas de mal, si ?!
Il y eut un calme interminable et à l'instant où le médecin prit la parole, un bruit recouvrit ses paroles. J'entendis seulement mon frère se fondre en remerciements. Il avait réussi !! Avant de refermer la porte, je jetai un dernier regard au couloir. Je n'étais pas sorti de cette chambre mis à part pour les examens. Je n'étais pas encore autorisé à partir mais je méritais au moins de faire un tour. Ou de courir ?! Je m'en sentais apte, et plus que tout j'en avais besoin.
Ma famille était restée une grande partie de l'après-midi ; j'avais alors dû ignorer mon impatience jusqu'à leur départ. Une fois la porte claquée, j'avais enfilé ma seule paire de baskets et des habits chauds. Caché sous ma capuche, j'avais très vite trouvé la sortie qui donnait sur le jardin.
Même si ce lieu n'y prêtait pas, j'y avais couru d'abord lentement puis à toute vitesse. Mes pieds avaient foulé la terre en même temps que mes souvenirs. Le moindre de mes pas avait fait remonter des tonnes de pensées, plus ou moins joyeuses. J'avais passé en revue mes trois mois à Burket Rivers. Mes péripéties, les personnes rencontrées, les visites... De mon premier jour avec Regan que je ne portais pas dans mon cœur ou Jeff qui m'avait attaqué, au dernier passé auprès de ma petite équipe. Comment allaient-ils tous ? Avaient-ils dit la vérité aux flics ? Que devais-je faire de mon côté ?
***
Fraîchement douché, je vissai une casquette sur ma tête et sortis de ma chambre. Je montai automatiquement un étage, connaissant parfaitement les lieux. Je traversai plusieurs couloirs pour parvenir au bon côté du bâtiment. C'était bien la première fois que j'allais voir Ayden sans appréhension. Je m'étais libéré de mon stress en courant plus tôt et aussi, j'avais le sentiment que je n'avais plus à craindre sa colère. Il ne restait plus que ma propre culpabilité ineffaçable.
La porte de sa chambre était déjà ouverte lorsque j'arrivais devant. Il ne devait pas être là. Pourtant, je suspendis mon pas car des voix élevés s'échappaient de la chambre. J'étais placé de telle sorte que je les entendais bien mais eux ne pouvaient pas me voir.
- Je te demande juste de me laisser du temps et tu fais tout l'inverse, s'exclama Ayden.
- Parce que tu es énervé, je ne veux pas te laisser réfléchir dans cet état ! protesta une voix plus aiguë. Tu m'as même pas laissé t'expliquer.
- Je suis pas énervé Mia, je veux passer à autre chose. Tu comprends ça ?
- Non justement, je comprends pas. Depuis que tu as eu l'accident, t'as l'air de me le reprocher et en même temps, tu fréquentes le véritable coupable comme s'il n'y était pour rien. Alors que dans l'histoire, c'est moi qui y suis pour rien, Ayd' ! Désolée mais j'ai du mal à comprendre, en effet.
Ma raison me disait de partir, une autre partie de mon esprit me clouait au sol. Je souhaitais savoir ce qu'il comptait répondre à sa copine... Son ex, apparemment ? Qu'est-ce qui l'avait autant fait changer et repousser celle qu'il aimait plus que tout ? Il en disait tellement peu sur lui-même qu'obtenir une information semblait la chose la plus précieuse au monde.
- Ça n'a rien à voir avec l'accident, c'est toi Mia ! haussa-t-il le ton. Parce que cette soirée-là j'ai passé mon temps à essayé de savoir ce qui n'allait pas et tu n'as pas été foutu d'être honnête. Tu m'as rejeté quand j'ai voulu te rejoindre dans la chambre, sans ça je n'aurais peut-être pas été en bas avec Harry et il ne me serait rien arrivé. Au lieu de ça, j'étais là à m'en faire pour une sale conne qui avait fait ses plans d'avenir sans moi !!
Je n'étais pas devant lui mais sa colère me terrorisait. Quelque part, j'avais de la peine pour Mia qui se retrouvait face à lui et qui ne devait plus du tout le reconnaître.
- Je comptais te le dire, je ne voulais pas gâcher la soirée ! pleura-t-elle.
- Je ne l'ai même pas appris par toi. Et j'aurais pu comprendre que tu ne voulais pas faire de choix en fonction de nous mais ce qui est grave, c'est ce que tu m'as laissé croire l'inverse. J'allais faire des concessions pendant que toi tu allais juste faire tes petits choix.
- C'est faux ! J'allais te le dire rapidement pour que tu puisses faire de nouveaux choix d'université. J'avais peur...
Il rit amèrement tandis qu'elle réprimait un sanglot. J'étais persuadé que même s'il était bon pour le cacher, il souffrait tout autant qu'elle. Mais il n'étais pas du genre à montrer ses faiblesses par peur que l'on s'en serve contre lui. Apparemment, Mia lui avait assez fait de mal comme ça.
- Ça n'a plus d'importance maintenant, cracha-t-il. Je n'irai pas à l'université l'année prochaine, alors fais ce que tu veux.
- Je veux être auprès de toi, te supporter pendant ta guérison.
- Pas pour le moment, Mia. Suis les cours, donne-toi à fond et je te souhaite d'intégrer l'université de ton choix. Je t'assure que je ne t'en veux plus, c'est terminé.
Il y eut du mouvement qui me fit reculer en arrière puis elle glissa :
- Alors comment peux-tu laisser tomber aussi facilement ?! Nous deux...
- Je te l'ai déjà dit, je ne vois pas l'utilité de continuer notre relation si tu en vois déjà la fin. C'est toi qui a tout laissé tomber.
- Je pensais que la distance ne changerait rien. Je te gardais encore dans mes plans, assura-t-elle d'une petite voix. Mais dès que quelque chose ne fonctionne pas comme toi tu l'envisageais, t'envoies tout en l'air, Ayden ! C'est de ça dont j'avais peur. Je ne me trompais pas. Alors, tu n'es pas le seul à être déçu finalement...
Ses pas claquèrent contre le sol et quelques secondes plus tard, elle tomba à quelques centimètres de moi. Les yeux embués de larmes, elle me bouscula et partit à grands pas. Peut-être que ce n'était réellement pas le bon moment pour rejoindre Ayden.
- Vous avez sérieusement de gros problèmes de respect, grogna une voix.
Je me retournai pour faire face au concerné. Il avait les cheveux ébouriffés et ses cernes venaient marquer des yeux légèrement rougis par la fatigue ou la tristesse. Après un regard noir, il regagna sa chambre et je me demandai pourquoi il s'était levé en premier lieu. Pour rattraper Mia ? Est-ce que ma présence l'en avait empêché ?
J'entrai à mon tour dans la pièce et le trouvai assis sur son lit, tapotant furieusement sur son portable. Il le lâcha ensuite sur son matelas.
- T'as tout entendu, j'imagine !
Je décidai d'opter pour la vérité, face à laquelle il souffla simplement. Je me déplaçai vers le fauteuil au coin de la chambre malgré son regard assassin sur moi.
- Je te manque déjà ? lança-t-il. Je pensais que tu tiendrais un peu plus longtemps.
Son rire rauque éclata quand il vit le majeur que je lui dressai. De mon côté, un sourire m'échappa également. Depuis un moment déjà, j'avais l'impression de retrouver l'ancien Ayden. Il ne ressemblait plus au vieux loup blessé, sur la défense, d'il y a trois mois. Il récupérait des forces, marquait à nouveau son territoire et comptait bien reprendre sa vie en mains.
- C'est à propos du mot que je t'ai donné ? J'peux même pas t'en dire plus. Je revenais de ma rééduc, il était sur ma table avec ton nom écrit dessus. Tu comptes appeler ?
Je secouai la tête avec conviction. Ayden ne se cachait d'ailleurs pas de l'avoir lu, il était irrécupérable. Il regarda de nouveau son portable et fut sur ses pieds dans la seconde suivante. Appuyé sur une béquille, il se dirigea vers moi, piqua ma casquette au passage et continua son chemin vers la porte.
- Mes parents arrivent, on bouge ! m'apprit-il alors qu'il posait la casquette sur sa tête.
Sceptique, je le suivis tout de même. Il marcha le plus vite possible jusqu'à l'ascenseur. Une fois à l'intérieur, je ne le lâchai pas des yeux et il finit par craquer :
- Crois-moi, la dernière personne que j'ai envie de voir aujourd'hui, c'est ma mère.
J'acquiesçai sans toutefois comprendre son opinion car c'était tout l'inverse pour ma part. Il eût l'air de lire dans mes pensées aussitôt ; la culpabilité ravagea son visage.
- Désolé...
La seule réaction qui me vint fut un haussement d'épaules. Souvent, les gens de mon entourage évitaient de parler de leurs parents pour ne pas se sentir gênés ou me gêner moi. Mais ça ne me dérangeait pas. Nous n'avions pas la même vie, pas les mêmes problèmes. Ça avait même quelque chose de rassurant parfois, de savoir que nos proches ne connaissaient pas cette situation.
- Je crois qu'après ce qu'a vécu Nora, mon accident a été de trop, se confia Ayden. Elle est tellement oppressante. Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'espace.
Les portes s'ouvrirent sur ces paroles comme pour répondre à ses prières et l'on se trouva dans un couloir sombre qui réveilla ma peur. La lumière clignotante dans un coin m'infligeait de trop nombreuses images. Ayden, lui, avait déjà commencé à avancer mais il se retourna en entendant les portes se refermer. Il les retint de justesse. Ses yeux plissés d'inquiétude me scrutaient.
- Viens voir, c'est cool !
Comme je ne bougeai toujours pas, il me tapa gentiment la jambe avec sa béquille en boucle. Jusqu'à ce que je l'attrape de colère. Il en profita pour me tirer dans le couloir. Chancelant, il se retint grâce au mur puis traça sa route alors que je le suivais de près. Il poussa une porte en fer qui laissa entrer la lumière du jour. On se situait sur un toit, principalement aménagé avec des plantes. La vue sur Portland semblait sans fin. Les diverses couleurs qui dominaient cette tombée de nuit se portaient témoins de l'animation. De la vie qui continuait.
Un poids plutôt lourd s'écrasa contre mon dos. Je me retournai pour voir rebondir au sol une balle de football. Ayden était à plusieurs mètres de moi, tout sourire. Et durant quelques secondes, mon cœur se compressa légèrement. A cet instant, avec son authentique sourire et son air enfantin due à ma casquette posée à l'envers, il avait quelque chose de touchant. Ayden qui s'amusait, c'était un retour à la normal.
- T'as besoin d'un mode d'emploi ? rétorqua mon nouveau coéquipier.
Je m'emparai de la balle et lui envoyai maladroitement à cause de ma main blessée. Ou à cause de mon inaptitude au sport. Ayden, qui ne s'aidait plus d'un appui, la récupéra en plein vol sans difficulté. Il me la renvoya avec une force qui me bouscula littéralement.
Au moins la parole fut inutile durant un long quart d'heure. Et même si j'avais raté la plupart des envois d'Ayden, je m'étais défoulé. Lui aussi car il parût plus détendu à la fin. Fatigué, et tiraillé par la douleur mais soulagé. Le soleil terminait de se coucher quand Ayden s'assit parterre. Je le rejoignis. Là encore, il resta silencieux et se contenta d'observer le ciel qui nous offrait un spectacle coloré. Je m'y prêtai aussi...
- C'est quand même sacrément cool ce que t'as fait pour le camp, dit-il après un moment. T'as prouvé tes valeurs, t'as prouvé que ta voix était toujours là même si on l'entend plus.
Ses mots me touchèrent plus qu'il ne l'imaginait, c'était sûr. Ému, je n'osais même pas le regarder tout de suite. Puis le silence s'installa une nouvelle fois et je levai les yeux sur lui. Il m'observait aussi ; ses yeux gris restaient indéchiffrables. Je masquai ma gêne par un petit sourire.
- Mais retiens bien parce que je te le redirai plus, m'avertit-il.
Je rigolai doucement, perdant peu à peu mon assurance. C'était comme s'il puisait toute ma force et que j'étais contraint à m'abaisser.
- Une dernière chose... Tout le monde était étonné, surpris, que tu agisses comme ça mais pas moi. T'as arrêté de te faire marcher dessus. T'as toujours eu cette force en toi, il faut juste que tu t'en serves de la bonne manière. L'évidence se trouve dans ton prénom...
Il tapota le sol afin de saisir un petit objet. Il se pencha sur le côté, vers l'espace qui nous séparait. Ses doigts se posèrent contre le béton et à l'aide d'une craie, il traça : LEANDER. Après un soupir, il barra une lettre.
- C'est juste écrit là. T'as besoin de rien ni personne pour être fort et je pense que ton silence le prouve. Tu t'suffis à toi-même, que ça plaise ou non. Mais je crois que tu t'en rends pas bien compte, pourtant c'est évident.
Je gardai les yeux fixés sur les lettres pendant que son petit discours se répétait dans ma tête. Il y avait des gens dont j'avais espéré recevoir le soutien et jamais Ayden n'en avait fait partie. Néanmoins, il me soutenait plus que mes proches ces derniers temps. Je ne savais pas ce qui le poussait exactement, ce qui l'incitait à croire en moi alors que je ne le faisais pas moi-même.
Je regardai alors le mot encore et encore : LEADER.
- Tu devrais pas avoir peur d'avancer, je suis sûr que t'irais très loin, me glissa-t-il. Arrête de te retenir ! T'es un leader.
Je levai le regard sur lui, partagé par diverses émotions. des dizaines de questions voulaient s'enfuir de mon esprit, assoiffées de réponse. Je pris la craie d'un geste vif pour ne tracer finalement qu'un seul et unique mot. Pourquoi ?
- Comment ça, pourquoi ? m'agressa-t-il, irrité. Pourquoi, toi, tu communiques plus avec personne depuis puis tout à coup tu te tournes vers moi pour me signer et... m'écrire ?!
Il pointa du doigt mon mot, soulignant ainsi ses propos, puis l'effaça d'une traite. Il était soudainement en colère sans que je ne comprenne la réelle raison. C'était ma question ? C'était moi ?
- Et ensuite, je pourrais tout te dire, rien ne te fera réagir ! C'est frustrant. Pourquoi tu fais le mort comme ça ? Pourquoi t'essayes pas de vivre un peu ?
Je pouvais lui poser la même question car d'après une discussion entre Garrett et Nora, Ayden aurait pu quitter l'hôpital bien plus tôt s'il avait suivi ses séances avec régularité. S'il avait montré un peu plus d'entrain. Et sa soeur trouvait qu'il avait perdu sa vivacité mais celle-ci revenait petit à petit. Je le voyais.
- Je t'ai jamais dit pourquoi Harry et moi n'avons rien dit sur ta tentative de suicide, enchaîna-t-il.
La version des faits qu'ils avaient donnés sur cette nuit-là était différente. Alors qu'ils étaient restés éveillés pendant que le reste du groupe dormait, j'étais arrivé complètement bourré. J'avais foncé dans la maison, attirant leur attention, puis j'étais entré et étais tombé nez à nez avec eux dans l'entrée. Là, j'avais proclamé avoir trouvé quelque chose de cool et avait sorti l'arme à feu. Nous nous étions ensuite amusés avec et les coups de balle étaient partis involontairement. De cette manière, je n'apparaissais pas entièrement coupable.
- Déjà pour que tu aies moins d'ennuis avec la justice, ils pensaient que t'avais trouvé l'arme dans la maison et on te voyait pas un fou incontrôlable. Maintenant, je réalise que c'était aussi parce qu'il y a pire que se sentir misérable, c'est quand les autres te considèrent comme tels. T'as aucune chance de t'en sortir quand c'est comme ça. Peut-être que t'aurais pu avoir un meilleur suivi, je sais pas, peut-être que les choses auraient été mieux si on avait dit la vérité. Mais en attendant, j'étais là moi. Je le suis toujours. Tu referas plus cette connerie.
Il plia sa jambe valide et s'aida de ses mains pour se remettre debout alors que je restais choqué par son monologue. Il n'avait plus l'air sur les nerfs. Il souriait bêtement à présent ; je l'apercevais grâce à la seule lumière présente sur le toit.
- Ça t'est jamais venu à l'idée que tu t'étais associé avec le mauvais Gallagher ?! Je suis meilleur que Nora et surtout j'ai aussi besoin d'aller de l'avant alors on fera une bonne équipe.
Je souris en entendant la pique envoyée à sa soeur, me redressai à mon tour et hochai la tête. C'était sans doute idiot mais une part de moi voulait le croire. Je ne suivais personne, je donnais mes propres directives. Je n'étais pas le leader dont il parlait, je n'en avais pas l'étoffe. Mais lui l'était, il avait toute une bande d'amis sur qui compter et qui comptait sur lui en retour. C'était ça un leader, moi je n'étais qu'un solitaire incompris.
Peut-être que les deux ensemble, ça pouvait donner quelque chose de bien.
***
- On peut y aller ? quémanda Garrett qui attrapait mon sac d'affaires.
Je finis de nouer mes chaussures, mis mon gilet et quittai la chambre à ses côtés, ravi d'être enfin dispensé de soins supplémentaires. La consultation psychologique avec une deuxième personne s'était révélée utile car ce matin, le psychologue était venu et quatre heures plus tard, je quittai les lieux. J'observai tout autour de moi, dans l'espoir de croiser un visage familier...
Une main sur mon épaule, mon grand frère me guidait hors de cet endroit que nous détestions. J'espérais ne plus lui donner cette impression de revenir sans arrêt au même point. Néanmoins, tout n'était pas terminé ; ça ne pouvait être si simple. Je ne pouvais pas simplement rentrer chez moi, oublier tout et tout le monde puis continuer ma vie. J'allais remuer certaines choses pour que la vérité sorte.
- Joan nous attend déjà à la voiture !
Nous passions déjà les grandes portes d'entrée, celles qui séparaient le paradis de l'enfer. Je me retournais pas car j'allais encore être amené ici en raison de mon obligation de visite.
- Le prince de Burket !
Je fis volte face avec précipitation, repoussant Garrett au passage, et cherchai mon interlocuteur des yeux. Je savais qui il était mais je ressentais le besoin de le voir pour en être persuadé. Là. Regan et son accent qui faisait grincer des dents.
Il était assis dans un fauteuil roulant, le bras dans le plâtre et le cou immobilisé. Malgré ça, je partis le serrer contre moi sans retenue. Il avait été le premier à me tendre les bras et fut aussi le premier à les retirer, le tout dans un rire gêné.
- Je me demandais si t'étais déjà parti ! J'ai demandé après toi de partout et personne voulait rien me dire, allégua-t-il révolté. Alors, tu sors ?!
Je hochai la tête bien que ce soit une évidence. Il me sourit franchement puis arrêta en croisant le regard de mon frère. Il le salua tout de même de loin.
- Moi, je peux pas encore et de toute façon j'ai pas hâte, on m'envoie tout de suite après dans un autre camp.
Je fronçai les sourcils. Pourquoi ne rentrait-il pas chez lui ?! Il comprit mon étonnement car il se marra un instant avant de répondre :
- Les coordinateurs ont raconté une version totalement folle de la mutinerie, ils nous font tous portés le chapeau. Certains plus qu'à d'autres... Un noir qui fait une connerie c'est plus prévisible qu'un noir qui essaye de se faire et de faire justice aux autres. Mon témoignage est sorti aussi vite qu'il est entré dans les oreilles des flics. Et, je n'ai pas la chance d'avoir une famille riche qui insiste pour me garder à leurs côtés.
J'ignorai la pique qui m'était destinée pour ne garder que le plus important, le plus grave Perrin et son équipe avaient réussi à retourner la situation, une fois de plus, et n'avaient fait sortir que de nous les images de délinquants ?! Et je ne pouvais faire l'aveugle, je détenais un certain privilège de part ma couleur de peau, ma condition sociale, mon âge... Là où Regan était désigné coupable d'office, moi on me laissait le bénéfice du doute. Je détestais ça tout autant que je détestais la violence que nous avions subis au camp de redressement.
- Ils vont quand même être inspectés pour maltraitance mais nos actes sont pris en compte, me renseigna Regan. Je me doutais que les choses ne se passeraient pas aussi bien, mais ça en valait la peine.
Il était hors de question que ça se termine ainsi. Nous n'avions pas fait cela ensemble pour que certains payent plus que d'autres.
- C'était cool de t'avoir rencontré mec, même si t'es un peu trop gay à mon goût !
Je feignis de vouloir le cogner pendant qu'il se gondolait de rire.
- A ce propos, ton mec va bien ?!
Je haussai les épaules. La déception s'emparait aussi de moi car j'avais souhaité au plus profond qu'il ait des nouvelles d'Isaiah... Rien et ça me comprimait l'estomac. Que lui était-il arrivé après sa crise étrange ? Allait-il mieux ? Son père était-il venu le chercher ?
- Je vais essayer de savoir, assura Regan que rien ne semblait chambouler. On se tient au courant ?
J'acquiesçai puis eus un moment d'hésitation quand il me fixa sans rien dire. Je me dirigeai alors vers Garrett, lui piquai son portable et vint le donner à Regan. Une fois qu'il fut enregistré dans les contacts, il me laissa sortir de cet endroit maudit. Toutefois, j'avais beau fuir tous les endroits les plus horribles du monde, mes tourments ne me lâchaient jamais.
***
Chaque nuit, c'était étrange pour moi de me retrouver là : dans un lit confortable, une chambre aux couleurs réconfortante, avec une totale liberté. Trois mois avaient suffi à ancrer en moi mon aliénation. Je devais dorénavant penser à deux fois pour des choses pourtant simples, aller aux toilettes, me servir à manger, sortir sur le perron. C'était d'ailleurs là où je passais le plus clair de mon temps, tuant mon ennui et ne me souciant pas de l'heure. Je savais que je n'étais pas complètement libre car même si ma tante croyait être discrète, je la sentais venir jeter un coup d'œil sur moi toutes les dix minutes. Et quand elle partait au travail, elle me passait un coup de fil toutes les heures. Je risquais de la voir débarquer comme une furie si je ne répondais pas à l'appel. Mais, son intention n'était pas de me contrôler, elle veillait simplement sur moi et ça faisait plaisir.
Aussi, la nuit était toujours le terrain de jeu de mon imagination et de mes souvenirs. Je me retrouvais coincé dans des histoires loufoques qui me mettaient dans tous mes états. Quelques fois, comme à présent, je préférais ne pas dormir mais c'était alors mon passé que je me ressassais en boucle. Une poignée de moments importants dont je ne m'éloignais pas longtemps... Le crash, ma tentative de suicide, l'aile Z, la mutinerie. Puis, mon témoignage à la police. Presque une semaine était passée depuis et pourtant, ça n'arrêtait pas de tourner en boucle dans ma tête.
J'avais été convoqué deux jours après ma sortie de l'hôpital et j'en avais été ravi parce que j'avais peur que les éléments échappent de ma mémoire s'ils attendaient plus longtemps. Toutefois, un plus gros problème m'avait noué l'estomac dès l'appel du commissariat. La réalité. Je n'étais pas certain de pouvoir m'exprimer d'une quelconque manière en dépit des arrangements proposés : mon orthophoniste à portée de mains, des cartes avec des mots déjà écrits, des ordinateurs à disposition. J'avais eu terriblement peur. En deux mois de silence, j'avais appris que le moindre mot avait bel et bien un poids. Il avait une plus grande portée que celle qui lui était donnée au départ ; il nous échappait souvent. Mais je comptais me débrouiller autrement.
Et, tout ce que j'avais prévu était parti en fumée. Je m'étais retrouvé devant deux inspecteurs sympathiques et patients. J'avais repensé à l'espoir de ma famille, au désespoir des gars du camp, à mes sentiments dans l'aile Z, à l'injustice qui frappait Regan et nombreux autres, aux mots d'Ayden. J'avais repensé à la trahison de Julien, à la violence physique et morale des coordinateurs, au pédophile qui risquait d'être transféré ailleurs. J'avais réalisé que parfois se taire ce n'était pas se protéger, c'était se laisser faire. Alors, j'avais tendu la main, attrapé le papier et le stylo devant moi et y avais écrit tout depuis le début. Tout. Sans rien laisser de côté. Et surtout en me mettant en avant. J'avais avoué que j'étais à l'origine de la mutinerie, que j'avais organisé et rassemblé Isaiah, Regan et Clayton.
Le but n'avait pas été de me vanter mais de leur sauver un peu la mise. Si notre action était moins honteuse en étant dirigée par un petit blanc muet, alors je voulais bien jouer ce rôle là. Mais je savais pertinemment que les vrais héros c'était eux. Isaiah qui avait fait en sorte que la situation évolue ; Regan qui avait été prêt à tout ; Clayton qui nous avait facilité la tâche sur plusieurs points et chaque personne qui avait joué un rôle, particulièrement Nora et son groupe d'entraide. Ceux dont je ne connaissais pas le nom mais qui étaient enfermés pendant des jours dans cette aile et dont on avait fait taire les voix.
Mes pensées me guidèrent toute la nuit, soutenues par l'insomnie. Et je ne remarquai l'heure qu'au moment où ma tante toqua à ma porte puis entra sans attendre ma réponse. Elle brandissait le téléphone fixe, alors que ses lèvres se retroussaient en un immense sourire et que ses yeux brillaient d'émotion. Elle venait à peine de se réveiller, à en juger ses cheveux éparpillés mais la joie lui donnait déjà une certaine dynamique.
- Je viens d'avoir M. Travis, s'exclama-t-elle, ton dossier va être repris ! Il veut nous voir cet après-midi pour en parler. J'espère que l'on va pouvoir te ramener à la maison !
Je la laissai venir m'embrasser, pétillante de bonheur. Je n'arrivais pas à me réjouir car il me restait tout de même deux mois à faire en camp de redressement ; je doutais que ce soit facile d'y échapper. Je ne voulais pas me faire de faux espoirs. Puis, je ne voulais pas non plus faire de la peine à ma tante. J'étais reconnaissant de ce qu'elle avait fait pour moi, de la force qu'elle avait dépensé lorsque je n'en avais plus, mais je devais faire les choses par moi-même.
Si j'étais libre, je comptais effectivement rentrer à la maison. La mienne.
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Heyyyyyyyyyyy !
Beaucoup de choses dans ce chapitre, tellement que je ne sais pas quoi vous dire alors je vais tout simplement vous laisser la parole. Aussi parce que je suis pressée de poster le chapitre donc j'écourte mon temps de parole ahah
Alors, alors que pensez vous de Garrett qui s'implique plus ? Je pense que monsieur a enfin retrouvé la vue. Moment entre Ayden et Leander ? Bon duo ou mauvais plan ? Et désolée pour la fausse joie quand Regan est apparu, j'imagine que certaines se sont imaginées Isaiah - non en fait je suis pas désolée, car je sais ce qu'il se passe après ;) Leander qui prend le courage d'ECRIRE toute la vérité, je dois vous dire que j'étais moi-même fière de mon personnage. J'espère que vous le serez avec moi !
BREF, prochain chapitre à venir bientôt bientôt hehe - j'ai encore plus hâte de vous le poster celui là !
Bonnes vacances ♥
PS : chapitre relu une seule fois, pardonnez-moi les fautes d'orthographe ou de frappe qui traînent.
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