Chapitre 2 ~ 28/7/2018
"-Ceux qui sont déjà venus, faites discrètement le tour de la Grande Place pour aller voir vos cottages au panneau qui est devant le réfectoire, ordonna une fille aux longs cheveux ondulés avec lesquels elle avait formé deux couettes."
Elle faisait des grands signes avec ses bras à l'instar d'un chien sur la piste d'un avion.
Sébastien l'avait déjà vu, l'année passée. C'était une apprentie Assistante de Sécurité. Il ne se souvenait simplement plus de son nom.
Mais bon, ça lui importait peu.
Levant les yeux au ciel par manque d'entrain, il suivit le troupeau d'adolescents qu'il surplombait pour la plupart d'une demi-tête sans se presser pour autant.
Arrivé devant le panneau en question, Sébastien joua des coudes afin de se frayer un chemin entre les nains qui sautent désespérément pour essayer d'y voir quelque chose, les surexcités qui se lance des trucs comme: "OMG meuf, heureusement que t'es dans ma chambre, je sais pas comment j'aurais fait sans toi !" suivi d'un cri de fan des One Direction hystérique, les séparés qui agissent comme s'ils étaient devenus des agents d'une société secrète, genre: "Ouais, ce soir à minuit j'te fait rentrer par la fenêtre... Comment ça c'est dangereux et on risque de se faire prendre? C'est toi qui est pas discret aussi!" puis il arriva enfin à être tout devant.
Faisant glisser son regard à la verticale sur la feuille de papier plastifiée en suivant la succession de noms de famille par ordre alphabétique, Sébastien arriva finalement à la lettre M et trouva son nom : Maxreyl. Il suivit ensuite les lignes horizontales du tableau pour découvrir son cottage : le numéro 407b.
Sébastien fit un pas en arrière, puis laissa ses yeux zigzaguer sur les différentes affiches épinglées sur le panneau en bois. Lisant en diagonale, il essaya de voir si quelqu'un d'autre qui était déjà présent l'an dernier partageait sa chambre. Mais il était le seul, ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose : il était qu'avec des premières année.
Un sourire en coin fendit le visage de l'adolescent.
"Que des premières années alors... Ça sera bien plus simple que je ne l'imaginais..."
Suivant le nouveau plan compris dans sa lettre, Sébastien entama le trajet jusqu'à son cottage.
D'abord parmi la foule en empruntant l'une des quatre allées principales, il finit par se détacher du groupe en prenant un petit sentier ombragé par des conifères.
Une odeur de sève de pin maritime emplit ses poumons et il s'empressa de la chasser.
Profitant d'être quasiment seul avec un sac de randonnée pour valise et ses fidèles baskets de sport aux pieds, il commença à courir.
Malgré le fait d'être rentré au collège depuis deux ans déjà, Sébastien à presque toujours consacré une bonne partie de son temps au sport, notamment à son favori : la course.
Bien qu'il soit à la fois bon en endurance et en sprint, ce qu'il affectionnait particulièrement là-dedans et était le fait de se sentir libre. Libre de choisir son tracé à travers les nombreux parcs de sa ville. Libre de choisir sa vitesse. Libre de choisir d'écouter les bruits réguliers de son souffle ou non. Libre de regarder droit devant, d'admirer le paysage... Ou même de se laisser aspirer par ses songes.
Pour lui, se dépenser, c'est un besoin pour se sentir vivant. Presque une addiction en réalité.
Rien ne pouvait plus lui faire du bien qu'un bon jogging dès le matin, alors que l'air était encore frais. Rien. À part pratiquer le hip hop, peut-être.
Sébastien atteignit donc en moins de cinq minutes une petite maisonnette en bois clair.
La première chose qui la différenciait d'une maison ordinaire était son toit plat où s'épanouissaient de multiples végétaux aux formes variées, en compagnie de panneaux solaires. Sur ses surfaces latérales faites de parpaing, de larges baies vitrées laissaient pénétrer les rayons du soleil qui n'était plus qu'une immense boule de feu avalée de moitié par l'horizon.
Sur la porte bleue pétrole était placardé le nombre 407 en chiffres d'or, suivi d'un tiret et d'un b en italique.
Sébastien comprit en voyant la deuxième porte identique où les trois chiffres étaient suivis d'un "- a" que ce cottage était la fusion de deux.
Sébastien soupira brièvement. Il n'avait pas le temps de s'attarder sur l'atmosphère.
"-Bon, je pense que c'est ici, murmura-t-il. Au pire, c'est chez des filles qui sont en train de se changer..."
Il rit de sa pensée perverse avant de franchir les portiques de son cottage qui émirent un "bip !" à l'approche de son collier. Un instant après, la porte émit un claquement métallique étouffé avant de s'entrouvrir.
Sébastien s'engouffra à l'intérieur et referma le rectangle de bois d'un coup de pied nonchalant sans se retourner. La serrure se verrouilla de nouveau après son passage tandis qu'il ouvre au hasard une porte du au rez-de-chaussée dans l'espoir de trouver sa chambre.
La pendule affichait exactement dix-huit heures trente-trois lorsque que Sébastien était assis sur le lit superposé du haut, les jambes ballotant dans le vide par-dessus la rambarde. Son sac resté fermé et posé vite fait dans une case de l'armoire, il pianotait distraitement son téléphone en attendant ses jeunes colocataires de pied ferme.
Toutefois, ces quelques minutes lui étaient précieuses afin de peaufiner son plan. Tout devait être parfait avant son commencement, car il lui était impossible de faire marche arrière. Et il tenait plus que tout à ce qu'il fonctionne comme sur des roulettes.
Ce plan était la clé de sa réussite. Ce plan, cette petite succession d'étapes à première vue toutes stupides, combinées dans l'ordre où il l'avait fait, arriveraient à ce que rien ne soit pareil qu'avant.
Il veillerai à ce que rien ni personne ne lui barre la route. Coûte que coûte. Peu importe les conséquences.
Un frappement timide sur la porte de la chambre le sortit de ses pensées.
"-Euh... Je peux entrer ? Demanda une voix chevrotante."
Sébastien ne répondit pas et se contenta de rediriger son regard vers l'écran de son téléphone, s'attendant à ce qu'il entre de lui-même, comme il l'aurait fait, mais la porte ne bouge pas d'un iota.
"-Je sais que quelqu'un est là alors...
-Non mais sérieusement ?"
Le nouveau venu entrouvre la porte.
"-Euh... Pardon, je savais pas..."
Il entra enfin en tirant sa valise limite plus grosse que lui à travers la chambre. Sébastien leva la tête et failli exploser de rire.
"Alors là, franchement, ce sera vraiment trop simple..."
Un gars de type nain roux se tenait devant lui. Ses yeux d'un superbe vert jade à moitié cachés par une longue mèche de cheveux regardaient nerveusement le sol, comme si d'immenses araignées invisibles tournaient autour de ses pieds. Son corps tout recroquevillé donnait l'image globale de quelqu'un de très fragile et introverti.
Ce gars ne ferai pas de mal à une mouche et ce même si l'envie le prenait.
"-Sa... Salut, bégaya-t-il pendant que son autre colocataire roulait des yeux, je m'appelle Tom Mul..."
Le claquement sec du rabat de la pochette du portable de Sébastien le fit taire.
"-Ouais ouais..."
Le plus âgé sauta du lit en passant par dessus la barrière de sécurité.
"Tom" leva un sourcil, puis blêmit. Son autre colocataire le toisait de toute sa hauteur, et il se sentait minuscule à coté.
"-Écoute p'tit gars, j'en ai rien à faire de comment tu t'appelles, quel âge tu as, le nom de chacun de tes chats, et... En fait, je suis sûr que toi aussi, au fond, tu n'y attache pas vraiment d'importance et que tu fais ça juste par habitude. Alors, comme je suis très généreux, en plus de t'aider à économiser ta salive, je vais te laisser une poignée d'informations vraiment utiles. Genre, utiles pour ta survie."
Le plus jeune déglutit, puis fit un pas discret en arrière.
"- Ici, c'est moi le boss. Si tu m'obéis, tout se passera bien... En revanche, je tiens à te prévenir que t'as pas intérêt à jouer aux cons avec moi, non non non..."
Il secoua faussement la tête, avant de contourner son colocataire aussi livide qu'un fantôme, un sourire acerbe se creusant sur son visage.
"-Parce que je te dis d'avance, je gagne toujours."
Sébastien ouvrit la porte, passa dans le couloir et se retourna en affichant un air satisfait.
"-Sur ce, merci de m'avoir écouté cher coloc'. J'espère que tu garderas cette conversation dans un coin de ta tête... Tchao !"
Et il claqua la porte derrière lui.
Sébastien arpenta le couloir comme un cheval de trait avec des oeillères.
Il marchait droit devant, confiant, en prenant presque toute la place du mince interstice, en largeur comme en hauteur.
Une fois les escaliers rapidement descendus, il se laissa tomber dans le canapé du cottage comme un roi sur son trône.
"Et une étape de faite."
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