Chapitre 1 ~ 20/4/2017
>>> [Dimension > Terrestre 🌍
Lieu > ✖
Heure > crépuscule 🌇
Journée plutôt ensoleillée ⛅] <<<
Le ronronnement de l'intérieur du car n'atteignait pas Sayline.
La jeune fille regardait le paysage défiler par la fenêtre, les écouteurs vissés dans les oreilles, comme enfermée dans une bulle de musique. Observant distraitement le paysage défilant par la fenêtre, elle ressassait la discussion qu'elle venait d'avoir avec sa mère un peu plus tôt, sur le chemin pour monter dans l'engin vrombissant.
"-Allez ma chérie, ça va être amusant !
-Parle pour toi...
-Le collège a dû dépenser une fortune dans cette place! Cette colonie de vacances est très réputée et très bien notée! Elle est près de la mer, néanmoins entourée de montagne verdoyante... C'est comme si tu voyageais !
-Oui, à la différence près que je ne suis pas avec vous, ni aucun ami d'ailleurs. De toute façon je n'aurais pu partir avec personne, dit Sayline, murmurant la dernière phrase."
Toute cette histoire avait commencé un peu après la fin des cours.
Au départ, Sayline et sa famille ne partaient pas en vacances cet été, mais cela ne la gênait pas le moins du monde. Elle s'était mise en tête d'entamer le programme scolaire de l'an prochain -voire plus- et, si elle avait le temps, coucher sur papier l'idée de roman qui lui trottait dans la tête depuis un petit bout de temps. Toutefois, elle s'était ordonnée que l'écriture serait juste un passe-temps afin de reposer son organisme, qui fatiguait bien trop vite selon elle.
À la fête annuelle du collège, Sayline s'était donc adossée à un poteau, dans un coin.
Munie d'un calepin, elle planifiait minutieusement son été, loin du brouhaha que créait les autres élèves qui fêtaient la fin des cours. Mais tout cela avait été brusquement chamboulé lors qu'elle a entendu son nom prononcé au micro par la principale.
Peu de temps avant, elle avait participé à un concours sous forme de questionnaire à choix multiples portant sur l'art. Sayline s'y était inscrite sans but précis, en quelques sortes pour s'amuser, car au fond, elle en était très férue. Cependant, elle n'aurait jamais imaginé obtenir la première place et par le même biais une pour gâcher tout son été dans un endroit dont elle n'avait strictement rien à faire: une colonie de vacances.
Sayline détestait qu'on change son programme et ses habitudes. En revanche, elle détestait tout ce qui était redondant. Cette contradiction incompréhensible de son esprit l'énervait au plus haut point. Tout comme sa mère à ce moment même d'ailleurs, qui s'obstinait à lui rabacher que ce voyage allait lui faire le plus grand bien.
"-Maman, cette colonie est centrée sur la musique et la danse mais... Je n'y connais rien ! Je vais être la seule à ne pas savoir comment gratter une guitare ou...
-Premièrement, elle n'est pas centrée sur ça. Elle est centrée sur la tolérance et l'acceptation d'autrui, lui reprocha-t-elle comme si elle récitait ce que disait la lettre qui assurait son acceptation à la colonie."
Sa mère avait trouvé cette lettre formidable. Sayline l'avait comparé à un reçu de colis.
"-Deuxièmement, les enfants de là-bas pourrons sûrement t'apprendre jouer d'un instrument !
-Hmf ! Bien sûr. Tu veux pas qu'il m'apprennent à danser le ballet aussi ?"
Sa mère soupira, les lèvres pincées. Sa fille l'agaçait avec son manque d'optimisme.
"-Tu as la chance de gagner une place pour passer plus d'un mois dans une colo géniale et tout ce que tu fais c'est te plaindre ! Tu n'as pas honte ?
-Tout ce que je dis c'est que cette place n'était pas faite pour moi. J'ai autre chose à faire que d'essayer quelque chose qui échouera forcément, et ce durant tout l'été !
-Eh bien, tu leurs dira à eux, parce que là, c'est trop tard. On est arrivées."
Une fois que la voiture fut garée, que la valise fut chargée dans la soute et que sa mère lui ai répété au moins quarante cinq mille fois que ça allait être super, Sayline monta à contrecœur dans le car, presque à reculons. Aussitôt, les portes se sont verrouillées derrière elle dans un sifflement sourd.
"Et voilà, je suis piégée"
La jeune fille chercha ensuite rapidement un rang inoccupé avant de se laisser tomber sur le siège près de la fenêtre.
"Je n'ai plus qu'à rester invisible et espérer que cet été passe aussi vite que possible... "
"-Hé p'tite!"
Sayline arrêta de fixer le paysage et tourna la tête vers l'origine de l'interpellation.
Une adolescente un peu plus âgée qu'elle se tenait dans l'allée, les mains sur les hanches et un énorme sac de randonnée sur le dos.
Ses yeux vairons -l'un brun chaud, l'autre d'un bleu électrique- la fixait en attente d'une réponse, tout en traduisant une expression joyeuse et détendue. Sayline coupa aussitôt précipitamment sa musique et enleva ses écouteurs, par politesse.
"-Tu permet que je m'assoie ? Demanda l'inconnue en désignant le siège en face d'elle."
Sayline, captivée par ses observations et ne sachant pas trop quoi dire, bredouilla un peu après: "-Euh ben, oui, d'accord, je vous en prie...
-Chouette, merci bien !"
La fille aux yeux vairons rangea son sac jusqu'au coffre situé au dessus des sièges, puis jeta un regard aux alentours comme un scanner. Puis, elle haussa les épaules et s'installa sur le fauteuil.
"-Qui est-ce que vous cherchez ? Enfin, si ce n'est pas indiscret...
-Non non, t'inquiète ! Répondit-t-elle en secouant légèrement la tête et en affichant un sourire radieux. Je voulais juste savoir si mes potes étaient arrivés, mais apparemment ce n'est pas encore le cas, dit-elle avec la même ironie qu'utiliserait une mère racontant les dernières bêtises de ses bambins. T'inquiète pas, t'as rien à craindre, normalement, ils ne mordent pas..."
Sayline rit. Cette fille avait un sens de l'humour qu'elle appréciait.
Cette dernière continua, toujours aussi joyeuse: "-Et puis, me vouvoie pas quand même, ch'uis pas si vieille que ça !"
La fille rit aux éclats avec Sayline, puis soudainement elle se figea, son visage donnant l'impression qu'il était éclairé par une ampoule au-dessus de sa tête (à la façon des dessins animés, avec un ding !).
"-Tiens, à force de jacasser, j'en oublie mes manières ! s'exclama-t-elle avant de reprendre son large sourire qui réduisait ses yeux à deux fentes qui surplombaient ses pommettes. Mon nom, c'est Mélanie Kusara. J'ai treize ans, direction la quatrième pour pour moi l'an prochain. Je viens d'Auvergne. Et toi ?
-Euh... Sayline Berosa... J'ai onze ans et je vais aussi en quatrième... "
Sayline sentit une boule appuyer sur le bas de son estomac.
"-Tu as sauté une classe ?"
Sayline hocha timidement la tête en focalisant son regard sur ses pieds qui balançaient sous son siège.
"-Woah, tu dois être vachement forte ! Comment tu as fait ?
-Non, pas tellement... Et j'ai aucune idée de pourquoi il me l'ont proposé à moi, alors qu'une poignée d'élèves avait des résultats largement supérieurs...
-Boh, moi j'ai redoublé alors que je suis de début d'année, tout ça à cause d'un prof qui ne m'aimait pas. Va savoir !"
Mélanie sourit largement à sa voisine de siège, qui lui rendit un petit en coin.
Ca ne se voyait à peine, mais tout le corps de Sayline tremblait, jusqu'à la pointe de ses orteils.
Parler de son saut de classe la mettait très mal à l'aise, car pour elle, ça appuyait encore plus le fait qu'elle était pas "normale". Qu'elle était "trop différente". Ou comme disaient ses camarades de classe, elle était "super-bizarre".
Ces mots n'affligeaient rien en surface. C'était à l'intérieur que ça faisait mal. Pour les autres, Sayline n'était qu'un "bug de la vie". Ou autrement dit, une anomalie de la nature.
"-Si tu es là, ça veut dire que tu as une place pour la colonie Hip Pop non ? demanda Mélanie tandis qu'elle discutait de tout et de rien avec Sayline.
-Oui...
-Alors, dis-moi, tu y es déjà allée à la colo ?
-Non, c'est la première fois...
-Eh bah, s'exclama-t-elle, je peux te dire que tu as beaucoup de chance ! J'ai été élue l'an dernier comme déléguée de la zone 3 !
-Déléguée de la zone 3 ?"
Sayline plissa le nez dans l'incompréhension.
Et d'un coup, le vrombissement sous ses pieds s'arrêta.
La jeune fille haussa les sourcils d'étonnement. Elle était tellement occupée à boire les paroles de Mélanie qu'elle n'avait même pas vu que le car était arrivé à bon port.
La plus âgée se transforma aussitôt en une vrai boule d'énergie, comme si un ouragan s'était infiltré dans son corps : le chauffeur terminait à peine d'annoncer à ses passagers qu'ils pouvaient descendre qu'elle avait déjà attrapé Sayline ainsi que son énorme sac et les avait sorti tous deux du car en un éclair.
"-Allez, viens vite !"
Une fois leurs valises respectives récupérées, Sayline entreprit de faire le tour du véhicule essayant tant bien que mal de suivre Mélanie qui était aussi joyeuse qu'un petit enfant le jour de noël.
Et sans s'y attendre le moins du monde, découvrit un décor époustouflant.
Pour commencer, l'élément le plus voyant dans le paysage était les arbres. Tous plus hauts et variés les uns que les autres, ils étaient accrochés aux flancs des montagnes comme une couverture de mousse d'un camaïeu vert qui se disputait le terrain avec les quelques petite taches blanches de neige éternelle, comme si on avait moucheté le paysage de chantilly. Le ciel s'était coloré d'un rose pâle dû au soleil qui entamait son coucher et dont les rayons caraissaient gentiment la face de la novice.
Les personnes avec lesquelles elle avait pris le car sortaient en troupeau, puis se mettaient progressivement en rang de même que le chemin de terre battue s'affinait pour réussir à passer sous une bannière blanche où était inscrit en lettres noires "HipPop!, le seul endroit où la musique et la danse s'accordent en cadence".
"-Tu me suis ? S'inquiéta Mélanie qui avait filé d'une marche rapide sous la bannière.
-Hm hm ! Acquiesça Sayline, bien que ça ne soit pas totalement vrai car sa valise pesait très lourd et la ralentissait pas mal.
-Génial ! Mes meilleurs amis sont ici, quelque part sur la Grande Place. Je vais te les présenter !"
Sayline avala sa salive. Ses pensées tournaient en boucle dans sa tête: "Que fais-je ici? Comment ais-je fait pour ne pas tourner les talons et m'empresser de m'en aller? Y a-t-il un coin pour m'isoler tranquillement avec un livre ici? Je suffoque avec tout ce monde!"
Et oui. Bien que le domaine environnant soit magnifique avec ses immenses bâtiments neufs à l'architecture moderne et à peinture fraîche, sa forêt luxuriante ainsi que sa vue sur la mer digne des plus belles cartes postales, lorsque Sayline vit la masse d'adolescents inconnus rigoler et chahuter partout autour d'elle qui restait accrochée comme une moule aux talons de Mélanie, une boule s'est formée dans sa gorge.
Appelez ça comme vous voulez. Introvertie, agoraphobe, il n'empêche que Sayline ne peut pas se retrouver dans un endroit où se regroupe beaucoup de gens sans être mal à l'aise. Cependant, la majeure raison de ce malaise ne tient pas vraiment de sa nature, mais surtout car la Grande Place lui rappelait beaucoup trop les cours de récréation des différents établissements scolaires qu'elle avait dû fréquenter durant sa jeunesse.
Ça lui rappelait notamment comment elle redoutait la sonnerie qui annonçait l'entre-cours de vingts minutes, à l'inverse des autres enfants qui n'attendaient que ça.
Alors que la vétérante se faufilait facilement à travers la foule qui semblait s'écarter miraculeusement sur son passage, Sayline peinait à garder une distance réduite avec elle, si bien que lorsqu'elle se mit à courir -sûrement pour rejoindre les amis dont elle avait parlé- la foule l'engloutit, et elle perdu totalement sa trace.
Elle regarda aux alentours, paniquée, mais sa petite taille ne l'arrangeait guerre.
Pendant ce temps, un homme était monté sur un tabouret pliant en bois au milieu de ce qui semblait être la Grande Place -un cercle de terre battue gravillonnée avec ce qui semblait être un feu de camp éteint au centre et une succession de rondins de bois et de rochers assez larges pour que deux personnes s'assoient dessus.
L'homme était vêtu d'une veste, d'un pantalon et de chaussures noires lustrées semblables à celles d'un homme d'affaires. En revanche, il portait par ailleurs un col roulé d'un gris délavé semblable à la couleur poivre et sel de ses cheveux. Ses yeux cernés reflétaient son grand âge, mais brillaient d'une sagesse bienveillante.
"-Oké, Oké... annonça t-il nonchalamment dans son micro qui était à peine plus élevé que sa véritable voix."
Il balaya rapidement la place du regard, puis constata que personne ne s'était tu.
"-OKÉ !"
L'arsène fit sursauter pas mal de monde mais avait réussi à faire régner le silence sur la place.
"-Bienvenue à tous. Je suis M. Zaober, le directeur de HipPop!, une formidable colonie de vacances centrée sur la musique et la danse déclara t-il avec un accent à couper au couteau. Asseyez-vous, s'il vous plaît."
Tout le monde s'exécuta. Sayline fut brusquement écrasée et poussée dans tous les sens. Des coudes lui perçaient les côtes et des pieds lui écrasaient les siens à une vitesse fulgurante. Apeurée, elle s'empressa de sortir de cette tempête humaine en fuyant à l'extrémité du cercle que formaient tous les adolescent assis autour du directeur.
Pour elle, ça avait toujours été sa place. À l'extérieur.
M. Zauber continua : "-Nous vous remercions d'être venus passer l'été ici. HipPop! est un lieu où chacun peut trouver sa place, sa façon d'être et des aventures dont il se remémorera toute sa vie."
En disant ces mots, il regardait chaque nouvelle tête avec un sourire discret, presque rêveur. Sayline avait envie de le croire, bien qu'il débitait tout cela sur le ton monotone avec lequel on explique un théorème de mathématiques.
"-Bon, j'imagine que quelques explications vous serviront plus qu'un beau discours. Je vais donc vous expliquer comment s'organise notre colonie, notamment pour ceux et celles qui n'auraient pas daigné jeter un coup d'œil au plan fourni dans votre lettre d'admission."
Sayline se sentit un peu honteuse. C'est vrai que même si elle avait refusé de passer l'été ici, elle aurait pu au moins jeter un coup d'oeil à cette lettre...
Monsieur Zauber continua: "-HipPop! est construite comme un village, avec un centre-ville entouré de cottages. Ces cottages sont les petits carrés colorés numérotés que vous avez sur le plan, tandis que le centre-ville se trouve au centre, comme son nom l'indique. Il englobe Le Lama Gelé, qui est un café-médiathèque, la Scène où vous jourez pour le concert de fin de saison, la Grande Place -là où vous êtes assis en ce moment même-, les bureaux du personnel ainsi que l'infirmerie auxquels vous pouvez demander conseil si quoi que ce soit arrive, la piscine accompagnée de son Spa et pour finir, le réfectoire. À ce réfectoire, vous ferez bien plus que manger et y chercher des piques-niques. C'est aussi un point d'information et le lieu où sont les bornes de réservation. Je vous explique : des sorties comme les randonnées, les détours en ville et autres sont organisées régulièrement, mais l'on dispose également d'activités sur place tel que le canoë et le paddle pour ne citer que les plus populaires. Vous pouvez participer au maximum à 4 sorties par semaine, les activités sont en illimité. Si vous êtes fatigués, sachez que vous avez maximum cinq jours de repos à ne rien faire dans votre cottage, après vous êtes obligés de faire quelque chose parce que tout le monde sait que vous allez uniquement rester sur votre portable, et ça serait dommage de ne pas profiter du lieu, non ?"
Sayline leva les yeux. Il marquait un point.
"-Pour réserver, il vous suffira de scanner ceci."
M. Zauber brandit un objet ressemblant à une pièce de monnaie blanche reliée à une petite corde et floquée du sigle Hp! en noir, symbole de la colonie.
"-C'est un collier émetteur, c'est-à-dire l'outil que vous ne devez jamais quitter, car il informe la direction de votre position s'il y a un problème. À chaque changement de lieu, vous allez trouver un portique. Normalement, quand vous passez, un signal sonore et une lumière vous indique que vous êtes enregistrés. Ils vous servent aussi de clefs puisqu'il y a un portique devant chaque cottage. Il vous suffit de fermer la porte pour que ça soit verrouillé. À la fin de chaque année, vous recevrez une perle que vous attacherez à votre collier. Du coup, plus vous avez de perles, plus vous avez d'années ici."
"Logique, pensa Sayline."
Elle zieuta les environs et ne vit aucun collier sur les adolescents assis : c'était visiblement tous leur première année, comme elle.
"-Tiens, comme on parlait des cottages... Si vous ne savez pas ce que c'est, les cottages sont des petites maisons tout en bois où vous logerez avec les membres de votre groupe. Ils ont tous une couleur, et pas seulement sur le plan, car chacun d'entre eux est affilié à une des quatre zones qui divisent la colonie. Et comme une zone contient donc plusieurs groupes de musique ou/et de danse, pour tous les représenter, chaque membre de chaque zone élit tous les ans un délégué et son suppléant pour l'année d'après, à l'instar des délégués que vous avez en classe. Leur tâches sont de parler pour tous au cours d'assemblées comme celles-ci, de faire savoir à la direction des éventuels problèmes... et bien plus."
Il désigna d'un geste nonchalant de la main un jeune homme très massif portant un dossard rouge où était écrit ZONE 1 que Sayline n'avait pas remarqué jusqu'alors car il était perché sur une immense pierre à sa gauche.
Le colosse se redressa avec un sourire ravageur digne des pub Kolgayte, balayant l'endroit de ses iris si chauds qu'ils semblaient être faits de braise.
Sayline voyait que c'était un adolescent grâce à son collier déjà muni de plusieurs perles, mais il paraissait comme déjà adulte par rapport aux petits première année auprès de lui. Toute sa personne dégageait l'impression qu'aurait donné un tigre, perché là où il était. Immense, massif, aux larges épaules, cependant vif, fort et futé.
Même le garçon à côté qui semblait être son suppléant paraissait tout petit, bien qu'il soit de la même carrure.
"-La zone 1, en rouge, s'étend sur une partie un peu sableuse et près de la mer. Elle est dirigée par Rajah Morrison et son suppléant Marceau Colby."
Il pointa ensuite une grande fille aux cheveux blonds bouclés au sourire radieux qui portait un dossard jaune fluo où l'on pouvait lire "ZONE 2". Elle semblait aussi fière qu'un paon, or on ne pouvait pas autant en dire de sa suppléante qui lui ressemblait trait pour trait, mais en plus jeune, avec des cheveux bruns extrêmement raides et une seule perle à son collier.
Sayline comprenait : ça ne devait pas être facile de se montrer devant tant de monde, même si on ne parlait pas. Elle se dit qu'elle aurait fait pareil à sa place, avant de se raviser : jamais elle ne serait à sa place.
"-La zone 2, en jaune, occupe la partie aux herbes sèches entre les rochers et la forêt, très proche du centre-ville. Elle est menée par Clémence Adisson ainsi que sa suppléante et petite soeur Amanda Adisson."
M. Zauber se tourna vers une tête qui semblait soudainement connue.
Sayline écarquilla les yeux lorsqu'elle vit Mélanie perchée au même niveau que Rajah et Clémence sur un autre rocher. Elle avait ouvert son sweat blanc pour laisser apparaître un dossard identique à ceux des autres délégués mais vert cette fois, où l'on pouvait lire ZONE 3 en gros. À coté d'elle se tenait une jeune fille blonde un peu dodue qui avait la même tête que si on l'avait tirée de son lit. Son arcade sourcilière était incrustée de piercings de pierres violettes qui contrastaient magnifiquement bien avec ses yeux couleur eucalyptus.
"-La zone 3 expliqua le directeur, dont la couleur est le vert, est à la lisière de la forêt et de la montagne. Cette zone a une déléguée fraîchement nommée qui s'appelle Mélanie Kurasa, accompagnée de sa suppléante, Améthyste Eukaly, qui remplace son suppléant normalement nommé qui n'est pas présent cette année."
Il tendit le bras vers la dernière grande pierre où se tenait en haut un asiatique au débardeur bleu flanqué de l'inscription "ZONE 3". À ses côtés, sur le rebord que prodiguait chaque pierre, se tenait une fille à la peau foncée et aux cheveux noirs tressés avec des perles couleur nacre. En tailleurs, elle se balançait d'avant en arrière, soit d'excitation, soit d'impatience.
"-Et enfin, la zone 4, en bleu, au sud-ouest à un délégué nommé Wilson Pepper et sa suppléante Swann Lakmë."
M. Zauber reprit sa position d'origine.
De son petit tabouret, l'homme âgé qu'il était semblait fixer chacun des adolescents dans les yeux. C'était troublant.
"-Bien. Trêves d'explications. Rendez-vous ici à dix-neuf heure pour manger et effectuer la première assemblée de l'année. Et sur ce, je vais commencer à énoncer les membres présents dans chaque cottage."
Sayline soupira.
Ça va être un été long. Très long.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top