Le lendemain matin, Némésis se réveilla en sursaut lorsque trois coups résonnèrent bruyamment contre la porte de la chambre qu'elle occupait au palais royal. Dans un grognement, la jeune femme voulut se redresser, mais quelque chose la retenait fermement par la taille. L'esprit encore légèrement embrumé par le sommeil, elle tourna la tête pour découvrir Thor, qui dormait à poings fermés. Les souvenirs de la veille ressurgirent en masse, la faisant étrangement tressaillir.

Elle se rappelait de chacun de ces effroyables cauchemars qui avaient hanté son esprit jusqu'à la réveiller, en nage. Tout comme elle se rappelait de l'arrivée des gardes dans sa chambre, puis de Thor, qu'elle avait de sa propre initiative invité à rester pour la nuit. Dire qu'elle regrettait sa décision serait un outrageux mensonge. La présence du dieu du tonnerre à ses côtés cette nuit l'avait rassurée et lui avait permis de se rendormir sans crainte. Cependant, une légère appréhension venait peu à peu s'insinuer dans son esprit : et si le Père de Toute Chose l'apprenait ? Que dirait-il ? Il pourrait très bien la relever de ses fonctions s'il le désirait, pour avoir osé dormir avec son fils aîné, promis au trône...

De nouveaux coups frappés avec plus d'insistance contre sa porte chassèrent ses inquiétudes. À ses côtés, Thor remua. Avec douceur mais fermeté à la fois, elle retira le bras du prince de sa taille et se leva, sous le regard de Nébuleuse, qui s'étirait, descendue de son fauteuil fétiche. Ne prenant pas la peine de se changer, tant la personne se tenant derrière sa porte semblait pressante, elle entrouvrit le battant, laissant seulement passer sa tête. Le garde royal se tenant derrière la porte avait le poing levé, prêt à frapper à nouveau. Lorsqu'il la vit, il abaissa vivement son bras, avant de porter son poing droit fermé à son cœur pour saluer sa supérieure hiérarchique.

« Navré de vous réveiller, commandante, mais le Père de Toute Chose réclame une audience en votre présence, et en celle du prince Thor ».

Némésis sentit aussitôt un frisson glacé parcourir son dos, malgré la température ambiante particulièrement douce régnant dans le palais en ce mois de mai florissant. Pourquoi donc le Père de Toute Chose les réclamait-il, Thor et elle ? Etait-ce lié à sa désobéissance, lorsqu'elle avait été rejoindre son fils aîné sur Midgard ? Ou bien était-ce lié à cette nuit ?

« T'a-t-il expliqué de quoi il retournait ?

- Non, commandante. J'ai seulement reçu l'ordre de venir vous quérir.

- Très bien. Merci de m'avoir transmis ce message. »

Le soldat la salua une nouvelle fois d'un signe de tête, fit claquer son talon droit sur le sol reluisant du couloir, puis pivota et s'éloigna. Némésis referma alors la porte de sa chambre dans un soupir, retournant à l'intérieur.

« Père est toujours resté très mystérieux sur ses intentions, quelles qu'elles soient, déclara la voix de Thor derrière elle, la faisant se retourner pour lui faire face.

- Et bien, pour une fois, j'aurais apprécié qu'il se montre moins énigmatique.

- Ne t'en fais pas. Tout se passera bien. S'il m'a demandé de venir aussi, ce n'est certainement pas pour te sermonner en public. Il doit avoir quelque chose d'important à nous demander.

- Sans doute... ».

Némésis regarda son meilleur ami terminer d'enfiler son armure, avant qu'il ne s'approche d'elle et ne vienne poser une main apaisante sur son épaule.

« Comment te sens-tu ? Tes cauchemars de la veille sont-ils revenus te hanter ?

- Non. J'aimerais bien dire que c'est grâce à toi, mais je n'oserais pas commettre une telle erreur... ».

Thor leva les yeux au ciel, ce qui la fit sourire en coin. Leurs vieilles querelles ne cesseraient jamais...

« Plus sérieusement, merci d'être venu et resté.

- Je t'ai entendu crier. Je n'allais certainement pas rester les bras croisés à rien faire, sans savoir ce qui était en train de se passer ! Quant à rester... Je n'ai fait que suivre vos ordres, commandante. Je ne suis que votre fidèle et dévoué serviteur...

- Pourtant, ma requête n'a pas semblé te déplaire, si je ne m'abuse...

- Qui a dit que tes ordres devaient être déplaisants ? ».

Cette fois, ce fut au tour de Némésis de lever les yeux au ciel, sous le rire sincèrement amusé de son interlocuteur. Celui-ci laissa d'ailleurs retomber son bras lorsque Némésis s'éloigna pour aller enfiler sa tenue de combattante. Les asgardiens n'étant généralement pas de nature pudique, Thor put admirer le dos délicatement musclé de Némésis, sur lequel retombaient ses boucles brunes, ainsi que ses longues jambes effilées, tandis qu'elle se changeait dans un coin de sa chambre, dos à lui. Bien que l'appellation de déesse du temps, du courage et du pardon aille à merveille à la jeune femme, Thor ne put s'empêcher de penser que l'appellation de déesse de la beauté lui aurait encore plus convenu ; de toutes les femmes d'Asgard, Némésis était sans nulle doute l'une des plus belles d'entre elles, et aucun asgardien sain d'esprit ne pourrait jamais affirmer le contraire.

Une fois la jeune femme prête, tous deux quittèrent la chambre qu'ils avaient occupé ensemble la nuit passée, pour parcourir les couloirs du palais, se dirigeant vers la salle du trône. Nébuleuse marchait à quelques pas devant eux, ne cessant de bailler : tout comme les deux dieux qui la suivaient, elle non plus n'avait pas assez dormi, réveillée par les cris de terreur de sa maîtresse au beau milieu de la nuit.

Le petit groupe croisa plusieurs serviteurs dans le palais, qui baissèrent respectueusement la tête sur leur passage, gênant Némésis plutôt que la flattant : ayant grandi dans les rues d'Asgard, elle ne se faisait toujours pas à ces commodités vieilles de plusieurs siècles.

Ils parvinrent finalement devant l'imposante porte dorée de la salle du trône, que Thor poussa afin de laisser passer son amie et la panthère qui l'accompagnait où qu'elle aille. Némésis le remercia d'un regard et pénétra dans l'immense salle rutilante du sol au plafond, cette salle même dans laquelle elle avait été gradée et honorée d'un titre respectueux.

Alors qu'elle parcourait les longs mètres menant au trône aux côtés de Thor et de Nébuleuse, Némésis remarqua que le roi Odin était loin d'être seul dans cette pièce. En effet, au bas des marches menant au trône de son mari, aussi éclatante qu'une fleur venant tout juste d'éclore, se tenait la reine Frigga, la mère de Thor. Lorsque Némésis et le prince furent assez près, elle adressa à la jeune femme un sourire rassurant et empli de bienveillance, qui lui réchauffa le cœur. Juste avant que son regard ne se pose sur les autres personnes conviées dans la salle du trône.

Face au Père de Toute Chose, devant Thor et elle, se tenait Loki, de dos. À la vision du prince, Thor et elle échangèrent un regard, commençant à se douter de la raison pour laquelle Odin les avait tous deux conviés. Le dieu fourbe était maintenu par deux gardes, suivis d'une petite dizaine d'autres, lances à la main. Visiblement, ils avaient pris leurs précautions pour mener Loki jusque ici, très certainement à la demande de leur roi.

Némésis posa son regard sur la deuxième personne se trouvant près de Loki, auprès de Frigga, et fut surprise de constater qu'il s'agissait de Sigyn, la femme du dieu de la malice. Némésis ne l'avait pas revue depuis plusieurs mois maintenant, voire un an, certainement depuis que Loki et elle s'étaient mariés, à la surprise générale de tout Asgard, allant à l'encontre de la volonté de leurs parents respectifs. Si, le jour de son mariage, son visage resplendissait l'assurance et la joie, aujourd'hui, il ne reflétait que la déception. Cependant, lorsque le regard de Némésis se posa sur elle, la jeune femme leva le menton, la défiant ouvertement du regard. Némésis comprit que peu importaient les crimes de Loki, elle lui resterait éternellement fidèle, à l'image de sa dénomination première : celle de déesse de la fidélité.

Détournant le regard de sa « rivale », Némésis posa enfin son regard sur la dernière personne présente dans la salle du trône. Lorsqu'elle reconnut le Grand Vizir, l'un des conseillers d'Odin, elle ne put s'empêcher de frémir. La réputation de cet homme le précédait, où qu'il aille, et pas d'une façon gratifiante... Le premier conseiller du roi était réputé pour sa sévérité et son intransigeance. Contrairement à la reine Frigga, extrêmement compatissante et bienveillante, le Grand Vizir, à l'image de son visage froid, était la personne la plus antipathique et cruelle que Némésis n'ait jamais connue. Sa présence en ces lieux était donc loin d'être un bon présage pour Loki...

Entièrement vêtu de noir, le conseiller salua respectueusement Thor et son accompagnatrice. Ayant parfaitement remarqué l'insistance du regard de Némésis sur sa personne, il esquissa un sourire en coin mauvais, qui fit grimacer la jeune femme. Alors que Thor et elle parvenaient à la hauteur de Loki, celui-ci ne put s'empêcher d'asséner :

« Tiens, comme on se retrouve ! Vous m'avez presque manqué...

- Il suffit ! Personne ne t'a encore permis de prendre la parole ! tonna Odin en se redressant sur son siège doré. »

Loki leva alors innocemment les mains en l'air, tout en grimaçant d'un air désolé. Pourtant, son attitude ne trompait personne, et surtout pas son père : il se moquait ouvertement de lui, lui manquant totalement de respect, devant des membres de sa cour. Même s'il restait de marbre, Némésis pouvait aisément deviner qu'intérieurement, le Père de Toute Chose fulminait.

Elle comprenait désormais la raison de leur présence, sans que le roi n'ait eu besoin de parler : ils étaient là pour juger les actes de Loki. Ce dernier, vraisemblablement peu impressionné par les avertissements clairs de son père, ne put s'empêcher de se tourner vers sa mère, debout à ses côtés, pour lui demander :

« Bonjour Mère. T'ai-je rendue fière ? Et toi, ma douce Sigyn ? T'ai-je également rendue fière ?

- Par pitié, n'aggrave pas ta situation..., le supplia sa mère.

- Le pourrais-je ?

- Assez ! gronda la voix d'Odin. Je m'entretiendrai seul avec le prisonnier. Seuls Thor, Némésis et mon Grand Vizir peuvent rester. »

Némésis vit Sigyn faire un pas en avant, la bouche déjà ouverte, prête à protester. Cependant, avant qu'aucun son n'ait pu franchir la barrière de ses lèvres, Frigga attrapa avec douceur son bras, lui intimant silencieusement l'ordre de renoncer à toute protestation. Sigyn sembla hésiter, mais finalement, elle abdiqua, baissant la tête, certainement plus pour éviter de revenir sur sa décision que pour saluer son roi. Avant de quitter la salle en compagnie de la reine, son regard croisa celui de Némésis. Un regard empli de haine et de mise en garde. Loin de se démonter, la déesse du temps se redressa et lui rendit un regard aussi glacial que la neige tombant continuellement en Jötunheim. Thor, qui n'avait rien manqué de cet échange silencieux, effleura la main de Némésis de la sienne, en un geste apaisant, tandis que Nébuleuse crachait et grognait, ressentant toutes les émotions de sa maîtresse.

Il fallut quelques instants à Némésis pour se ressaisir et chasser cette colère sourde qui était soudainement montée en elle. Un bruit métallique de chaînes la fit se détourner de la porte derrière laquelle Frigga et Sigyn avaient disparu pour reporter son attention sur Loki. Celui-ci venait de faire un pas en avant, en direction de son père, et de claquer sa jambe droite contre la gauche, afin de le saluer d'une façon moqueuse. Quelques secondes plus tard, un rire fusait d'entre ses lèvres, sous le regard médusé de chacune des personnes présentes dans la pièce, lesquelles étaient loin de partager son amusement.

« J'ai un peu de mal à comprendre ce qu'on me reproche.

- Ne comprends-tu vraiment pas la gravité de tes actes ?

- Il faut croire que non..., marmonna Thor, avant de se faire réprimander par un coup de coude dans les côtes de la part de Némésis.

- Où que tu ailles, poursuivit Odin, tu sèmes la guerre, la ruine et la mort.

- Je me suis rendu sur Midgard afin de régner sur les hommes avec toute la bienveillance d'un dieu. À votre instar, Père.

- Nous ne sommes pas des dieux. Nous naissons, nous vivons, nous mourons. Comme n'importe quel être humain.

- Sauf que nous on vit 5000 ans..., ajouta Loki avec condescendance.

- Tout cela parce que Loki convoite le trône...

- Ceci me revient de droit !

- Tu n'avais pour seul droit que celui de mourir enfant ! vociféra Odin en s'appuyant sur ses avant-bras pour se relever légèrement sur son trône. Laissé à l'abandon sur un rocher de glace. Si je ne t'avais pas adopté, tu ne serais pas ici aujourd'hui à me haïr.

- S'il me faut finir la tête coupée, tranchez-la, de grâce. Qu'on en finisse. Je n'ai rien contre nos petites discussions, seulement, je dois dire que... je ne les aime pas.

- C'est à Frigga seule que tu dois d'être encore en vie et jamais plus tu ne la reverras. Puisque tu seras condamné à un exil éternel, sans espoir de revenir un jour sur Asgard, privé de tes pouvoirs à tout jamais.

- Père ! s'offusqua Thor en faisant un pas en avant.

- Ne me contredis pas ! le coupa Odin en haussant le ton pour couvrir sa voix. C'est là le châtiment que nous réservons aux traîtres, aussi proches de nous soient-ils. Et c'est un châtiment bien doux, en comparaison avec l'horreur des crimes qu'il a commis. Je remercie mon Grand Vizir pour ses conseils avisés. »

Némésis vit le personnage dont il était question s'incliner, reconnaissant envers son roi, qui lui faisait l'honneur de lui accorder sa confiance. La jeune femme put remarquer l'air satisfait qu'afficha le conseiller lorsqu'il s'abaissa, sa moustache s'étant légèrement soulevée en raison du sourire malveillant qu'il affichait. Sans plus d'hésitations, et bien qu'elle ne portât plus vraiment Loki dans son cœur, elle s'avança pour attirer l'attention de son roi sur elle.

« Votre Majesté... Avec tout le respect que je vous dois, pourquoi nous avoir conviés, Thor et moi, si ce n'est pour entendre les peines que nous réclamerions à l'égard de votre fils, Loki ? »

Un silence interloqué prit place dans l'immense salle du trône. Derrière Loki, les gardes s'agitèrent, échangeant des regards inquiets. La déesse venait d'aller à l'encontre de la volonté du roi, elle avait osé remettre ses paroles en cause... Bien qu'elles soient éclatantes de vérité. Derrière la guerrière, Thor affichait un air sidéré, qui laissa bien vite la place à la fierté et à l'approbation. Némésis avait raison. Et, s'il le fallait, il soutiendrait ses propos, au risque de s'attirer les foudres de son père, afin qu'il lui donne raison, lui aussi.

« À quoi nous servirait ton intervention, Némésis ? ricana Loki, juste derrière elle. Si ce n'est pour prolonger et rendre mon châtiment plus pénible encore...

- Tu sembles oublier qu'en dehors de ma nomination première de déesse du temps, j'ai également reçu celle de déesse du pardon ! siffla Némésis en faisant volte face en direction de Loki, qui resta coi. Et je compte bien faire entendre ma voix dans ce procès, que cela te plaise ou non ! »

La jeune femme garda encore quelques longs instants son regard plongé dans celui, surpris, de son ancien meilleur ami. Elle se détourna finalement pour faire de nouveau face à Odin, qui avait observé toute la scène sans piper mot, visiblement en pleine hésitation. Percevant son trouble, le Grand Vizir s'empressa de se rapprocher de lui afin de s'interposer, n'aimant évidemment pas la tournure qu'étaient en train de prendre les événements.

« Votre Majesté, elle n'est que la commandante en chef de nos armées, elle n'a rien d'une conseillère, ce n'est pas là son droit...

- Elle a tout autant de droits que vous, Grand Vizir, déclara Odin, à la surprise générale. Elle est le bras droit de mon fils aîné, son amie et conseillère. Il lui accorde une confiance aveugle. Et j'ai décidé d'en faire de même. Telle est ma volonté. »

L'espace d'un instant, Némésis ne sut que faire ou que dire. La bouche entrouverte sous le coup du choc, elle resta immobile, jusqu'à ce que Nébuleuse ne l'encourage en venant s'appuyer contre sa jambe. Alors, elle se redressa et reprit contenance, sous le regard furibond du Grand Vizir, réduit honteusement au silence par son roi.

« Nous t'écoutons, Némésis. Parle, avant que je ne change d'avis.

- Je ne porte plus vraiment Loki dans mon cœur, votre Majesté, vous devez le savoir plus que quiconque... Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que le condamner à l'exil n'est pas la solution. Même si vous le privez de ses pouvoirs, Loki trouvera un moyen de corrompre les habitants de l'endroit où vous l'exilerez et de leur faire du mal. De plus, Midgard ne voudra pas de lui, ou le tuera dès qu'il mettra les pieds là-bas...

- Peut-être est-ce le but de son exil éternel ? hasarda vicieusement le ténébreux conseiller.

- Comment pouvez-vous ne serait-ce qu'envisager une telle solution, aussi... radicale ? Hier encore, vous pleuriez sa mort. Certes, Loki a commis des erreurs, mais qui n'en commet pas, dans cet univers infini ? Peut-être vivons-nous plus longtemps justement parce que nous apprenons plus difficilement de nos erreurs... Quoi qu'il en soit, je persiste à croire que Loki ne mérite pas un tel châtiment. Quoi qu'il ait pu faire, il compte encore à vos yeux, tout comme il compte aux yeux de Frigga ou de Sigyn. Si vous prenez la décision de le bannir éternellement, elles ne vous le pardonneront jamais...

- Pardonner ? Vous parlez de pardon, alors même que ce traître a commis des meurtres et a failli vous tuer, vous aussi !

- Justement ! s'énerva Némésis, haussant encore plus le ton que ne le faisait le conseiller, faisant se tasser les gardes, qui ne l'avaient encore jamais vue dans cet état, tout comme chaque personne présente. Thor et moi nous sommes rendus sur Midgard, pour tenter d'empêcher la folie dévastatrice de Loki de se répandre, avant de tenter de réparer ses erreurs. Plus que quiconque, nous savons les crimes qu'a commis Loki. Nous avons frôlé la mort, à de multiples reprises, lors de ce bref séjour sur Midgard. Pouvez-vous en dire autant, Grand Vizir ? »

Bien évidemment, sa question demeura sans réponse. Cependant, Némésis pouvait parfaitement constater que la respiration du conseiller, sous son épaisse veste ébène, s'était considérablement accélérée. Elle l'avait irrité ? Très bien, c'était justement ce qu'elle voulait. Elle détourna finalement son regard de cet homme insubordonné pour le reporter sur le Père de Toute Chose, qui n'avait toujours pas prononcé un mot.

« Condamner Loki à l'exil serait une grave erreur, votre Majesté. Autant pour Loki, que pour vous, et encore plus pour Sigyn. Loki a voulu restreindre la liberté des midgardiens en tentant de leur imposer sa volonté ? Très bien. Restreignez sa liberté, enfermez-le dans nos geôles sécurisées. Entouré de quatre murs, seul, son âme n'en sera que plus tourmentée. Il sera livré à lui-même, et il devra ponctuellement affronter le regard honteux des seules personnes qu'il n'ait jamais porté dans son cœur. Voilà une bien plus cruelle punition, pour un homme dépendant du regard des autres sur lui. »

C'est ainsi que Némésis termina sa plaidoirie. Un lourd silence planait désormais tout autour d'eux, mélange de surprise, de haine et de réflexion. Elle ne prit même pas la peine de se retourner vers Loki pour voir sa réaction, qu'elle pouvait aisément deviner : le prince devait la haïr, tout autant qu'il devait être soulagé par la peine qu'elle venait de réclamer. En demandant à ce qu'il soit enfermé comme un vulgaire prisonnier de guerre dans l'enceinte de leurs geôles, Némésis lui évitait une vie de solitude, passée loin des siens, dans un monde qui serait loin d'être indulgent avec lui, surtout s'il était exilé sur Midgard, sans pouvoirs... Au moins, sur Asgard, Loki pourrait bénéficier de la visite de Frigga et de Sigyn, les deux seules femmes qu'il n'ait jamais aimé.

Le regard d'Odin, perdu dans le vide, revint se poser sur son fils, puis de nouveau sur Némésis. Celle-ci ne parvenait pas à déchiffrer la lueur énigmatique brillant dans son regard, qu'elle tentait tant bien que mal de déceler. Ce n'est que lorsqu'il prononça sa sentence qu'elle eut les réponses à toutes ses questions.

« Loki, afin d'expier tes pêchés, tu passeras le restant de tes jours dans les cachots, à attendre que ta mère et ta femme ne daignent t'honorer de leur présence. Considère cela comme un acte de clémence, que tu dois uniquement à cette jeune femme (il désigna Némésis du bout de sa lance), sans qui le reste de ton existence aurait pu te paraître encore plus morne et effroyable.

- Devrais-je la remercier, en gage de ma gratitude, pour une telle proposition ? ironisa Loki. Et qu'adviendra-t-il de mon cher frère ? Vous succédera-t-il, pendant que je croupirais dans les cachots ? persifla-t-il.

- Thor, ainsi que Némésis, iront se battre contre les ravages effroyables que tu as causé. Ils s'efforceront de ramener l'ordre dans les neuf royaumes et ensuite, en effet, Thor sera proclamé roi. »

Les yeux dans les yeux, père et fils semblaient se défier du regard, ce qui était véritablement le cas. Pourtant, Némésis ne put s'empêcher de détourner son regard des deux hommes pour le porter sur Thor, qui était abasourdi. Son père venait d'avouer qu'il souhaitait le proclamer roi, alors qu'un an auparavant, il l'avait banni, en lui affirmant qu'il n'était pas prêt et indigne de monter sur le trône. Sa déclaration était, de ce fait, on ne peut plus surprenante...

Lorsque le regard bleu du prince croisa le sien, Némésis sourit en coin et lui adressa un clin d'œil complice qui redonna le sourire à son ami de toujours. Néanmoins, elle remarqua bien vite que quelque chose n'allait pas : le sourire de Thor ressemblait plus à une grimace qu'autre chose, et il semblait bien plus crispé qu'heureux.

Cependant, elle n'eut pas le temps de s'interroger davantage sur son comportement, puisque Odin les convia d'un geste de la main, tandis que Loki suivait docilement les gardes qui le maintenaient attaché et le conduisaient jusqu'aux geôles, où il résiderait désormais. Plusieurs mètres en arrière, Thor et Némésis les suivirent, non sans avoir salué le Père de Toute Chose avant. Ils venaient de parcourir quelques mètres à peine lorsque Thor se pencha vers elle pour lui murmurer ces paroles :

« Je ne savais pas que tu avais cette rage de plaider en toi. Tu es pleine de ressources inattendues, Némésis Dellingdóttir. »

Ces mots arrachèrent un sourire à la principale concernée, tandis qu'ils s'éloignaient de plus en plus du trône où siégeait toujours Odin. Et où se tenait toujours, à ses côtés, le Grand Vizir, dont le regard haineux suivit la déesse du temps jusqu'à ce qu'elle ait définitivement disparu de son champ de vision.

Qui c'est qui s'est emballée pour son bref retour ? C'est Elodie ! x) presque 4000 mots, je n'arrivais plus à m'arrêter... et encore, au départ, d'autres événements que le simple jugement de Loki étaient prévus dans ce chapitre... tant pis, ce sera dans les prochains !

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Ma Némésis qui se rebelle ouhouh ! Ça va fumer dans la bouilloire ! (Cette expression ne veut absolument rien dire au cas où vous vous poseriez la question, je viens tout juste de l'inventer)

Êtes-vous d'accord avec ce jugement, avec ce que Némésis a demandé ? Je reviendrai sur les explications de cette décision dans le prochain chapitre 😉

Sigyn a fait une brève apparition, et ça ne va toujours pas mieux entre elle et Némésis, oups !

Bref, j'espère que la notification de ce chapitre vous aura fait plaisir, et que ce chapitre en lui-même vous aura plu, parce que je ne sais pas encore quand je pourrais revenir ici pour écrire... je vous avais écrit un message explicatif sur mon babillard, en détaillant ce que j'allais faire dès mon retour, à la fin de mon année d'études, mais Wattpad a eu l'extrême gentillesse (#ironie1) de supprimer mon petit message (#ironie2, il était vraiment très long), sans prendre la peine de m'avertir AVANT, histoire que je puisse copier ce que j'avais écrit, bien sûr...

Du coup, je vous invite à checker mon rant book, à l'ajouter dans vos listes de lecture, parce que quitte à être trop longue dans mes annonces, désormais, je les passerai sur mon RB, nah !

Sur ce, je vous souhaite de bonnes vacances pour ceux qui sont en vacances (je vous déteste), et je souhaite une bonne reprise à ceux pour qui les vacances sont déjà terminées (au boulot les paresseux !).