Chapitre 5

Monseigneur Dorian se tenait devant nous, imposant et solennel, tenant une pile d'uniformes. L'air était empreint d'une tension palpable, chaque aspirant croque-mort ressentant le poids de ce moment. Les murs de la salle de classe, ornés de fresques représentant des scènes de rituels funéraires et des symboles de passage, ajoutaient « un je ne sais quoi » à l'atmosphère déjà chargée en émotion.

— Veuillez vous changer et enfiler vos uniformes de croque-mort, dit Monseigneur Dorian d'une voix grave mais empreinte de bienveillance. Ce vêtement symbolise votre engagement envers les vivants et les morts. Portez-le avec fierté et respect.

Les uniformes des croque-morts étaient d'un blanc éclatant, une couleur distincte et respectée dans toute la cité et ses environs. C'était un privilège et un fardeau que nous étions désormais prêts à porter.

Chaque élément de l'uniforme avait été conçu avec soin, symbolisant à la fois la pureté et le sérieux de notre vocation :

- Le Bonnet en Soie et/ou une cagoule: Pour les filles, un bonnet en soie blanche qui couvrait délicatement nos cheveux, suivie, pour tous le monde, d'une cagoule en laine pour les mois plus froids. Ce bonnet, doux et léger, symbolisait la clarté d'esprit et la sagesse.

- La Tunique en Coton : Une tunique légère en coton, à col roulé, descendant jusqu'aux pieds. Sa texture douce et confortable permettait de bouger librement tout en offrant une apparence solennelle.

La Robe en Laine : Par-dessus la tunique, une longue robe en laine avec des manches bouffantes. La laine, chaude et résistante, symbolisait la protection et la persévérance.

- Les Chaussettes et les Rangers : De longues chaussettes en laine, maintenues par des porte-jarretelles, et des rangers blanches solides complétaient l'ensemble, assurant à la fois confort et praticité.

- La Veste Bouffante en laine : Pour les croque-morts qui sortaient en tant que chauffeurs de corbillard, une veste bouffante en laine ajoutait une couche supplémentaire de protection contre les intempéries et le froid de l'hiver.

Le silence régnait dans la salle alors que chacun d'entre nous recevait son uniforme. L'excitation et la nervosité s'y mêlaient également, créant une atmosphère électrique. En enfilant nos uniformes, nous ressentions un mélange de fierté et de gravité, conscients du symbole que nous arborions désormais.

Je pris mon uniforme avec des mains légèrement tremblantes, sentant la douceur du tissu sous mes doigts. En le mettant, je ressentis un changement presque immédiat, comme si le vêtement conférait une nouvelle identité, une nouvelle destinée.

Enfiler ces uniformes n'était pas une tâche facile. Le bonnet en soie glissait sans cesse de ma tête, refusant obstinément de rester en place. Je le réajustai plusieurs fois, essayant de maintenir mes cheveux en dessous.

— Besoin d'aide, Sully ? demanda la jeune fille en s'approchant, un sourire amusé aux lèvres.

— Je crois que oui, répondis-je en riant nerveusement. Ce bonnet a décidé de ne pas coopérer.

Elle m'aida à ajuster le bonnet correctement, le fixant avec des épingles pour qu'il reste en place. Nous riions ensemble, essayant de détendre l'atmosphère.

De l'autre côté de la salle, d'autre luttait pour attacher correctement les longues chaussettes en laine avec les porte-jarretelles. Les mains de certains tremblante, trahissant leur anxiété.

— Ces trucs sont impossibles ! grogna un garçon en tirant sur une chaussette qui refusait de rester en place.

— Laisse-moi t'aider, proposa un des apprentie en s'approchant. C'est un peu délicat au début, mais tu vas t'y habituer.

Avec l'aide des uns et des autres il avait finalement réussit à attacher leurs chaussettes, un soupir de soulagement échappant à ses lèvres.

La tunique en coton, bien que confortable, était si longue qu'elle semblait nous envelopper. Plusieurs d'entre nous trébuchaient sur l'ourlet, essayant de marcher avec précaution et la robe en laine, elle, avec ses manches bouffantes, ajoutait une sensation de chaleur étouffante.

— J'ai l'impression d'être dans un cocon, murmura une des filles en tirant sur les manches de sa robe. C'est tellement chaud !

Monseigneur Dorian nous observa en silence pendant quelques instants, son regard approbateur.

— Ces uniformes ne sont pas seulement des vêtements, dit-il. Ils sont le symbole de votre engagement et de votre respect pour les défunts et leurs familles. Portez-les avec dignité. Souvenez-vous que chaque action que vous entreprenez, chaque parole que vous prononcez, reflète notre mission sacrée.

Il fit une pause, nous observant un par un.

— Vous allez maintenant commencer à apprendre ce que signifie véritablement être un croque-mort. Vous allez toucher à la fois à la technique et à l'humanité. Soyez prêts à donner le meilleur de vous-mêmes.

### Un Moment de Solitude

Après le discours de Monseigneur Dorian, nous nous dispersâmes, chacun de nous prenant un moment pour s'adapter à notre nouvelle apparence et à la gravité de notre rôle. L'ambiance était empreinte de solennité, chaque geste effectué avec une attention particulière.

Je me regardai dans le miroir, prenant un instant pour m'habituer à mon reflet. L'uniforme blanc me donnait une apparence à la fois austère et pure, symbolisant la dualité de notre rôle de croque-mort. Je pris une profonde inspiration, déterminée à honorer cet engagement sacré.

Après avoir enfilé nos uniformes, Monseigneur Dorian nous demanda de le suivre vers le grand réfectoire situé au rez-de-chaussée. L'odeur réconfortante de pain frais et de plats cuisinés commençait à se faire sentir.

Le grand réfectoire était un vaste espace, rempli de longues tables en bois et de bancs, où se retrouvaient les croque-morts et les quelques apprentis pour partager leurs repas. Les murs étaient ornés de fresques représentant des scènes de vie et de mort, des cérémonies de passage et des paysages apaisants. L'air était saturé des odeurs appétissantes de soupe chaude, de rôti et de légumes grillés, ce qui contrastait agréablement avec l'austérité des étages inférieurs.

— Installez-vous, nous dit Monseigneur Dorian en désignant une table près d'une grande fenêtre qui laissait entrer une lumière douce et diffuse.

Nous étions tous assis autour de la table dans le grand réfectoire, nos uniformes blancs éclatants contrastant avec contrastant avec le bois sombre des bancs. Le silence initial fut rapidement brisé par l'une des apprentie, qui, avec un sourire timide mais chaleureux, prit la parole à la demande de Monseigneur Dorian nous avait demandé de nous présenter et de partager pourquoi nous avions choisi cette voie.

La jeune femme prit la parole en première, son sourire chaleureux trahissant une légère nervosité.

— Salut tout le monde, dit-elle en jouant avec une mèche de cheveux échappée de son bonnet. Je m'appelle Elara. Ravi de vous rencontrer tous.

Il y eut un murmure d'accueil autour de la table, et elle continua, prenant une inspiration profonde.

— Honnêtement, j'ai toujours été fascinée par les rituels et les cérémonies, ajouta-t-elle avec un sourire timide. Enfant, je passais des heures à lire sur les traditions funéraires de différentes cultures. Je trouve qu'il y a quelque chose de profondément apaisant dans la manière dont les rituels honorent la vie et la mort.

Ses paroles résonnèrent un instant, chacun de nous semblant plus à l'aise à mesure qu'elle parlait.

— Je veux offrir aux défunts une dernière cérémonie digne et apporter du réconfort à leurs familles, continua-t-elle, ses yeux brillants de sincérité. C'est ce que je veux faire de ma vie, aider les gens dans leurs moments les plus difficiles.

Convaincue par ses paroles, un jeune homme, assis à côté d'elle, hocha la tête avec un sourire d'encouragement.

— C'est vraiment admirable, Elara, dit-il. J'ai toujours pensé que ces rituels avaient quelque chose de magique. Pour ma part, je m'appelle Théo et je suis ici parce que j'ai toujours été attiré par l'aspect technique de ce métier, comme l'embaumement. Rendre à une personne toute sa dignité après la mort, c'est un peu comme créer une œuvre d'art en fin de compte.

Nos histoires se succédèrent, chacun partageant ses motivations et ses craintes. L'ambiance était empreinte de gravité et de tristesse, chaque récit apportant son lot d'émotions. La salle, pourtant animée par les discussions des autres croque-morts et apprentis, semblait se resserrer autour de nous, créant une bulle intime où nous pouvions nous ouvrir librement.

— Vous savez, dit Théo d'une voix basse, mes parents ne comprennent pas pourquoi j'ai choisi cette voie. Ils pensent que c'est morbide. Mais pour moi, c'est un moyen de donner du sens à ma vie.

Elara acquiesça, ses yeux verts brillant de larmes retenues.

— C'est difficile de faire comprendre à ceux qu'on aime pourquoi on choisit cette voie. Mais ici, au moins, nous sommes compris et soutenus.

Il y eut quelques hochements de tête et murmures d'approbation autour de la table. Puis tous les regards se tournèrent vers moi. Sentant le besoin de partager à mon tour, je pris une profonde inspiration.

— Bonjour à tous, mon nom est Sully, dis-je doucement, mon regard balayant la table. J'ai grandi dans cette tour, et j'ai toujours vu combien c'était important pour les familles d'avoir quelqu'un qui comprenne et respecte leur douleur.

Je fis une pause, réfléchissant à la meilleure façon d'exprimer ce que je ressentais.

— En voyant tous ces gens venir ici, chercher du réconfort et de la paix, j'ai réalisé à quel point ce rôle est essentiel. Je veux être ce soutien dont les gens ont besoin dans leurs moments les plus difficiles. C'est pour cela que j'ai choisi de devenir croque-mort.

Il y eut un moment de silence après ma déclaration, puis Monseigneur Dorian, prit la parole.

— Merci, Sully. Ce que vous avez tous partagé est très inspirant. Vous êtes ici pour une raison, et chaque raison est valable. Vous allez apprendre beaucoup, non seulement sur ce métier, mais aussi sur vous-mêmes.

Il nous regarda tous avec un sourire encourageant.

— Et rappelez-vous, nous sommes tous ici pour nous soutenir les uns les autres. Vous n'êtes pas seuls dans cette aventure.

Elara se pencha vers moi, un sourire complice sur les lèvres.

— Tu sais, Sully, je pense qu'on va former une équipe incroyable, dit-elle. Je suis vraiment contente de faire partie de cette promotion.

— Moi aussi, répondis-je en souriant.

La tension initiale s'était dissipée, remplacée par une ambiance de camaraderie et de soutien mutuel. Nous continuâmes à échanger nos histoires et nos espoirs pour l'avenir, créant des liens qui, nous le savions, nous soutiendraient tout au long de notre formation et cela autour d'un bon repas.

Les rires et les murmures de conversations animaient la salle, ajoutant une touche de chaleur à cette journée solennelle.

Monseigneur Dorian, voyant que nous étions plus à l'aise, se leva et annonça :

— Très bien, il est temps de reprendre notre vadrouille. Nous avons encore beaucoup à apprendre et à découvrir. Mais rappelez-vous, chaque étape de ce voyage est importante.

Lorsque nous entrâmes de nouveau dans notre salle de classe, toujours aussi austère, dix autres croque-morts nous attendaient, ils se tenaient debout à côté de nos bureaux. Le silence régnait, seulement troublé par le léger raclement de gorge d'un étudiant nerveux, tout comme moi, n'osant pas franchir le pas de la porte.

Monseigneur Dorian entra, imposant, ses pas résonnant sur le sol en pierre. Sa présence se fit sentir immédiatement, et un silence respectueux s'installa. Il s'avança vers le centre de la pièce et nous observa un à un, ses yeux perçants semblant jauger notre détermination.

— Bienvenue à tous, commença-t-il d'une voix grave. Ce matin, vous avez rencontré certains de vos professeurs. En plus de ceux-ci, vous aurez chacun un tuteur personnel qui vous guidera tout au long de cette année de formation. Ces tuteurs sont ici pour vous accompagner, vous conseiller et vous évaluer.

Il fit un geste vers la porte, nous signalant d'avancer. Chacun de nous rejoignit son bureau respectif, le cœur battant d'excitation et d'appréhension.

Mon tuteur, un jeune homme mince à l'air légèrement maladif, se pencha vers moi. Son uniforme semblait trop grand pour son corps frêle, mais ses yeux brillaient d'une énergie étrange, et son sourire était étrangement plein de vie.

— Enchanté, dit-il furtivement en me tendant la main. Monseigneur Ivan, ravi de te rencontrer, Sully. Cela fait longtemps que je rêve de rencontrer la fille de la tour !

Je serrai sa main, surprise par la chaleur de son accueil.

— Enchantée, répondis-je en essayant de cacher mon appréhension.

Monseigneur Dorian continua de parler, expliquant les détails de notre formation. Les tuteurs allaient nous suivre chaque jour, nous enseignant les techniques spécifiques à notre futur métier, mais aussi les valeurs et les traditions qui y étaient liées.

Après cette introduction, Ivan se tourna à nouveau vers moi, son sourire se faisant plus doux.

— Tu sembles un peu nerveuse, dit-il doucement. C'est normal. Ce que nous faisons ici peut être difficile, mais je suis là pour t'aider. Ensemble, nous ferons en sorte que tu deviennes la meilleure.

— Merci, Monseigneur, répondis-je, touchée par sa gentillesse. Je veux vraiment apprendre et faire de mon mieux.

Ivan hocha la tête, son regard plein de compréhension.

— Nous avons tous commencé quelque part, Sully. L'important est de rester ouvert et de ne pas avoir peur de poser des questions, d'accord ?

J'acquiesça encore une fois, feignant le calme et la compréhension.

Après un énième discours de la part du vénérable Monseigneur Dorian, Ivan m'expliqua toutes les tâches que nous devrions effectuer chaque jour durant un trimestre, en plus des cours théoriques. Sa voix, bien que douce, portait une autorité indéniable.

— Aujourd'hui, nous devons nettoyer les étages inférieurs juste après la fermeture, dit Ivan en consultant une liste jaunie par le temps. Mais surtout, nous devons accueillir les visiteurs et nous assurer qu'ils ne causent pas de troubles, ni ne salissent les lieux. Il est essentiel de maintenir la paix et le respect ici.

Le nettoyage prit une éternité. Les étages inférieurs, sombres et froids, étaient empreints d'une odeur de terre humide mélangée à celle du désinfectant. L'air, stagnant, portait une fraîcheur moite, s'infiltrant dans nos vêtements. Chaque recoin semblait retenir la poussière et la saleté, nécessitant un travail minutieux et constant. Les murs de pierre suintaient parfois, laissant une fine pellicule de moisissure dans les coins les plus reculés.

Le son des brosses frottant le sol résonnait, rythmé par nos soupirs de fatigue.

— Fais attention à bien nettoyer les coins, me conseilla Ivan en me montrant un recoin particulièrement poussiéreux. C'est ici que la saleté s'accumule le plus.

Je frottais avec acharnement, sentant la fatigue s'installer dans mes bras et mes jambes. Mon uniforme, d'un blanc pur au départ, était déjà devenu grisâtre, taché par la poussière et les éclaboussures de désinfectant. L'air était lourd et la tâche ingrate, mais nous continuâmes sans relâche, Ivan et moi, nettoyant chaque recoin avec soin. La monotonie de l'action, le bruit des brosses sur le sol et l'odeur forte du désinfectant rendaient l'expérience presque hypnotique.

Après le nettoyage, notre tâche était d'accueillir les visiteurs. Les familles arrivaient, leurs visages marqués par la tristesse et le deuil. L'ambiance était lourde, chaque regard échangé chargé d'émotion. Le hall d'accueil, bien que plus lumineux, restait imprégné de cette solennité. Des bouquets de fleurs fraîches déposés çà et là tentaient d'apporter un peu de couleur et de douceur à l'ensemble.

Les murs étaient ornés de tentures en velours sombre, et des chandeliers suspendus diffusaient une lumière douce et apaisante. L'air portait une subtile odeur de lys et de roses, mêlée à celle du bois ciré. Le hall semblait à la fois majestueux et empreint de recueillement, chaque élément pensé pour apporter un peu de réconfort à ceux qui venaient dire adieu à leurs proches.

Je me tenais près de l'entrée, portant fièrement mon uniforme. Mon cœur battait la chamade chaque fois qu'une nouvelle famille franchissait le seuil.

— Bonjour, bienvenue, dis-je doucement à une famille en deuil. Veuillez suivre les consignes et respecter le silence.

Le père de famille, un homme d'âge moyen avec des yeux rougis par les larmes, hocha la tête en silence, prenant une profonde inspiration avant de guider sa famille à l'intérieur. Les enfants, trop jeunes pour comprendre pleinement la gravité de la situation, se tenaient proches de leurs parents, leurs yeux grands ouverts de curiosité et de tristesse.

Ivan se tenait près de moi, offrant des sourires réconfortants et des mots apaisants aux visiteurs. Sa présence, bien que discrète, semblait rayonner de compassion et de sérénité.

— C'est difficile, n'est-ce pas ? murmura-t-il après que nous ayons accueilli une famille particulièrement émue. Mais notre présence leur apporte un peu de réconfort.

Je le regardai, cherchant à comprendre comment il parvenait à rester si calme et bienveillant face à tant de douleur.

— Oui, répondis-je en hochant la tête.

Les visiteurs continuaient d'affluer, chacun portant le poids de son propre chagrin. Les murmures respectueux et les pas feutrés remplissaient l'air, créant une ambiance presque sacrée. De temps en temps, un sanglot étouffé se faisait entendre, rappelant à tous la fragilité de la vie.

Une mère, tenant fermement la main de sa fille, s'approcha de moi, ses yeux implorant un soutien silencieux. Je lui adressai un sourire doux, sentant la chaleur de la compassion me traverser.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à demander, dis-je doucement.

Elle me remercia d'un léger signe de tête avant de poursuivre son chemin, la tête basse. À chaque interaction, je sentais ma propre empathie grandir, comprenant de plus en plus l'importance de notre rôle.

Pendant une brève accalmie, Ivan et moi échangeâmes quelques mots, profitant de ce moment pour souffler.

Les heures passèrent et nous étions déjà à la fin de la journée, lorsque les derniers visiteurs furent partis, le hall d'accueil retomba dans un silence apaisant. L'air semblait plus léger, comme si les émotions de la journée s'étaient dissipées avec le départ des familles.

Ivan posa une main réconfortante sur mon épaule.

— Tu as fait du bon travail aujourd'hui, dit-il avec un sourire encourageant.

Je hochai la tête, épuisée mais satisfaite du travail accompli.

— Merci, Ivan. Je suis contente de pouvoir apprendre à tes côtés.

Il hocha la tête, son regard plein de bienveillance.

— Et moi, je suis fier de toi. Repose-toi bien, Sully. Demain est un autre jour, et nous avons encore beaucoup à accomplir.

Avec ces mots, nous quittâmes le hall, laissant derrière nous une journée chargée d'émotions et de leçons.

Je me dirigeai ensuite vers la laverie, suivie de près par Ivan, afin de déposer mon uniforme sale. Le passage du blanc pur au grisâtre témoignait de la dureté de la journée. L'air de la laverie était imprégné de l'odeur du détergent et de la vapeur chaude. La pièce, avec ses murs carrelés et ses grandes cuves en métal, émettait un bourdonnement constant de machines en fonctionnement.

Exténuée, éreinté et lessivé, je me dirigeai vers les dortoirs, loin de ma mère pour la première fois... Les dortoirs étaient simples mais fonctionnels, avec des lits superposés alignés le long des murs. L'odeur du linge propre et de la cire d'abeille flottait dans l'air, mêlée à celle, plus subtile, de la pierre froide. Chaque lit était pourvu de draps blancs et d'une couverture épaisse, ajoutant un peu de confort à la froideur ambiante.

— Voici ton lit, dit Ivan en désignant un lit superposé. Tes effets personnels ont été déposés là-bas.

Je m'installai, rangeant mes affaires avec soin. La fatigue s'empara de moi, mais une pointe de tristesse persistait.

— C'est normal de se sentir un peu perdu au début, dit Elara, qui partageait le dortoir avec moi. On est loin de nos familles et de nos habitudes, mais on est ici pour une raison. Tu verras, on s'y habitue.

Je lui offris un sourire reconnaissant, bien que fatigué.

— Merci, Elara. C'est juste un peu... difficile, dis-je en m'allongeant sur le lit. Mais je suis contente d'être ici avec vous tous.

Ivan, sentant notre fatigue, prit la parole pour clore la journée.

— Aujourd'hui a été éprouvant, je le sais, dit-il d'une voix douce mais ferme. Mais c'est ainsi que nous apprenons. Chaque tâche, chaque interaction nous prépare à notre rôle. Repose toi bien.

Je m'allongeai sur mon lit, le cœur lourd mais rempli d'une détermination nouvelle. Le silence s'installa, ponctué seulement par les respirations régulières de mes camarades de route. Alors que je fermais les yeux, je pensai à ma mère, à son dévouement, et je sus que j'étais sur la bonne voie. La nuit, enveloppée de silence, était l'occasion de réfléchir aux défis à venir et de se préparer à les affronter ensemble.

— Bonne nuit, Sully, murmura Elara dans l'obscurité.

— Bonne nuit, répondis-je doucement.

Et dans cette nuit calme, entourée de nouveaux amis, je sentis une pointe d'espoir malgré la tristesse.

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