Chapitre 2

Au crépuscule de notre dernière année de lycée, et du haut de nos 18 ans, il était temps de quitter notre établissement après avoir terminé nos épreuves finales qui détermineraient si nous pourrions intégrer les divers corps de métiers « supérieurs » qui cherchaient à former la relève. L'année scolaire s'était terminée le 1er juillet, les résultats tombaient le 13, et une grande cérémonie était organisée le 14.

Par chance, Gloria, Adil et moi-même avions réussi et étions tous éligibles pour poursuivre la carrière de notre choix. Lorsque j'ai annoncé la grande nouvelle à tout le monde dans la tour, un enthousiasme palpable s'est emparé de tous les résidents. Les couloirs sombres des étages inférieurs de la tour s'étaient soudain remplis de lumière et d'exclamations joyeuses.

Je courus, la lettre à la main, lettre que j'avais reçue le matin même, chez Madame Lambert qui dormait encore, et hurlai de joie en brandissant le papier devant elle.

— Madame Lambert, j'ai réussi ! Nous avons tous réussi ! criai-je en sautillant sur place.

Elle se redressa dans son lit, les yeux embués de sommeil mais bientôt remplis de fierté.

— Oh, ma chère Sully, je le savais ! Je suis si fière de toi, dit-elle en essuyant une larme. Va vite annoncer la nouvelle aux autres.

Sans perdre une seconde, je montai à toute vitesse les escaliers en direction de l'étage -80 où résidaient Mesdames Luc et Miseche. Je frappai à leur porte, mon cœur battant à tout rompre.

— Mesdames Luc et Miseche, regardez... j'ai réussi ! Nous avons réussi ! criai-je dès qu'elles ouvrirent la porte.

Les deux femmes, habituellement si austères, se mirent à crier de joie avec moi. Madame Luc souriait de toutes ses dents tandis que Madame Miseche avait les larmes aux yeux.

— Nous sommes tellement fières de vous, dit Madame Luc en me serrant dans ses bras. Ta mère serait tellement heureuse.

— Allez, file ! Tu dois te préparer pour la cérémonie, ajouta Madame Miseche en me tapotant affectueusement l'épaule.

Je sortis de la tour à l'aide de mon badge et courus à toute vitesse en direction du domicile d'Adil. Lui et Gloria m'attendaient depuis l'aube pour que nous puissions nous préparer pour la remise des diplômes. Il était de coutume pour les jeunes diplômés de porter de longues robes bleu ciel, accompagnées d'un bonnet qui cachait leurs cheveux, les filles nouvellement majeures, comme cela se faisait, devaient toutes en porter puisqu'elles n'étaient pas mariées.

Cette remise de diplômes était extrêmement importante pour toute la ville, ainsi que pour ceux de l'extérieur, car seulement 20 % des lycéens allaient recevoir leur diplôme. Les autres, quant à eux, devaient quitter le lycée pour poursuivre une carrière dans des filières « inférieures ».

Une fois arrivée chez Adil, complètement essoufflée et totalement affamée, je me jetai sur les pâtisseries qui se trouvaient sur le plan de travail de sa cuisine. La maison d'Adil, collée à la boulangerie de ses parents, était un lieu chaleureux, une charmante petite bicoque aux murs tordus par le temps, tapissés de photos de famille, de souvenirs d'enfance et de trophées remportés par Adil dans diverses compétitions scolaires, et complètement imbibée par l'odeur du pain frais et des viennoiseries qui émanaient de la boulangerie.

La chambre d'Adil était restée la même durant toutes ces années, et les murs bleu layette étaient maintenant recouverts non plus de dessins d'enfant mais de natures mortes et de paysages peints de ses propres mains. Je m'avançai sur le parquet qui avait lui aussi des traces de son âme d'artiste, une constellation de gouttelettes de peinture ayant recouvert le sol que j'empruntais pour rejoindre le lit sur lequel Adil était assis.

— Tu as entendu ce qu'ils ont dit à la radio ce matin ? demanda Adil en mordant dans un croissant. Ils vont enfin changer la flotte de corbillards de la tour.

— Vraiment ? répondis-je, entamant mon deuxième, si ce n'est mon troisième croissant. J'espère que les nouveaux modèles seront plus rapides et moins lugubres !

Adil, avec ses cheveux noirs ébouriffés et ses grands et doux yeux marron, avait bien grandi et me dépassait désormais d'une tête, mais son sourire lui était resté le même qu'autrefois, quand nous étions des enfants, innocent et enjôleur.

— Oui, oui, ajouta-t-il en hochant la tête. Peut-être que tu pourras me faire faire un tour un de ces jours, plaisanta-t-il.

— Si ça arrive un jour, sache que ça voudrait dire que tu es mort, ajoutai-je en gloussant.

Gloria, assise devant le grand miroir au mercure accroché au mur, appliquait délicatement le maquillage qu'elle avait réussi à récupérer dans les poubelles du quartier pourpre. Elle aussi avait bien changé et était sans nul doute l'une des jeunes femmes les plus belles de notre ville. Ses yeux mystérieux d'un gris envoûtant en avaient charmé plus d'un, et sa longue chevelure bouclée, qu'elle avait lissée juste avant mon arrivée, était blondie par les concoctions hasardeuses qu'elle faisait tous les mois depuis que nous avions 16 ans, avant de les tresser et de soigneusement les cacher sous son bonnet.

— Et toi, Sully ? demanda-t-elle en se tournant vers moi. Qu'est-ce que tu as envie de faire ?

Je fis semblant de réfléchir un instant, observant mon reflet dans le miroir. Mon visage, encadré par les mèches échappées de mon bonnet, semblait étrangement serein.

— Je souhaite seulement être tranquille, répondis-je finalement. Et quoi de mieux qu'un endroit rempli de morts pour que je réalise ce rêve ? ajoutai-je d'un ton sarcastique.

Gloria se retourna vers moi brusquement, accompagnée d'Adil, et nous nous mîmes à rire.

— Je sais que c'est ce qui est prévu depuis ton enfance, mais j'aurais parié sur le fait que tu deviendrais professeur, ma chère Sully. Les enfants t'adoreraient. En plus, tu as déjà l'expérience de nous supporter, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Nous continuâmes à nous maquiller et à ajuster nos robes, discutant avec excitation de nos projets futurs. L'ambiance était à la fois électrique et pleine de nostalgie. Nous savions que cette journée marquait la fin d'une époque et le début d'une nouvelle aventure.

— Vous vous souvenez de notre première journée au lycée ? demanda Adil, un sourire nostalgique aux lèvres.

— Comme si c'était hier, répondit Gloria. Nous étions tellement nerveux, mais aussi pleins d'espoir. Je me rappelle que tu as failli renverser le directeur avec ta pile de livres !

— Oui, et regardez où nous en sommes maintenant, dis-je en ajustant mon bonnet. Nous avons réussi. Nous avons surmonté tant d'obstacles pour en arriver là, je suis fière de nous les amis !

Nous échangeâmes un regard complice, conscients de la route difficile que nous avions parcourue ensemble. La maison d'Adil résonnait de nos rires et de nos souvenirs, chaque coin et recoin empreint de moments partagés.

Lorsque l'heure du départ approcha, nous nous rassemblâmes devant la porte, prêts à affronter cette nouvelle étape de notre vie. Adil, toujours le plus pragmatique, vérifia une dernière fois nos tenues et nos maquillages.

— Tout le monde est prêt ? demanda-t-il en souriant. Pas de rouge à lèvres sur les dents, ni de robe froissée ?

— Prêts, répondis-je en hochant la tête. Et, pour information, c'est toi qui as du rouge à lèvres sur les dents, ajoutai-je en riant.

— Ne dis pas de sottises, dit-il en me pinçant la joue.

— Arrêtez tous les deux, il est temps de partir, dit Gloria avec enthousiasme. Cette cérémonie sera notre moment de gloire, alors hors de question de vous chamailler, d'accord ?

Adil et moi hochâmes la tête tels des enfants qui venaient de se faire réprimander par leur mère. De part ce geste, un accord tacite avait été formé, aucun de nous deux n'allait faire de vagues.

Nous sortîmes de la maison, le cœur battant d'excitation. La ville était en effervescence, les rues animées par les préparatifs de la cérémonie. Les réverbères projetaient une lumière douce sur les pavés, et l'air était empli d'un mélange d'odeurs de fleurs et de cuisine de rue.

Tous les jeunes de la ville se réunirent vers la porte nord. Gloria, Adil et moi-même nous y rendîmes à la hâte car, comme d'habitude, nous étions en retard. Pour l'occasion, Gloria avait ressorti Pégase, son fidèle destrier, et nous nous étions entassés comme nous pouvions : moi sur le guidon, et Adil s'accrochant comme il le pouvait sur le porte bagage à moitié cassé. En chemin, nous riions et plaisantions, essayant de chasser le stress grandissant de cette journée particulière.

— Accroche-toi, Adil ! cria Gloria en pédalant de toutes ses forces. Si tu tombes, je ne reviens pas te chercher !

— Très drôle, Gloria ! répondit Adil en essayant de garder son équilibre. Et Sully, arrête de bouger, tu vas nous faire tomber tous les trois !

— Arrêtez de parlez tous les deux ! Crias-je. Et d'ailleurs je ne bouge pas, je suis tellement statique que je commence à avoir une crampe ! Ajoutait le visage crisper par la douleur.

Je ne pouvais m'empêcher de rire, malgré la nervosité. L'air frais du matin et l'odeur des rares fleurs printanières nous entouraient, ajoutant une touche de légèreté à cette journée décisive.

À notre arrivée, une véritable marée bleue de jeunes attendait déjà. La foule était dense, remplie de visages familiers et de sourires nerveux. L'air était chargé d'une énergie palpable, un mélange d'excitation et d'appréhension, je suppose. Les réverbères projetaient une lumière dorée sur les pavés, ajoutant une touche de solennité à l'ambiance.

— On dirait qu'on n'est pas les seuls à être nerveux, dit Adil en jetant un regard autour de nous.

— C'est normal, répondit Gloria en ajustant son bonnet. C'est un grand jour pour nous tous, après tous.

Le député, un homme de stature imposante avec des cheveux grisonnants et un regard perçant, monta sur l'estrade improvisée. Son costume sobre mais élégant reflétait la solennité de l'événement. Il leva la main pour demander le silence, et la foule se tut instantanément, attentive à ses paroles.

— Mes chers élèves, aujourd'hui est un jour exceptionnel, commença-t-il, sa voix résonnant avec une autorité naturelle. Vous voici à un carrefour important de votre vie, un moment où vous laissez derrière vous les années d'école pour embrasser l'avenir avec courage et détermination. Vous avez travaillé dur pour en arriver là, et aujourd'hui, nous célébrons vos succès et vos efforts.

Il fit une pause, balayant du regard l'assemblée des jeunes visages tournés vers lui avec admiration et respect.

— Cette cérémonie marque non seulement la fin de vos études secondaires, mais aussi le début d'une nouvelle aventure. Vous êtes l'espoir et la force de notre ville. Que vous choisissiez de poursuivre vos études, de vous lancer dans une carrière professionnelle, ou d'explorer de nouveaux horizons, sachez que vous portez en vous le potentiel de changer le monde.

Il prit une profonde inspiration, ses paroles devenant plus personnelles et chargées d'émotion.

— Nous vivons dans un monde en constante évolution, et les défis sont nombreux. Mais je suis convaincu que vous êtes prêts à les relever. Votre persévérance, votre créativité et votre esprit de communauté sont vos atouts les plus précieux. N'oubliez jamais d'où vous venez et les valeurs qui vous ont été inculquées. Elles seront votre guide tout au long de votre vie.

Il sourit, un sourire empreint de fierté et d'encouragement.

— Mes chers diplômés, je vous souhaite à tous une vie remplie de réussites, de bonheur et d'accomplissements. Que vos rêves les plus fous deviennent réalité et que vous trouviez toujours la force de surmonter les obstacles sur votre chemin. Félicitations, et bonne chance pour votre avenir. Vous êtes l'avenir de notre ville, et je suis fier de chacun d'entre vous.

Les applaudissements fusèrent, résonnant comme un tonnerre dans l'air du matin. Les gigantesques battant de la porte de la ville s'ouvrirent lentement, dévoilant un long couloir bordé de barbelés bouchant même la vu du ciel qui aujourd'hui était d'un magnifique bleu, formant ainsi un plafond oppressant.

— Ils pourraient au moins rendre ce passage un peu moins sinistre, murmurais-je en frissonnant.

— C'est pour éviter que des jeunes comme nous ne s'échappent comme l'année dernière, répliqua Adil en serrant les dents. Mais oui, c'est un peu dramatique.

Nous marchâmes environ un kilomètre à travers ce couloir, les pieds martelant le sol poussiéreux. L'odeur métallique des barbelés mêlée à celle de la terre sèche créait une atmosphère lourde et étouffante. La place était bondée de parents venus de l'extérieur. Contrairement à ce que portait les gens à l'intérieur de la ville, ils portaient des couleurs vives, des bijoux éclatants et des tenues richement brodées.

Les jeunes de l'extérieur portaient tous comme nous des robes bleues, mais les bonnets des filles étaient brodés d'or et d'argent, ornés de fleurs fraîches et de dentelle.

— Regardez comme ils sont beaux, chuchota Gloria. On dirait qu'ils sortent d'un conte de fées.

Les accompagnateurs et les parents faisaient énormément de bruit, applaudissant et criant des encouragements.

— C'est ici que tout commence vraiment, murmurai-je en regardant l'entrée du temple.

— Oui, répondit Adil. C'est maintenant que nous allons être intronisés.

Notre religion, qui avait bien évolué depuis la grande révolution, n'avait pas d'idole. Nous vénérions des esprits et des animaux totem. Notre totem à nous était la fourmi, symbole d'organisation, de persévérance et de travail en groupe pour le bien de la communauté.

Au premier coup de gong, la cérémonie commença. Nous devions alors nous ranger en rang et suivre les instructions des prêtres vêtus de longues toges noires.

En arrivant au temple, nous découvrîmes une structure majestueuse qui semblait émerger directement du sol, sculptée dans la roche même. Le temple, était une merveille d'architecture et de dévotion, un sanctuaire creusé à même la terre.

Les murs extérieurs étaient sculptés de motifs complexes représentant des scènes de notre histoire et des croyances anciennes. Des reliefs d'animaux totémiques, de figures ancestrales et de symboles sacrés ornaient la surface de la pierre rouge, leurs détails finement travaillés racontant des légendes et des épopées de notre peuple.

Nous pénétrâmes dans le temple par un étroit passage creusé dans la roche, un long escalier éclairé par des torches fixées aux parois. La lumière vacillante des flammes projetait des ombres dansantes, rendant l'atmosphère encore plus mystique et solennelle. L'air était frais et humide, chargé d'une odeur de terre ancienne et d'encens brûlant.

En avançant, nous passâmes devant des colonnes massives taillées dans la pierre, chacune ornée de motifs géométriques et de symboles religieux. Les couloirs étaient étroits, parfois si bas que nous devions baisser la tête, mais chaque tournant nous dévoilait une nouvelle merveille architecturale.

Nous descendîmes des marches usées par le temps, nos pas résonnant dans le silence sacré du lieu. Le sol était couvert de pierres polies par des générations de fidèles, et les murs suintaient une fraîcheur étonnante. Les couloirs menaient à des salles plus vastes, où la hauteur des plafonds et l'ampleur de l'espace semblaient défier les limites de la nature et de l'homme.

Enfin, nous arrivâmes dans une immense salle souterraine, le cœur du temple. Le plafond était soutenu par de gigantesques piliers, chacun sculpté de motifs complexes et de figures totémiques. Au centre de la salle se dressait l'arbre sacré, ses racines profondément ancrées dans la terre et ses branches s'étendant vers le plafond, comme si elles cherchaient à toucher les étoiles malgré elles.

La lumière des torches et des lampes à huile illuminait l'arbre, faisant scintiller ses feuilles vert dorées et ses fruits d'un noir profond. L'air était saturé du parfum des fleurs et de l'encens, créant une ambiance à la fois apaisante et solennelle.

Des prêtres en longues toges noires se tenaient autour de l'arbre, chantant des hymnes et murmurant des prières sans discontinuer. Leur présence ajoutait à la gravité du moment, rappelant à chacun de nous l'importance de cette cérémonie.

L'un d'eux ce leva et offrit à chacun d'entre nous, une branche récupérer sur cet arbre et puis nous invita à nous fouetter symboliquement pour enlever nos péchés.

— Allez, courage, murmura Adil en prenant une branche. Ce n'est qu'un rituel.

Je suivis son exemple, sentant l'écorce rugueuse sous mes doigts. Nous nous fouettâmes doucement, ressentant la symbolique plus que la douleur.

Nous fûmes guidés vers un bassin d'eau de source situé à l'autre bout de la salle. L'eau, claire et scintillante, dégageait une odeur de soufre piquante, mais elle était recouverte de pétales de fleurs, adoucissant l'atmosphère. Nous plongeâmes un par un dans l'énorme bassin fumant, cette immersion était destinée à purifier nos âmes.

— C'est presque bouillant, murmura Gloria.

— Oui, mais c'est pour notre bien, répondis-je en me plongeant dans l'eau.

Nous étions trempés et grelottants presque instantanément à la sortie du bassin et fûmes invités à nous aligner pour recevoir le tatouage sacré.

Les prêtres, avec une précision et une solennité remarquables, trempaient les aiguilles dans une encre fait à partir des fruits de l'arbre sacré et mélangée avec le venin de notre animal protecteur, la fourmi Paraponera.

Comment décrire cet instant...la douleur était tellement vive et intense, mais elle était un passage obligé pour entrer dans le monde des adultes.

— Accroche-toi, Sully, murmura Adil en serrant ma main.

— J'y arriverai, répondis-je en grimaçant de douleur.

Une fois le rituel terminé, nous remontâmes les escaliers, certains d'entre nous s'évanouissant en cours de route, d'autres criant de douleur. Mais nous savions que ce chemin était nécessaire pour devenir adultes sous la protection de notre dieu.

De nouveau sur la terre ferme, la foule était en délire. Nos visages étaient encore rouges à cause des larmes de douleur, mais un sentiment de fierté emplissait l'air. Je serrai mes deux amis dans mes bras, ressentant une profonde connexion avec eux.

— Nous l'avons fait, murmurai-je. Nous sommes enfin des adultes.

— Enfin ! Répondit Adil.

— Exactement, ajouta Gloria en essuyant ses larmes. Nous sommes prêts pour l'avenir.

Nous retournâmes à l'intérieur pour continuer la célébration entre les murs de notre ville, la chaleur des lampes à huile réchauffant nos cœurs. La cérémonie, bien que douloureuse, marquait le début de notre nouvelle vie, une vie d'adultes dans ce monde dur mais plein de promesses.

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