Chapitre 1
"Tel le jeune arbre, encore enraciné dans la terre nourricière, l'enfant qui n'est pas encore sevré requiert la guidance bienveillante de ses aînés pour, un jour, arpenter les chemins tracés par sa mère, et ainsi s'élever vers les sommets de son destin."
A.S
L'alarme résonnait dans la tour, signalant le début de la journée à cinq heures précises. Pour les croque-morts c'était le rappel que leur journée de dur labeur allait débuter. Mais pour moi, cette sonnerie marquait le début d'une routine différente.
Au -190ème étage, les rayons du soleil ne parvenaient pas à percer, mais cela ne me dérangeait pas, a vrai dire avant mes sept ans, je n'avais jamais vu le soleil de ma vie. J'allumais alors une bougie, émergeais de mon futon, et rangeais soigneusement celui-ci dans petit meuble en métal qui se trouvait près de la porte d'entrée du caveau. Bien que ce soit ma demeure, j'avais pris l'habitude de dormir au sol, à côté de la tombe de ma mère, rêvant parfois d'une vie où nous pourrions nous reposer côte à côte, comme mère et fille auraient pu le faire en temps normal après une journée exténuante.
Après cela, je m'attelais à balayer le sol du caveau, un espace exigu de seulement 5 m², prenant soin de chaque recoin, arrangeant les fleurs en plastique qui marquaient le souvenir de la grande « Mademoiselle Ève", et dépoussiérant les étagères que les croques-morts avaient installé peu après ma naissance, où y reposait la seule photo de ma mère et moi, ainsi que quelques souvenirs d'enfance.
Une fois ces tâches accomplies, il était temps pour moi d'éteindre la bougie et de me diriger, uniforme en main, dans les couloirs sombres du -190ème étage. Les longs corridors humides étaient éclairés par de faibles lueurs provenant de lampes anciennes qui ornaient les murs, conférant à l'ensemble une atmosphère lugubre.
Je me frayais un chemin jusqu'aux toilettes publiques, situées dans l'aile droite du niveau où je résidais. Là-bas, je me livrais à une toilette rapide mais efficace, revêtais mon uniforme, puis me plantais devant le grand miroir qui surplombait le lavabo métallique et avec détermination, m'efforçais de coiffer mon abondante chevelure crépue en un chignon soigné, luttant contre les mèches rebelles qui semblaient défier mes efforts.
Une fois mes tâches matinales terminées, je prenais toujours un moment pour rendre visite à ma voisine de caveau, Madame Lambert. Agée de 90 ans, presque aveugle, elle était une figure emblématique de notre étage.
Chaque matin, nous partagions notre petit déjeuner dans une atmosphère empreinte de chaleur et de réconfort. Assises autour d'une table modeste, nous échangions des histoires sur nos vies passées et les dernières nouvelles qui faisaient trembler les chaumières et ménagères assoiffées de ragots en tous genres. Madame Lambert aimait me parler de sa jeunesse, une époque où, tout comme ma mère, elle avait fréquenté le « Paradis ». Ses récits étaient une fenêtre ouverte sur un monde que je n'avais jamais connu, rempli de glamour et de mystère. Ces moments étaient précieux, une bouffée d'air frais dans ma vie monotone.
Une fois le petit déjeuner terminé, je prenais soin de Madame Lambert, l'aidant à se préparer pour la journée. Avec une tendresse infinie, je tressais ses cheveux couleur argent, un rituel qui symbolisait, je suppose, le lien spécial qu'était le notre.
La sonnerie stridente de la deuxième alarme résonna dans la tour, signalant le début des visites à six heures tapantes. Pour moi, c'était le moment de me diriger vers mon école. Depuis mes sept ans, ma mère avait investi dans ma scolarité dans l'école la plus prestigieuse de notre ville. Située à l'autre bout de la cité, c'était pour moi l'occasion unique de sortir de la tour et de découvrir le monde extérieur.
Ainsi, munie de mon badge qui me laissais aller et venir en journée comme bon me semblais, badge que j'arborais fièrement tant il était difficile à obtenir, je m'engouffrais dans le premier ascenseur disponible pour rejoindre le rez-de-chaussée. Sur mon chemin, je saluais avec enthousiasme tous les visiteurs que je croisais, adoptant parfois une révérence tirée des vieux films que j'adorais depuis ma plus tendre enfance.
Une fois au rez-de-chaussée, je passais le dernier contrôle de sécurité, habitué aux procédures strictes qui régissaient notre immense bâtisse.
Après cela, le chemin que j'empruntais était devenu une sorte de danse familière, un ballet effervescent à travers les rues animées de la ville. À chaque tournant, chaque rue parcourue, je m'enfonçais davantage dans le cœur palpitant de l'agitation urbaine.
Je devais tourner à droite au bout de cent mètre, pour rejoindre la grande avenue du 3 juin, une artère bouillonnante de vie et d'énergie. Les passants pressés, les klaxons incessant, les cries et les rires, l'atmosphère électrique qui vibrait dans l'air... Tout contribuait à créer une symphonie unique.
Puis venait le moment crucial, la course effrénée pour attraper le bus 57 qui mènerait jusqu'à la gare routière Douglas. Mes pas s'accéléraient, le cœur battant, tandis que je luttais pour me frayer un chemin à travers la foule grouillante. Enfin, j'atteignais le bus, m'accrochant à son derrière avec détermination. Une fois arrivée à la gare routière, je retrouvais Gloria, ma fidèle complice de chaque matin et amie. Son vélo « Pégase », lui, trônait fièrement sous le soleil naissant, je m'installais derrière elle en tant que passagère de fortune en un rien de temps, avant que partions rapidement en direction de notre école.
C'était loin d'être un jeu d'enfant, malgré ce que l'on pourrait penser. Chaque instant était une course contre la montre, une lutte pour dompter le chaos urbain qui nous entourait.
Il était 7h30, et nous nous tenions devant les grilles de l'école, attendant notre ami Adil avec impatience. Comme à son habitude, il arrivait à pied tel un pacha, avec des pains au chocolat encore tièdes, tout juste sortis de la boulangerie de ses parents, qui se trouvait à seulement cinquante mètre de nous. L'odeur alléchante chatouillait nos narines, faisant monter en nous une vague de gourmandise. Chaque matin, c'était un petit rituel qui marquait le début de notre journée, nous apportant un peu de réconfort avant de plonger dans le tumulte des cours.
L'École des Lumière, nom aussi ironique que solennel, se dressait comme une forteresse d'espoir au milieu du délabrement urbain. Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, cette école ne baignait pas dans l'opulence ni dans l'intelligence, mais elle était réputée pour offrir une éducation de qualité, véritable tremplin vers un avenir meilleur pour les enfants issus des milieux les plus modestes et chaque élève qui franchissait ses portes savait qu'il portait en lui l'espoir de sa famille et la promesse d'un futur différent.
L'entrée se faisait par une grande grille en fer forgé, gardée par Monsieur Thierry, un colosse au crâne luisant et au cœur tendre. Toujours souriant, il connaissait chaque élève par son prénom et distribuait des conseils avisés à ceux qui en avaient besoin. « Travaille bien, Sully. », me disait-il souvent en me tapotant l'épaule.
L'intérieur de l'école était simple mais fonctionnel, bien plus propre que la plus part des autres bâtiments de ville, celui-ci à vrai dire, faisait presque tache tant ill avait été bien conservé. Les murs étaient ornés de fresques réalisées par les élèves, représentant des scènes de la vie quotidienne, mais aussi les rêves et les aspirations de chacun, Gloria y avait peint une sublime paysage, c'était selon elle là vu qu'elle aurait une fois depuis la fenêtre de sa chambre une fois qu'elle vivrait à l'extérieur de la ville ; Adil lui, gourmand comme il l'était, avait décidé de peindre trois pains au chocolats, il nous avait dit que ce choix avait seulement été du à son appétit mais nous savions, que ce qu'il avait voulu marquer sur ce mur à tout jamais, était l'image même qui représentait notre amitié. Quant à moi... et bien disons que la simple idée d'avoir un rêve était déjà bien trop présomptueuse, c'est pour cela que j'avais décider de n'y inscrire que mon nom.
Chaque fresque racontait une histoire, une lutte, un triomphe. Les salles de classe, quant à elles, étaient équipées de vieux bureaux en bois, hérités de plusieurs générations d'élèves qui s'y sont succédés. Les tableaux noirs eux, avaient vu défiler des milliers de leçons, porteurs des savoirs transmis avec passion par des enseignants dévoués.
Notre directrice, Madame Dufresne, était une femme énergique et charismatique. Son discours de bienvenue, chaque matin, était un mélange de rigueur et d'encouragement, nous rappelant sans cesse que l'éducation était notre meilleur allié. « L'école est votre sanctuaire », disait-elle souvent, « un lieu où chacun d'entre vous peut rêver grand et travailler dur pour transformer ces rêves en réalité. »...
Mes amis, Gloria et Adil, partageaient cette détermination. Gloria, avec son vélo Pégase quelle avait bricolé elle-même, était une fille débrouillarde et pleine d'entrain. Son esprit vif et sa capacité à trouver des solutions à tout problème faisaient d'elle une leader naturelle parmi nous. Adil, quant à lui, était le fils des boulangers du quartier. Sa gentillesse et son dévouement en faisaient un ami précieux. Ses parents, bien que modestes, tenaient à ce qu'il reçoive la meilleure éducation possible, convaincus que cela lui ouvrirait des portes que la boulangerie familiale ne pourrait pas offrir.
Les cours se déroulaient systématiquement de la même façon tout les jour et de manière intensive, mais chaque enseignant savait rendre les matières captivantes.
Le premier cours était celui de monsieur Leclerc, notre professeur de mathématiques, avait l'art de transformer des problèmes complexes en défis stimulants, suivie de madame Moreau, qui nous enseignait l'histoire à sa façon, nous transportant à travers les époques avec une telle passion que nous avions l'impression de vivre les événements qu'elle décrivait. La journée ce poursuivait ensuite par des matière qui selon moi n'avait pas réellement d'importance, de la physique, de la chimie, des langues étrangères et j'en passe...
Les journées à l'École du Paradis étaient marquées par une ambiance studieuse et disciplinée. Les classes ne changeaient jamais ; nous gardions les mêmes enseignants et les mêmes camarades d'année en année, ce qui renforçait nos liens et créait une véritable communauté.
Chaque élève connaissait bien les recoins de ce bâtiment vétuste mais attachant. Les fenêtres aux vitres embuées laissaient passer une lumière diffuse qui baignait les salles de classe d'une atmosphère tamisée, presque chaleureuse malgré le froid constant des vieux murs de pierre.
Les punitions elle par contre, étaient sévères pour ceux qui troublaient le calme des classes. Je me retrouvais souvent à écrire des centaines de lignes, punie pour bavardage ou pour avoir rêvé à haute voix en plein cours. Tandis que Gloria et Adil jouaient dans la cour après les heures de classe, je m'installais à mon bureau sous la surveillance attentive de Madame Dufresne. « Je ne dois pas bavarder en classe. », écrivais-je inlassablement, jusqu'à ce que mes doigts soient engourdis.
Mais même dans ces moments de punition, l'esprit de camaraderie qui régnait à l'École des Lumières ne m'abandonnait jamais. Gloria et Adil, venaient souvent me rejoindre discrètement pour m'aider à terminer mes lignes. Gloria, avec son écriture rapide et soignée, prenait le relais, tandis qu'Adil, toujours pragmatique, cherchait des moyens d'accélérer le processus sans que Madame Dufresne ne s'en aperçoive. Leurs rires étouffés et leur présence rassurante faisaient de ces punitions des moments moins solitaires et plus supportables.
Le déjeuner était un moment que nous attendions tous avec impatience. La cantine, gérée par Madame Dupuis, une femme à la poigne de fer et au cœur d'or, offrait des repas simples mais nutritifs. Le réfectoire était une grande salle aux murs décrépis, ornés comme les couloirs de dessins et de peintures au fil des ans. Les longues rangées de tables en bois, accueillaient chaque jour les élèves affamés dans une atmosphère bruyante et chaleureuse. Madame Dupuis, avec son tablier toujours impeccable et son chignon serré, veillait à ce que chaque enfant reçoive une portion équilibrée.
Les menus eux, bien que modestes, étaient variés et savamment préparés pour garantir que nous recevions tous les nutriments nécessaires. Un jour, nous pouvions avoir du gratin de pommes de terre accompagné de haricots verts et de « protéine », un espèce de pavé grisâtre qui était fait à base de cellule de je ne sais quoi et mélangé avec je ne sais quoi pour finalement formé cette chose qui je dois le dire avait étonnamment beaucoup de goût...enfin je crois.
Chaque repas était en général servi avec une tranche de pain complet et le lendemain ce même pain était utiliser pour faire les croutons qui devait accompagné le fameux ragoût de légumes et le yaourt nature qui l'accompagnait.
Chaque semaine, le menu incluait également un jour de fête où Madame Dupuis préparait son fameux plat de spaghetti à la sauce tomate, très attendu par tous. Les desserts étaient simples mais appréciés : une pomme bien juteuse, une compote de fruits ou, lors des occasions spéciales, une part de gâteau maison. Les boissons se limitaient à de l'eau et, parfois, du lait pour les plus jeunes.
Le réfectoire était aussi le lieu de rencontres et d'échanges. Entre deux bouchées, nous partagions nos histoires, nos rêves et nos plans pour l'avenir. Les rires résonnaient souvent dans la salle, contrastant avec le silence studieux des salles de classe. C'était un moment de détente où les enseignants, assis à leur propre table, échangeaient également des sourires et des conversations légères avec nous, renforçant ce sentiment de communauté et de soutien mutuel.
Madame Dupuis, bien que stricte sur les règles de la cantine, avait toujours un mot gentil pour chacun. Elle veillait à ce que personne ne manque de rien, et sa présence rassurante était un pilier de notre quotidien. Ses repas étaient non seulement une source de nutrition, mais aussi de réconfort, rappelant à beaucoup d'entre nous les saveurs et les soins d'un foyer aimant.
Nous partagions ces moments de répit en discutant de nos cours, de nos rêves et parfois de nos peurs. Nous savions que chaque journée était une étape de plus vers notre avenir, et nous comptions les uns sur les autres pour avancer.
En fin de journée, après les cours, nous avions des activités périscolaires. Gloria et moi étions inscrites au club de théâtre, où nous pouvions exprimer notre créativité et notre imagination. Adil, lui, préférait le club de sciences, où il pouvait assouvir sa curiosité naturelle et ses talents d'inventeur en herbe.
Après l'école, Gloria, Adil et moi avions l'habitude d'aller vers l'une des deux grandes portes de la ville, celle du nord, pour essayer d'amadouer les gardes républicains qui nous donnaient presque tous les soirs de la nourriture. Ce rituel sacré était devenu indispensable pour nous. Pour notre dîner, cette nourriture était souvent composée des restes des grands banquets organisés par la ville ou bien des donations faites par des associations de l'extérieur. Nous ne savions jamais ce que nous allions obtenir, mais cela faisait partie de l'excitation.
De l'école aux portes, nous courions à travers la ville, nous faufilant entre les passants, riant et jouant à des jeux inventés sur le moment. C'était notre petit moment de liberté, une échappatoire après une journée passée dans les salles de classe austères de l'École des Lumières. Le trajet nous faisait traverser des quartiers animés, où les odeurs de friture, de pain frais et d'épices se mêlaient dans un tourbillon enivrant. Les rues pavées étaient animées, pleines de marchands ambulants criant leurs marchandises, de mendiants tendant la main et de musiciens de rue jouant des mélodies envoûtantes.
— Attrape-moi si tu peux ! criait Gloria en riant, courant devant nous avec l'agilité d'un chat.
— Je te rattraperai ! répondait Adil, ses pas rapides résonnant sur les pavés.
Je les suivais de près, mon cœur battant à l'unisson de nos éclats de rire. Nos jeux variaient chaque jour, parfois une simple course, d'autres fois une partie de cache-cache parmi les étals du marché que nous avions l'habitude de traverser. Nous adorions inventer des histoires farfelues, nous imaginant chevaliers et princesses, ou explorateurs et découvrant des trésors cachés dans les ruelles étroites qui structuraient notre ville.
Les jeux nous conduisaient souvent jusqu'à la place centrale autour de la Tour, un lieu de rassemblement où se tenaient les marchés et les foires une fois par semaine, le lundi. Les étals de fruits colorés, de tissus chatoyants et d'objets en tout genre formaient un labyrinthe fascinant. L'odeur des épices, du pain frais et des fleurs embaumait l'air pollué, créant une atmosphère à la fois mystérieuse et excitante.
— Regardez ces mandarines ! s'exclama Adil, désignant un étal débordant de fruits juteux.
— Peut-être que si nous aidons ce marchand, il nous en donnera quelques-unes, suggéra Gloria, toujours pragmatique.
Nous avions souvent recours à de petites astuces pour obtenir quelques douceurs en plus. Aider un marchand à ranger son étal, porter les sacs d'une vieille dame ou même balayer le sol d'une échoppe pouvaient nous valoir une récompense bienvenue.
Continuant inlassablement de parcourir la ville, nous étions enfin arrivés à la porte nord, les gardes républicains vêtus de leurs beau habits d'apparat, nous accueillaient avec des sourires bienveillants. Ils étaient habitués à notre petite troupe, et il n'était pas rare qu'ils nous gardent quelques victuailles de côté. Les gardes étaient des hommes robustes, vêtus d'uniformes sombres, leurs visages marqués par des années de service. Malgré leur apparence sévère, ils avaient un faible pour nous.
— Alors, les jeunes, qu'est-ce que vous avez appris aujourd'hui ? demandait souvent le sergent Dupont, un vieux soldat à la moustache grisonnante.
Nous échangions nos leçons du jour contre la nourriture. C'était un accord tacite : nous partagions nos connaissances et ils nous donnaient de quoi manger.
— Aujourd'hui, nous avons appris les fractions, répondit Adil avec enthousiasme. Vous saviez qu'un demi plus un quart fait trois quarts ?
— Et en histoire, nous avons parlé de la Révolution des Étoiles, ajouta Gloria, ses yeux pétillant d'excitation.
— Tenez ! Ajout- ai-je en tendant au sergent Dupont les quelques fiche qui résumait le contenue des cours du jour que j'avais faites entre deux cours.
— Très bien, très bien, dit le sergent Dupont en hochant la tête. Voici de quoi récompenser vos efforts.
Il nous tendait alors un sac rempli de pain, de fromage et de fruits. Parfois, nous avions même droit à quelques douceurs, des pâtisseries ou des bonbons que les riches de la ville ne voulaient plus.
— Merci, monsieur ! répondis-je, ma voix empreinte de gratitude.
Nous nous installions ensuite sur l'une des petites collines non loin de la porte. De là, nous avions une vue imprenable sur la ville, ses toits en tuiles noircies par le temps et ses cheminées fumantes. Le crépuscule peignait le ciel de nuances de rose et d'or, et l'air, rempli du parfum des herbes sauvages, nous transportait vers un autre monde. Du haut de nos dix ans, ce spectacle était à la fois majestueux et mystérieux, une scène magique qui nourrissait nos rêves et nos espoirs.
— Tu crois qu'on pourra un jour sortir de cette ville ? demanda Gloria en mordant dans un morceau de pain.
Elle avait cette lueur de curiosité et de désir d'aventure dans les yeux, une étincelle qui ne s'éteignait jamais. Pour nous, la ville était à la fois un terrain de jeu immense et un piège, un lieu rempli de possibilités mais aussi de limites.
— Peut-être, répondis-je en haussant les épaules. Mais pour l'instant, on a tout ce qu'il nous faut ici, ajoutai-je d'un ton assuré, essayant de paraître plus confiante que je ne l'étais réellement.
Adil acquiesça en silence, ses yeux fixés sur l'horizon. Il rêvait souvent à voix haute de voyages et d'aventures, des rêves nourris par les histoires que nous lisions à l'école. Son esprit était une mer agitée de curiosité et d'aspirations. Les livres que nous empruntions à la bibliothèque regorgeaient de récits de héros et de grandes expéditions datant d'avant la grande révolution, et nous nous imaginions aisément en protagonistes de ces fabuleuses épopées.
— Un jour, continua Adil, nous traverserons ces collines, et nous découvrirons des paysages que nous n'avons jamais vus. Des forêts immenses, des rivières scintillantes, et peut-être même des montagnes qui touchent le ciel.
Ses mots, prononcés avec tant de conviction, faisaient naître en nous des images vivantes de contrées merveilleuses. À dix ans, tout semblait possible. Notre imagination nous permettait de franchir les murs de la ville, de voler au-dessus des toits et de naviguer sur des océans lointains.
— Moi, je veux voir des châteaux ! s'exclama Gloria. De vrais châteaux avec des tours et des ponts-levis ! Et des princesses en robes magnifiques !
Je souris en l'écoutant. Ses rêves étaient empreints de contes de fées, de royaumes enchanteurs et de personnages fantastiques. Pour elle, la vie était une histoire en perpétuelle écriture, où chaque jour apportait son lot de merveilles et de mystères.
Nous finissions souvent notre repas en parlant de nos rêves, des lieux que nous souhaitions explorer et des aventures que nous désirions vivre. Chaque morceau de pain partagé devenait une promesse silencieuse, un engagement envers nous-mêmes et nos rêves d'enfants. Le ciel arborait peu à peu une robe, et les premières étoiles apparaissaient, scintillant comme des diamants dans l'obscurité. Leur lueur nous inspirait, nous rappelant que, même dans l'ombre, il y avait de la lumière.
— Un jour, nous serons les héros de nos propres histoires, dis-je doucement, presque comme une prière.
— Oui, répondit Adil avec détermination. Nous découvrirons des mondes que personne n'a jamais vus.
— Et nous reviendrons pour raconter nos aventures, ajouta Gloria, ses yeux brillants d'espoir.
Nous restions là, sur la colline, à regarder le monde s'endormir, enveloppés par l'odeur des herbes et le murmure du vent. La ville, malgré sa dureté, nous offrait ces moments de grâce où tout semblait possible. Nos rêves étaient notre refuge, notre force, et nous savions qu'ensemble, nous pouvions surmonter n'importe quel obstacle.
Après notre repas, Adil rentrait rapidement chez lui, car il habitait tout près. Il devait se dépêcher, sinon ses parents le puniraient. Gloria et moi, en revanche, prenions notre temps. Nous aimions explorer la ville, particulièrement le quartier pourpre, même si je n'étais pas fan de cet endroit, pour des raisons que vous connaissez. Gloria, quant à elle, admirait les femmes qui y travaillaient. Elles étaient élégantes, vêtues de robes chatoyantes, et leur maquillage était toujours impeccable, elle disait souvent d'ailleurs, que ces femme ressemblait à des princesses.
— Elles sont magnifiques, murmura Gloria, les yeux brillants d'admiration.
— Je ne comprends pas ce que tu leur trouves, répondis-je en grimaçant. Cet endroit me donne des frissons.
— Elles ont du courage, Sully. Elles se battent pour leur place dans ce monde, ajouta-t-elle, son regard fixant une femme qui traversait la rue avec assurance.
Les enfants n'avaient certainement pas le droit de venir dans le quartier pourpre, mais nous arrivions toujours à nous faufiler à l'arrière de l'une des salles de spectacle, des maisons les plus huppés, pour voir le show des « débutantes » (jeunes femmes faisant leurs débuts dans leur maison respective). Les coulisses étaient un monde à part, rempli d'effervescence et de glamour. Les débutantes, nerveuses mais déterminées, se préparaient pour leur moment sous les feux des projecteurs. Le maquillage était appliqué avec précision, les costumes ajustés avec soin. L'air était saturé de parfums capiteux et de poudre, créant une atmosphère à la fois électrique et envoûtante.
— Regarde celle-ci, chuchota Gloria en désignant une jeune fille qui ajustait son costume scintillant. Elle va tout déchirer ce soir, j'en suis sure !
— Elle a l'air si stressé, répondis-je, fascinée malgré moi par la scène qui se déroulait sous nos yeux.
Les premiers accords de musique résonnèrent, et les rideaux se levèrent. Les débutantes entrèrent en scène, exécutant des pas de danse gracieux et synchronisés. Le public, composé de riches marchands et de notables de la ville, applaudissait avec enthousiasme, devant ce spectacle des plus émoustillant. Gloria et moi, cachées dans l'ombre, retenions notre souffle, totalement captivées par ce que nous voyons.
Ces moments étaient précieux pour nous. Ils nous offraient un aperçu d'un monde différent, un monde de paillettes et de rêves. Même si je préférais le calme de la tour et la simplicité de ma vie avec ma voisine de palier Madame Lambert, je ne pouvais m'empêcher d'être attirée par la magie de ces soirées endiablées.
Gloria avait l'habitude de me dire à chaque fois que nous y allions qu'un jour elle serait comme elles, tant les débutantes étaient magnifiques, parées de la tête aux pieds de strass et de paillettes.
— Un jour, tu me verras sur cette scène, Sully, dit Gloria avec une détermination farouche. Je porterai la plus belle robe, et tout le monde m'applaudira.
— J'en suis sûre, Gloria, répondis-je avec un sourire. Tu seras la plus belle.
Après cela, nous nous faisions souvent chasser par les vigiles qui nous entendaient chuchoter à voix haute et commentant à tous va le style vestimentaire plus que douteux de certains spectateurs et nous courions à toute vitesse en direction de la sortie du quartier pourpre. Les vigiles, grands et imposants, faisaient leur ronde, et nous savions qu'ils n'hésiteraient pas à nous faire la leçon si nous étions pris à traîner dans les parages. Leur silhouette massive se détachait dans la lumière des réverbères, créant des ombres menaçantes.
— Il faut qu'on parte, chuchotai-je en tirant Gloria par la manche.
— Oui, ils arrivent ! répondit-elle en jetant un coup d'œil nerveux derrière nous.
Nous savions que l'air était saturé d'un mélange de fumée de cigarette et de cigare hors de prix, créant une fumée épaisse qui nous rendait presque invisibles aux yeux de ceux qui ne cherchaient pas à nous attraper.
La cloche de l'entracte retentissait et nous donnait par la même occasion le signal qu'il était temps pour nous de courir. Nous cavalions à toute allure, nos rires étouffés par la peur de nous faire prendre. Les pavés inégaux résonnaient sous nos pieds, et les ombres dansantes des lampadaires nous suivaient comme des spectres bienveillants.
— Par ici ! chuchotai-je en tirant Gloria vers une petite ruelle que nous avions l'habitude d'emprunter.
Une fois sortis du quartier, il était temps de nous séparer et de rentrer chacune de notre côté. Gloria et moi nous serrions la main, échangeant des promesses de nous revoir le lendemain.
— Fais attention sur le chemin du retour, Gloria, dis-je avec une pointe d'inquiétude.
— Ne t'en fais pas, Sully, je suis une grande fille ! répondit-elle avec un sourire avant de s'éloigner.
Je la regardai partir, son ombre se fondant dans la nuit. Gloria était courageuse, bien plus que moi parfois. Elle avait cette capacité à voir la beauté et le potentiel même dans les endroits les plus sombres. Je rentrais alors dans ma tour immense, qui ressemblait à un énorme bloc d'obsidienne, dressé en plein milieu de la ville. À cette heure-ci, la place qui l'entourait était totalement vide, baignée par la lumière blafarde des réverbères. Les ombres des arbres dénudés se projetaient sur le sol, créant des motifs inquiétants qui semblaient s'animer sous mes pas. L'air était frais, chargé de l'odeur métallique de la pluie qui tombait plus tôt, mêlée à celle, persistante, de la fumée des cheminées.
Mon quotidien était extrêmement répétitif, mais il m'avait permis d'avoir une enfance agréable. Comme d'habitude, vu que je rentrais après mon couvre-feu, qui s'établissait à 21 heures, je me faisais punir à coup d'exercices supplémentaires et de remontrances en tous genres par les deux croque-morts qui m'attendaient devant la porte d'entrée, juste après le premier portique de sécurité. Ces deux femmes, grandes et austères, étaient pour moi comme des mères de substitution. C'était ces mêmes femmes qui, à l'époque, avaient aidé ma mère à accoucher, et c'est elles qui jusque-là m'avaient élevé.
Madame Luc, une femme élancée aux cheveux gris impeccablement coiffés en chignon serré et rangés sous un bonnet de coton blanc que l'on nouait sous le menton, avait des yeux perçants qui semblaient tout voir. Elle portait toujours son uniforme blanc impeccable, celui des croque-morts, qui accentuait son allure stricte.
— Sully, tu es encore en retard ! gronda madame Luc, en croisant les bras sur sa poitrine. Sa voix résonnait comme un coup de tonnerre dans le silence de la nuit.
Je baissai les yeux, m'efforçant de ne pas montrer ma nervosité.
— Désolée, Madame Luc, murmurai-je, tentant de cacher ma culpabilité. Elle avait cette manière de faire trembler quiconque croisait son regard, mais je savais que sous cette façade rigide, elle avait un cœur tendre.
À côté d'elle, madame Miseche était plus ronde, avec des joues rosies et une chevelure bouclée poivre et sel, qu'elle laissait s'échapper de son bonnet. Son visage était toujours empreint de bienveillance, même lorsqu'elle devait se montrer sévère. Ses yeux étaient empreints de compassion, et elle apportait une touche de douceur à l'austérité de son uniforme.
— Tu sais ce que cela signifie, ajouta madame Miseche, avec une voix ferme mais pas sans une certaine tendresse. Elle s'approcha de moi, posant une main douce mais ferme sur mon épaule. Je levai les yeux pour croiser son regard, sentant une pointe de réconfort malgré la situation.
— Oui, madame Miseche, je le sais, répondis-je d'une voix plus assurée.
Madame Luc intervint, son ton toujours aussi autoritaire.
— Sully, nous avons des règles ici. Des règles que tu dois respecter, pour ton bien et pour le nôtre. Nous ne voulons pas que quelque chose t'arrive dehors après le couvre-feu.
— Je comprends, madame Luc. Je ne recommencerai plus, promis-je en hochant la tête. Leur inquiétude était palpable, même à travers la sévérité de leurs paroles.
Madame Miseche soupira légèrement, puis se redressa.
— Très bien, allons-y. Tu sais ce que tu dois faire, dit-elle en désignant le coin de la pièce où se trouvait le tabouret destiné aux punitions.
Je m'avançai, résignée mais acceptant la punition comme un aspect inévitable de ma vie. madame Luc se plaça à mes côtés, prête à administrer la punition.
— Souviens-toi, Sully, que tout ceci est pour ton bien, dit-elle en commençant. Nous voulons que tu deviennes une jeune fille responsable et respectueuse des règles.
— Oui, madame, répondis-je, sentant les larmes me monter aux yeux malgré moi.
Après la punition qui paru interminable, où je dû fixer un point microscopique pendant une traite de minutes, madame Miseche vint vers moi et posa une main réconfortante sur ma tête.
— Allez, va te coucher maintenant. Demain est un autre jour, et tu as encore beaucoup à apprendre et à découvrir, dit-elle doucement.
Je hochai la tête, sentant un peu de chaleur dans son geste.
— Merci, madame Miseche, dis-je en essuyant mes yeux larmoyants.
— Bonne nuit, Sully, ajouta madame Luc, sa voix plus douce maintenant que la punition était terminée.
— Bonne nuit, Madame Luc, répondis-je avant de me diriger vers l'ascenseur.
Je pris le premier ascenseur pour rejoindre mon étage, les yeux encore humides mais le cœur légèrement apaisé par leur sollicitude. Le sol était trempé, vu l'heure, les croque mort avaient déjà terminés de faire le ménage, j'utilisais alors le sol comme patinoire glissant jusqu'à mon caveau. J'allumais une bougie, qui créait un faible halo de lumière et réchauffait l'atmosphère glaciale de ma minuscule demeure. La flamme vacillante faisait danser les ombres sur les murs dénudés de mon taudis, créant une ambiance à la fois chaleureuse et mystérieuse.
Je rangeais ensuite mes affaires, posant délicatement mon petit sac de victuailles sur le petit meuble en métal près de ma porte d'entrée. Chaque soir, après avoir été punie, je prenais un moment pour me recueillir devant la tombe de ma mère, lui racontant ma journée comme je l'aurais fait si elle avait été là.
— Aujourd'hui, nous avons vu un magnifique spectacle au quartier pourpre, maman, mais ne t'inquiète pas, personne ne t'as égalé ce soir et ce n'est pas prêt d'arriver ! Chuchotai-je, les yeux fixés sur sa photo. Gloria rêve de devenir une de ces belles danseuses et Adil un grand aventurier, alors que moi... je ne sais pas encore ce que je veux faire, mais ce qui est sur, c'est que je veux avoir une vie heureuse comme tu le souhaitais.
Le silence me répondit, un silence lourd de souvenirs et de regrets, mais aussi d'espoir. Les murs froids semblaient absorber mes mots, créant une intimité silencieuse avec l'ombre de ma mère. Je m'installais alors sur mon futon, le regard tourné vers mon plafond fissuré, rêvant des aventures que nous vivrons, Gloria, Adil et moi, lorsque nous serions plus grands.
Le lendemain matin, l'alarme résonna de nouveau, marquant le début d'une nouvelle journée. Comme chaque matin, je me préparai rapidement, balayant le sol de mon caveau puis m'occupais de Madame Lambert avant de partir pour l'école. Cette routine, bien que répétitive, m'étais chère et avait étrangement un coté réconfortant dans sa constance.
Madame Lambert, assise sur sa veille chaise en bois, m'accueillait toujours avec un sourire fatigué mais chaleureux.
— Bonjour, ma petite Sully, comment as-tu dormi ? me demandait-elle de sa voix douce.
— Bien, merci Madame Lambert. Vous avez besoin de quelque chose ce matin ? répondis-je en arrangeant les fleurs en plastique sur sa table.
— Non, non, ma chère. Prends soin de toi et file à l'école, disait-elle en me tapotant la main.
Je partais alors en direction de l'école, l'air du matin frais et revigorant sur mon visage. Les rues étaient peuplées de travailleurs matinaux et de quelques marchands préparant leurs étals. L'odeur du pain frais flottait dans l'air, m'accompagnant jusqu'à l'entrée de l'école.
— Bonjour, Sully ! Me dit Gloria, son sourire éclatant chassant les ombres de la nuit passée. Gloria était une fille pétillante, avec des cheveux bouclés toujours en désordre et des yeux brillants de malice. Sa joie de vivre était contagieuse.
— Bonjour, Gloria, répondis-je en lui rendant son sourire. Prête pour une nouvelle journée ?
— Toujours ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme.
Nous entrâmes dans l'école, retrouvant Adil qui nous attendait près de notre salle de classe avec nos pains au chocolat. Adil, toujours calme et réfléchi, avait des cheveux noirs ébouriffés et des yeux sombres et rêveurs. Il portait souvent son uniforme beaucoup trop large, de manière négligé, hérités de ses frères aînés.
— Salut les filles, dit-il en nous tendant les viennoiseries. Prêts pour un autre jour d'aventures académiques ?
— Oui... mais depuis quand est-ce que tu parles comme ça, je ne te savais pas aussi malin, répondis-je, ma voix remplie de malice, tout en croquant dans mon pain au chocolat.
— Mais depuis toujours, répondit-il avec un sourire en coin.
La journée s'écoula comme les autres, rythmée par les leçons et les punitions, les rires et les jeux.
Pendant les récréations, nous nous retrouvions dans la cour, un espace grand et poussiéreux où l'odeur de la terre sèche et des arbres en fleurs se mêlait à celle des enfants en sueur. Nous jouions à des jeux de course, inventant des parcours et des défis, ou nous racontions des histoires en nous abritant sous les grands chênes qui bordaient l'enceinte de l'école.
— Regarde, Sully, j'ai trouvé cette vieille pièce derrière le préau ! s'exclama Gloria en me montrant une pièce de monnaie ancienne. Elle tenait l'objet délicatement entre ses doigts, ses yeux brillaient d'excitation.
Je pris la pièce entre mes mains, examinant ses détails. Elle était ternie par le temps, avec des inscriptions à moitié effacées et une gravure centrale représentant ce qui semblait être un visage.
— Wow, elle doit peut-être venir de l'extérieur, répondis-je, fascinée par le trésor.
Adil, qui se tenait à côté de nous, se pencha pour regarder de plus près.
— Laissez-moi voir, dit-il en tendant la main. Il étudia la pièce avec attention, ses yeux sombres plissés de concentration.
— Regardez ici, les symboles ressemblent à ceux que nous avons vus dans notre cours d'histoire sur les anciennes dynasties. Peut-être qu'elle est vraiment très vieille.
— Tu crois ? demanda Gloria, son excitation redoublant. Tu penses que c'est une vraie pièce antique ?
— Possible, répondit Adil en haussant les épaules. Mais il faudrait la montrer à Monsieur Moreau pour en être sûrs. Il s'y connaît en antiquités. En tout cas, elle est magnifique. Imaginez toutes les mains qu'elle a dû traverser, tous les endroits où elle a voyagé !
Je laissai libre cours à mon imagination, malgré mon scepticisme concernant l'analyse d'Adil.
— Hum...je n'en suis pas sure, mais peut-être qu'il y en a d'autres caché quelque part !
Adil, toujours le plus pragmatique, hocha la tête, fronçant par la même occasion ses sourcille pour paraitre plus intelligent qu'il ne l'était vraiment.
— Mais bien sur que si, fait moi confiance, cette pièce est hyper ancienne, j'en suis certain ! On devrait vraiment la montrer à Monsieur Moreau, et vous verrez que j'ai raison... comme d'habitude. J'éclatas de rire avant de remettre la pièce dans la main de Gloria.
— Tu devrais la garder précieusement, dis-je. C'est toi qui l'as trouvée, après tout, fais en ce que tu veux...
— Oui, répondit-elle, ses yeux pétillant de bonheur. Je vais la mettre dans ma boîte à trésors. Et demain, on la montrera à Monsieur Moreau. Peut-être qu'il pourra nous raconter son histoire.
Nous continuâmes à discuter de toutes les possibilités et des histoires que cette pièce pouvait cacher, nos esprits enflammés par l'excitation de la découverte. Chaque détail, chaque hypothèse nous rapprochait un peu plus du monde merveilleux de nos rêves. Le simple fait de tenir cette vieille pièce de monnaie nous transportait dans un univers d'aventures et de mystères, nous rappelant que même dans notre réalité dure, la magie n'était jamais bien loin.
Ainsi, chaque jour, pendant encore huit années nos journées fur le même, bâtissant notre avenir, une brique à la fois et déterminés à faire de notre future vie un paradis, au milieu des ruines de notre présent.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top