Chapitre 47

Descendre du bus. Marcher jusqu'à la voiture cabossée. Sourire sans qu'il devine l'ombre d'un secret, les contours d'un rocher, le clair de lune, les lèvres du géant encore si présentes sur les siennes.

Délia se frotta la bouche d'un revers de main, comme pour effacer toute trace de la trahison. Mais lorsqu'elle vit Arnaud sortir de la voiture, ses cheveux blonds en pétard, son jeans troué, son sweat blanc tout doux – celui contre lequel elle aimait se blottir et qu'elle lui empruntait parfois –, elle sentit un sourire rayonner sur son visage sans avoir à fournir le moindre effort. Elle l'aimait toujours. C'était une certitude.

Elle se jeta dans ses bras et l'embrassa, tentant d'oublier tout le reste, de cloisonner dans son cerveau ses sentiments pour Julien qui paraissaient a priori incompatibles avec le fait d'aimer Arnaud.

– Alors, c'était bien ?

– Une horreur ! répondit-elle. Mon costume pesait 180 kilos et on a dû me hisser avec une grue comme une vieille bagnole.

Il esquissa un petit sourire, mais rien de plus. La méfiance transparaissait dans son regard.

– Oh, dit-elle en tournant la tête. Il faut que je te présente Rob. Il va m'apprendre à conduire.

Elle le tira par le bras, tandis qu'il s'exclamait :

– Est-ce que tu l'as prévenu au moins de ce à quoi il s'expose ?

– Il a fait l'armée. Je suis sûre qu'il a plus de self control que toi !

Arnaud serra la main de Rob en lui présentant ses plus plates excuses :

– Bon courage !

Rob rigola.

– J'ai la même à la maison. Je suis rodé.

Délia grimaça à l'idée d'être comparée à Vanessa, mais elle s'efforça de passer outre. Le plus important, c'était qu'Arnaud sache que Rob était marié, qu'il n'avait rien à craindre.

Elle les abandonna un instant pour dire au revoir à Thibault et à Sarah. Elle préférait ne pas les présenter à Arnaud, à cause de toute cette histoire de kick-boxing, cette façon dont ils s'étaient moqués d'Arnaud. Elle n'avait pas envie de les confronter. Surtout après que Thibault eut demandé « C'est lui, ton copain ? » avec un air un peu méprisant.

Lorsqu'elle revint vers Arnaud, elle fut déstabilisée de le voir discuter avec Rob comme s'ils se connaissaient depuis toujours. C'était si bizarre. Elle resta plantée là tandis qu'ils riaient ensemble. Au fond, ce n'était pas si étrange que le courant passe bien. Ils étaient gentils et un peu loufoques tous les deux.

Ils finirent par se dire au revoir après que Délia eut donné son numéro à Rob. Arnaud l'enlaça par l'épaule pour l'entraîner vers la voiture :

– Ce Rob, c'est quelqu'un de bien.

– Ah oui ? Tu lui as à peine parlé cinq minutes.

– Oui, mais je le préfère à Julien.

Ça avait le mérite d'être dit.

La voiture filait sur l'autoroute lorsqu'Arnaud annonça d'un ton désinvolte :

– Au fait, demain, il faudra que je te dépose un peu en avance à ton travail. J'ai trouvé un boulot de magasinier.

– Où ça ?

– Dans le quartier des Claies.

– T'es pas sérieux ?

Le quartier des Claies était le quartier le plus malfamé de la ville. Le mois dernier, un homme était mort en pleine rue suite à un règlement de comptes. Délia l'avait entendu à la radio et en avait frissonné. Lorsqu'elle avait 16 ans, il lui était arrivé de se balader en minijupe dans ce quartier. À l'époque, cet endroit n'avait pas aussi mauvaise réputation. Il était surtout fréquenté par des jeunes qui aimaient faire la fête, même si on y trouvait déjà de la drogue et quelques SDF. Aujourd'hui, il ne lui serait pas venu à l'idée d'y mettre un pied, même parée d'un gilet par balle.

– J'ai besoin de ressentir la peur, se justifia Arnaud. Je ne me suis jamais senti en danger où que ce soit. C'est important pour mon rôle.

– Et moi ? Je suis censée mourir d'angoisse pendant que tu risques ta vie ? lui reprocha-t-elle avec âcreté.

Cette décision lui paraissait tellement égoïste.

– Je ne risque pas ma vie. Je travaillerai dans une épicerie. C'est temporaire. Pour m'imprégner de l'ambiance. J'ai besoin d'inspiration pour mon rôle. Je t'ai bien laissé faire ton clip.

– Quel rapport ? Je n'ai pas risqué ma vie sur le tournage.

– Tu exagères, tenta-t-il de la calmer. Des tas de gens travaillent dans ce quartier et rentrent chez eux sains et saufs. Il ne faut pas y traîner la nuit, c'est tout. Essaye de comprendre. C'est un processus d'imprégnation. Tous les grands acteurs le font.

– Et le jour où tu décrocheras le rôle d'un sérial killer ? Qu'est-ce que tu feras ? Tu te mettras à tuer des gens ?

Elle était fière de son argument qu'elle trouvait implacable.

– Non, j'irai rencontrer un sérial killer dans une prison.

Elle secoua la tête et donna un coup de genou dans le tableau de bord. Arnaud s'était toujours investi à fond dans chacun de ses rôles et elle avait toujours admiré cet aspect de sa personnalité. Mais cette fois elle ne cautionnait pas son dévouement artistique. Même si elle savait qu'il ne servait à rien d'argumenter. Il irait au bout de sa lubie, quoi qu'elle dise. Ils étaient aussi têtus l'un que l'autre.

Dès qu'elle posa un pied à terre, elle partit arroser ses plantes. Elle était tellement en colère à cause de cette histoire qu'elle n'eut pas à se justifier sur l'étrangeté de son comportement. Arnaud mit la noirceur de son regard, l'absence de câlins sur le compte de cette dispute. Les traces perceptibles de la trahison furent étouffées aussi facilement qu'une poignée de braises sur laquelle on jette un peu d'eau.

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A ce stade de l'histoire, j'aimerais que vous preniez parti. Je vous invite donc à rejoindre une team (voire deux au maximum). Evidemment vous ne pouvez pas choisir la TeamJulien avec la TeamArnaud car elles sont contradictoires. Mais toutes les autres combinaisons sont possibles.

Alors quelle team allez-vous rejoindre ?

#TeamArnaud

#TeamJulien

#TeamThibault

#TeamRob

Je me réjouis de voir quelle team sera la plus remplie !

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