Chapitre 33
Délia y avait réfléchi tout l'été : Quelle tenue porter pour ses retrouvailles avec Rob et Thibault ?
Elle désirait leur faire une bonne seconde « première impression ». Le temps avait certainement dilué son image dans leur esprit, lui offrant l'occasion de s'en forger une toute nouvelle. Quoique, elle n'était pas certaine que le temps jouât en sa faveur. N'était-elle pas plus jolie lorsqu'elle avait seize ans ? N'avait-elle pas pris trois kilos depuis lors ? Pouvait-elle encore rivaliser avec celle qu'elle était autrefois ?
Elle avait l'impression qu'elle dégageait quelque chose de plus équilibré. Elle était sans conteste moins hystérique et plus posée. Néanmoins, elle n'était pas certaine que ses qualités intérieures transparaissaient au-delà de la barrière de son teint pâle – le mois de septembre n'avait été que pluies et nuages, ruinant son bronzage.
Elle aurait aimé pouvoir contrôler ce qu'ils penseraient d'elle. L'idée qu'ils puissent repartir en emportant dans leur cerveau une image d'elle qui ne concorde pas avec ce qu'elle souhaitait refléter, cela lui était intolérable. Oh non, les imaginer dans leur lit songeant à elle avec pitié : Alors c'est ça qu'elle est devenue... Quel désastre !
Elle ne supportait pas l'idée de les décevoir, mais par ailleurs elle ne voulait pas se trahir, réendosser un rôle qui n'était plus le sien. Ils se souvenaient d'elle en séductrice aguicheuse. Mais la tempête de l'adolescence s'était apaisée. Jouer la carte de la provocation ne lui correspondait plus.
Mais, de toute façon, pourquoi se tracasser ? Celui qu'elle désirait le plus impressionner s'était déjà forgé son opinion. Quant à Rob, il n'y avait rien à craindre de lui. Il avait toujours eu un regard bienveillant. Quant à Thibault... Oui, elle avait quelques craintes le concernant. Surtout depuis qu'elle avait pu constater qu'il avait encore embelli. Quand donc cesserait-il de devenir de plus en plus beau ? C'était déstabilisant à la fin ! Il pourrait avoir un peu de compassion pour le commun des mortels qui, contrairement à lui, perdait de son éclat au fil des années. S'il continuait à ce rythme-là, à 80 ans, tout le monde se tordrait le cou sur son passage et, à sa mort, on l'exposerait au musée des beaux-arts.
Elle s'attendait à ce que Thibault la passe au scanner et rende un verdict désobligeant. Il avait toujours été si désespérément sincère.
Mais, quoi qu'il arrive, elle resterait digne. C'était le mot qu'elle souhaitait incarner pour leurs retrouvailles, un mot qu'elle avait souvent manqué d'incarner par le passé : la DIGNITÉ.
Délia savait exactement quelle tenue choisir pour incarner le concept de « fraîcheur » ou de « fille-sexy-qui-ne-sait-pas-qu'elle l'est », mais pour la Dignité c'était une autre paire de manches. Oui, c'était bien de manches dont il était question. Délia avait l'impression que la Dignité exigeait de se couvrir le corps. Elle réfléchit longuement, plus longuement que si elle avait dû se rendre au mariage du prince de Monaco. Elle passa en revue tous ces vêtements préférés. Le problème, c'est que tous ces tissus n'excédaient pas trente centimètres carré. Et son instinct lui dictait que la Dignité exigeait au moins le double.
Un pantalon, voilà ce qu'elle devait porter ! Arghh ! C'était un sacrifice presqu'aussi pire que de se raser les cheveux. D'un autre côté, c'était sans doute la manière la plus radicale pour faire comprendre aux garçons qu'elle avait changé, qu'elle n'était plus cette gamine en quête perpétuelle de séduction.
On pouvait sans doute incarner la Dignité en jupe lorsqu'on s'appelait Kate Middelton, mais pas lorsqu'on s'appelait Délia et qu'on ne possédait que des jupes de la taille d'un mouchoir.
Pour rehausser l'austérité du pantalon, elle opta pour un tee-shirt bi-matière, coton opaque et tulle transparent qui donnait au regard l'envie d'inverser les deux matières.
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