Chapitre 57

Nda : devinez qui a ENCORE du retard ? Ehhhh oui c'est moi ! Pour ma défense j'ai eu un contretemps pour le boulot et j'ai dû travailler alors que j'aurais dû être en repos lundi et mardi, et hier la journée a été vraiment trèèèèès longue. Bref, du coup j'espère que vous aimerez ce nouveau chapitre ! Bisous les loulous, j'vous kiffe toujours autant ❤️ (vous imaginez pas à quel point vos commentaires adorables me touchent, vraiment, Yell-AaA  peut en attester parce qu'à chaque fois elle reçoit mes vocaux émus 😅)


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    Je ne m'étais pas trompée : j'ai bel et bien terminé la correction de mon roman avant la fin de l'année. Nous sommes le trente-et-un décembre, il est dix-sept heures passées, etje viens de poser le dernier mot au dernier chapitre de Underwater. Avant la fin de l'année, donc.

    C'est étrange, comme sensation. Je me sens étonnamment légère, comme si je venais de libérer une partie de mon être retenue à l'intérieur de moi-même depuis bien trop longtemps.

    Évidemment, si je relisais mon manuscrit dès à présent, je trouverais encore de quoi le modifier. On ne peut jamais être à cent pour cent fier de ce qu'on produit, surtout moi qui suis beaucoup trop perfectionniste.

    – Eh !, je proteste en baissant les yeux sur mon ventre. T'es pas obligé de donner des coups, Matthew !

    Il paraît que les bébés nous entendent, même à l'intérieur de la poche de liquide amniotique. Mes cours remontent peut-être à plus d'un an et demi, mais je suis certaine d'avoir étudié la question.

    Poussant un soupir, je m'appuie sur les accoudoirs de ma chaise de bureau pour me lever. Matthew balance de nouveau un coup de pied et je souffle.

    Il est sacrément actif, d'autant plus en soirée. Je le sens bouger, remuer, et parfois, je distingue même une main ou un pied à travers la peau tendue de mon ventre. Enfin, ça ressemble surtout à une forme vague non identifiable, mais c'est toujours drôle.

    Souvent, Tom lui parle. Lorsque je suis assise sur le canapé, il pose son oreille sur mon ventre comme pour m'ausculter, sourire aux lèvres. Mon mari est toujours autant émerveillé lorsque les coups envoyés sont perceptibles de l'extérieur.

    – Comment vont les deux amours de ma vie ?, demande l'acteur alors que je mets un pied dans la cuisine.

    Il est actuellement aux fourneaux, préparant le repas pour ce soir : nous avons des invités.

    – Ton fils s'amuse à me torturer, je vais finir par porter plainte pour coups et blessures, je ris.

    – On peut faire ça ?, s'étonne Tom.

    – Me torturer ? Il s'en donne à cœur joie !

    Mon mari pouffe.

    – Mais non ! Porter plainte contre un enfant qui n'est pas encore né, je voulais dire.

    Je hausse les épaules avec un sourire en coin.

    – Je trouverais bien une solution, je réplique. Même si je ne porterais jamais plainte contre mon propre enfant, évidemment.

    – T'avais quand même l'air sacrément motivée, y a pas trois secondes de ça, raille Tom.

    Je lève les yeux au ciel en riant.

    – Et toi, alors ? Comment ça va ?

    – Pour le moment, tout va bien. Je suis pas fatiguée, j'ai pas de maux de tête, et puis... J'ai terminé mes corrections.

    – Tu as terminé... Pour de bon ? Tu as terminé entièrement de corriger ton roman ?

    Je hoche la tête. Son regard fier me donne envie de pleurer : qu'est-ce que j'ai réussi dans ma vie pour mériter un tel homme ?

    – C'est génial ! Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ?

    – Imprimer le manuscrit et l'envoyer dans plusieurs maisons d'édition, je dis. En priant tous les dieux existants pour que ça marche.

    Tom pose sa cuillère dans le plat avant de faire le tour de l'ilot central ; il m'attire à lui pour embrasser mon front avec douceur.

    – Je suis fier de toi, sweetheart.

    – Merci, mon cœur. Tu sais que c'est grâce à toi, tout ça, n'est-ce pas ? Tu m'as donné l'occasion d'aller au bout de mon projet, je ne pourrai jamais assez t'en remercier.

    Un sourire éclaire le visage de mon mari.

    – Tu n'en as pas besoin, vraiment. Je suis heureux d'avoir pu te permettre d'accomplir ton rêve.

    Il semble sur le point de rajouter quelque chose mais au même moment, la casserole dans laquelle il fait bouillir la sauce se met à fumer ; Tom retourne immédiatement à sa tâche. Quant à moi, je fais demi-tour pour aller me préparer : dans moins de deux heurs, les invités arrivent, et je ne peux pas me présenter en pyjama.

    La douche me fait du bien, même si je suis obligée de la prendre assise dans la baignoire pour éviter de me fatiguer. Évidemment, j'adore me faire couler un bain de temps en temps, il est même arrivé que Tom me rejoigne, une fois ou deux. Mais pas ce soir : je n'ai pas le temps.

    Avec un soupir, j'attrape le rasoir posé sur le rebord de la baignoire. J'ai vraiment la flemme d'utiliser mon épilateur électrique, ça prend longtemps et en plus je douille chaque fois que je l'utilise. En général, je ne fais pas forcément attention à la perfection de mon épilation – on est tous humains, on a tous des poils, ceux qui ragent peuvent circuler –, d'autant plus que mon mari est très arrangeant sur ce point. Mais là, comme nous sommes en plein hiver, mes jambes ressemblent à celles d'un gorille, ça jure avec ma tenue.

    Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'atteindre vos chevilles quand vous avez un ventre qui prend toute la place : sachez que c'est encore plus difficile qu'il n'y paraît. Heureusement pour moi, je suis assez souple pour y parvenir, on dira merci à toutes mes années de danse.

    La danse... Bon sang, ça me manque tellement ! Enfiler mon justaucorps, mes collants et mes chaussons, ramener mes cheveux dans un chignon tellement serré que mes mèches se cassaient au fur et à mesure... J'ai du mal à me rappeler ces sensations, moi qui les adorais pourtant.

    Bon. Je m'arrête là pour le rasage, consciente que c'est loin d'être parfait. Je ne pense pas que Benedict, Sophie, Joe ou sa compagne fassent attention aux quelques poils qui seraient éventuellement encore accrochés à mes jambes.

    Alors que je m'enveloppe dans une serviette propre et douce, je contemple mon reflet sans un mot. En fait, la grossesse a au moins un avantage non négligeable sur mon corps : j'ai pris deux tailles de soutif, et ça, c'est cool. Comprenez-moi, j'ai toujours eu une petite poitrine, ce dont je me contente sans râler parce que ça me convient. Mais je ne dis pas non à un peu de rab. Maintenant, ne me reste plus qu'à espérer que je ne perde pas tout à la naissance de Matthew.

    En parlant de naissance... Je sais bien ce qui se dit sur le fait que l'allaitement est le meilleur moyen de nourrir son enfant, parce que notre corps produit tous les nutriments dont a besoin le bébé. Néanmoins, je ne m'en sens pas capable.

    Ma mère m'a répété maintes fois comment l'allaitement crée un lien fort et unique entre le bébé et sa maman. Elle m'a expliqué que voir son enfant lever les yeux vers soi, c'est émouvant et tellement puissant. Pourtant, ça ne m'a pas fait changer d'avis. Je suis tout sauf à l'aise avec l'idée de donner le sein à mon fils. De plus, le biberon me permettra d'alterner les repas avec Tom, avec quiconque souhaite prendre part à cet épisode de la vie de Matthew.

    Je ne critique pas celles qui allaitent, tout comme je ne critique pas celles qui donnent des biberons de lait maternel ou de lait en poudre. S'il existe plusieurs solutions, c'est pour que chaque personne trouve celle qui lui convient : c'est un choix propre à chacun.

    J'enfile ma robe et en lisse les plis de la paume de la main. Je n'ai pas beaucoup de vêtements de grossesse, quelques pantalons et t-shirts, et cette unique robe un peu habillée que j'ai acheté pour les fêtes, justement. En velours noir, elle est constituée d'un col bateau et est resserrée juste sous la poitrine, pour s'évaser sur le bas. Les trois couches de tulle souple me descendent jusqu'aux genoux.

    On dit que le noir affine la silhouette, mais je ne suis pas sûre que ce soit vraiment le cas sur moi. En même temps, je ressemble à un dromadaire qui marcherait sur la tête, alors...

    Je pouffe toute seule face à la comparaison. Non mais, comment je trouve l'inspiration pour sortir des choses pareilles, franchement ? Remarquez, ça ne vaudra jamais la fois où en Seconde, j'ai demandé à mes amis de l'époque d'aller se faire enculer par un chameau parce qu'ils me soûlaient à se disputer tout le temps. Je crois bien que c'est la seule fois où j'ai été autant grossière de ma vie ; pour ma défense, ils étaient vraiment insupportables, et je m'en prenais plein la gueule alors que j'avais rien fait.

    Bref, sombre époque de ma vie, la Seconde. Heureusement, j'ai rencontré Marine, Kylian et Kayla l'année d'après, même si au début nous étions un grand groupe de copains – contenant Corentin et mon ex, effectivement, ainsi que d'autres camarades de classe.

    Comme cette époque me semble lointaine et néanmoins si proche ! Pourtant, c'était il y a huit ans. J'ai du mal à réaliser que le temps passe si vite ; avec un coup au cœur, je songe au fait que j'aimerais passer à mon ancien lycée pour revoir les professeurs que j'ai eu pendant ma scolarité. La prochaine fois que je descends sur Marseille, si ce n'est pas pendant les vacances, je m'y rendrai.

    Il me faut près d'une demi-heure pour parfaire mon maquillage. J'ai le coup de main, à présent, même si je ne me maquille pas souvent. Aujourd'hui, j'ai opté pour des couleurs chaudes dans les tons de orange : selon Google, c'est le meilleur choix pour faire ressortir mes yeux, question de couleurs complémentaires, un truc du style.

    Visiblement, internet avait raison, car lorsque je redescends au salon, Tom fixe ses yeux dans les miens et sourit.

    – J'aime bien ton maquillage, tes yeux ont l'air...

    Il fait mine de réfléchir mais ne termine pas sa phrase pour autant. Il n'en a pas besoin, son regard tendre vaut plus que tous les mots du monde, aussi merveilleux soient-ils.





    Mon téléphone sonne, posé sur la table, et je m'excuse auprès de Tom et des invités pour aller le chercher. J'ai reçu un message, que je lis tout en revenant m'assoir sur le canapé.

    – C'est ma mère, je souris. Il est vingt-trois heures, donc la France vient juste de passer à la nouvelle année.

    Je ne me ferai jamais à cette idée, d'ailleurs. Mes parents, mes amis, tous ont une heure d'avance et chaque soir, lorsqu'il est vingt-trois heures à Londres, ils ont un jour d'avance sur moi.

    – Souhaite-lui une bonne année de notre part, répond Tom en levant son verre dans ma direction.

    Je m'exécute, tapant quelques mots en plus dans ma réponse. Puis je verrouille le téléphone et le pose sur la table basse, mode silencieux activé. Si la France est passée à la nouvelle année, je vais recevoir un paquet de sms, et je n'ai pas le temps de répondre à tous dès maintenant.

    Je me saisis de mon propre verre, rempli de soda comme ceux des enfants. Je n'ai même pas le droit à un peu de champagne, c'est si triste ! Mais je n'ai pas à me plaindre, je suis bien entourée et je vis la meilleure des vies.

    Pour être honnête, je commence à fatiguer. Je sais qu'il n'est même pas encore minuit, toutefois je sens mes paupières alourdies par le sommeil. Pour une fois que Matthew ne danse pas la sarabande dans mon ventre à cette heure-ci !

    Je me tasse dans le canapé et pose la tête sur l'épaule de Tom. Ce dernier passe un bras derrière moi et me serre contre lui.

    – Ça va ?, demande-t-il doucement.

    – Je suis crevée, j'avoue. Et... j'ai faim.

    Je me redresse aussitôt alors que je prends conscience de la véracité de cette information : j'ai l'impression d'être affamée, alors qu'on a terminé le repas il y a même pas une demi-heure.

    – Est-ce qu'il y a quelque chose qui te ferait plaisir ?, lance mon mari, pas étonné pour un sou de mon appétit.

    Il a l'habitude, à présent. Ça fait des mois que je déclare avoir faim à des heures improbables.

    – C'est super cliché, je ris, mais... J'ai envie de fraises.

    Ça a le mérite de faire rire tout le monde et, tandis que Tom se dirige vers la cuisine pour me rapporter un bol de fraises, Sophie lâche :

    – Dur dur, la grossesse, hein ? Personnellement, j'avais envie de hamburgers, quand j'étais enceinte de Kit. Littéralement tous les jours.

    – C'est vrai, commente Benedict en riant. Et quand je t'en ramenais, tu mordais à peine dedans avant de me dire que ça te donnait la nausée.

    Il me fait un clin d'oeil comme sa femme pouffe.

    – Vous imaginez même pas le nombre de burgers que j'ai dû manger, à la fin je les jetais à la poubelle.

    – On n'en est pas encore là, déclare Tom en me tendant le bol.

    Je le remercie avec un sourire et attrape une des fraises, que je mets dans ma bouche. Oh, c'est bon !

    – Pour le moment, continue l'acteur, tu manges tout ce que tu me demandes.

    Je hoche la tête.

    – En même temps, j'ai faim.

    – Ça, je l'avais remarqué !, s'esclaffe Tom.

    – Encore une chose qui ne me donne pas envie d'avoir des enfants, intervient Lily, la compagne de Joe. Au grand désespoir de mes parents, d'ailleurs !

    J'écarte les mains comme pour montrer que je ne lui en veux pas. Ce n'est pas parce que moi, j'ai toujours voulu être mère, qu'il doit en être de même pour tout le monde.

    – Sincèrement, je peux comprendre. Quant à tes parents... Il faudrait qu'ils comprennent que ce n'est pas parce qu'on est des femmes qu'on est des machines à procréer, en fait. Sans vouloir être offensante, bien sûr.

    – C'est ce que je m'évertue à leur dire, mais bon... Ils sont persuadés qu'à trente-cinq ans, c'est le moment ou jamais de faire des gosses. Si encore Joe avait envie d'un enfant, peut-être que je ferais l'effort, mais là...

    Elle adresse un regard empli de tendresse à son petit ami, qui hausse les épaules.

    – Je ne ressens pas le besoin d'avoir un enfant, confirme-t-il. C'est comme ça, on n'est pas obligés de tous fonder une famille. Non pas que je commente votre décision, évidemment, ajoute-t-il en jetant un coup d'oeil à Tom.

    Ce dernier sourit et enchaîne sur le sujet, toutefois je perds rapidement le fil de la conversation tant la fatigue s'empare de moi.

    J'ai dû m'endormir, car lorsque je rouvre les yeux, c'est parce que quelqu'un me secoue doucement.

    – Eh, Axelle.

    C'est Tom, dont la main est posée sur mon bras. Je me redresse avec difficulté et contemple le monde autour de moi. Joe, Lily, Benedict et Sophie sont toujours là, en train d'échanger embrassades et vœux de bonheur. Pendant un moment, je suis perdue et ne sais plus ce qui se passe, avant que mon cerveau se remette en marche.

    – Oh, je dis. C'est minuit, c'est ça ?

    Mon mari hoche la tête avec un sourire affectueux.

    – Bonne année, my love.

    Il me serre dans ses bras et je souris. Oui, une nouvelle année commence : encore une que je vais passer aux côtés de l'amour de ma vie.

– Bonne année, je murmure.

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