Chapitre 25
Assise à mon bureau, je contemple d'un œil torve l'écran de mon ordinateur. Je viens d'écrire plus de dix pages d'une traite, à présent, je n'ai plus aucune inspiration. De toute façon, dans moins d'une demi-heure, nous partons pour l'enterrement de mon arrière-grand-mère.
Tom doit nous rejoindre directement au salon funéraire : je lui en ai donné l'adresse, ainsi que l'heure de rendez-vous. Je n'ai pas prévenu mes parents qu'il sera là, parce que je ne sais pas comment le faire. Je le leur dirai dans la voiture, quand ils ne pourront plus rien y faire.
Mon téléphone vibre, à côté de moi. Un coup d'oeil dessus m'indique que c'est un message de Mathieu.
– Je suis de tout cœur avec toi. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à appeler –, écrit mon meilleur ami.
Je souris doucement : son attention me touche.
– Axelle ?, appelle ma mère depuis le rez-de-chaussée.
Je pousse un long soupir. Bon sang, ne peut-elle pas venir me parler directement dans ma chambre ? Est-elle obligée de hurler à travers la maison ? Au pire, elle n'a qu'à m'envoyer un message, si elle ne veut pas monter les escaliers.
– Axelle, tu peux descendre s'il te plaît ?
– J'arrive, je réponds en me levant de ma chaise.
Je me dirige d'un pas décidé jusqu'aux escaliers que je descends. À mi-chemin, je reprends :
– Voilà, je suis là : quoi ?
Je lève alors les yeux et reste sans voix.
Depuis la moitié inférieure des escaliers, chez moi, je peux aisément voir l'entrée de la maison. Par contre, la personne qui se tient dans ladite entrée, je ne m'attendais pas à la voir ici.
– Tom ?!, je m'exclame.
Il me faut à peine une demi-seconde pour agir : je dévale ce qui reste d'escaliers et me précipite jusqu'à mon petit ami, dans les bras duquel je me jette. Je ne l'ai pas encore présenté officiellement à mes parents, mais je m'en contrefiche. Sa présence me réchauffe le cœur et je fonds en larmes, la tête enfouie dans sa chemise.
Tom savait que mon père pouvait l'assassiner à tout moment, pourtant il a pris le risque de venir taper jusqu'à ma porte quand même. Chaque fois que je pense qu'il ne peut pas faire plus pour moi, il trouve le moyen de me prouver que j'ai tort. Croyez-moi, je n'ai jamais autant aimé avoir tort, or je suis quelqu'un qui reste un peu trop campée sur ses positions.
– Mais qu'est-ce que tu fais là ?, je renifle.
J'ai comme un air de déjà-vu, pourtant je n'ai ni le temps ni l'envie de m'appesantir là-dessus. Bien sûr, je savais qu'il devait venir, il me l'a assuré. Toutefois, je ne m'attendais pas à ce qu'il débarque chez moi : nous avions rendez-vous au centre funéraire à onze heures.
Lentement, Tom saisit mon visage de ses mains et dépose un baiser sur mon front. Il écrase une larme de son pouce, et je sens mon cœur se gonfler de reconnaissance.
– It's okay, I'm here, murmure-t-il en me collant contre lui avec douceur. I'm here.
[C'est bon, je suis là. Je suis là.]
Lentement, je retrouve ma respiration normale et mes larmes se tarissent. Au regard que nous lance mon père, je devine qu'il n'est pas content, toutefois il ne fait aucune remarque. Peut-être at-il enfin compris que notre relation était seine, ou peut-être n'a-t-il seulement pas la force de discuter, au vu des circonstances. Pour dire la vérité, je n'en ai rien à faire : tant qu'il me fiche la paix et ne décide pas d'écharper Tom, ça me convient.
Un glapissement me fait lever les yeux. Dans les escaliers, Laura s'est arrêtée et ouvre la bouche en grand. La vue de l'acteur semble lui avoir levé toute possibilité de bouger, elle est figée dans une expression de stupeur, une chaussure au pied et l'autre à la main.
Je pense que Laura, encore plus que moi, ne s'attendait pas à voir débarquer Tom ici. Et si pour moi, sa présence est tout à fait naturelle, ce n'est pas le cas de ma sœur. Pour elle, c'est encore un acteur célèbre, qui joue dans une franchise qu'elle adore.
Lorsqu'enfin mon petit ami me relâche, il se tourne vers moi père. Ce dernier ne sourit pas, pourtant il ne dit rien.
–My condolences.
[Toutes mes condoléances.]
Mon père hoche la tête et regarde Tom lui tendre une main poliment. Pitié, qu'il accepte cette poignée de main sans faire d'histoires ! Je n'ai pas envie de me disputer avec ma famille aujourd'hui.
– My name is Tom.
[Je m'appelle Tom.]
Je n'avais jamais vu l'acteur gêné, jusqu'à présent. Il y a quelques secondes de flottement, où mon père semble hésiter entre se taire ou enterrer vivant mon petit ami. Il finit par opter pour la première option, serrant la main de Tom dans la sienne.
– Patrick.
Tom se tourne vers ma sœur, qui observe toujours la scène depuis les escaliers.
– And you're Laura, right ? Nice to meet you.
[Et tu es Laura, c'est ça ? Ravi de te rencontrer.]
Cette dernière pousse un couinement et tourne ses yeux vers moi.
– Il connaît mon nom ?, articule-t-elle silencieusement.
Je hoche la tête en souriant. Évidemment ! Je lui ai parlé d'elle, entre autres sujets plus ou moins intéressants. Et puis... Comment pense-t-elle que j'aie pu lui avoir un autographe sur lequel son prénom est marqué, si je n'ai pas parlé d'elle à Tom ?
– Do you have a car or do you need to ride with us ?, je demande à Tom.
[Tu as une voiture ou tu as besoin de monter avec nous ?]
– I took a taxi, but if you want to ride with me, you're welcome.
[J'ai pris un taxi, mais si tu veux monter avec moi, tu es la bienvenue.]
Je secoue la tête en signe de dénégation.
– Thank you, but... I'm gonna go with my family.
[C'est gentil, mais... Je vais partir avec ma famille.]
Au cas où mon père décide de faire la peau à Tom, je pourrai peut-être le raisonner avant d'arriver.
Tom hoche la tête et pose un baiser sur mon front.
– I'll see you later, then.
[On se voit tout à l'heure, dans ce cas.]
Je souris tandis qu'il s'éloigne. Il me faut toute ma force de volonté pour résister à l'envie de courir l'embrasser, mais le regard de mon père dans mon dos suffit largement à m'en dissuader.
Contrairement à ce que je pensais, je n'ai droit à aucune remontrance en montant dans la voiture. Mes parents sont silencieux, ma sœur aussi, bien que je la sente un peu sur les nerfs.
Alors que nous arrivons, je pousse un long soupir. Aujourd'hui, c'est le jour de vérité : ma famille n'est pas au courant pour ma relation – en-dehors de mes parents et ma sœur. Ils vont être surpris.
Les larmes coulent de mes yeux sans que je puisse les en empêcher. De toute façon, il faudrait pour cela que j'en aie envie, et ce n'est pas le cas. Mon arrière grand-mère était une personne formidable, mon chagrin est justifié. De plus, je suis loin d'avoir un cœur de pierre.
La main de Tom me masse doucement l'épaule, et je dépose ma tête dessus. Il a tenu à m'accompagner alors qu'il travaillait, je ne pourrai jamais assez l'en remercier. Sa présence est importante pour moi.
– Are you okay ?, chuchote-t-il dans le creux de mon oreille.
[Est-ce que ça va ?]
Bien sûr, sa question n'en est pas réellement une. Je suis en train de sangloter face au cercueil de mon arrière grand-mère que l'on enfouit sous terre, il est évident que ça ne va pas. Toutefois, il s'agit plutôt d'un moyen de me rappeler qu'il est là, qu'il me soutient, et un rayon de lumière pénètre mon cœur.
Reniflant, je me tourne vers Tom et enfouit mon visage dans sa chemise. Ses bras se referment autour de mon dos et me serrent contre lui. Sa chaleur est rassurante, réconfortante. Je sais que mon arrière grand-mère l'aurait aimé ; elle aimait absolument tout le monde, et on le lui rendait bien.
– Don't let me down, please..., je chuchote, la voix étouffée par le tissu.
[Ne me laisse pas tomber, s'il te plait...]
–I won't.
[Je ne le ferai pas.]
Alors que les ouvriers referment le caveau à l'aide de ciment, nous observons une minute de silence. Ça fait mal, tellement ! Pourtant, je sais que c'est la vie, malheureusement. Je me raccroche à l'idée que mon arrière-grand-mère a tout de même vécu près de quatre-vingt-quinze ans, et que depuis la mort de son mari en mai, elle n'attendait que de pouvoir le rejoindre. Elle est partie avec le sourire, et ça, c'est beau.
Enfin, nous faisons demi-tour pour sortir du cimetière, dans lequel j'espère bien ne plus remettre les pieds le plus longtemps possible. En deux ans, j'ai perdu un grand-père, un arrière-grand-père et une arrière-grand-mère, ça suffit largement.
– Do you want to eat with us ?, demande ma mère dans un anglais approximatif.
[Vous voulez manger avec nous ?]
Son accent français est tranchant, mais je n'ai pas le droit de juger quand on sait à quel point mon propre accent était horrible, encore quelques mois auparavant.
Tom sourit à ma mère. Tel le gentleman anglais qu'il est, il adresse un signe de tête respectueux à cette dernière.
– J'aurais beaucoup de plaisir, mais mon avion...
Il cherche ses mots quelques secondes avant de reprendre, en anglais :
– I have a plane to catch in three hours, so I have to go.
[Mon avion décolle dans trois heures, alors je dois partir.]
Ma mère hoche la tête.
– Well, goodbye then.
[Eh bien, au revoir dans ce cas.]
– It's been a pleasure, despite circumstances, répond Tom en lui faisant un baise-main.
[Ce fut un plaisir, malgré les circonstances.]
Elle se tourne vers moi et sourit.
– On t'attend à la voiture.
Attrapant ma sœur par le bras, qui fixe Tom de ses grands yeux éberlués, elle s'éloigne en l'entraînant dans son sillage.
– Thanks for being there, je dis en levant les yeux vers Tom.
[Merci d'avoir été là.]
Ce dernier sourit doucement.
– Don't thank me, it's natural. And if you need anything, call me, okay ?
[Ne me remercie pas, c'est normal. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, d'accord ?]
Je hoche la tête tandis que Tom embrasse mon front avec bienveillance. Puis ses doigts attrapent délicatement mon menton, et il relève ma tête vers la sienne. Nos yeux se croisent et je souris à travers ce qu'il me reste de larmes.
– I love you, je murmure.
[Je t'aime.]
– Love you too, darling.
[Je t'aime aussi, darling.]
Lentement, ses lèvres se posent sur les miennes et je ferme les yeux, essayant de profiter au maximum de l'instant. Nous ne nous reverrons pas avant au moins un mois, alors tant pis pour les curieux qui nous observent.
Lorsque Tom rompt notre baiser, il m'attire contre lui et je me blottis dans ses bras.
Mon front rencontre quelque chose de dur et je fronce les sourcils. M'écartant légèrement de lui, je jette un coup d'oeil à sa chemise. Bien qu'elle soit boutonnée jusqu'en haut, ou presque, je peux distinguer un objet en-dessous : il a la forme d'une petite clef, et mon cœur se serre.
– You're wearing my necklace, je m'étonne à voix basse.
[Tu portes mon collier.]
– Every day, répond Tom sur le même ton. I only take it off for my performances and to shower.
[Tous les jours. Je ne l'enlève que pour mes représentations et pour me doucher.]
Je souris à travers mes larmes.
– Aaawn, you're so sweet !
[Oooh, t'es trop mignon !]
– I'm very proud to have, how did you say it ? The key of your heart, right ?
[Je suis très fier d'avoir, comment tu as dit déjà ? La clef de ton cœur, c'est ça ?]
Je ne sais pas s'il se moque de moi ou non, parce que c'est vrai que c'est très niais dit comme ça. Toutefois, il porte mon pendentif, c'est tout ce que j'ai envie de retenir.
– So... See you during the holidays ?
[Alors... On se voit pendant les vacances ?]
Je hoche la tête.
– Yup.
Avec un sourire, Tom se penche vers moi pour m'embrasser une nouvelle fois. Je ferme les yeux et passe mes bras derrière son cou.
J'aimerais rester dans cette position pour l'éternité, je m'y sens tellement à ma place ! Toutefois, toutes les bonnes choses ont une fin, et Tom doit retourner en Angleterre. C'est le cœur serré que je le regarde monter dans son taxi ; il m'adresse un signe de main derrière la fenêtre, auquel je réponds.
– C'était Tom Hiddleston ?, demande mon cousin en s'approchant de moi.
J'acquiesce en reniflant.
– Je rêve où il t'a embrassée ? Comment ça se fait ?
Je serre les dents. Ce n'est pas le moment d'envoyer cet imbécile bouler, même si sa jalousie est particulièrement malvenue. On vient de perdre notre arrière-grand-mère, n'a-t-il rien d'autre à faire que venir m'emmerder ?
– C'est pas parce que t'es pas capable de te trouver quelqu'un qu'il en va de même pour tout le monde, je cingle. Maintenant, si tu veux bien m'excuser...
Sans lui laisser le temps de répondre, je m'éloigne pour rejoindre mes parents et ma sœur à la voiture.
Comprenez-moi bien, ce n'est pas que je les déteste, lui et son frère jumeau. Disons juste que, depuis bébés, ils ont été énormément favorisés. En tant qu'aînée, je n'avais le droit de rien dire, et je devais les laisser me frapper, me mordre, me donner des coups de pieds sans rien dire. En grandissant, j'ai appris à me tenir loin d'eux. Je ne les déteste pas, je n'en ai juste rien à faire d'eux, là est la nuance. C'est triste, mais c'est la vérité.
À peine sommes-nous rentrés à la maison que nous passons à table. Ma mère a fait des lasagnes hier, il en reste : il suffit juste de les faire réchauffer.
Nous commençons à manger dans le silence, jusqu'au moment où ma mère le brise :
– Alors, c'était lui, Tom ?
J'apprécie son envie de faire la conversation sur ce sujet-là, mais redoute un peu la réaction de mon père. Ce dernier soupire et lance :
– Je ne comprends toujours pas comment tu as pu...
– Je ne sais pas comment l'expliquer, d'accord ?, je l'interromps.
Je n'ai pas envie qu'il me serve encore un sermon de son cru, je n'en ai pas besoin.
– Il me rend heureuse, c'est tout. Je me sens bien, avec Tom. À ma place. Je sais bien qu'il a quarante ans, que j'en ai vingt-deux, mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
– Je veux juste être sûr qu'il ne profite pas de toi, c'est tout, répond mon père en haussant les épaules.
Ma mère pose sa fourchette et soupire.
– Je ne pense pas qu'il profite d'elle. Est-ce que tu as vu la manière qu'il a de la regarder ? Tu ne fais peut-être pas attention à ces choses-là, mais je peux te garantir que c'est un homme bien. Il n'y a qu'à voir son sourire quand il l'a aperçue dans les escaliers, tout à l'heure.
– Évidemment !, réplique ma sœur en renversant la moitié de sa bouchée sur la table.
Elle entreprend alors de ramasser la nourriture, tout en continuant de parler.
– Je te rappelle qu'on parle de Tom Hiddleston, maman ! Si lui n'est pas un gars bien, je ne vois pas qui pourrait l'être. C'est littéralement la plus grande crème de tous les acteurs que je connaisse, il ne peut qu'être un gendre idéal.
Si je ne connaissais pas aussi bien ma sœur, j'aurais parié qu'elle rêvait de me piquer mon petit ami. Cependant, je sais qu'elle n'essaiera jamais car elle a trop de respect et de bonté pour cela. De plus, elle va avoir dix-sept ans : ce serait illégal.
– J'en reviens pas que t'aies réussi là où on aurait toutes essayé, reprend Laura en m'adressant un regard admiratif. Sérieux, Axelle, c'est dingue. T'as pécho un des hommes les plus sexy sur cette fichue planète, bravo ! J'aurais jamais cru que c'était possible.
– Ça veut dire quoi, ça ?, je m'indigne aussitôt.
Ma sœur hausse les épaules avec un grand sourire.
– Y a que la vérité qui blesse, tu sais.
Je ris. Évidemment, mon secret réside dans la chance que j'ai eue en le rencontrant lors de mon été à Londres même si cela, Laura ne le sait pas.
Ma mère se tourne vers moi avec un demi-sourire.
– Je ne suis pas forcément à l'aise avec votre différence d'âge, c'est vrai, concède-t-elle alors. Je veux dire, il a quarante ans, tu en as vingt-deux, vos attentes dans la vie ne sont pas les mêmes. Mais si tu es heureuse, pour moi c'est le principal.
Elle lance un regard appuyé à mon père, comme pour l'inciter à parler aussi. Ce dernier se contente de hausser les épaules, l'air blasé.
Bien sûr, je n'en veux pas à mon père de faire la gueule. J'imagine que voir sa petite fille grandir, trouver chaussure à son pied, n'est jamais simple. Pour le coup, j'ai rendu les choses encore plus compliquées, et ce pour trois raisons. Premièrement, mes parents n'ont jamais su pour Valentin et moi, dans leur esprit, je suis célibataire depuis ma naissance. Deuxièmement, j'ai attendu vingt-deux ans pour leur présenter un copain. Et troisièmement, le premier gars que je leur ramène est un acteur anglais de dix-huit ans mon aîné. Il y aurait de quoi rendre fou n'importe quel papa, aussi je-m'en-foutiste soit-il.
– Oui, oui, marmonne-t-il alors. Tant que tu es heureuse, c'est le principal.
Je ris.
– T'as l'air vachement convaincu, je raille.
Mon père soupire longuement.
– Si tu es heureuse, alors je suis content pour toi, vraiment. Toutefois, sache que s'il te fait du mal, je ne me gênerai pas pour l'étriper, acteur célèbre ou pas.
– Papa, t'es conscient que n'importe qui d'autre pourrait me faire du mal, comme tu dis ? La seule différence entre ma relation avec Tom et celles que j'aurais pu avoir avec des gars de mon âge... Eh bien, c'est l'âge, justement.
– Une différence qui n'est pas des moindres !, commente mon père sèchement.
Je hausse les épaules.
– Et alors ? T'as huit ans de plus que maman, pourtant tout va bien non ? Pourquoi est-ce que ce serait différent pour Tom et moi ? Et puis, si ça doit s'arrêter un jour, alors c'est que c'était prévu. Je ne vais pas me prendre la tête pour un nombre, j'ai déjà donné à la fac de maths, merci !
– Tu as changé, Axelle, me coupe pensivement ma mère. Tu as l'air... plus mature.
– Ah, tu vois ?, je ris. Tu viens de trouver un des avantages !
Je me tourne aussitôt vers mon père.
– Je sais que ça doit pas être facile, d'accord ? Je ne suis pas bête, je vois bien la tête que tu fais, encore plus aujourd'hui alors que t'as rencontré Tom pour de bon. Mais ne t'inquiète pas pour moi, papa. Je suis grande, je suis capable de faire attention, et je ne suis pas du genre à me donner entièrement à quelqu'un. J'aime rester maître de moi-même et de ma vie, au cas où tu l'aurais pas remarqué.
Je soupire.
– Toutefois, je vous suis vraiment reconnaissante d'être si compréhensifs, j'avoue. J'apprécie vraiment vos efforts.
Tout en disant ça, j'ai l'impression que c'est moi l'adulte, qui récompense ses enfants d'avoir été à la hauteur. Ça m'arrache un sourire en coin.
– On veut juste que tu sois heureuse, chérie.
– Je sais, maman.
Et je suis chanceuse d'avoir des parents qui pensent de cette manière. Quand je vois le nombre d'ados ou de jeunes adultes qui se font rejeter par leur famille sous prétexte qu'ils ne correspondent pas à l'idée qu'elle se faisait d'eux... Ça me donne envie de pleurer. Comment peut-on infliger ça à son enfant ? Qu'il soit hétéro, gay, trans ou non, ça reste son enfant, la chair de sa chair !
Il y a tant de choses que je ne comprends pas sur cette fichue planète, parfois j'en perds la foi en l'humanité. Puis je rencontre des gens extraordinaires, des gens comme Tom, et je me disque tout n'est peut-être pas perdu.
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