Chapitre 22

    – Allez, bouge-toi !, je m'exclame vivement. Je vais être en retard, à cause de toi !

    Ma sœur saute les trois dernières marches des escaliers, l'air guillerette. Elle est en chaussettes, son sac est je-ne-sais-où, et elle n'a pas l'air de faire grand cas de mon empressement.

    – Allez, Laura ! À la base j'avais rendez-vous avec Mathieu dans dix minutes, mais à ce stade j'y serai pas avant au moins trente !

    – Oui, c'est bon, rétorque-t-elle aussitôt. Je peux au moins mettre mes chaussures ?

    Je pousse un long soupir. Si je suis toujours en avance, ce n'est pas le cas de ma sœur. Bien qu'elle ne soit pas du genre à être en retard, disons qu'elle aime prendre son temps.

    – Où est-ce que vous allez ?, demande ma mère depuis le canapé.

    Comme les enfants qu'elle garde font la sieste, elle est tranquille pour une heure ou deux. Son regard est posé fixement sur ma sœur et moi.

    – Je dois voir Mathieu, je réponds.

    C'est pas comme si je l'avais prévenue, genre, au moins quinze fois !

    – Du coup je dépose Laura au lycée en partant. Si tu veux bien accélérer ! Je te jure que je te laisse y aller à pieds !

    Laura saute sur ses pieds et m'offre une grimace tout sauf distinguée.

    – Voilà, c'est bon, lâche-t-elle. À ce soir !

    Elle sort et claque la porte derrière elle ; je lève les yeux au ciel.

    – J'ai le droit de lui rouler dessus ?, je demande en riant à ma mère.

    Cette dernière sourit mais secoue la tête.

    – Non, ça tâcherait la voiture.

    – C'est vrai, je soupire. Tant pis, je me contenterai de l'abandonner dans la forêt la plus proche. À tout à l'heure, m'man !

    – À tout à l'heure.

    Elle me fait signe de la main et je souris.

    Mes parents ne m'en veulent plus, pour mon histoire avec Tom, bien que je sente que mon père n'est toujours pas ravi. Au contraire, ils réfléchissent à des solutions, parfois. On n'en discute pas, mais je le vois dans leur manière de sortir certaines phrases. Le seul soucis, c'est qu'ils ne trouvent rien. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils refusent de me laisser partir chez Tom, mais refusent d'héberger ce dernier, même pour un week-end.

    Je rejoins ma sœur, qui m'attend devant la voiture. Je suis toujours étonnée de voir à quel point on se ressemble physiquement, elle et moi. Même cheveux blond foncé, mêmes yeux bleus hérités de notre père, et même nez long et fin. La seule différence est qu'elle a une coupe beaucoup plus courte que la mienne, presque garçonne. C'est ce qui me permet de savoir que je n'aimerais pas cette longueur sur moi-même : pratique finalement, d'avoir une sœur qui me ressemble.

    Je ne sais pas pourquoi, mais souvent les gens pensent que ma sœur est l'aînée, et moi la benjamine. J'ai cette faculté de paraître beaucoup plus jeune que je ne le suis vraiment – le boulanger du coin était persuadé que j'avais quatorze ans jusqu'à il y a peu. Je suppose qu'être fan de Disney n'aide pas à me vieillir, également. Tant pis, au pire j'ai ma carte d'identité, en cas de soucis.

    Une fois Laura déposée devant le portail du lycée, je fais demi-tour pour aller en direction de chez Mathieu. On doit aller à la plage, cet après-midi, lui et moi. Comme ses cours n'ont pas encore repris et que moi, je suis en cursus à distance pour passer mon concours d'ATSEM, nous avons du temps libre pour nous voir.

    J'ai de la chance, mon meilleur ami a accepté qu'on y aille avec sa voiture. C'est pourquoi je dois tout de même le rejoindre en bas de son immeuble, histoire qu'il ne fasse pas un maxi détour par chez moi.

    Mon téléphone sonne : c'est Mathieu. Je ne devrais pas répondre, parce que je conduis, mais étant donné que mon téléphone est relié à la voiture... J'appuie tout de même sur le bouton décrocher.

    – Oui ?

    – Meuf, grésille la voix de mon meilleur ami dans les haut-parleurs, y a aucune place pour se garer chez moi, c'est un carnage. Du coup je t'attends au parking d'en bas, comme ça quand t'es là je sors ma voiture et tu te gares à ma place.

    Je ne peux pas dire que j'en sois étonnée : il habite dans un quartier avec de nombreux bureaux, et nous sommes en pleine semaine. Les gens travaillent, contrairement à nous.

    – Ok super. T'es garé où exactement ?

    – Quand tu rentres, troisième rangée à droite.

    – Allez bah parfait, j'arrive d'ici cinq minutes.

    Sans un mot de plus, je raccroche, et la musique reprend dans la voiture.

    Au début que je l'avais, il m'était impossible de brancher mon téléphone. Aucun système bluetooth, aucune prise jack, bref, la loose. Je devais acheter des CD et les mettre dans le lecteur, avec un risque qu'ils y restent coincés par grande chaleur. Puis un jour, j'ai découvert une invention géniale.

    Je ne saurai pas vous dire le nom de la chose exactement, parce que je ne le connais pas. En gros, c'est un petit gadget qu'on branche sur la prise allume-cigare, auquel on connecte le téléphone par bluetooth. Ensuite, on règle ledit objet sur une fréquence radio – par exemple, 108.00 pour moi –, et on règle la station radio de la voiture sur cette exacte fréquence. La musique du téléphone, envoyée par bluetooth sur le gadget, est retransmise par ondes radio sur le poste de la voiture : il n'y a plus qu'à profiter.

    Croyez-moi, ce truc a littéralement changé ma vie : je ne suis plus obligée de me limiter à mes 12 chansons par CD, comme il y a quatre ans.

    Comme l'a dit Mathieu, il n'y a aucune place de libre. J'attends donc qu'il sorte sa propre voiture pour garer la mienne à la place, et sort enfin.

    – Meuf, t'es pas un peu collée à gauche là ?

    Je hausse les épaules. Premièrement, que je sois collée ou non à la voiture d'à côté ne change rien, tant que je suis dans les limites de la place. Deuxièmement, mon meilleur ami a plutôt intérêt à ne pas trop la ramener, ou je pourrais bien l'écraser avec ladite voiture mal garée.

    – Ok, j'ai rien dit, fait-il en levant les deux mains en signe d'apaisement. Allez, monte !

    Je m'exécute, m'asseyant sur le siège passager. Sa pauvre voiture n'est pas beaucoup mieux que la mienne : pas de bluetooth, pas de prise jack, et surtout, aucune climatisation. J'ai bien fait d'attacher mes cheveux, sinon je les aurai dévorés tout le long du trajet, avec l'air s'engouffrant par les fenêtres.

    – La voiture de madame est avancée, ricane Mathieu.

    Je souris.

    – Si j'avais voulu un chauffeur privé, je serais montée à l'arrière. Tu sais, comme je l'ai fait cet été, par exemple !

    Mon meilleur ami marmonne dans sa barbe, bien qu'il ne soit pas vexé pour un sou.

    – Excuse-nous, meuf ! On n'a pas tous la chance de sortir avec des gens célèbres, hein !

    – Je te rassure, c'est pas forcément plus mal. Bien que je ne regrette rien, le fait qu'on ait dû se cacher pour ne pas créer de rumeurs était particulièrement contraignant. Ça, plus le fait que du coup, il est en Angleterre et moi en France, évidemment.

    Je vis toujours mal le fait d'être loin de Tom, c'est vrai, mais ça m'est déjà plus simple d'aborder le sujet. Surtout avec mon meilleur ami, mais c'est parce qu'il est mon meilleur ami, justement.

    – En vrai vous vous en sortez pas mal, je trouve, commente Mathieu en me jetant un coup d'oeil rapide. Je veux dire... Mis à part l'article qui est paru le lendemain de votre premier vrai rencard, il n'y a pas eu d'autre annonce.

    – C'est parce qu'on a fait super attention, je réponds avec un haussement d'épaules. On vérifiait à chaque fois qu'on tournait à un coin de rue, on évitait tous les endroits avec des gens et tout... C'était galère, mais ça m'a plu.

    – Toi qu'es associable, j'imagine qu'éviter les gens, c'était dans tes cordes !

    Je lance un regard mi-scandalisé mi-amusé à mon meilleur ami.

    – Eh !, je m'indigne en lui balançant un coup de poing dans l'épaule.

    – Quoi ? Ne me dis pas que j'ai tort, meuf, tu sais aussi bien que moi que j'ai raison.

    Je ris.

    – Ouais, mais t'es pas sympa !

    – À d'autres ! Je te rappelle qu'on est quand même en train d'aller à la plage avec ma voiture, alors que la tienne a la clim !

    Touchée, coulée. Pour le coup, il a entièrement raison, et je n'ai rien à répondre à ça. Au moins, il a un gadget semblable au mien pour envoyer la musique, sur laquelle je ne vais pas tarder à chanter à tue-tête. On va se faire un concert privé, encore une fois, comme nous en avons le secret lorsqu'on est entre nous.

    Lorsqu'enfin nous arrivons à la plage, nous avons au moins la chance de trouver une place pas trop loin. Nous sortons donc de la voiture, sac sous le bras, et nous dirigeons droit vers la mer.

    La grande roue, bien que moins impressionnante que la nuit lorsqu'elle est allumée, trône en face de nous. C'est un point de ralliement pour tellement de groupes de potes, cette attraction. Par contre, c'est un piège à touristes : à plus de cinq euros le tour, autant vous dire que je suis montée dedans une fois, pas deux.

    Alors que nous sommes presque arrivés au rond point, mon téléphone sonne dans mon sac. Je m'arrête aussitôt pour l'en sortir, et contemple, bouche bée, le nom affiché.

    – C'est Tom, j'indique à Mathieu.

    Ce dernier hausse un sourcil mais ne dit rien. Pour ma part, je décroche et colle le portable à mon oreille.

    – Allô ?

    J'ai beau savoir que Tom n'est pas français, c'est un réflexe quand je décroche : ce bon vieux ''allô'', à moitié crié dans le combiné, je n'en démordrai jamais.

    – Hello, darling, rit mon petit ami à l'autre bout du fil.

    – How are you ?

[Comment ça va ?]

    – Fine, and you ?

[Bien, et toi ?]

    – I'm fine, je dis.

[Ça va.]

    Quelques secondes s'écoulent dans le silence. Pourquoi m'a-t-il appelée maintenant ? Il n'est même pas quinze heures, quelque chose cloche, mais quoi ? J'attends patiemment qu'il se prononce.

    – I have a surprise for you, finit par lancer Tom.

[J'ai une surprise pour toi.]

    – You... Quoi ?!

    Le téléphone vissé à l'oreille, j'essaie de comprendre ce que me dit Tom. C'est un peu compliqué, avec le bruit de la ville en arrière-plan.

     – Qu'est-ce qui se passe ?, demande Mathieu à côté de moi.

    Je lui fais signe de se taire.

    – I have a surprise for you, répète Tom au bout du fil.

[J'ai une surprise pour toi.]

    – What are you talking about ?, je ris.

[De quoi est-ce que tu parles ?]

    Mon petit ami soupire longuement et je sens mon cœur se serrer. Je ne sais pas ce qu'il s'apprête à me dire, ça me fait peur ; je n'ai plus du tout envie de rire.

    – Okay, so... Turn around.

[Ok, bon...Retourne-toi.]

    Je ris doucement.

    – What ?

[Quoi ?]

    – Just turn around, insiste Tom.

[Juste, retourne-toi.]

    Avec un soupir, je m'exécute.

    – Am I suppose to see something or... ?

[Suis-je censée voir quelque chose ou... ?]

    – Qu'est-ce que tu fais ?, murmure mon meilleur ami.

    Je hausse les épaules.

    – Je fais ce qu'il me demande, je réponds sur le même ton.

    – Now, look to your right, continue Tom depuis le combiné.

[Maintenant, regarde à ta droite.]

    De nouveau, j'obéis, et mon souffle se bloque dans ma gorge.

    – C'est une blague ?!, je m'écrie.

    Jetant mon téléphone à Mathieu, qui le rattrape in extremis, je me précipite pour traverser la rue à grands pas, le cœur battant la chamade. Je pourrais très bien me faire écraser, les marseillais n'étant pas connus pour leur respect de la sécurité routière, mais je n'en ai strictement rien à faire.

    – Oh mon dieu, Tom ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?

    Je me jette aussitôt dans ses bras, qu'il referme autour de moi. Assaillie par cette odeur de fleur d'oranger que j'apprécie tant, je lutte de toutes mes forces pour ne pas pleurer.

    Il est là. Après plus de deux semaines loin l'un de l'autre, voilà qu'il est ici, à Marseille. Il est descendu pour moi, il a tout prévu pour me faire la surprise ; c'est la plus belle preuve d'amour qu'on m'ait jamais faite.

    Les lèvres de l'acteur rencontrent les miennes et je ferme les yeux. C'est comme un besoin vital à présent, et tandis que ses mains passent derrière ma taille pour me rapprocher de lui, les miennes échouent sur son visage pour l'encadrer.

    Il y a beau avoir du monde partout, personne ne semble reconnaître Tom. De toute façon, ma joie de le revoir l'emporte sur tout le reste, et si quelqu'un nous prenait en photo, là, maintenant, ça ne changerait rien à ma réaction.

    Mon cœur cogne dans ma poitrine, à un rythme qui s'accorde presque parfaitement à celui de Tom.

    – Meuf, t'aurais pu m'attendre quand même, se plaint Mathieu alors que Tom me relâche.

    – Bonjour, Mathieu, dit ce dernier en tendant une main à mon meilleur ami. Je suis ravi de te rencontrer pour de vrai.

    Encore et toujours cet accent à vous faire tomber raide dingue, c'est trop ! Et cette manière qu'il a de prononcer le prénom de mon meilleur ami, je fonds !

    – Attendez une seconde... Pour de vrai ? Comment ça, pour de vrai ?

    Mathieu a la décence d'afficher un air coupable par-dessus son sourire narquois.

    – Il se pourrait que j'étais au courant, jubile-t-il.

    – Quoi ?!

    Je lui donne aussitôt un coup de poing dans le bras, de toutes mes forces.

    – Je te déteste, abruti !

    Ce n'est pas vrai, évidemment. C'est juste une façon comme une autre de le remercier, parce que je suis tellement sous le choc que je ne sais même pas comment réagir.

    – Don't hit him, rit Tom, it's not his fault.

[Ne le frappe pas, il n'y est pour rien.]

    – Don't worry, je réplique, he's used to it. You're lucky I don't hit you too, by the way !

[T'inquiète pas, il a l'habitude. Tu as de la chance que je te frappe pas aussi, d'ailleurs !]

    – You're not gonna do that when I took a trip to see you, are you ?, se moque mon petit ami.

[Tu ne vas pas faire ça alors que j'ai fait un voyage juste pour te voir, si ?]

    Je souris avec tendresse.

    – I'm not, j'avoue. 'Cause I'm really happy you're here.

[Non, parce que je suis vraiment heureuse que tu sois là.]

    Je me tourne vers Mathieu, qui ne dit rien mais affiche néanmoins un petit sourire fier.

    – Donc ton idée de sortie à la plage aujourd'hui... C'était du pipeau, c'est ça ? T'avais tout manigancé depuis le début !

    – Oui et non. En fait, l'idée ne vient pas de moi, à la base. Je ne suis que l'exécuteur.

    – It's you ?, je demande à Tom. You set this up ?

[C'est toi ? Tu as planifié tout ça ?]

    L'acteur hoche la tête en souriant.

    – I really wanted to surprise you, but I needed help organizing everything. So I called you best friend, I figured out he'd be the one to help me.

[Je voulais vraiment te faire une surprise, mais j'avais besoin d'aide pour organiser tout ça. Alors j'ai appelé ton meilleur ami, je me suis dit que c'était le mieux placé pour m'aider.]

    Mathieu acquiesce à chaque nouvelle affirmation. Quant à moi, je sens mon cœur pulser plus fort : c'est mieux qu'un rêve qui devient réalité.

    – Mathieu advised me to a hotel in the neighborhood, then he said he'd find a way to take you there.

[Mathieu m'a indiqué un hôtel dans le coin, et m'a dit qu'il t'y amènerait.]

    Il se tourne vers Mathieu.

    – Bon travail !, le félicite-t-il.

    – How long are you staying ?, je demande aussitôt.

[Tu restes combien de temps ?]

    Tom redresse ses lunettes d'un doigt. Bon sang, ce que j'aime quand il porte ses lunettes ! En fait, je crois qu'il ne sert à rien que je donne tous les détails de ce que j'aime chez lui, parce que j'aime tout ce qui le constitue.

    – I booked the hotel for two nights, avoue Tom. There is a place for you, if you want to accompany me.

[J'ai réservé l'hôtel pour deux nuits. Il y a une place pour toi, si tu veux m'accompagner.]

    – Of course I want to ! It's just... I'm not sure my parents are thrilled. I mean, my dad could come and gut you, you know.

[Bien sûr que je veux ! C'est juste... Je ne suis pas sûre que mes parents soient ravis, je veux dire, mon père pourrait débarquer pour t'étriper, tu sais...]

    – Je suis ta couverture, meuf, annonce aussitôt Mathieu en souriant. Officiellement, t'es chez moi et tu dors sur place. Officieusement... Eh bien, profite un max !

    J'ai littéralement envie de fondre en larmes dans les bras de mon meilleur ami. Il a pensé à tout, jusqu'aux moindres détails de ce plan machiavélique, et je ne l'en aime que plus encore.

    Bien sûr, je n'aime pas l'idée de mentir à mes parents. Cependant, je ne peux pas leur balancer que Tom vient de débarquer et que je vais passer deux jours à l'hôtel en sa compagnie : ma mère le prendrait plutôt bien, mais mon père ? Il nous tuerait tous les deux.

    Je serre Mathieu contre moi, à lui en broyer les côtes. Ses boucles blondes frôlent ma figure et je souris.

    – Tu sais que je t'aime, hein ?, je lance, la gorge nouée.

    Mon meilleur ami rit.

    – C'est parce que je suis le meilleur, je sais, se vante-t-il.

    – Et toujours très modeste, je raille.

    – Oh attends, j'allais presque oublier !

    D'un geste lent et précautionneux, Mathieu sort de son sac à dos un sac en plastique, qu'il me tend avec un sourire.

    – Tiens, ma mère te prête ça. Tu me les rendras un de ces quatre !

    J'attrape le sac et l'ouvre, pour jeter un œil à son contenu. Ce sont des vêtements, pliés soigneusement.

    – Parce que je savais que t'aurais pas de rechange, explique mon meilleur ami en croisant mon regard. Je garantis pas que la taille soit exactement la bonne, t'est beaucoup plus grande et plus mince que ma mère, mais bon... C'est toujours mieux que garder les mêmes vêtements pendant trois jours.

    Je souris.

    – Merci, Mathieu. C'est beaucoup trop... J'ai même pas les mots.

    Émue, je le serre de nouveau dans mes bras. Qu'est-ce que je ferais sans lui, hein ?

    – Sur ce, je vais vous laisser. Profite un max, et tu me raconteras après, hein ?

    Il serre la main de Tom.

    – Merci pour tout, dit ce dernier en souriant.

    – Y pas de quoi !, réplique mon meilleur ami. Amusez-vous bien, on se revoit dans deux jours !

    Il fait mine de partir puis se tourne pour m'adresser un clin d'oeil grivois.

    – J'ai mis tout le matos dans le sac, pour éviter d'avoir des mini-vous, chuchote-t-il.

    – T'es infernal, je réponds sur le même ton.

    Avec un sourire ravi, Mathieu s'éloigne. Quant à moi, je me tourne vers Tom.

    – I can't believe you're here, like, for real !, je m'exclame.

[Je n'arrive pas à croire que tu sois vraiment là !]

    La main de mon petit ami caresse doucement ma joue.

    – But I'm here, for real.

[Mais je suis là, pour de bon.]

    Il jette un coup d'oeil autour de lui.

    – And we should go to the hotel, people are starting to look at us.

[Et on devrait aller à l'hôtel, les gens commencent à nous regarder.]

    J'acquiesce. Si on doit rester enfermés pendant trois jours pour que personne ne nous voie, soit. Au moins, Tom est là, c'est tout ce qui compte.

Ses doigts se referment sur les miens et il m'entraîne à sa suite.

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