Chapitre 19

J'ouvre lentement les yeux. Pendant un instant, je me demande où je suis, avant que les évènements de la veille me reviennent en mémoire.

Le jour s'est levé, et la fenêtre ouverte me permet d'apercevoir le soleil à l'extérieur. Un bruit d'eau qui coule m'indique que Tom ne se trouve plus dans le lit mais dans la douche, dans la pièce juste à côté.

Je bâille longuement puis me retourne dans le lit. J'ai si bien dormi, je ne sais pas si c'est la présence de Tom à mes côtés ou plus simplement le matelas qui a joué, pourtant c'est la vérité. Je me sens reposée, sereine, prête à entamer une journée de dingue.

Cette nuit... C'était magique. Je ne suis peut-être pas une experte en sexe, parce que ma seule expérience se résume à Valentin, mon petit ami du lycée. À l'époque, on était jeunes et cons, on découvrait à peine notre sexualité, et surtout on ne variait pas beaucoup. On s'est limités au missionnaire, pour les deux ou trois fois où nous sommes passés à l'acte, avant de finir par rompre. Autant dire qu'en ce qui concerne trouver le clitoris, ni lui ni moi n'étions qualifiés.

De plus, je n'ai jamais été portée sur la masturbation. Bien que la plupart des filles et des femmes soient capables de se procurer seules du plaisir, ce n'est pas mon cas. J'ai longtemps pensé que j'étais étrange, parce que j'ai une imagination débordante et qu'elle me fait défaut au moment où j'en aurais le plus besoin. Cependant, j'ai fini par accepter que je suis comme ça, et que je ne changerai pas. Ça fait partie de moi, et j'assume entièrement.

Autant vous dire, donc, que j'ai réellement apprécié cette nuit aux côtés de Tom. Finalement, sortir avec un homme plus âgé peut avoir de grands avantages. Et ce n'est pas parce que j'ai toujours eu une faible libido que je n'ai pas su profiter du moment, bien au contraire. Je crois n'avoir jamais autant kiffé quelque chose de toute ma misérable petite vie !

La porte de la salle de bain s'ouvre sur Tom, cheveux dégoulinant sur ses épaules, une unique serviette blanche nouée autour de la taille. Je me rince allègrement l'oeil, étant donné que ça m'est permis puisque c'est mon petit ami. Ce dernier, remarquant mon regard, sourit.

– Watch out, I think you drool a little bit, se moque l'acteur avec un haussement de sourcils.

[Fais gaffe, je crois que tu baves un peu.]

– Don't let it get to your head, je rétorque en lui balançant un oreiller à la figure.

[Prends pas la grosse tête.]

Il le rattrape d'une main, comme un pro, et me le renvoie. Je suis moins douée, je ne parviens qu'à esquiver le coussin en riant.

– Did you sleep well ?

[Est-ce que tu as bien dormi ?]

– Like a baby !, je réponds en étouffant un bâillement.

[Comme un bébé !]

– Rather like Sleeping Beauty, raille gentiment Tom. You're cute when you sleep, by the way.

[Plutôt comme la Belle au Bois Dormant. Tu es mignonne quand tu dors, d'ailleurs.]

Je sens mes joues rougir.

– I usually sleep in the same position of a corpse, you're lucky you didn't see that.

[Normalement je dors dans la position d'un cadavre, tu as de la chance de ne pas avoir vu ça.]

Ce qui n'a rien de faux, en fait. J'ai toujours été du genre à ne pas bouger quand je dors, et dès mon plus jeune âge, j'ai appris à me faire le plus petite possible dans un lit. Cela me servait notamment quand on partait en vacances et que je devais partager un lit avec ma sœur, qui bouge beaucoup. J'en ai effrayé plus d'un avec cette position, ce qui me fait toujours autant rire.

– Oh, I saw that, but you're still cute.

[Oh, j'ai vu ça, mais tu es toujours mignonne.]

– Well, thank you, I guess ?

[Ben, merci, j'imagine ?]

Tom rit et passe une main dans sa nuque. Je peux aisément observer la ligne de sa clavicule, ses pectoraux qui surplombent ses abdominaux parfaitement dessinés. Il n'est pas comme ces gros bras de l'industrie du cinéma, ceux qui sont des paquets de muscle sur pattes. Toutefois, il me faut avouer que je préfère les gars comme Tom, avec juste ce qu'il faut, sans tomber dans l'exagération. Je suis plutôt intellectuelle, comme fille : le mental primera toujours sur le physique, avec moi.

– Do you want something ? Coffee, maybe ?

[Tu veux quelque chose ? Du café, peut-être ?]

Je fronce aussitôt le nez, ce qui fait rire Tom.

– What ?, s'étonne-t-il.

[Quoi ?]

– I hate coffee, j'explique. Just the smell of it, brrr...

[Je déteste le café. Rien que son odeur, brrrr...]

Je frissonne en repensant aux rares fois où j'ai voulu goûter ce breuvage infect : je m'en rappellerai toute ma vie, je crois.

– What do you drink, then ?, interroge Tom en haussant un sourcil.

[Qu'est-ce que tu bois, dans ce cas ?]

– I prefer tea, j'avoue en souriant.

  [Je préfère le thé.]

– Right answer, darling.

[Bonne réponse, darling.]

Ses lèvres échouent sur les miennes et je ferme les yeux.

– I'll come down to the kitchen, join me whenever you want. And if you want to take a shower, there's anything you need in the bathroom.

[Je descends à la cuisine, rejoins-moi quand tu veux. Si tu veux prendre une douche, il y a tout ce dont tu as besoin dans la salle de bain.]

Je hoche la tête et regarde mon petit ami sortir de la chambre. Je suppose qu'il va tout de même passer s'habiller avant de descendre. Quant à moi, je me contente de sortir du lit en m'étirant.

Je croise aussitôt mon reflet dans le miroir, et je suis bluffée de mon allure globale. J'ai l'air heureuse, ça fait plaisir à voir après ce que j'ai pu traverser ces dernières années. De plus, le t-shirt que m'a prêté Tom pour la nuit me va à ravir : il faut que je pense à lui demander si je peux l'emporter dans ma valise, tiens.

Je récupère mes vêtements, posés sur le dossier du fauteuil placé là, et les enfile à la hâte. Je me suis douchée hier soir, je me doucherai ce soir. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est prendre une douche le matin. Peut-être que ça réveille, mais bon sang, je me gèle trop au lever, moi !

Je ne sais pas comment j'arrive à retrouver la cuisine sans me perdre, moi qui ai un sens de l'orientation proche de zéro. Sûrement que la douce odeur de nourriture m'a guidée jusque là.

Tom est aux fourneaux, une spatule dans une main. Comme il est de dos, je peux librement admirer la courbe de sa colonne vertébrale, ses épaules, et son postérieur plus bombé que le mien. C'est pas juste, pourquoi ai-je un cul plat quand lui en a un juste parfait ?

En m'approchant, je m'aperçois qu'il est en train de cuisiner ce qui ressemble à des crêpes, au format miniature, et beaucoup plus épaisses. Des pancakes, je suppose.

Je passe mes bras autour de la taille de l'acteur et pose ma tête sur son épaule, embrassant doucement la peau nue.

– And you know how to cook, je ris, what a perfect man !

[Et en plus tu sais cuisiner, quel homme parfait !]

– Is that surprising ?, s'étonne Tom en retournant les pancakes d'un coup de spatule. You all think I need a private chef or something ?

[Est-ce que c'est étonnant ? Vous pensez tous que j'ai besoin d'un chef privé ou quoi ?]

Je ne sais pas s'il est réellement vexé ou non, en tout cas son expression est juste adorable. Tant de mignonnerie, ça ne devrait pas être permis.

– Of course not. I just haven't seen many men cook in my life, so, you know... I'm impressed.

[Bien sûr que non. Je n'ai juste pas vu beaucoup d'hommes cuisiner dans ma vie, alors, tu vois... Je suis impressionnée.]

Je me détache de mon petit ami en souriant.

– Actually, I'm not very good at cooking myself. I guess it's because I don't like it...

[En fait, je suis une quiche en cuisine moi-même. Je suppose que vu que j'aime pas ça...]

Tom rit.

– Luckily I'm here to avoid intoxicating us, then.

[Heureusement que je suis là pour éviter de nous intoxiquer, dans ce cas.]

– I agree, j'avoue en hochant la tête.

[Je suis d'accord.]

Même si je sais que je n'en suis pas encore au stade de l'empoisonnement accidentel, ma non passion pour la cuisine est un sujet sur lequel j'aime plaisanter. Je suis la reine del'autodérision, tant que ça ne touche pas à un point sensible. Mon ventre, par exemple, bien que je commence de plus en plus à l'accepter, est une zone interdite.

– Aaaaand... Pancakes for the Sleeping Beauty !, s'exclame joyeusement l'acteur en déversant lesdits pancakes dans mon assiette.

[Eeeeet... Des pancakes pour la Belle au Bois Dormant !]

– Aaawn, you're way too kind with me, je gazouille.

[Oooh, t'es beaucoup trop gentil avec moi.]

Je suis consciente que mon regard énamouré pourrait faire peur à Tom, mais quand je vois cette expression qu'il arbore en retour, je me dis que finalement je suis plutôt bien tombée. Je ne suis pas sûre d'être la première à m'être attachée, dans cette relation, et c'est une grande nouveauté pour moi.

– When do you get your flight ?

[Quand est-ce que tu as ton vol ?]

Je hausse les épaules. J'essaie tant bien que mal de ne pas penser au fait que, dans quelques heures, je ne serai plus là. Ce soir, je dormirai dans mon lit, chez moi, à plus de mille kilomètres de Londres. J'ai hâte de retrouver mes amis, ma famille, mais... Rentrer chez moi signifie partir loin de Tom, et je ne suis pas sûre d'avoir les épaules pour supporter une relation longue distance ; en trois semaines, nous avons tout fait pour éviter le sujet, préférant vivre au jour le jour.

– I have to be at the airport at 4 pm.

[Je dois être à l'aéroport à quatre heures.]

– Do you want me to take you ?, demande mon petit ami en haussant un sourcil.

[Tu veux que je t'y emmène ?]

Un sourire s'étire sur mes lèvres.

– That's very nice of you, but Carl and Ellie are already doing it. Besides, we can't risk being seen.

[C'est très gentil de ta part, mais Carl et Ellie s'en chargent déjà. En plus, on ne peut pas prendre le risque d'être vus.]

Ces trois dernières semaines, nous avons fait très attention. La vague de haine et d'admiration qu'a suscité l'article publié le lendemain des feux d'artifices m'ont convaincue de rester discrète, et Tom a accepté ma position. Comme je travaillais la semaine, nous nous sommes vus en priorité le week-end, et toujours le soir pour être tranquille. J'ai déjà pris un risque en restant dormir chez lui, je me vois mal arriver en sa compagnie à l'aéroport.

Si beaucoup de fans sont plutôt compréhensifs quant à la vie privée de leurs acteurs préférés, certains se révèlent complètement toxiques. Je n'ai aucune envie de me prendre une vague de harcèlement parce que je sors avec l'un de leurs idoles.

– Are we going to talk about what we do when you get back to Marseille ?, lance soudain Tom, me faisant sursauter.

[Est-ce qu'on va discuter de ce qu'on fera quand tu seras rentrée à Marseille ?]

Je déglutis avec peine la bouchée de pancakes que j'ai dans la bouche. Non, non, non, pitié ! Je ne veux pas aborder ce sujet, parce que je ne sais pas quoi faire ! J'ai juste envie de me rouler en boule et de pleurer toutes les larmes de mon corps.

– I... I don't know, je murmure.

[Je... je ne sais pas.]

Tom soupire.

– You know we need to talk about this, right ?

[Tu sais qu'il faut qu'on en discute, n'est-ce pas ?]

Je hoche la tête.

– Yes, I know. But there is no good solution to this problem.

[Oui, je sais. Mais il n'y a pas de bonne solution à ce problème.]

– There is, in fact, one.

[En fait, il y en a une.]

Je hausse un sourcil. A-t-il vraiment trouvé l'issue de cette spirale infernale dans laquelle je suis depuis des semaines ?

– You could stay and live here. I'd be delighted if you lived with me.

[Tu pourrais rester et vivre ici. Je serais heureux que tu habites avec moi.]

Mon cœur fond instantanément et je retiens du mieux que je peux les larmes qui me montent aux yeux.

– Tom..., je souffle. I really appreciate your offer, but I can't take it. I have to go home, I have to finish my studies and get a job. I can't just stay here and live in your house, doing nothing. Besides, my family doesn't even know for the two of us.

[Tom... J'apprécie vraiment ton offre, mais je ne peux pas accepter. Je dois rentrer chez moi, j'ai des études à terminer, un travail à décrocher. Je ne peux pas rester ici et vivre chez toi sans rien faire. En plus, ma famille n'est même pas au courant, pour nous deux.]

– Maybe you could come to London on the weekends ?

[Tu pourrais peut-être venir à Londres les week-ends ?]

– I can't, the tickets are so expensive...

[Je ne peux pas, les billets sont trop chers...]

– I'll pay them !

[Je les paierai !]

– I don't want to take advantage of you, it's your money, not mine.

[Je ne veux pas profiter de toi, c'est ton argent, pas le mien.]

Tom soupire et se prend la tête entre les mains. Lorsque ses yeux retrouvent les miens, leur bleu a tourné à l'orage et je sens que j'ai peut-être dépassé les bornes.

D'un autre côté, je tiens à cette séparation claire : je ne veux pas profiter de Tom, parce que je n'ai pas été élevée comme ça. Mes parents m'ont toujours dit de ne compter que sur moi-même, pour n'être redevable à personne. C'est une philosophie de vie que je m'efforce d'appliquer chaque jour de ma vie. De plus, si demain j'accepte de dépendre de l'acteur et que nous nous séparons, je me retrouverai sans rien. Non, c'est juste inconcevable.

– We are a couple, and a couple is two people ! Why do I feel like I am the only one looking for solutions ? Or maybe going home and never hearing of me again is what you want ? You can't tell me it breaks you to walk away if you don't make any effort to find a solution, Axelle ! Or help me understand, 'cause right now, I just feel like you don't care.

[On est un couple, et un couple c'est deux personnes. Pourquoi ai-je l'impression d'être le seul à chercher des solutions ? Rentrer chez toi et ne plus entendre parler de moi, c'est ce que tu veux peut-être ? Tu ne peux pas me dire que ça te brise de t'éloigner si tu ne fais aucun effort pour trouver une solution, Axelle ! Ou alors, aide-moi à comprendre, parce que pour le moment, j'ai juste l'impression que tu n'en as rien à faire.]

Je suis saisie par la violence de ses propos et esquisse un mouvement de recul.

Je ne pensais pas arriver si tôt à une première dispute, surtout que je suis une personne qui fait tout pour éviter ça. Je suis du genre à parler calmement de la situation, pas à m'énerver, et je croyais que c'était le cas de Tom également. Peut-être me suis-je trompée.

Face à cet homme qui me crie dessus, j'adopte la seule réaction que je suis capable d'adopter : je me mets à pleurer et me recroqueville sur moi-même. C'est au tour de Tom de reculer comme si je l'avais frappé.

– I'm... I'm sorry, murmure-t-il alors. I souldn't have yelled, I'm so sorry.

[Je... je suis désolé. Je n'aurais pas dû crier, je suis navré.]

Je secoue la tête et essuie mes larmes d'une main tremblante.

– No, you're the one who's right, je renifle. You're totally right, I'm just terrified ! I don't have as much experience as you do, and... I guess it's a habit of mine, to run away from problems.

[Non, c'est toi qui as raison. Tu as totalement raison, je suis juste terrifiée ! Je n'ai pas autant d'expérience que toi, et... Je suppose que c'est une habitude, chez moi, de fuir face aux problèmes.]

– Well, stop running, 'cause it's not gonna get you anywhere. I know it's painful, darling, but you can't just skip your problems. I'm here for you, I'm here to help you, but I can't do it if you don't want me to. It's part of becoming an adult.

[Eh bien, arrête de fuir, parce que ça ne te mènera à rien. Je sais que c'est difficile, darling, mais tu ne peux pas juste ignorer tes problèmes. Je suis là pour toi, pour t'aider, mais je ne peux pas le faire si tu ne veux pas que je le fasse. Ça fait partie de devenir adulte.]

– Are you... are you planning on leaving me ?, je demande d'une petite voix.

[Est-ce que... est-ce que tu prévois de me quitter ?]

Tom prend aussitôt une expression scandalisée.

– What ? Of course not ! I'm just trying to make you understand that you have to grow up. I'm not gonna leave you, for God's sake !

[Quoi ? Bien sûr que non ! J'essaie juste de te faire comprendre qu'il faut que tu grandisses. Je ne vais pas te quitter, pour l'amour de Dieu !]

Je pousse un soupir de soulagement.

– Okay, so... I offer you this : I take the tickets back for the next vacation, in October. Meanwhile, I go home, I tell my parents about our relationship and I see what they say. Maybe they can help me plan a trip before the holidays, on a week-end.

[Ok, alors... Je te propose ça : je prends les billets pour revenir aux prochaines vacances, en Octobre. En attendant, je rentre chez moi, je parle à mes parents de notre relation et je vois ce qu'ils en disent. Peut-être qu'ils pourront m'aider à prévoir un voyage avant les vacances, sur un week-end.]

Un grand sourire éclaire le visage de Tom et ses yeux retrouvent leur lueur d'espièglerie habituelle.

– There, you see ? You found a solution all by yourself, like a big one ! Just needed a little push.

[Là, tu vois ? Tu as trouvé une solution toute seule, comme une grande ! Il faut juste qu'on t'y pousse un peu.]

– That's not funny, je fais mine de bouder. Nobody taught me how to be an adult, anyway, it's much easier to be a child.

[C'est pas drôle ! Personne ne m'a appris à être une adulte, de toute façon, c'est plus facile d'être une enfant.]

Mon petit ami se penche vers moi et embrasse mon front.

– I know, darling.

[Je sais, darling.]

– May I ask you something ?, je lance à brûle-pourpoint.

[Je peux te poser une question ?]

Tom hoche la tête.

– Can I steal your shirt ? I promise to bring it back when I come back.

[Est-ce que je peux te piquer ton t-shirt ? Je te promets de le ramener quand je reviens.]

L'acteur éclate de rire et embrasse de nouveau mon front.

– Of course you can take it, you can take more if you want !

[Bien sûr que tu peux le prendre, tu peux en prendre plusieurs si tu veux !]

C'est donc ce que je fais : un total de trois t-shirts, que je mettrai dans ma valise dès que je l'aurai à portée de main. Évidemment, j'ai pris le temps de les parfumer un petit coup, histoire que l'odeur de fleur oranger de Tom me poursuive jusqu'à chez moi.





Alors que l'avion décolle, je fonds en larmes. Mes sanglots sont si violents que la personne à côté de moi me tend un mouchoir.

– Are you okay ?, demande une hôtesse de l'air en se penchant vers moi.

  [Est-ce que tout va bien ?]

– Yes, je renifle. It's just... My boyfriend is staying here in London, and I don't know when I'll see him again.

[Oui. C'est juste... Mon petit ami reste ici à Londres, et je ne sais pas quand je le verrai de nouveau.]

Le regard de pitié des deux femmes en face de moi me donne envie de vomir, pourtant je fais de mon mieux pour ignorer ma nausée.

J'ai eu beaucoup de mal à lâcher Tom, ce matin, je ne vais pas le cacher. Après la nuit que nous avons passé, il était encore plus difficile de me séparer de lui, pourtant il l'a fallu. Quant aux adieux avec Carl, Ellie et les enfants... J'ai pleuré comme un bébé, les enfants aussi, et même les parents ont versé leur petite larme.

À présent, je suis dans l'avion qui me ramène chez moi, le moral dans les chaussettes. J'ai hâte de retrouver mes amis, ma famille, c'est vrai, mais... Tom me manque déjà.

Il va aussi falloir que je parle de notre relation à mes parents : je suis une fille morte. Dès qu'ils sauront, ils vont m'assassiner ou m'enterrer vivante.

Mes amis aussi, je vais devoir leur apprendre la nouvelle. Bien que ce soit moins délicat qu'à ma famille, je ne sais pas vraiment comment je vais me débrouiller. Ils ne vont jamais me croire.

En définitive, j'aurais presque mieux fait d'accepter la proposition de Tom : rester à Londres avec lui. Encore une fois, j'aurais préféré fuir mes problèmes. Mais c'est pas comme ça qu'on grandit, n'est-ce pas ?

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