Chapitre 23 - La prise d'otage brésilienne (partie 2)
La pluie n'avait pas cessé et les gouttes d'eau se mélangeaient à la sueur sur nos visages. Thalion était furieux, sans parler de Siltiama dont les yeux étaient littéralement en feu.
D'un simple regard je convaincs mes compagnons de ne rien faire de stupide. Il allait falloir la jouer fine face à ces créatures mystiques. D'ailleurs, je ne connaissais pas l'étendue de leur pouvoir et j'étais incapable d'évaluer leur puissance. S'ils avaient été capables de nous repérer à travers un portail, je n'osai imaginer ce qu'ils savaient faire d'autre.
La route fut longue et difficile. Mes pas dans la boue humide étaient lourds et j'avais l'impression que cela faisait des heures que nous marchions. Les branches des arbres me griffaient la peau, la chaleur était étouffante et la pluie brouillait ma vue. Je ne comptais plus le nombre de fois où je trébuchai de fatigue.
Nous arrivâmes enfin à une sorte de campement. De nombreuses personnes s'affairaient à aiguiser leurs armes, ou encore à préparer leurs tenues de combats. Ce fut comme si nous pénétrions dans une base militaire amazonienne. Tous les regards se tournèrent vers nous presque instantanément.
À ma grande surprise, ils se prosternèrent tous en signe de soumission. Les femmes et les enfants sortirent de leurs tentes de toile pour venir accueillir leurs "chefs". J'avais déduit cela de la manière dont leurs yeux brillaient à chaque fois qu'ils posaient un regard sur les créatures qui nous avaient enlevés.
Six hommes, qui semblaient n'être que des humains, vinrent à notre rencontre et nous fûmes enfermés dans une cage aux barreaux d'acier. Ce qui m'inquiétait ce n'était pas notre prison, car si nous le voulions, les barreaux céderaient facilement. J'étais plus soucieuse par ce qui nous attendait si jamais nous osions nous révolter. Thalion et Siltiama pensaient sûrement la même chose car ils n'opposèrent plus aucune résistance.
Les personnes autour de nous parlaient en portugais et je n'arrivais pas à comprendre la teneur de leurs conversations. Au contraire, Thalion semblait réellement intéressé. Il se concentrait sur la moindre parole et fronçait les sourcils au fur et à mesure qu'il glanait des informations.
Siltiama bouillait de rage dans son coin et essayait de se contrôler autant qu'elle le pouvait. Mais je sentais que la moindre étincelle pouvait la faire exploser.
La nuit tomba rapidement et la pluie cessa enfin de tremper nos vêtements. On nous apporta de quoi manger mais je n'avais pas vraiment faim. Ce furent les yeux désapprobateurs de Thalion qui m'obligèrent à croquer dans le sandwich que l'on nous avait préparé. C'était infâme. Après quelques minutes de silence et lorsque les gardes se furent un peu éloignés, je posai la question qui me brûlait les lèvres depuis une heure :
— Thalion ? Qu'est-ce que tu as appris sur nos ravisseurs ?
— On est vraiment mal barrés.
— Merci de l'info Sherlock, mais là il va falloir que tu sois plus précis sinon je vais faire une syncope !
— Ce sont des Orixàs.
— Des quoi ?
Ok, cette fois c'était clair, mon cerveau allait exploser. Siltiama sortit de son état catatonique et secoua Thalion avec colère :
— Qu'est-ce qu'ils foutent dans le monde des humains ! Ils sont censés vivre parmi les autres créatures célestes !
— Je n'en sais rien !
Thalion repoussa vivement son amie qui alla s'écraser contre les barreaux de notre prison. Siltiama se mit à tenir les tiges de fer entre ses mains et le métal commença à devenir incandescent.
Prise de panique, je me mis à poser mille et une question à celui qui en savait le plus :
— Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi nous veulent-ils du mal ? Comment connaissent-ils mon vrai nom ?
— Les Orixàs sont les dieux que vénèrent la plupart des Brésiliens adepte du candomblé. Toutes les religions sur la planète terre illustrent des créatures légendaires qui ne sont pas censées intervenir dans le monde des humains. C'est le commencement de la prophétie qui les a fait sortir de l'ombre, j'en suis persuadé. Maintenant, ils veulent reprendre le contrôle de leur peuple. Le problème, c'est que l'équilibre qui a été instauré il y a longtemps, voulait que les créatures mystiques n'interfèrent plus avec les humains. Nous sommes au bord du cataclysme si toutes les civilisations voient les dieux et leurs créatures revenir sur terre. Comme Hidden World est en perdition, les choses vont s'accélérer et il sera impossible d'y remédier. On doit vite trouver ces pierres immortelles. Je sais que ça va paraître cliché mais, le sort du monde entier est entre nos mains.
— Mais qui sont exactement les gens qui nous ont enlevés ?
— Si je me souviens de mes cours d'histoire céleste, l'homme à la peau bleue n'est autre qu'OGUM, Dieu de la guerre et de la chasse. L'homme qui a des tatouages d'arabesques sur le torse se nomme OMULU. C'est le plus dangereux, c'est le Dieu qui a représenté la maladie de la variole durant l'époque des conquistadors. Il est l'image de la santé mais aussi de la maladie. La femme à la peau rouge est celle qui a sûrement été à l'origine de la fragmentation du portail. Il s'agit de IANSA, elle commande les vents et les tempêtes et c'est une puissante Déesse.
Comment ne pas paniquer après toutes ces révélations ? Nous étions littéralement prisonniers de créatures célestes puissantes ! Comment allions-nous pouvoir nous en sortir ?
Soudain, celui qui se nommait OMULU, s'approcha de notre prison. Ses yeux bandés de noir rendaient son regard effrayant. Il était grand et musclé et je n'osai imaginer ce qu'il nous ferait si l'on se révoltait. Thalion et Siltiama ne bougèrent pas d'un poil quand il ouvrit la porte.
Il s'approcha de moi avec une lenteur calculée. Il me dépassait d'au moins deux têtes et sa carrure était tellement imposante qu'il aurait pu me briser les os rien qu'en m'écrasant de tout son poids. Le Dieu tendit sa main vers moi et je reculai instantanément. Il rit à gorge déployée et recommença. Cette fois, il serra sa main droite autour de ma gorge et me souleva de terre. Thalion se jeta sur lui mais OMULU le remit bien vite à sa place. D'un geste méthodique, il le projeta comme une poupée de chiffon contre les barreaux de notre cellule. J'entendis des craquements suspects et un souffle plaintif.
Alors que je voulais vérifier la santé de mon ami, OMULU m'obligea à fixer mes yeux dans les siens. Une fumée rouge longea ses tempes pour glisser jusqu'à ses avant-bras. Quand elle eut atteint la main qui me tenait la gorge, je ressentis une chaleur particulière m'envahir.
La fumée était entrée dans mon organisme et je tremblais comme une feuille. Il me relâcha sans ménagement et je tombai lourdement sur le sol. J'avais du mal à respirer et un mal de tête atroce me fit grimacer.
Thalion se releva péniblement mais le Dieu était déjà sorti de la cellule. Il referma la porte derrière lui et s'en alla sans dire un mot. Siltiama hurla :
— Qu'est-ce que vous lui avez fait !?
Thalion m'aida à me mettre en position assise mais un brusque vertige me fit tomber à la renverse. Il me rattrapa de justesse. Des gouttes de sueur commençaient à perler sur mon front et glisser le long de mes tempes. Mes membres étaient engourdis et ma vue se brouillait. Thalion se mit à toucher mon front. J'avais l'impression que sa paume était glacée.
— Elle est bouillante.
— Qu'a-t-il fait ?
— Il l'a contaminé Siltiama. Si l'on ne fait rien, elle va mourir.
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