Chapitre 10 - Complots et démonstrations de force (partie 1)
Mes muscles continuaient à me faire souffrir et j'avais un immense mal au crâne, mais je voulais sortir prendre l'air. J'étais curieuse de découvrir ce que cachaient les alentours de l'École. La nuit commençait à tomber, preuve que j'étais restée endormie pendant un moment. De magnifiques étoiles aux couleurs mystiques illuminaient le ciel. Quand je dépassai la lourde porte en bois de l'entrée principale je fus face à une immense place pavée de pierres scintillantes. De chaque côté, étaient plantées des allées d'arbres dont je ne connaissais pas le nom. Des bancs en pierre blanche permettaient aux élèves de prendre le soleil pendant leurs pauses déjeuners. Au centre de la place principale trônait une immense statue représentant un couple aux ailes légendaires. Ils étaient magnifiques et se tournaient le dos, semblant affronter des ennemis puissants. Leurs visages étaient graves et concentrés et la sculpture faisait ressortir la beauté de leurs traits.
Les pavés de pierre résonnaient sous mes pas et je dépassai la statue pour me diriger vers des escaliers qui menaient vers une forêt. L'infirmerie m'avait prêté des vêtements : une simple robe noire à col bateau et à la jupe plissée. Les ballerines que l'on m'avait gentiment données étaient plutôt confortables et de très bons alliés pour la marche que j'avais l'intention d'effectuer. Le vent commençait à se lever et faisait virevolter mes longs cheveux bruns que j'avais décidé de lâcher complètement. Des lucioles illuminaient mon chemin et ce fut comme si j'étais happée par une force surnaturelle. Je ne connaissais pas la moindre plante devant laquelle je passais et j'entendais à chacun de mes pas des bruits féériques et étranges.
J'arrivai enfin à une clairière, illuminée par les étoiles. Plusieurs rochers étaient disposés au centre de l'espace naturel et on entendait ruisseler l'eau d'une rivière. Je vis alors une petite cascade et décidai de m'asseoir au bord, je me posai sur l'une des pierres plates qui en couvraient les berges. Je trempai ma main pour sentir la fraicheur de l'eau sur ma peau. Son simple contact ouvrit les vannes et toute la frayeur que j'avais contenue en moi, ressortit en torrents de larmes. Mon cœur saignait de ne rien maîtriser, de ne pas savoir qui j'étais réellement, quel était mon rôle dans toute cette histoire. Finalement, je me rendis compte que je n'appartenais ni au monde des humains ni à Hidden World. J'étais une hybride dont personne ne savait quoi faire. Je n'étais jamais à ma place, où que j'aille. Certes, m'apitoyer sur mon sort n'allait sûrement pas arranger les choses mais maintenant que j'étais seule face à moi-même, tous les évènements se bousculaient dans ma tête et semblaient vouloir m'engloutir dans une sorte de folie.
Soudain, alors que je croyais être seule, un bruissement derrière moi me convainct du contraire. Quand je me retournai brutalement, un magnifique loup blanc me faisait face. Il était sorti de la pénombre des buissons et s'approchai lentement de moi d'une démarche lente et gracieuse. Le rythme de mon cœur commença à s'emballer mais il ne semblait pas menaçant. Ses yeux d'un violet féérique brillaient à la lumière de la nuit et son pelage éclairait le sol d'un tendre halo. Je n'osai pas faire un geste. Même si je connaissais la règle selon laquelle il ne fallait pas regarder un animal sauvage droit dans les yeux, je ne pouvais baisser la tête devant cette espèce sortie d'un conte de fées.
Il s'arrêta à quelques centimètres de mes jambes et à ma grande surprise, il s'inclina. Étrangement, mon instinct me poussa à poser ma paume sur son museau. Je n'avais plus peur et je sentais en moi une nouvelle force qui émergeait du fond de mes entrailles. Je n'arrivais pas à analyser la pléiade de sensations qui bousculaient mon cœur mais ce fut comme une lumière chaude et vive qui s'emparait de moi.
Le loup vint se blottir contre mes jambes et au lieu de m'enfuir, je me mis à caresser son magnifique pelage. C'était la douceur dont j'avais besoin à cet instant.
_ Je ne sais pas ce qui m'arrive. Hier, j'étais encore dans mon rôle d'agent du FBI, sûre d'elle et fière de son poste. Je ne sais plus ce que je dois faire maintenant. Je ne sais même pas si je manque à quelqu'un. Éric peut-être ? Je me sens si dépassée et si seule. Je ne sais pas pourquoi je te parle de tous mes problèmes, tu n'en as sûrement rien à faire, mais je te fais confiance. Et puis, pour le moment, tu es le seul à ne pas m'avoir asséné d'histoires toutes plus démentes les unes que les autres.
Le loup respirait lentement et semblait apaisé en ma présence. C'était comme si sa place avait toujours été à mes côtés et qu'il jouait son rôle de réconfort. Mon rythme cardiaque commençait à ralentir et une paix intérieure remplit mon esprit. Soudain, mon nouveau compagnon releva brusquement la tête en direction de l'obscurité et se mit à grogner. Il se leva et alors qu'il avançait vers les profondeurs de la forêt il se retourna dans ma direction. Il voulait que je le suive. Je ne savais pas comment je l'avais deviné mais cela me semblait évident.
Ma peau fut griffée par des branchages alors que je m'enfonçais dans la pénombre. Le loup me guidait et adoptait une démarche lente pour que je puisse le suivre à mon rythme. Il s'arrêta brusquement avant une autre clairière, beaucoup plus petite que celle où nous étions. Il s'assit sur le sol et se remit à grogner. Je m'agenouillai à ses côtés et caressai son doux pelage afin de le calmer. Il voulait que j'observe quelque chose, j'en étais sûre. Le collier que m'avait donné Circeï se mit à briller d'une couleur rouge rubis et je sentis une présence malveillante autour de moi. C'est là que je la vis : Estrid. Elle était en compagnie d'un homme immense. Il portait une longue tunique sombre avec une capuche qui empêchait de voir son visage. Il ressemblait à la faucheuse de la mort. Estrid était agenouillée devant lui et pleurait à chaudes larmes. Malgré toute l'animosité qu'elle avait portée à mon égard, à cet instant précis j'avais de la pitié pour cette pauvre jeune femme qui semblait souffrir le martyre.
_ Je suis tellement désolée Aegnor, mère ne m'avais pas prévenu. Je ne savais pas que c'était elle.
_ Tu dois accomplir ta mission Estrid ou tu en paieras le prix. Tu sais très bien comment ça va finir si tu ne t'exécutes pas.
_ Mais comment veut-elle que je l'attire dans ce piège, elle ne me croira jamais ! Elle est sous la protection de tous les professeurs de cette école notamment le plus puissant des Bloodcat : Thalion ! Je n'y arriverai pas.
_ Je crois que tu n'as pas bien compris Estrid, tu n'as pas le choix.
L'homme prit la jeune femme par la gorge et la souleva de terre. Estrid tenta de se détacher de la poigne de fer de son assaillant. Elle gigotait dans tous les sens et cet Aegnor était beaucoup trop fort pour elle. J'allai lui venir en aide quand mon fidèle compagnon mit une de ses pattes sur mon poignet, m'empêchant de faire le moindre geste. Il avait peur pour moi. Pourquoi je comprenais ce que ressentait cet animal, était-ce un de mes dons ?
_ Ne nous déçois pas encore une fois.
Sur cette dernière parole, il jeta la jeune femme à terre et disparu. Estrid poussa un cri de douleur et se releva péniblement, les yeux remplis de larmes. Elle regarda frénétiquement autour d'elle et, sur le moment, je crus qu'elle allait nous voir, mais elle parut rassurée et courut vers l'École rejoindre son dortoir. Je ne savais pas quoi en penser mais une chose était certaine : ils parlaient de moi. Comprenant que je devais moi aussi rentrer, je caressai une dernière fois le magnifique loup qui m'avait tenu compagnie pour le remercier. Il se releva et se blottit dans mes bras, puis de sa démarche majestueuse, il repartit en direction de la forêt. La confiance et la chaleur qu'il m'avait données m'aidèrent à me relever et à me diriger vers l'École. Je pris le chemin qu'avait emprunté Estrid quelques minutes plus tôt. Hidden World était aussi un monde rempli de secrets. En cela, il ressemblait fortement au monde des humains.
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